Zambie :Émeutes ouvrières dans la mine de cuivre de Konkola Copper Mines.
C ‘est à partir,de tensions sur le prix de la force de travail , dans les mines de Zambie qu’une émeute va éclater. Quelques temps avant son décès le président de la Zambie,(Levy Mwanawasa), avait rencontré les dirigeants de l’Union minière, tant il était inquiet de la situation de ce secteur sous pression sociale. Cette rencontre visait à envisager des mesures de paix sociale pour empêcher les grèves dans cette l’industrie1, pour ne pas décourager les nouveaux investissements.[print_link]
En effet la situation dans les mines de cuivre, visant à augmenter les salaires, était d’ autant plus critique, que tous savaient que les mines de cuivres faisaient d’ énormes bénéfices du fait du boom des métaux dans le monde.
Le ministre des Mines, fut chargé d’ endiguer le mécontentement, à cet effet il avait même élaboré une politique d’ actionnariat permettant d’acheter des actions dans le cuivre et les mines de vastes cobalt, quant au syndicat il se positionnait nettement contre l’ action des ouvriers.
«Nous avons eu des discussions cordiales avec le président et présenté nos vues sur les récentes grèves parce que parfois nous (les syndicats) sont accusés d’incitation à la grève des travailleurs. Nous voulons empêcher les grèves à venir par le dialogue” Oswell Munyenyembe, secrétaire de la Muz, à Reuters .
Dans ces conditions , la grève ne pouvait éclater qu’ en dehors et contre le syndicat, sous la forme maintenant systématique d’ une explosion de colère visant directement les exploiteurs et leurs représentants.
A KCM, le mouvement s’ enclenchera, quand des travailleurs de l’exploitation Nchanga refusèrent de prendre leur poste, en exigeant qu’il leur soit communiqué le résultat des négociations salariales. La situation était tendue, et des pierres commençérent à fuser de tous cotés, deux camions à benne appartenant à des entrepreneurs furent endommagés . Seize maisons et trois voitures appartenant à des familles d’expatriés ont également été atteintes. Des mineurs, selon Kharkar le porte-parole de KCM, ont aussi brûlé deux véhicules et démoli des abris pour les employés d’un entrepreneur chinois . Un responsable du gouvernement a déclaré que les travailleurs, qui réclament des salaires plus élevés, ont également pillé des magasins dans la mine.
Rahur Kharkar a déclaré vouloir déplacer des mineurs impliqués dans la grève à l’entreprise Nchanga Unité opérationnelle intégrée avait arrêté les opérations de l’usine de résidus de lixiviation, Nchanga mine souterraine et le concentrateur.
Kharkar c ‘est immédiatement rabattu sur le syndicat (la Mine Workers Union of Zambia (MUZ) et a tenu des pourparlers d’urgence pour trouver des moyens de mettre fin à la grève.
Selon Kharkar, avec l’aide de la police des mines et de la Zambie, les émeutes ont été placées sous contrôle. De son coté,le Secrétaire général du syndicat Oswell Munyenyembe a déclaré que la police avait arrêté 30 personnes , après les émeutes et que “Le syndicat ne peut pas soutenir toute forme de violence et nous vérifions que les policiers rapportent que toutes les personnes arrêtées sont des mineurs», (Munyenyembe à Reuters)
“La production a repris. Nous avons convenu avec les syndicats à mettre tout en ordre “, a déclaré Rahul Kharkar .
Rappel de quelques grèves en Afrique.
Afrique du Sud – L’effondrement du marché automobile a réduit l’utilisation du platine industriel. Une seule firme, Lomain, licencie 5 500 travailleurs dans 32 de ses mines. Misère en cascade car immigrés ou pas, on calcule que pour 30 % d’entre eux, un seul travailleur fait vivre 8 personnes. L’industrie textile connaît les mêmes problèmes qu’en Chine avec le refoulement des migrants intérieurs et immigrants des pays voisins.
Liberia * – 27/3/2009 – 3 000 travailleurs de la plus grande plantation d’hévéas, en grève depuis plusieurs semaines, séquestrent le sénateur de la région qui tire lui-même dans la foule alors que la police attaque pour le délivrer.
Afrique du Sud ’*3/6/2009 ’61 tués dans l’incendie d’une mine illégale abandonnée par Harmony Gold Mining.
