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A propos d’un «excès de plus-value»… échanges entre Alain BIHR- François CHESNAIS (et une réponse…)

Extrait : « Quant au dernier fait majeur de ces dernières années auquel j’accorde mon attention, parce qu’il me paraît constituer un autre indice de cet excès de plus-value qui est ici en question, c’est le développement du crédit à la consommation, destiné à pallier là encore l’insuffisance de la demande finale due à la part insuffisante des salaires dans la ‘valeur ajoutée’, donc à soutenir la consommation des travailleurs salariés en dépit de leur paupérisation relative (voire absolue), en leur permettant notamment de continuer à accéder à des moyens de consommation durables (en particulier les équipements ménagers, l’automobile et le logement). [print_link]
Que cette expansion du crédit à la consommation ait été en même temps un moyen de valorisation pour le capital financier, sous sa double forme de capital de prêt et de capital fictif, c’est l’évidence même. Et l’on tient du même coup ici les deux ingrédients fondamentaux de la crise actuelle, en particulier de son détonateur, la crise des prêts hypothécaire subprime. D’un côté, des ménages de modestes salariés que l’insuffisance de leurs revenus salariaux contraints à s’endetter dans des proportions excessives pour tenter d’accéder à la propriété de leur logement et dont une proportion importante se trouvent en définitive incapables de faire face aux charges du remboursement de leur dette, comme cela était prévisible. De l’autre, des capitaux financiers à ce point assoiffés de valorisation qu’ils en viennent à oublier toute retenue et toute prudence pour les uns prêter aux précédents et les autres accepter de s’investir dans des titres opaques assis sur des créances aussi douteuses. Autrement dit, au cœur de la crise des subprime, on retrouve une fois encore la distorsion dans la répartition de la ‘valeur ajoutée’: le défaut de salaire d’un côté et l’excès de plus-value de l’autre. »
20 janvier 2009
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  1. R.S.
    24/01/2009 à 14:16 | #1

    réponse: ce texte est la version courte d’un texte à paraitre le mois prochain dans Théorie Communiste N° 22

    Notes sur la tentative de produire une théorie unitaire des crises (entre crise de suracumulation du capital – baisse du taux de profit – et théorie sous-consommationiste)

    La distorsion entre la masse de la production (en valeur) à réaliser et la capacité de consommation de la société est réellement uine distorsion dans la mesure où si la production ne peut être réalisée, c’est-à-dire si elle ne peut fonctionner comme capital additionnel (transformé en C et en V) au taux de profit requis la raison en est dans la sous-consommation ouvrière, c’est-à-dire dans la réduction relative et / ou absolue de V (capital variable) par rapport à C (capital constant). Le même phénomène qui est l’augmentation de la composition organique du capital est d’un côté baisse du taux de profit et de l’autre réduction stucturelle nécessaire de la consommation ouvrière. Cette dernière, c’est-à-dire les rapports de distribution capitaliste, la loi du salaire, est définitoire de la loi de l’augmentation de la composition organique. Sous-consommation ouvrière (par rapport à la valeur produite) et baisse du taux de profit sont absolument identiques. Sous-consommation ouvrière cela signifie nécessité d’accroître la part de la production nécessaire à l’accumulation sous la forme de capital constant et réduction du capital variable, c’est-à-dire que le mécanisme même de l’accumulation capitaliste est par définition distorsion entre la capacité de consommation de la société et croissance de la production. C’est-à-dire (autrement dit) que la baisse tendancielle du taux de profit est substantiellement identique à la sous-consommation ouvrière relativement à la croissance de la production selon les lois du capital. La question de la réalisation, les problèmes de la circulation, ne sont pas une conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit, le blocage dans l’accumulation provenant d’une masse accrue de valeur à valoriser ne sont autrement dit qu’une distorsion croissante atteignant un point limite entre V et C dans la répartition de la production entre part consommée et celle réservée à l’accumulation. La croissance de cette dernière, c’est-à-dire l’augmentation de C et la baisse de V est d’une part le procès même de la baisse du taux de profit et d’autre part cette distorsion entre la masse de la valeur produite et la capacité de consommation de la société selon les lois de distribution du mode de production capitaliste qui ne sont que le mouvement réciproque de C et de V (dans la mesure où la société ne serait composée que d’ouvriers productifs et de capitalistes, ce qui heureusement pour les mangeurs de pl n’est pas le cas). Distorsion croissante qui elle-même est absolument identique à la croissance de la composition organique. la crise portée par la baisse tendanciele du taux de profit est par définition et par cause une crise sous-consomationniste qui elle-même est donnée, c’est-à-dire n’existe que parce qu’elle est baisse tendancielle du taux de profit. Nous sommes ici au-delà de quelque chose qui est et qui se manifeste comme (Mattick) Ce qui est appréhendé au niveau de la réalisation n’est autre que l’augmentation de la composition organique qui elle-même n’est autre que la résultante de la distorsion croissante entre V et C, distorsion qui s’enracine dans la nécessaire croissance de la plus-value qui est dans sa cause même la réduction de V : la racine de la baisse tendanciele du taux de profit.

    Dans cette unité, la crise actuelle est une crise du rapport salarial tant comme capacité de valorisation du capital que comme capacité de reproduction de la classe ouvrière en tant que telle. C’est une crise de la réalisation, une crise existant comme sous-consommation (existant et non se manifestant comme). Trois raisons à cela : faiblesse de la productivité ; faiblesse des investissements ; modalités d’exploitation de la force de travail.
    Pour le troisième point : la multiplication des journées simultanées accroît la pl mais laisse V constant (précarité, temps partiel, délocalisation, concurrence mondiale des travailleurs…) d’où accroissement constant de la distorsion entre croissance de la production et consommation ouvrière (à la limite V ne fait pas des ouvriers des consommateurs). Cela sans que l’on ait une croissance des investissements proportionnelle à la croissance de pl, si bien que le moteur de l’extension de l’accumulation n’est pas proportionnel à la croissance de pl (transformation de pl en capital additionnel). L’accumulation capitaliste ne joue pas son rôle dans la réalisation. En outre, la faiblesse de la croissance de la productivité fait que pour un même V, ce dernier n’absorbe pas une masse croissante de produits (en valeur d’usage).

    * On ne produit pas assez de pl cela signifie on ne peut pas réaliser cette pl. En effet on ne produit pas assez de pl cela signifie la conversion en C a été trop considérable, cela signifie aussi (par définition et simultanément) absolument et relativement le travail nécessaire réglant la consomation de la masse des producteurs est relativement et absolument descendu trop bas (ce n’est pas un rapport de cause à effet entre les deux. la pénurie de pl est identique à sa pléthore. CQFD.

    * « La raison ultime de toute véritable crise demeure toujours la pauvreté et la limitation de la consommation des masses » (Marx, K. t. 7, p. 145). Cette limitation n’est que sous un autre aspect la croissance du taux de pl et par là la baisse du taux de profit.

    * La pénurie de pl par rapport à l’accumulation est sa pléthore par rapport à la réalisation : il n’y a pas de primauté. La baisse du taux de profit, c’est la réduction du travail nécessaire par rapport à la masse du capital en augmentation et de la multiplication de la production pour rattrapper la baisse du taux par la masse.

    C’est toujours étonnant de constater que les questions théoriques les plus fondamentales sont toujours événementielles.
    R.S.

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