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blog Réalité : « Trump 2.0 : un changement d’époque ? »

Trump 2.0 : un changement d’époque ?

 

Il est important de mettre en regard les différentes perceptions qu’on peut avoir de la crise politique actuelle des deux côtés de l’Atlantique, mais une telle discussion pâtit nécessairement d’un choc cognitif dû au caractère insaisissable d’un tournant peut-être historique. En effet, un véritable regime change est en train de se produire à Washington, un retour de bâton par rapport à la politique menée depuis des décennies, et à toutes les latitudes, par la Foreign Policy Community américaine. Si, à première vue, le chaos semble y régner en maître, le défi consiste précisément à déceler la logique sous-jacente à ce chaos.

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Ce texte est la version française d’un article paru sur le site du collectif américain Heatwave en mai 2025. Nous le traduisons en raison des convergences évidentes avec nos propres analyses présentées ici et ici. Nous en profitons pour signaler à notre lectorat que nos publications vont connaître une petite pause estivale. Elles reprendront normalement en septembre.

Le capitalisme tombera comme le mur de Berlin.

(Pape François)

Il est important de mettre en regard les différentes perceptions qu’on peut avoir de la crise politique actuelle des deux côtés de l’Atlantique, mais une telle discussion pâtit nécessairement d’un choc cognitif dû au caractère insaisissable d’un tournant peut-être historique. En effet, un véritable regime change est en train de se produire à Washington, un retour de bâton par rapport à la politique menée depuis des décennies, et à toutes les latitudes, par la Foreign Policy Community américaine. Si, à première vue, le chaos semble y régner en maître, le défi consiste précisément à déceler la logique sous-jacente à ce chaos. Pour le dire autrement, Trump est le symptôme et le produit de profondes poussées matérielles internes et externes, ainsi que l’agent d’une tentative de renverser la posture stratégique des États-Unis vis-à-vis du reste du monde – tentative dont l’évolution reste incertaine et les résultats difficilement prévisibles.

Au niveau de ses facteurs immédiats, Trump 2.0 est le produit des trois principaux échecs bien tangibles de la part de l’administration Biden : 1) ne pas avoir réussi à infliger une « défaite stratégique » à la Russie dans le conflit ukrainien: celui-ci a au contraire favorisé un rapprochement ultérieur de Moscou avec Pékin, ainsi qu’avec une grande partie du Sud global ; 2) avoir raté l’objectif du découplage sélectif avec la Chine, c’est-à-dire du blocage de sa modernisation technologique et de sa remontée dans les chaînes de valeur globales ; 3) ne pas avoir enrayé la détérioration du contexte social interne (malgré les engagements déclarés en faveur d’une politique étrangère pour la middle class et les tentatives de relocalisation, qui se sont en réalité arrêtées au seuil du « friendshoring » dans de pays comme le Mexique et le Vietnam). À la lumière de ces seuls facteurs, il n’était pas difficile d’imaginer que la parenthèse n’allait pas être Trump, mais bien Biden (dont les mesures se sont inscrites, sans surprise, dans la foulée protectionniste de Trump 1.0, sanctions comprises). Ce n’est pas tout. Les échecs de l’administration démocrate ne représentent pas des erreurs contingentes, mais l’épuisement d’un long cycle de la politique américaine et mondiale, celui de la mondialisation ascendante, déjà durement secoué par la crise de 2008.

Un cycle qui touche aujourd’hui à sa fin parce qu’il a rendu les États-Unis plus dépendants du monde que pourtant ils dominent, mais avec des coûts économiques de plus en plus lourds (désindustrialisation relative et déficit commercial irrépressible), une polarisation et une désagrégation sociale croissantes, et le risque, qui n’est plus seulement hypothétique, que la Chine échappe avec une certaine chance de succès au mécanisme encore dominant de la ponction impérialiste du roi dollar. Telles sont les causes profondes de la crise de plus en plus évidente de l’ordre international (c’est-à-dire de la Pax Americana), renversement dialectique de la domination du seul impérialisme au sens propre qui reste sur la scène internationale, capable de combiner investissements directs étrangers, seigneuriage monétaire mondial, contrôle global des mers et de l’espace grâce à une prédominance militaire full-spectre et un appareil d’État largement projeté à l’étranger.