Afrique du Sud –* 27/7/2009 ’Sur fond d’agitation sociale avec des grèves dans de nombreux secteurs, émeutes depuis le début de l’année dans les townships où vivent plus d’un million de parias. Plus de 25 manifestations violentes contre les conditions de vie (pas d’eau potable, pas d’électricité, pas de sanitaire). À Thokoza, à 40 km de Johannesburg, le 28 juillet, barrages de pneus enflammés, incendie d’une clinique, de bibliothèque. À 300 km de Johannesburg dans un autre township, la police est lapidée et répond violemment, des blessés. À Balfour (80 km de Johannesburg), les pillages, l’incendie de magasins et de voitures sont aussi violemment réprimés (des dizaines de blessés, des centaines d’arrestations). À Durban (port du nord), un mouvement des chômeurs sud-africains (SAUPM) oganise le pillage des supermarchés : 94 arrestations. La liste peut être allongée presque à l’infini.
note
1 En juillet 2009, une grève de quatre jours avait paralysé la mine de cuivre Kansanshi, une division de First Quantum Minerals (FM.TO).
Source: spartacus
Sans entrer dans les détails, on a bel et bien des émeutes “syndicalistes radicales”, et contre la position des organisations syndicales (cf discussion http://dndf.org/?p=5458 ).
En 1985, j’ai composé un thème pour quintette de jazz intitulé BLACK PEOPLE, dédié aux mineurs anglais (à la mine noire, comme leur destin). Ils avaient tenté d’autogérer leurs mines… http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_des_mineurs_britanniques_de_1984-1985. Leur mot d’ordre était COAL NOT DOLE (du charbon pas du chômage), ils vendaient pour la solidarité des draps de bain en éponge made in England, avec le mot d’ordre en noir sur rouge. Comme le temps passe.
Une petit vidéo de 25 mn http://video.google.fr/videoplay?docid=-8023784985392213652&ei=68oBS_j4CJjt-QaXs4ydDQ&q=The+Miners%27+Strike++1985&hl=fr&view=2#
Black isn’t it beautiful ?
La particularité des émeutes c’est qu’elles sont difficiles à cerner sinon sous le concept de « débordement violent » et que par ce seul fait elles démontrent leur caractère incontrôlable. Pour ma part, je crois que l’émeute possède invariablement une dynamique de remise ne cause temporaire de l’ensemble des identités sociales, remise en cause qui dure seulement le temps de l’émeute pour la simple raison que, avant et après, ceux et celles qui font l’émeute retrouvent la normalité de leurs conditions et de leurs identités.
En fait, l’émeute à cette particularité de faire de ceux et celles qui font l’émeute des émeutiers et rien d’autre : l’identité entre ceux et celles qui agissent et leur acte est sans médiation. C’est pourquoi je ne crois pas qu’une émeute puisse être de nature syndicale ni même revendicative. Que l’émeute soit une issue d’un conflit en rapport à une revendication salariale ou à une injustice quelconque ne fait pas pour autant de l’émeute en elle-même une activité collective qui possède les caractéristiques d’une lutte qui revendique quoi que ce soit, ne serait-ce que le droit de faire l’émeute. L’émeute n’est pas une action plus radicale que la grève ou la manifestation, l’émeute est une rupture dans un temps et un espace précis de la reproduction normale, même conflictuelle, des rapports sociaux. C’est en raison de ce caractère de remise en cause temporaire que l’émeute ne peut se maintenir sans devenir autre chose : soit une autotransformation vers l’insurrection généralisée, mais l’émeute en soi n’a aucune permanence possible; ce qui explique pourquoi il n’y a aucune organisation d’émeutiers possible. Ceux et celles qui cherchent à donner un caractère permanent à l’émeute ne font que ritualiser les aspects visibles et superficiels de l’émeute : soit la casse, la confrontation avec la police, le pillage mais ne peuvent reproduire le fondement de l’émeute qu’en idéologie : le désir de faire abstraction des identités sociales qui définissent et séparent les individus socialement… en fait, les casseurs produisent une identités de « casseurs » qui s’inscrit très bien dans le cours normal des choses en tant qu’opposition identifiable donc intégrée aux conflits dans lesquels ils et elles s’inscrivent. En d’autres mots, ils et elles font du « débordement violent » une identité reproductible dans le cadre des rapports sociaux capitalistes, ce qui n’est pas possible pour l’émeute, car l’émeute est une étincelle dans tous les sens du terme; elle ne peut que mourir ou se transformer en quelque chose de supérieur mais ne peux se conserver en soi.
