Accueil > Nouvelles du monde > A propos des suites du mouvement érable…..

A propos des suites du mouvement érable…..

« Si le vote n’était pas le meilleur antidote contre nos grèves et nos révoltes, on ne nous l’assénerait pas, à tous les coups, à coup d’assemblées syndicales »

La reprise des hostilités, la bataille tant attendue, le retour du refoulé en lock-out n’a pas été à la hauteur des feux d’artifices annoncés. Pétard humide, qui fume sans feu. La suspension estivale et la reconfiguration électorale du terrain de jeu semblent avoir eu raison de l’élan populaire. Le défi qui oppose la rue à Charest est jeté dans l’urne comme un vieux cadavre brûlé. Mais oui, ça se débat encore, ça résiste encore à l’arrestation. Seulement, on entend partout des grévistes sur-motivés qui se préparent à enterrer le printemps si le PQ est élu.
Le fil rouge et le fil bleu, est-ce que ça fait boum?
Alors, deux mois et demi plus tard, je me suis décidé à réécrire un truc. J’allais pas non plus m’attarder à raconter ce qui ne s’est pas passé. Les manifs du 22 juin, et du 22 juillet, j’y étais même pas. Beaucoup de monde certes s’est déplacé, mais qu’en dire de plus. Les assemblées de quartier (les « APAQ ») ont servi de lieu de rendez-vous pendant l’été à quelques dizaines de personnes, par-ci, par-là. Les manifs de soir ont été réduite au trottoir et traversent la rue au feu vert. Et les casseroles résonnent encore paraît-il, une fois par mois dans Villeray.

C’est le 1er août, pour la 100ème manif nocturne, qu’un premier signe de vie est venu briser l’hibernation de l’été. Quelques milliers à nouveau, beaucoup de joie à se retrouver, et à narguer la police pendant des heures. Échange de gaz et de mobilier urbain près du festival de la mode, puis dispersion en grosse bandes dans les bars de l’est de la ville. Les jours suivants, ça reste encore un peu amorphe, à attendre sous la canicule. Juste avant la rentrée des premiers CÉGEP, le 13 août, le decrescendo des APAQ a été brièvement interrompu par l’organisation de fêtes de quartier. Pas de grand succès de ce côté-là, tandis que les premiers résultats d’A.G. de CÉGEP sortent. La majorité reprendront les classes, craquant devant les menaces d’annulations de cours. La semaine du 13, qu’on annonçait sanglante, s’est révélée très ennuyante. Les associations étudiantes des CÉGEP du Vieux-Montréal et de St-Laurent sont les seuls à avoir reconduit la grève. Or, les deux se sont vu contraint de tenir de nouvelles A.G. à cause de pétitions, qui ont finalement permis de renverser la décision lors des seconds votes. Tous les yeux se sont tournés vers les étudiants universitaires dont le retour en classe était prévu pour le 27 août.
L’ambiance électorale à son comble: ça paraît dans les AG. Les médias parlent déjà de la grève au passé, quand ils en parlent. Silence de toute part au sujet des camarades judiciarisés avec des conditions de merde.
La semaine du 20, finalement, quelques facs reconfirment la grève. Bref soulagement. Science po, Sciences humaines et Arts de l’Uqàm, plusieurs modules de l’UdeM, et apparemment quelques autres modules ailleurs, dont j’ignore si les cours sont réellement levés. La grève n’est pas finie: elle touche encore plus d’étudiants, quantitativement, que lors de certaines grèves passées, et le contexte est encore très polarisé. C’est l’échéancier électoral qui décourage beaucoup de monde. « À quoi ça sert de rester en grève si le gouvernement est dissout? » « Faisons une trève et on reprendra si Charest est réélu ». Voilà la ligne qui sort des jeunes bouches de carrés rouges. La stratégie de la gang à Charest aura bien marché.
Le 22 septembre, la grosse manif nationale est plus « nationale » que jamais, décorée comme un beau sapin de pancartes du PQ et de Québec Solidaire. Beaucoup de monde, certes, mais ça va pas loin. Malheureusement, le Bloc éthylique n’était pas très gros (nous étions quelques uns à tenir la piquette de grève, appelant à une cuite contre la 78 à même un cubi rouge).
C’est bien ça qui se passe. Ça reste un gros « mouvement », mais ça profondeur est douteuse. Plongez-y à vos risques.
Lundi dernier, retour en classe dans les facs. À nouveaux, il faut bloquer les cours, cette fois sous les menaces de la loi 12 (a.k.a. loi 78) et des administrations débordées. Les tournées de classes se font masqué, pour éviter les représailles (amendes individuelles de 5000$ pour perturbation des cours). Un peu de bordel à l’UdeM, des étudiants sont séquestrés dans une salle de classe par des vigiles (et non l’inverse, malheureusement), et l’anti-émeute rapplique en force pour les seconder. Quelques arrestations s’ensuivent, et le lendemain, rebelotte. L’administration de l’Uqàm fait aussi sa plainte aux flics, mardi soir, mais mercredi ça reste assez calme. Les syndicats de profs menacent d’entrer en grève illégale si les administrations forcent la rentrée manu militari. La direction de l’UdeM fini par suspendre les cours des modules en grève jusqu’au lendemain des élections. Au moment d’envoyer ce texte, j’apprend que la Fac de sciences humaine (la moitié des grévistes de l’Uqàm) vient de tenir une assemblée extraordinaire qui a fait tomber la décision de la semaine dernière. Ils rentrent en classe demain.
Les élections sont prévues pour mardi. On sent qu’un tas de monde retient son souffle.
Tout peut encore arriver.

toto@toto.fr

Categories: Nouvelles du monde Tags:
  1. Pas encore de commentaire
  1. Pas encore de trackbacks

%d blogueurs aiment cette page :