La réaction à cette situation aux États-Unis se situe à la croisée des chemins entre les poussées qui viennent des entrailles de la société, et celles provenant de fractions importantes du capitalisme yankee. Il s’agit des fractions jusqu’ici moins favorisées par la projection mondiale américaine (secteurs industriels basés sur des technologies « anciennes »), ou qui nécessitent d’un rapport renforcé avec l’État (une partie de la Silicon Valley, Elon Musk, etc.), alors qu’il sont en conflit avec certains grands opérateurs financiers. Il serait toutefois illusoire de se focaliser exclusivement sur cet aspect des choses. La poussée venant d’en bas – et allant bien au-delà du mouvement MAGA – est un facteur déterminant du tournant qui est en train de se dérouler : une poussée certainement interclassiste (en particulier, les classes moyennes appauvries), mais qui exprime également les demandes sociales de secteurs importants du prolétariat (pas seulement « blanc ») de plus en plus insatisfaits des retombées négatives de la mondialisation. Cet assemblage trumpiste n’est pas encore un bloc social homogène, et pourrait ne jamais le devenir ; mais pour l’instant, qu’on le veuille ou non, il canalise également les demandes prolétariennes favorables à un nationalisme économique défensif qui comble le vide laissé par l’ancien réformisme héritier du New Deal.

Trump est la réponse à tout cela – dans une situation qui rappelle à certains égards la première présidence Nixon – avec une stratégie visant à renverser le choc Volcker du début des années 1980 (déclencheur effectif de la mondialisation financière tirée par le dollar et le double déficit américain financé par l’émission de montagnes de bons du Trésor). Le noyau dur de l’équipe trumpienne, plus soudé qu’il y a huit ans, a désormais une vision très claire : le risque de déclin des États-Unis, la nécessité d’une perspective à moyen/long terme qui prévoit de sacrifices à faire et des retours non immédiats, et l’enjeu existentiel que représente le maintien de la suprématie étasunienne dans le monde… Jusqu’à la « crise de civilisation » à grande échelle (c’est-à-dire à la crise de l’Occident) perçue par certains tenants du mouvement MAGA, qui vont bien au-delà d’une lecture purement économique ou géopolitique de la crise américaine.

À l’heure actuelle, au-delà des hauts et les bas des annonces et des mesures prises, un passage en force venant d’en haut, proportionnel à la radicalité du changement envisagé, apparaît évident. La stratégie qui se dessine (du moins provisoirement et avec toute la prudence qui s’impose) est celle d’« un pas en arrière et deux en avant ». Un pas en arrière sur le plan diplomatique et militaire, afin d’éviter le glissement vers un affrontement militaire direct avec la Russie et la Chine (d’où la recherche d’une exit strategy pour sortir de l’Ukraine, de préférence avec un quasi-rapprochement avec Moscou, et la tentative d’apaiser les tensions avec Téhéran) – contrecarré par des « diversions sensées » (Panama, Groenland, etc.). Pour Washington, il s’agit de reprendre son souffle en reconnaissant l’incapacité actuelle, pour les États-Unis, de faire la guerre à ses deux ennemis, comme largement démontré par le conflit ukrainien (d’où une partie du soutien à Trump, y compris de la part de secteurs importants du Pentagone). Deux pas en avant sur le plan de la diplomatie économique coercitive, grâce à des négociations à somme nulle soutenues par des mesures tarifaires brandies comme un gourdin, par la dévaluation du dollar et la restructuration de facto de la dette extérieure imposée aux alliés en échange de la « protection » militaire étasunienne – comme dans le plan du conseiller économique de Trump, Stephen Miran. Tout cela, dans le but de relancer la production industrielle nationale dans les secteurs stratégiques en vue d’affrontements militaires majeurs à venir, et présenté également comme une défense « productiviste » du travail (et non pas par le welfare). À long terme, on entrevoit l’objectif stratégique d’un découplage complet de la Chine, à compenser par les alliés et amis des États-Unis sur le plan financier (bons du Trésor consolidée à cent ans, utilisation de stable coins, etc.), énergétique (achat de gaz liquéfié à prix élevé) et militaire (achats d’armes américaines à augmenter). Le découplage de la Chine est considéré par l’entourage de Trump comme le seul moyen efficace de bloquer ou de faire dérailler sa croissance économique et sa stabilité sociopolitique. Les tarifs exorbitants adoptés en avril 2025 et partiellement suspendus constituent donc la première étape d’un processus de négociation différencié avec Pékin d’une part, avec l’UE et les pays amis d’Asie orientale d’autre part. Mais même pour ces derniers, le démantèlement d’une partie de leur industrie est une condition nécessaire (mais pas suffisante) à la reconstruction de l’appareil industriel américain : un démantèlement partiellement compensé par un « friendshoring » sélectif pour certaines filières, qui deviendraient toutefois plus dépendantes du leader américain et soumises à des conditions « chinoises » pour les travailleurs concernés. D’une manière générale, une redéfinition de la Grand Strategy américaine pour un ordre international post-mondialisation, qui fera des morts et des morts des blessés, est donc en train de se dessiner.