La particularité de notre époque est que l’émeute est partout et pour toutes sortes de raisons apparentes, mais en soi elle reste insaisissable sinon en théorie. L’émeute est donc productrice de théorie au même titre que n’importe quelle lutte, mais est-ce que l’émeute produit la même théorie qu’une grève sauvage ou une occupation autogestionnaire, ou qu’une action d’autoréduction ? J’en doute ! Je ne cherche pas à glorifier l’émeute mais seulement à la définir dans ce qu’elle offre de spécifique à elle-même. Spécificité qui rejoint la dynamique d’un cycle de lutte où la limite d’agir en tant que prolétaire contre le capital implique immédiatement de remettre en cause ce qui nous définit comme prolétaire dans cette action. Si la revendication ne peut plus rien offrir de stable et permanent parce qu’il n’y a plus d’alternative possible à ce qui est déjà présent, l’émeute devient une forme de lutte beaucoup plus adéquate à cette dynamique, sans en être exclusivement la seule. Toutefois, il serait ridicule de faire de l’émeute une fin en soi, car l’émeute n’est qu’un moment instable, éphémère, tout au plus un passage vers un mouvement d’autotransformation qui dépasse l’émeute.
Enfin de compte, pour ouvrir sur un autre sujet, cette dynamique du cycle actuel qui rend impossible toute permanence et stabilité dans la revendication ou qui donne à la revendication une dynamique sans avenir est pour moi la définition même du démocratisme radical. Que cette dynamique prenne des habits tout neuf depuis la crise ne rend pas caduc le fait que le démocratisme radical soit le concept qui définit cette incapacité à la revendication, salariale ou autre, d’être légitime puisque c’est là son fondement. La particularité du démocratisme radical c’est d’apparaitre comme la limite des luttes qui produisent à la fois la nécessité de combattre le capital en tant que classe qui ne possède comme seul identité que d’être une classe pour le capital et à la fois la nécessité de remettre en cause l’identité de classe qui nous définit dans nos luttes afin de sortir de la situation contre laquelle nous combattons. Le démocratisme radical est la forme que prend notre combat quand la rupture n’est plus possible; ou pour revenir à notre premier sujet, le démocratisme radical est aussi la forme que prend l’émeute quand elle meurt dans la normalité : soit elle est récupérée dans une revendication ou soit elle est reniée dans une dénonciation.
Ce qui me derange toujours, dans ce genre d’approche d’une forme de lutte, c’est qu’on puisse en parler sans lien avec ce qui la provoque, sans la considérer dans un contexte, à un moment de la lutte des classes. Pour faire court et provocateur, il ya surement des tas de moments extatiques ou les rôles sociaux volent en éclat et supriment toute médiation entre les individus : une foule de supporters en révolte, des soldats dans une tranchée quand l’univers explose autour d’eux, la fête qui bascule à Rio au Carnaval….
La caractéristique de ces moments d’explosion sociale, outre ce qu’ils bouleversent, dans l’instant, dans les rapports des individus qui la vivent, c’est bel et bien qu’avant et après, tout reste en place sans avoir rien changé à rien. Mais dans ta description, on dirait encore, comme dans beaucoup de descriptions des “rendez vous manqués” avec la révolution, qu’il a manqué quelque chose pour que l’activité “émeute” ne se généralise… comme s’il aurait été possible qu’elle puisse se généraliser!
Il me semble que ce qui importe, c’est de comprendre comment on passe du cours des luttes à la révolution, comment “une classe qui lutte en tant que classe peut abolir les classes”, pour paraphraser TC. Pas de chercher ce qui est contenu ici et maintenant dans une forme de lutte et qui pourrait nous rapprocher plus que d’autres de la révolution.
Je dis cela aussi parce que je sens bien, depuis quelques temps, dans les textes qui circulent, que l’idée même de revendication est considérée en soi comme appartenant au programme et donc, que l’émeute nous rapprocherait, en tant qu’activité même, sans lien avec le moment de l’époque, de la communisation…..
