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Nouvelle-Calédonie : « Ça sent comme en 1984, à la différence que tout avait été contenu hors de Nouméa »

« le bilan provisoire était de quelque 200 incendies sur le Grand Nouméa. Dans le chef-lieu, une soixantaine de structures industrielles et commerciales ont été dévorées par les flammes, affectant au bas mot un millier d’emplois, selon la présidente du Medef local, Mimsy Daly. Malgré le couvre-feu décrété par le Haut-Commissariat pour la nuit, la liste des magasins, usines et infrastructures incendiés s’est allongée de nouveau…

« De nombreux incendies ont touché la zone de Ducos à Nouméa, le plus grand parc d’activités industrielles de Nouvelle-Calédonie. | YANN MAINGUET / OUEST-France »

« Ça sent comme en 1984, à la différence que tout avait été contenu hors de Nouméa », se souvient Sylvie, une Calédonienne métisse originaire de Bourail, installée à Nouméa.

Le souvenir laissait à penser aux Nouméens qu’ils étaient en parfaite sécurité dans cette ville longtemps surnommée « Nouméa la blanche », où les kanak sont un peu plus d’un quart. »

https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/15/en-nouvelle-caledonie-les-habitants-face-a-une-situation-insurrectionnelle-ca-sent-comme-en-1984_6233390_823448.html

En Nouvelle-Calédonie, les habitants face à une situation « insurrectionnelle »

« Selon le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, la gendarmerie a été confrontée à 5 000 émeutiers en dehors de Nouméa, et entre 3 000 et 4 000 à Nouméa…

après que les émeutes commencées lundi ont fait quatre morts – une jeune fille de 17 ans, deux hommes de 20 ans et 36 ans, et un gendarme mobile… »

« situation plus calme » dans le Grand Nouméa, mais le contrôle de certains quartiers « n’est plus assuré »

 « Le représentant de l’Etat a fait référence à « trois zones », des quartiers défavorisés du Grand Nouméa peuplés majoritairement d’autochtones. »

https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/05/17/en-direct-emeutes-en-nouvelle-caledonie-situation-plus-calme-dans-le-grand-noumea-mais-le-controle-de-certains-quartiers-n-est-plus-assure-reconnait-l-etat_6233400_

« Lors d’un point de presse vendredi matin, M. Le Franc a déclaré qu’il restait « quelques centaines » d’émeutiers dans les districts de Kaméré, Montravel et Vallée-du-tir, où la situation est encore très difficile.

« Ce sont des zones où il y a plusieurs centaines d’émeutiers qui attendent d’entrer en contact avec la police », a déclaré M. Le Franc.

Dans les quartiers populaires de Nouméa, qui comptent une forte population d’autochtones kanaks, des bâtiments ont été incendiés et des épaves de véhicules sont restées au milieu de la route. Le bilan officiel fait état de cinq morts, dont deux policiers. Les trois autres victimes sont kanakes et les images des cadavres circulant sur les réseaux sociaux ont renforcé la colère de la jeunesse kanake. »

 https://www.theguardian.com/world/article/2024/may/17/new-caledonia-riots-protests-noumea-out-of-state-control

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  1. Un passant un peu marxiste
    17/05/2024 à 16:22 | #1

    La plupart des articles décrivant ou prétendant expliquer les événements de Nouvelle Calédonie me laissent sur ma faim.

    Quant à ce qui motive les émeutes, je veux bien entendre les causes assez évidentes que l’on retrouve un peu partout, à condition de ne pas négliger, en sus de la composition ethnique des émeutiers, dans le sillage (dépassé) des positions indépendantistes radicales, leur composition sociale, qui se recoupent comme dans toutes les situations de post colonialisme de peuplement.

    Mais enfin, je ne crois pas Macron assez bête pour ne pas avoir jugé bon de suivre les conseils de prudence que lui donnaient depuis 3 ans ceux qui connaissent bien la situation (voir les entretiens avec les négociateurs des Accords de Nouméa sous Rocard).

    Alors, pourquoi s’est-il mis le caillou dans la chaussure à un moment où sa République n’est plus trop en marche ?

    Je me suis dit “- cherche du côté de la critique de l’économie politique, c’est nickel !”. J’ai trouvé ça :

    https://reporterre.net/Nouvelle-Caledonie-un-accord-colonialiste-sur-le-nickel-attise-les-tensions

    La véritable motivation de Macron, et du capitalisme français, serait ainsi de garder la main sur ce qui a toujours été une des fonctions du colonialisme, les ressources minières.