Il serait naïf de penser que ces objectifs, intermédiaires et de long terme, peuvent être facilement atteints grâce au levier du dollar – toujours irremplaçable, il est vrai, sur les marchés internationaux – et à l’ampleur du marché intérieur américain. Mais il le serait tout autant d’exclure la faisabilité d’un tel projet en invoquant un inévitable déclin des États-Unis (déjà démenti dans les années 1970) dans de termes naturalisés. Certes, les obstacles auxquels Trump doit faire face sont considérables. Sur le plan intérieur : des appareils étatiques et une Foreign Community Policy hostiles (et encore capables de lui mettre des bâtons dans les roues, par exemple sur le dossier ukrainien) ; l’alliance tacite entre la Réserve fédérale et Wall Street (qui s’est déjà faite sentir en influençant les fluctuations des rendements des bons du Trésor) ; les répercussions négatives d’une éventuelle récession, y compris pour la base sociale de Trump, laquelle redonnerait de l’entrain aux secteurs sociaux qui ont le plus bénéficié de la mondialisation, à savoir les professionnels urbains et autre couches moyennes liées aux services numériques et financiers, à la sphère des médias et de l’enseignement supérieur. Sur le plan international : une Chine qui ne cède en rien et qui, depuis un certain temps déjà, restructure son modèle de développement pour s’affranchir de sa dépendance vis-à-vis des exportations ; le rapprochement entre Moscou et Pékin, désormais difficile à rompre ; le multi-alignement des pays BRICS ; l’incertitude quant au repositionnement de l’Allemagne dans une Europe que l’OTAN a désormais pour mission de discipliner plus que de protéger. À cela s’ajoute encore une situation au Moyen-Orient qui pourrait dégénérer à cause des velléités israéliennes, et des négociations pour mettre fin au conflit ukrainien qui s’annoncent difficiles. En un mot, le ressentiment anti-américain ne fera que croître, même dans les pays amis, face au manque de fiabilité de la puissance américaine.

Mais en amont, le fond du problème réside dans la difficulté objective d’instaurer une logique néo-mercantiliste (axée sur l’exportation de marchandises) au sein d’une structure économique et sociale impérialiste centrée sur les investissements directs à l’étranger et sur un dollar quasi monnaie mondiale, lequel permet de contrôler les flux internationaux de capitaux au prix d’un déficit commercial croissant. Cette structure, émergée au lendemain de la fin du système monétaire international de Bretton Woods en 1971, a signifié un succès incroyable pour Washington, en désintégrant les barrières étatiques et financières des autres États-nations (en particulier celles de ses alliés, moins pour ce qui est de la Chine et de la Russie). Mais elle risque aujourd’hui de désintégrer la structure industrielle et sociale américaine elle-même, qui se retrouve comme principal concurrent… sa propre monnaie (de sa propre finance) !