En bref, la fin de l’émeute, le retour au calme social, ça n’est pas l’échec d’une émeute, c’est son devenir naturel. Si un jour des émeutes se répandent, ce sera l’époque qui l’exigera, pas la forme du combat à ce moment là.
pepe • novembre 29, 2009 @11:38 Ce qui me derange toujours, dans ce genre d’approche d’une forme de lutte, c’est qu’on puisse en parler sans lien avec ce qui la provoque, sans la considérer dans un contexte, à un moment de la lutte des classes.
J’ai eu la même réaction devant le commentaire d’amersimpson, au demeurant intéressant (je suis en net désaccord avec les considérations sur le Démocratisme radical, car je ne vois guère de démocratisme dans les luttes actuelles, qu’elles prennnent ou non des formes émeutières. Le démocratisme radical ne dit pas tout de la limite des luttes, et surtout il n’est plus, massivement, ce qui les met en évidence).
Je pense effectivement qu’il n’est pas de bonne méthode de saisir une forme générale – ici l’émeute, terminologie fourre-tout s’il en est – pour en faire un tout qui traduirait une cohérence quant aux contenus, de façon non située, en dehors de la spécificité.
Si j’avais fait plus haut le lien entre ces formes émeutières en Zambie et la discussion sur le ” syndicalisme radical”, c’est qu’il m’est apparu que nous avons ici des luttes portant des exigences explicites, sinon des revendications, et qui trouvent en face d’elle les syndicats organisés, et la police. Elles prennent de ce fait des formes illégales, et violentes. A s’en tenir aux informations du texte de Spartacus, on n’a pas de discours “révolutionnaire”. Il est frappant que sont liées à la fois la situation au travail et les conditions vitales de la reproduction (nourriture, eau, électricité…), ce qui a pu être désigné globalement comme “luttes sur le salaire”.
La violence anti-ouvrière est davantage à rattacher, il me semble, à la contrainte au travail dans des conditions délabrées, caractéristique de la période, y compris par le recours à la police, à l’armée, bref, à l’Etat comme bras armé du capitalisme.
Néanmoins, on peut avoir une idée de ce que pourrait être le passage, sans transcroissance, d’une lutte perdant son caractère revendicatif pour mettre en cause la logique marchande même (l’échange) dans tous les domaines de la vie.
Afrique du sud. Une video, en juillet
http://www.france24.com/fr/20090723-manifestation-degenere-emeutes-afrique-du-sud-township-thokoza-johannesburg-balfour-pauvrete-logements-emplois
Patlotch : « Je pense effectivement qu’il n’est pas de bonne méthode de saisir une forme générale – ici l’émeute, terminologie fourre-tout s’il en est – pour en faire un tout qui traduirait une cohérence quant aux contenus, de façon non située, en dehors de la spécificité. »
Pepe : « Ce qui me dérange toujours, dans ce genre d’approche d’une forme de lutte, c’est qu’on puisse en parler sans lien avec ce qui la provoque, sans la considérer dans un contexte, à un moment de la lutte des classes. »
Plusieurs choses.
De un, ce qui nous permet de définir une forme générale c’est l’apparition de certaines caractéristiques communes à plusieurs situations. Dans ce sens, ce qui caractérise une lutte ou une situation comme étant une émeute ce sont certains points communs que l’on retrouve dans d’autres situations semblables et qui sont aussi ce qui la différencie de la grève ou de l’occupation. En d’autres mots, certaines caractéristiques générales font qu’une émeute n’est pas une grève et vice-versa.
De deux, le contenu de l’émeute ou même de la grève n’est pas tant dans la situation particulière qui la provoque et la situe dans un lieu et un moment précis mais dans l’époque où s’inscrit cette situation particulière et qui fait qu’une émeute ou une grève produit une théorie spécifique à cette époque. Les émeutes d’aujourd’hui ne disent pas la même chose que les émeutes des années 60 ou encore des années 20 et parce que les émeutes possèdent des caractéristiques propres à elles et à une époque, elles sont donc productrices d’une théorie spécifique à elle-même sur notre époque. À moins de vouloir tout confondre comme s’il n’existait pas de différence fondamentale entre une grève, une occupation, une manif et une émeute, je crois que l’émeute mérite d’être définit théoriquement par rapport à la dynamique du cycle de lutte actuel.