    À propos de colonisation de peuplement, intéressant de voir comment la France a réinvesti sur 30 ans l’évolution de la démographie en défaveur des Kanaks, et avancé sa loi au nom de la démocratie électorale.

    Alors, toujours l’esprit mal placé, j’ai pensé à Israël et la Palestine…

  2. Un passant loin du front
  3. Un passant interrogateur
    19/05/2024 à 10:34 | #3

    Nous sommes habitués à des échanges nourris à chaque occasion que donnent les émeutes ici où là dans le monde, mais ça ne semble pas le cas ici. De même le rapport est souvent fait, voire dans la confusion immédiatiste, avec une situation insurrectionnelle, et la recherche d'”écarts”, selon le concept de TC, titillant l’appartenance au prolétariat comme l’autre du capital.

    Il me semble qu’une forte caractéristique de ces émeutes calédonienne est le poids de la délinquance voire la présence de gangs parmi les émeutiers, dont la perspective insurrectionnelle, et même politique, est le cadet des soucis.

    Si, comme nous l’avons vu dans un autre sujet, l’insurrection devrait prendre en charge l’alimentation de la population particulièrement prolétarienne, ce serait plutôt raté présentement, voire le contraire. La presse rend compte de difficultés d’approvisionnement en nourriture plus graves dans les “quartiers défavorisés”, alors que les commerces ont été pillés et incendiés, sans qu’on puisse y voir une “reprise” pour redistribution, dans la tradition anarchiste Robin des bois…).

    C’est à relier au poids de la délinquance très élevé sur le caillou, ainsi que des violences de tous ordres, loin d’être uniquement intra-communautaires (de l’ordre du double de la métropole), et en forte augmentation ces récentes années.

    Il n’est sûrement pas opportun de tirer des enseignements pour une situation insurrectionnelle révolutionnaire, mais il n’empêche que dans une conjoncture de crise économique et sociale y conduisant, sur fond de catastrophe sociale et de pourrissement de la société civile, le problème pourrait surgir dans des proportions qu’on a rarement évoquées dans les discussions théoriques. Il est en effet gênant, pour qui “déteste la police” (loin d’être “tout le monde”) de se dire qu’il faudrait bien la faire, et que cette question pourrait avoir autant d’importance que celle de la nourriture.

    Voilà, nos amis insurgés auraient du pain sur la planche, pour un menu pas toujours appétissant de “mesures communistes”.

    Bah, on fait pas d’omelette sans casser des œufs…

  4. CLN
    19/05/2024 à 14:06 | #4

    « À Nouméa comme à Nanterre, le gouvernement face à ses vieux démons coloniaux »

    « Vous appelez ça la banlieue, en France. Nous, on dit juste les quartiers. Mais ça se ressemble. On a entassé des gens, qui ne sont pas blancs, dans des grandes barres ou des squats. Et on a reproduit les mêmes idioties qu’en métropole, dans les années 1960. Ces jeunes ont plus de barbelés autour d’eux que de lieux de cohésion ou de perspectives d’avenir. Ajoutez à cela que l’État mène une politique jusqu’au-boutiste, où il faut maintenir l’ordre coûte que coûte. Forcément, à un moment, ça pète. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/190524/noumea-comme-nanterre-le-gouvernement-face-ses-vieux-demons-coloniaux?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=TRANSAC&utm_content=&utm_term=&xtor=EPR-1013-%5Barticle-offert%5D%20%20&M_BT=9068848425991

  5. Un passant, de sa bibliothèque
    22/05/2024 à 15:31 | #5

    À lire ou relire. Louise Michel est toujours “absolument moderne”, à rebours du mot de Rimbault qui, selon Henri Meschonnic (encore un Juif Bible idiophile) aurait été “ironique”. Comme si l’on affirmait aujourd’hui “il faut être absolument rrrépublicain, ou antiterroriste”.

    Moderne à tous points de vue, de classe, de genre, et de race. Pas du style “Ya bon Bagnana !”

    À part ça, l’éditeur de dndf est vraiment merdique pour se relire avant publication. Vivement la révolution numéricocommuniste.

    https://books.google.fr/books/about/Louise_Michel_exil_en_Nouvelle_Cal%C3%A9doni.html?id=z2SeAAAACAAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y

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