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Deux jeunes tués hier par balle à Semmar (Alger)

Hausse inquiétante des bavures policières

Un drame s’est produit dans la nuit de mercredi à Semmar, Alger. Deux jeunes, Khaled Herira (25 ans) et Mourad Feraoun (28 ans) ont été tués par un policier en faction devant le commissariat de Gué de Constantine (Semmar). La triste nouvelle a suscité une onde de choc au sein de la population locale qui s’est grandement mobilisée, hier au niveau de la morgue de l’hôpital Mustapha Pacha, pour exprimer sa colère. D’après le frère de l’une des victimes, les deux jeunes, résidant à Bachedjerrah, étaient de passage vers 22h30 devant ce commissariat de police à bord d’un véhicule de marque Peugeot 307.[print_link]

Ils transportaient de la tamina (mets traditionnel sucré servi à l’occasion d’une naissance) pour le frère de Khaled habitant à Semmar qui venait d’avoir un bébé », assure un proche de la famille des victimes. La direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a, dans un communiqué rendu public dans la journée d’hier, affirmé qu’« un policier relevant de la 11e sûreté urbaine de Gué de Constantine a tiré sur deux citoyens qui circulaient à bord d’un véhicule, les atteignant mortellement et occasionnant des blessures à un policier qui était sur place ». Selon le même communiqué, le policier auteur de cet « incident » a été arrêté par ses collègues, désarmé et placé en garde à vue au niveau de la division centre de la Police judiciaire d’Alger, qui est chargée de mener l’enquête. Pour la DGSN, qui a tenu à présenter ses condoléances aux familles des victimes, les circonstances dans lesquelles s’est produit ce drame restent à déterminer.

Cependant, la version de la police ne concorde pas totalement avec celle rendue publique par le procureur général près la cour d’Alger ni même avec celle fournie par la famille des victimes. Dans le communiqué du procureur général, repris par l’APS, on parle de deux policiers blessés et non pas d’un seul, comme le souligne la DGSN. Se basant sur les dires d’un témoin habitant à une centaine de mètres du lieu du drame, la famille des victimes affirme que le policier était seul. « Notre témoin nous a déclaré avoir entendu une voix criant Allah Akbar (Dieu est grand) suivi de coups de feu. Ensuite, il nous a dit qu’il a couru vers cet endroit, trouvant les deux victimes gisant dans leur sang, criblés de balles », nous raconte le frère du défunt Khaled. Le procureur général indique que le policier a été mis en détention préventive dans l’attente des résultats de l’enquête qui « déterminera les tenants et les aboutissants de cet incident ».

La famille, les amis et tous ceux qui connaissaient les deux jeunes victimes ont attesté de leur bonne conduite et de leur moralité. « Khaled fait de la livraison de fruits et légumes. Mourad, quant à lui, vend des bijoux. Ils sont bien éduqués. Jamais je n’ai entendu un jour un mot vulgaire ou une insulte sortir de leur bouche. Ce sont des jeunes exemplaires. Ils n’avaient aucun vice : ils ne fumaient pas, ils ne chiquaient pas. Ils n’ont jamais eu d’ennuis avec la justice. Ils sont ensemble depuis leur jeune âge et voilà qu’ils quittent tristement ce monde ensemble et jeunes », raconte Khaled, qui dit avoir fait l’école avec eux. Après autopsie, les corps des deux victimes ont été conduits au domicile familial. Ils ont été inhumés en début de soirée, au cimetière d’El Alia, en présence d’un représentant du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi.

Par M. A. O.El Watan, 9 octobre 2009


Plusieurs drames similaires à déplorer

Pour le seul mois de septembre, ce ne sont pas moins de trois policiers qui ont perdu la tête, engendrant de véritables carnages. Dans la commune de Zitouna, wilaya d’El Tarf, un policier, père de deux enfants en bas âge, tire sur sa femme avec son arme de service, la tuant sur le coup.

Quelques minutes après, il retourne son arme contre lui, se tuant d’une balle entre les deux yeux. Deux semaines plus tard, cette fois-ci à Tissemsilt, un policier a tué son ami d’une balle avec son arme de service. A l’origine du drame, qui a eu lieu au matin de l’Aïd El Fitr, une simple altercation entre les deux hommes. Mais le forcené qui a fait le plus de victimes durant ce mois de septembre est un agent de l’ordre public d’une commune de Annaba. Une dispute de voisinage, pour une histoire d’eau. Le ton monte et l’irréparable se produit. Dégainant son arme de service, le policier tue deux hommes, avant de prendre la fuite. Si ces drames semblent être le fruit d’un « accès de folie », ou de nerfs mis à rude épreuve à longueur d’année qui « lâchent », d’autres récits rapportés par la presse sont quant à eux tout autres. Prémédités, réfléchis, ces meurtres ont été accomplis de sang froid. En juin dernier par exemple, dans une localité d’Oran, un policier, en civil, s’introduit dans l’enceinte d’un chantier, interpellant un des ouvriers, arme de service au poing, il isole ce dernier et lui tire une balle en plein cœur, le tuant sur le coup.

Et c’est d’ailleurs pour une histoire de « cœur », qu’en janvier, une policière d’Annaba, suite à une déception sentimentale, décide de se venger de son ex-fiancé. En pleine rue, elle ouvre le feu sur les sœurs de l’homme indélicat, les blessant grièvement. L’expertise psychiatrique et psychologique décela chez la jeune femme une dépression nerveuse, qui semble « justifier » ce crime. Mais ces dérives peuvent-elles vraiment s’expliquer ? Portant un badge et une arme suscite-t-il un sentiment de puissance et d’impunité tels que l’on en fait usage à la moindre vexation ? Une chose est toutefois sûre : les agents censés œuvrer à la sécurité des citoyens sont parfois ceux-là mêmes qui provoquent l’insécurité.

Par G. L.

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