Et de trois, étant entendu que notre époque contient sa propre dynamique qui la différencie de l’époque antérieur, je crois pertinent de considérer que les émeutes possède quelques chose de cette dynamique qui fait ce qu’elles sont : une remise en cause temporaire des identités sociales. Et parce que cette remise en cause par les prolétaires de leur identité de classe à l’intérieur de ses propres actions de classe contre le capital est au cœur de la dynamique du cycle de lutte actuel, il est naturel de retrouver cette dynamique d’une manière spécifique à l’émeute dans sa définition actuelle. L’idée n’est pas de dire que l’émeute nous rapproche de la révolution, mais de saisir de quelle façon l’émeute contient cette dynamique.
Pepe : « Pas de chercher ce qui est contenu ici et maintenant dans une forme de lutte et qui pourrait nous rapprocher plus que d’autres de la révolution. »
Quand je dis : « L’émeute n’est pas une action plus radicale que la grève ou la manifestation, l’émeute est une rupture dans un temps et un espace précis de la reproduction normale, même conflictuelle, des rapports sociaux. »
Ce que je veux dire c’est justement que l’émeute n’est pas une action reproductible à souhait qui pourrait nous rapprocher de la révolution parce que c’est une action plus RADICALE, mais que le contenu de l’émeute possède cette rupture, cette remise en cause, qui caractérise la dynamique de notre époque et qui fait de l’émeute ce qu’elle est dans cette époque. En fait, lorsque l’on cherche à faire de l’émeute un stade plus avancé, une action plus radicale, une étape plus rapprochée vers la révolution, non seulement on glorifie ridiculement l’émeute mais de plus on considère encore que la révolution est une succession d’étapes et l’on retombe dans les conceptions programmatiques.
Pepe : « En bref, la fin de l’émeute, le retour au calme social, ça n’est pas l’échec d’une émeute, c’est son devenir naturel. »
J’aimerais bien que tu m’explique d’où tu pars pour arriver à de telles conclusions GÉNÉRALES sur l’émeute. Que l’émeute ne puisse se conserver en elle-même, et donc qu’elle ne dure que le temps de l’émeute, et que surtout elle semble mourir à chaque fois qu’elle apparaît n’est pas une raison suffisante pour en conclure que l’émeute ne peut que mourir dans la normalité. Pour moi, ce qui définit l’émeute, entre autre chose, c’est qu’elle ne peut être permanente de la même façon qu’une grève et encore moins qu’une occupation autogestionnaire et elles ne peut être prévisible et organisée comme une action d’autoréduction ou encore une fête, mais en revanche, l’émeute peut toujours surgir de ces formes de luttes (quoi que la fête est-elle une forme de lutte ?) et enfin, pour produire la révolution, l’émeute, comme n’importe quelle forme de luttes, doit être dépassée… car il y a nécessairement un mouvement d’autotransformation qui fait la rupture DÉFINITIVE avec ce qui était de ce qui advient.
Je ne vais pas répondre point par point, parce que ça tournerait en rond, comme la discussion sur le “rebelle”.
Nous sommes bien d’accord pour considérer que cette époque du capitalisme est caractérisée par une certaine structure du rapport de classe, et que la batterie de concepts qu’a élaborés Théorie communiste permet d’en rendre compte en articulant tout et parties, luttes et économie politique, formes et contenus des divers événements marquant la lutte de classes et au-delà…
Je doute de l’intérêt de théoriser à partir de catégories de second ordre, surtout quand elles ne recouvrent pas une unité conceptuelle claire. C’est à mon sens le cas de “émeutes”, dans la mesure où le mot recouvre des manifestations qui peuvent avoir des causes et des contextes fort différents, nonobstant le fait que toute lutte est quelque part, comme RS disait des émeutes de nov 2005, “un événement mondial”.
AS en vient à séparer strictement émeutes, grèves, et occupations, alors qu’elles peuvent se rencontrer ensemble (grève avec émeutes, grève avec occupation, émeute et occupation, etc.); et correspondre à des activités complémentaires et/ou à des moments différents d’une même lutte ou d’un ensemble situé de luttes (lire par exemple le dernier recensement d’Echanges et mouvement > http://www.mondialisme.org/spip.php?article1405 ).