Le boomerang de l’impérialisme capitaliste revient ainsi vers son centre à une échelle inédite dans son histoire. Ce qui explique le retour surprenant d’une « question nationale » inédite en Occident sous la forme de populismes et souverainismes qui se frayent un chemin à travers les couches populaires en quête d’une défense que l’ancien mouvement ouvrier et syndical n’est plus en mesure d’assurer. D’où la coexistence, au sein de ces fractions prolétariennes, d’un certain chauvinisme (surtout anti-chinois) et de revendications « néo-réformistes » (en particulier anti-finance), une ambivalence que l’avenir devra résoudre.

Il est difficile de prévoir comment la situation évoluera. Grosso modo, on peut concevoir deux scénarios opposés. Dans le premier, la tentative trumpienne – par effet combiné des obstacles que nous avons examinés – se solderait par un chaos dont les conséquences sont aujourd’hui impossibles à déterminer, mais qui aurait certainement un impact important sur la stabilité déjà précaire de l’ordre international. Dans le second scénario, le succès de la nouvelle stratégie américaine conduirait à la formation de deux blocs opposés : le premier, dirigé par les États-Unis, avec une Europe pliée et réduite à une sorte d’arrière-cour sur l’exemple latino-américain d’autrefois ; le second, autour d’une Chine plus intégrée à l’économie asiatique et orientale et alliée à Moscou. Dans ce cas également, les inconnues sont importantes du point de vue de la stabilité d’une dollarisation même amoindrie : que feront l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde et la Turquie ? Dans les deux cas, par des voies différentes, cela signifierait la fin de la mondialisation telle que nous l’avons connue, un retour au contrôle des capitaux et des devises (par des États forts), la reconfiguration multidomestique des entreprises multinationales. Il ne s’agirait pas du début d’un ordre international multipolaire relativement stable, mais plutôt d’une situation hautement conflictuelle, dans la perspective de la préparation, plus ou moins accélérée, de la guerre des États-Unis contre la Chine, avec un durcissement à l’égard des alliés et amis de Washington – que nous voyons d’ailleurs déjà bien engagé.

Dans tout cela, l’élément le plus intéressant est le retour d’une crise sociale profonde au cœur de l’impérialisme occidental, retour qui prélude à la possible réactivation d’un prolétariat passif, dispersé et fragmenté. C’est donc la difficulté croissante – économique et géopolitique, y compris par d’éventuelles défaites militaires – du maillon fort du système impérialiste qui apparaît comme une condition nécessaire à une réouverture des jeux sur le plan des rapports de classe, avec une possible reprise des conflits de classe à l’échelle mondiale. Avec une crise systémique de la reproduction sociale à l’horizon, l’impérialisme centré sur les États-Unis parviendra-t-il à nouveau à « unir ce qui est séparé » ?

Même si les communistes ne peuvent pas faire grand-chose sur le plan politique et organisationnel dans l’immédiat, il y a déjà beaucoup de matière sur laquelle exercer un effort théorique et analytique qui remette au centre les nœuds structurels du mode de production capitaliste, après des décennies d’auto-limitation à la dimension culturelle de la critique marxiste. Moins de Gramsci, en somme, pour plus de Lénine et Bordiga. La « fin de l’histoire » est finie et bien finie.

[NdA: Cette contribution a bénéficié des discussions au sein du séminaire de Turin sur l’impérialisme et avec Steve Wright]

  1. Un passant
    04/07/2025 à 10:50 | #1

    Il est assez difficile de faire le lien entre ce texte et ceux desquels nous avons l’habitude dans le milieu communisateur. Je pense utile de lire les textes précédents de l’auteur qui sont en lien dans celui-ci, et notamment “De plus en plus insatisfaits” sur les relations entre néo-populisme et luttes de classes, dans une remarquable rétrospective historique où l’on retrouve ces repères théoriques habituels, notamment de TC. On y trouve des éléments d’analyse communs de toute la période post-programmatiste et de la restructuration mondiale du capitalisme et des mouvements type Gilets jaunes.

    https://projectpppr.org/populisms/blog-post-title-one-jzade

    Pour le reste, on retrouve chez cet auteur, italien, des idées déjà exposées ici par RF sur la question nationale, avec pertinence, et moins à mon avis, sur un nécessaire retour à Bordiga voire à Lénine. Sur la remarque du dernier paragraphe, je ne pense pas que les théoriciens de la communisation puissent être soupçonnés d’avoir été trop “gramsciens”, ou de n’avoir pas mis au cœur de leurs préoccupations les “nœuds structurels du mode de production capitaliste.” C’est donc là qu’existe la possibilité d’un débat fécond avec ce courant d’analyse repris par le blog Réalités.

