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ARTIFICES « CHACUN SA PLACE À L’OMBRE »

Un camarade nous a fait parvenir un texte sur les révoltes agricoles récentes d’un nouveau site « ARTIFICES » 

 « CHACUN SA PLACE À L’OMBRE »

extraits

« Le mouvement de révolte agricole qu’ont récemment connu la France et l’Europe augure les prémisses de luttes dans et contre la restructuration en germe du rapport entre le capital et le travail. Cette restructuration, au niveau de l’agro-industrie, se donnant comme traits principaux la décarbonisation, la généralisation du numérique et la fragmentation des échanges internationaux, est en train de bouleverser la dynamique à l’œuvre jusqu’ici. Ce que nous observons est une lutte à la fois entre fractions capitalistes cherchant à trouver une place au soleil dans un nouveau régime d’accumulation, et une partie de la classe moyenne rurale luttant contre sa prolétarisation définitive. Tant que ces deux classes luttent ensemble, sous l’égide de la vieille idéologie agrarienne et paysanne fascisante, aucune perspective émancipatrice ne pourra s’esquisser. Tout l’intérêt réside ainsi dans les perspectives d’explosion de ces intérêts contradictoires….

Demain

Nous l’avons dit, nous souhaitons insister sur le fait que ce mouvement est un mouvement à l’intérieur de la transition/restructuration qui s’ouvre. C’est pourquoi beaucoup de luttes dans le futur risquent de se représenter a priori contre des mesures écologiques. Tout l’enjeu sera de comprendre comment chaque mesure écologique capitaliste constituera un moment d’affrontement entre les classes, qu’elle se fasse sous l’égide de la carotte ou du bâton et, ultimement, qu’elle participe de l’atténuation, du maintien ou de l’approfondissement de la domination du capital. Aucune mesure du capital ne permettra de dépasser sa contradiction principale avec l’agriculture, à savoir : « le fait, pour la culture des divers produits du sol, de dépendre des fluctuations des prix du marché, qui entraînent un perpétuel changement de ces cultures, l’esprit même de la production capitaliste, axé sur le profit le plus immédiat, sont en contradiction avec l’agriculture, qui doit mener sa production en tenant compte de l’ensemble des conditions d’existence permanentes des générations humaines qui se succèdent.[11] »

Ainsi, contre toute forme de planification écologique qui ne pourra qu’être restructuration du capital, nous souhaitons mettre en avant la perspective de la catastrophe, celle de la catastrophe communiste. Non pas le communisme des catastrophes[12] mais le communisme comme catastrophe. Prenons comme exemple les dernières sorties médiatiques qui ont remis en avant, lors de la promesse de « siège de Paris » de la part des agriculteurs, que « en cas de rupture d’approvisionnement, Paris ne disposerait que de 3 jours d’autonomie alimentaire[13] ». Ainsi si l’on pense que l’insurrection communiste serait, entre autres et au minimum, interruption des circuits logistiques à échelle régionale[14], il n’y aurait pas de schéma révolutionnaire sans exode urbain de plusieurs millions de personnes. Nous comprenons ainsi le communisme comme catastrophe dans le fait de regarder la réalité en face, de prendre acte de toute la gravité que peut représenter la perspective révolutionnaire, et la rupture fondamentale qu’elle viendrait opérer[15]. Pour autant, le communisme, en tant que mouvement abolissant l’existant, est la seule perspective à même de pouvoir libérer l’espèce et ainsi opérer un changement anthropologique dans son rapport au vivant.

La catastrophe communiste est celle du fleuve qui déborde de son lit et rase tout sur son passage »

  1. téosinte
    09/02/2024 à 22:43 | #1

    “C’est pourquoi beaucoup de luttes dans le futur risquent de se représenter a priori contre des mesures écologiques. ”
    Grande victoire…Pas un mot du rôle la FNSEA, pas négligeable (Syndicat créé par l’état et pratiquement propriétaire du ministère de l’agriculture) pourtant…
    volée de bois vert contre la “Conf'” et les “gauchistes” dans la plus pure tradition léniniste (la maladie infantile…)
    L’ultraïsme prétendument communiste imbu de sa pureté, incapable de “regarder la réalité” réfugié et replié dans l’inconfort (tout relatif) de “la production théorique”, incapable aussi de la moindre alliance décidément voué aux incantations répétitives et vaines:

    “Pour autant, le communisme, en tant que mouvement abolissant l’existant, est la seule perspective à même de pouvoir libérer l’espèce et ainsi opérer un changement anthropologique dans son rapport au vivant.”

    Navrant.

  2. Jacquou
    10/02/2024 à 12:48 | #2

    L’analyse de cet épisode est plutôt bienvenue, avec ses critères de critique de l’économie politique, notamment de la production agricole, sur une base de classe. À ce niveau, ça ne court pas les rues…

    Par contre, la légèreté des projections futuristes sur la révolution communiste comme “catastrophe”, avec si peu d’éléments sur cettentuelle conjoncture, nous rappelle que ce type de préviseurisme demeure le maillon faible des théories de la communisation.

    Et pour cause, on ne fait pas bouillir les marmites de l’avenir dans l’absence radicale de luttes créant des “écarts”. Si écart il y a, il réside ici dans l’idéologie de la communisation.

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