Bref, pour moi, “émeutes” n’est pas une catégorie pertinente pour théoriser, quand on part d’elle pour revenir à elle. On peut sûrement en tirer toutes sortes de vérités sur les émeutes, mais qui ont en fait peu d’intérêt, si ce n’est le risque de perdre en route l’essentiel, qui est l’articulation entre limites et dynamique dans ce moment présent de la lutte de classes, et ceci à travers de multiples formes de luttes, ou même d’absence de luttes.
Il est bien certain, comme le dit AS, que les émeutes actuelles sont propres à cette époque, et peuvent en porter dynamique et limites, mais pas comme phénomène pris isolément pour ce qu’il a de commun à travers toutes ses manifestations. Car cela on peut le dire d’un tas de choses, qui en elles-mêmes, ne parleront pas davantage.
C’est un peu comme si on avait fait, au 19ème siècle, la théorie des barricades en relation avec le capitalisme industriel naissant au stade formel et la montée en puissance du mouvement ouvrier organisé.
A partir du moment, où précisément, on a caducité du démocratisme radical, et montée de la contrainte au travail pour juguler la baisse du taux de profit, le capital a besoin de la police, et il ne laisse pas au prolétariat le choix des moyens. La violence s’impose parfois à lui sans autre but que de détruire ce qui nous détruit.
Un ami de DNDF et environs m’a signalé un texte en rapport avec cette discussion,
“Le temps des eunuques, un cas d’école : l’anthropoïde Bertho” > http://www.debat-totalite.org/IDT/Antichambre/Le_temps_des_eunuques.html
sur le site “invitations au débat sur la totalité” > http://www.debat-totalite.org/IDT/Accueil.html
à propos du site d’Alain Bertho, signalé ici, “anthropologie du présent
ethnologie appliquée, recherches, enseignement, publications, séminaires” http://berthoalain.wordpress.com/ http://berthoalain.wordpress.com/
Il y fait un inventaire des émeutes (voir dans quelles conditions selon le texte des totalitéristes).
Il vient de sortir un livre “Le temps des émeutes”, consternant du point de vue de la critique communiste > http://berthoalain.wordpress.com/2009/10/15/le-temps-des-emeutes-sommaire-et-reactions/
Certes je n’ai pas boudé mon plaisir au talent renvoyant à ses études cet universitaire de Paris VIII, encore membre du comité central du PCF au début de ce siècle, avec qui j’avais eu maille à partir au temps de mes illusions démocratiques.
Cela étant, cette critique a une vision de la totalité centrée sur la rebellion et les émeutes. Exit la contradiction de classes et l’exploitation comme contradiction en procès qui permet tout à la fois, à mon avis, de saisir l’actualité des émeutes sans chercher à leur faire dire autre chose qu’elles ne font, et la totalité du monde du travail, et du non-travail, subsumé sous le capital.
Moi aussi je suis un totalitériste ;-)
Bonjour Patlotch !
Je t’ai connu plus rigoureux dans tes lectures et tes critiques …
Je m’étonne que tu diffuses ce texte (anonyme) dont le manque du rigueur critique est emballé dans un style digne du Crapouillot.
Cordialement
Alain Bertho
Au fait, c’est quoi et c’est qui les “totalitéristes” ?
Bonjour,
Ton site est répertorié depuis janvier parmi ceux “qui nous ont intéressés”. Il n’est pas anormal d’en signaler une critique par des gens qui ont mis depuis 2003 les émeutes au centre de leur vision de la totalité. Je ne la partage, mais d’une part je considère que leur travail d’information n’est pas négligeable*, d’autre part le débat amorcé ici me semble dépasser vos problèmes respectifs, et quelque part communs. Ma vision de la totalité est assez claire pour comprendre que je ne peux trouver rigoureuses ni la critique qu’il te font, ni ta compréhension des enjeux actuels.
* http://www.debat-totalite.org/IDT/Ouvertures/Enactesacc.html
PS : Pour “totalitériste”, mon fils de 12 ans, qui n’est ni néo-hegelien humaniste, ni marxiste rangé des voitures qui brûlent, a compris tout seul
Leur travail de recensement de 2003-2006 est assez remarquable. Dommage qu’ils n’aient pas continué …. Dommage aussi qu’on ne puisse laisser aucun message sur le site pour rentrer en discussion. Je parle bien sûr de discusion sur leur travail. Le ton de l’article qu’ils m’ont consacré je continue à penser que l’excès de vulgarité et l’outrance en annulent totalement l’intérêt. Je ne savais pas que le registre de la “vipère lubrique” était encore de mise dans certains cercles. Je pensais qu’on avait tourné la page de la révolution culturelle et estimé que , ma foi, le rôle des khmers rouges n’avait été totalité à l’honneur de l’histoire communiste.
