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Les gendarmes s’entraînent contre l’adversaire “périurbain”

Avenue de Sébastopol, jeudi 28 mai, dans un fracas de tôle et de cris, le VRBG de la gendarmerie mobile, un type de véhicule blindé léger, s’emploie à dégager la route bloquée par des carcasses de voitures enflammées. Alentour, ce n’est que fumées de gaz lacrymogènes et bruit de grenades explosives. Le sol est jonché de bris de verre et d’étuis de grenades. Le boulevard des Légions, où l’on distingue l’enseigne d’un Crédit agricole, a été repris aux forces de l’ordre. Mais de nouveaux petits groupes surgissent dans la nuit et les harcèlent avec des jets de pierres. [print_link]


Tout ceci n’est qu’un un jeu de rôles grandeur nature interprété dans des rues reconstituées au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), à Saint-Astier. Les assaillants étaient des gendarmes mobiles déguisés, des “plastrons”. Six escadrons ont manoeuvré des deux “côtés” pendant plus de deux heures, soit plus de 400 hommes. Et comme on dit dans le jargon de la gendarmerie, “ça a camphré” (chauffé).

Alors que Nicolas Sarkozy a, de nouveau, mis l’accent sur les bandes et la banlieue, c’est ici, sur ce domaine militaire de 140 hectares, que viennent s’entraîner aux violences urbaines, à tour de rôle, les 123 escadrons de gendarmes mobiles – “le couteau suisse de la gendarmerie”, selon l’expression du commandant du CNEFG, le colonel Didier Quenelle.

La gendarmerie recense tous les épisodes de violence urbaine, depuis les premiers affrontements, dans le quartier de la Grappinière, à Vaux-en-Velin en 1979, jusqu’aux échauffourées de février avec des jeunes de Guadeloupe, la nuit, en passant par les événements de novembre 2005, de Villiers-le-Bel en novembre 2007. Et elle a dressé une typologie de l’adversaire “périurbain” : des jeunes de 13 à 25 ans équipés de façon légère et peu structurés mais déterminés, capables de s’organiser et de se regrouper très rapidement, à dix ou trente. Agissant souvent de nuit, “en réaction à un événement qui a perturbé la cité“, ces “adversaires” évitent le contact. “Ils se placent à 20 ou 25 mètres de distance, ce qui leur permet de continuer à jeter des projectiles”, indique le lieutenant-colonel Francis Mézières, commandant de la division maintien d’ordre. Mais ce qui inquiète les gendarmes, comme la police plus souvent encore en première ligne dans les quartiers sensibles, c’est l’utilisation depuis 2005 d’armes à feu (fusils de chasse ou pistolets à grenaille) contre les forces de l’ordre. Les affrontements sont devenus de plus en plus violents en même temps que consigne a été passée d’interpeller le plus grand nombre d’émeutiers.

Les gendarmes mobiles se sont dotés de “CIOP”, des cellules “de l’image” équipées de caméras pour nourrir les preuves d’une éventuelle incrimination. A Saint-Astier, jeudi soir, 27 interpellations ont été réalisées. “Pas de faille”, s’est félicité le colonel Quenelle.

LE MONDE

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