    Je pense pourtant qu’il y a un risque de passer toute l’analyse du moment actuel du capitalisme au seul prisme du trumpisme 2.0, celui d’un brin d’occidentalo-centrisme.

  2. Un passant
    05/07/2025 à 17:04 | #2

    J’ai parlé d’occidentalo-centrisme parce que les conditions d’évolution rapide du capitalisme en Asie ne sont pas suffisamment prises en compte, voire prises au sérieux. La Chine a pratiquement rattrapé son retard technologique sur les USA, dépassés dans 3/4 des domaines de recherches/développement et d’innovations à l’exception des semi-conducteurs. De ce point de vue le déclin américain est déjà perceptible (nucléaire, énergies renouvelables, aéronautique supersonique, robotique, biologie, mathématiques…), à confronter avec l’amour immodéré de Trump pour la science et les chercheurs… Voir les articles sur la production de brevets dans le monde, et particulièrement l’avance chinoise, et sur quelles perspectives d’application.

    Il me semble que dans l’histoire du capitalisme la question du progrès technique et technologique est primordiale dans la concurrence intercapitaliste, le mouvement de l’économie politique même, la domination économique internationale. Elle explique largement la percée fulgurante de l’Angleterre aux débuts du mode de production, et celle des États-Unis au XXe siècle. Mais là, ils sont en train de perdre la main.

    Nous péchons par habitude de sous-estimer les non Occidentaux, par inertie de pensée vu leur domination jusque-là, et pour la plupart d’entre nous, ceci depuis l’âge de nos artères et de nos grands- pères.

    Je suppose que l’auteur est plutôt un économiste philosophique de métier, et je le vois négliger ces questions scientifiques et techniques essentielles, comme bien souvent les théoriciens marxistes, sauf naturellement Marx lui-même.

    Je n’ai pas compris pourquoi l’échec de Trump conduirait au “chaos” et non comme à une domination de la Chine et de ses alliés multipliés par résultat de l’agressivité commerciale des États-Unis, ou à minima ce qui est dit pour le second scénario, de sa réussite. Quant à ce que feraient la Corée du Sud et le Japon, se demande l’auteur, on a déjà eu un élément de réponse fin mars avec la mise en place d’un accord de libre échange avec la Chine, qui bouscule les habitudes d’alliances et conforte l’avancée historique possible vers un bloc asiatique inédit : les affaires sont les affaires, le mariage blanc avec les Américains ne s’expliquait que par le rapport de force et Trump ne le favorise pas, au contraire : Make Asia Great Again, ou le voleur volé…

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/03/30/le-japon-la-coree-du-sud-et-la-chine-s-unissent-face-a-l-offensive-douaniere-americaine_6588255_3234.html

    Il ne faut pas oublier que le trumpisme est une réaction défensive des États-Unis face à leur perte de suprématie sur la mondialisation, et que les armes économiques qu’ils mettent en œuvre, nonobstant leur agressivité quasi mafieuse, le sont par défaut, quasi le dos au mur. Qu’ils aient l’initiative n’est qu’une apparence démultipliée par le show permanent de Trump et la couverture médiatique que nous en avons en Occident dans le sillage américain. Bien d’autres ne gesticulent pas mais agissent discrètement dans le long terme.

    S’il y a “changement d’époque” c’est parce qu’il y a changement ou perte de centre du monde, et donc nécessité de décentrer les observations et l’analyse, non strictement sur la Chine*, et cela devient une nécessité d’évidence historique pour le travail théorique.

    * certes concernant la Chine, on a Chuang, mais ailleurs en Asie personne. Plus généralement, la moitié de la population mondiale est pratiquement hors de vue de nos considérations, et la perspective démographique ne nous donne pas raison.

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