Accueil > Nouvelles du monde > Adair Turner, ce Seillière anglais soutenu par Attac

Adair Turner, ce Seillière anglais soutenu par Attac

L’ancien patron des patrons britanniques a pris position pour la création de taxes Tobin, ce qui ravit les altermondialistes.
Jonathan Adair Turner, baron Turner of Ecchinswell, a 53 ans et une très longue notice dans le Who’s Who : passé chez BP, Chase Manhattan Bank, McKinsey ou Merril Lynch, ancien patron des patrons britanniques, il préside aujourd’hui l’équivalent de l’Autorité des marchés financiers. [print_link]

C’est à ce titre qu’il vient d’appeler à l’adoption de la taxe Tobin, laissant la City estomaquée. Imagine-t-on, en France, Attac soutenir un baron ex-chef de file du patronat ?

On attend encore les propositions d’Ernest-Antoine Sellière sur la manière de réguler la finance mondiale, mais celles de lord Turner, qui dirigea la confédération de l’industrie britannique (CBI) à la fin des années 90, lui valent un soutien sans réserve de l’association altermondialiste :

« Nous saluons la lucidité d’un des principaux acteurs de la finance globale, Adair Turner, actuel président de l’Autorité britannique des services financiers (FSA).

Comme M. Turner, nous pensons que “si vous voulez faire cesser les rémunérations excessives dans un secteur financier hypertrophié, vous devez réduire la taille de ce secteur ou appliquer des taxes spéciales sur ses bénéfices avant rémunération.

Comme M. Turner, nous estimons que le niveau de rémunération dans les banques vient d’une ‘dérégulation financière caricaturale.

Comme M. Turner nous affirmons que la plupart des transactions de la place financière de Londres (nous ajoutons Paris, Francfort, New York…), et notamment celles accomplies par des traders assoiffés de bonus, sont socialement inutiles’.”

Proche de Tony Blair, le baron Turner est devenu “Adair le Rouge”
Le communiqué d’Attac est long, tout comme les déclarations d’Adair Turner au magazine Prospect, publié jeudi. Retenons-en surtout qu’il envisagerait “bien volontiers des taxes sur les transactions financières, des taxes Tobin”.

Une phrase résume particulièrement ses propos, tenus à un mois du G20 de Pittsburgh : Turner appelle à “une reconstruction massive du système de régulation financier mondial, et pas un petit ajustement”.

Mais qui est donc cet homme qui prend à contre-pied toute la communauté dont il est issu (celle du “big business”) ? Marié, deux enfants, ce fils d’un urbaniste, passé par Cambridge (où il présidait une association d’étudiants conservateurs) a ensuite occupé des postes de haut rang dans l’industrie pétrolière, le conseil ou la finance.

Après cinq ans à la tête du patronat britannique, entre 1995 et 1999, il devient pendant six ans vice-président pour l’Europe de la banque américaine Merril Lynch. La reine le fait baron en 2005. C’est à cette époque que sa proximité avec les travaillistes, et particulièrement Tony Blair, lui vaut le surnom de “Red Adair” (“Adair le Rouge”).

En parallèle, il enseigne -notamment à la London School of Economics- et siège dans divers comités. Quand le patron de la FSA, l’institution chargée de surveiller les marchés financiers, démissionne, en septembre 2008, en pleine faillite de Lehman Brothers, il prend ses fonctions dès le lendemain, un samedi.

Il propose de mettre des éoliennes au bord des autoroutes

Turner est un des principaux promotteurs du système de sauvetage des banques à la britannique, copié depuis par Washington : l’Etat prend une participation et des sièges dans leur conseil d’administration.

Même si ce système n’a pas eu les faveurs de la France, le profil atypique d’Adair Turner est vu outre-Manche comme celui d’un “technocrate de style continental”, selon le mot d’un banquier cité par le Times : à la fois fonctionnaire, universitaire et homme d’affaires.

Prodigieusement intelligent selon ceux dont il dérange le plus les conventions (les “tories”), Lord Turner est coutumier des propositions iconoclastes. Membre d’une commission sur le climat, il a un jour proposé d’installer des éoliennes par dizaine au bord des autoroutes. Logique : les autoroutes ont déjà bousillé le paysage…

Par Augustin Scalbert | Rue89 | 30/08/2009 | 12H47

Categories: Nouvelles du monde Tags:
  1. Pas encore de commentaire
  1. Pas encore de trackbacks

%d blogueurs aiment cette page :