Pour “totalitériste” ta pirouette est un peu dérisoire. Merci, je n’avais pas besoin d’un dictionnaire mais d’une information de type politique : à quelles analyses et à quelle stratégie cela renvoie; etc.
Le ton, c’est pas toujours bon. Je pense que si tu interviens ici, c’est que le contenu te dérange aussi, et dès lors il t’appartient de leur répondre avec “rigueur” sans faux-fuyants. Pour ma part je pense que le faire ici serait déplacé et source de bla bla risquant de polluer ce qui nous intéresse dont ce fil de discussion donne une petite idée, mais ça n’engage que moi.
Puisqu’il faut tout expliquer… Ma réponse n’est pas une pirouette. “Totalitériste” n’est qu’un néologisme transparent de mon cru, un jeu de mot avec totalitariste, où y est question de ‘totalité’.
Il n’existe pas de courant “totalitériste”. Ce n’est pas d’aujourd’hui que religions et philosophies sont en quête d’une WeltAnschauung, avec Hegel à l’apogée de l’idéalisme. Ça continue et si cela renvoie à des analyses ou stratégies, c’est à autant d’idéologies en cours, dans celle qui domine. Aucune “information politique” ne répondra à ta question.
Il existe un “courant communisateur”, dont je me réclame, qui n’est pas politique et n’a pas de stratégie. “Théorie communiste” en relève, et ses analyses sont effectivement totalisantes par leur cohérence avec celle du monde actuel sous le capital. Si les théories de la communisation t’intéressent, il ne sera pas difficile de t’en informer, sauf, évidemment, chez les universitaires & marxistes… de bon ton.
Merci de ta réponse.
Les désaccords d’analyse et de méthodologie ne me dérangent jamais. C’est toujours un bon moyen d’avancer. A condition de faire le travail d’identification des désaccords théoriques ce dont les invectives font toujours l’économie.
Mon point de vue est public, donc vulnérable. C’est la loi du genre. Leurs insultes sont anonymes. C’est peu glorieux.
On peut écrire sur mon site comme sur celui-ci. Pas sur le leur.
Pour des gens qui veulent ouvrir un débat c’est plutôt fermé…
D’abord, leur site indique bel et bien un mail, où il t’est loisible de “laisser un message pour rentrer en discussion”.
invitations@debat-totalite.org
Ensuite, l’anonymat existait longtemps avant Internet et cela se peut se justifier encore aujourd’hui, d’autant que la valeur d’un texte ne tient ps à ce qu’il soit ou non signé. Il en va de certaines paroles comme de certains actes. Tu as besoin de l’identité des émeutiers pour tes analyses ? Les non-signataires disent d’où et pourquoi ils s’expriment, leur texte est situé dans le contexte de leur critique, on peut à mon avis “identifier les désaccords théoriques” et y confronter ses idées, si on ne s’arrête pas aux invectives, qui recoupent néanmoins un contenu critique explicite.
Enfin, reste la solution qu’un anonyme bénévole envoie le texte sur ton “site ouvert”, où tu aura tout loisir de réagir, ou pas. Ça pourrait te faire une bonne pub chez les émeutistes au net, imagine un peu la rencontre de la théorie et de la pratique ;-)
Fais-moi confiance, je suis à mes heures un champion de l’invective, et il en est encore pour y trouver, même le déplorant, matière à discussion.
Il n’y a pas le fond d’un côté et la forme de l’autre. L’invective grossière et graveleuse n’identifie que le contentement de soi et la haine de l’autre. C’est un sport qui fait fureur aujourd’hui. C’est d’une certaine façon une posture théorique. Je ne la crois pas très révolutionnaire. J’ai écrit un précédent livre “nous autres, nous mêmes” qui dit mon analyse de la question.
Quant à l’anonymat : il est comique de le revendiquer et en même temps de se plaindre parce qu’on est pas cité !
Tu les connais ?
Oui, il est clair que ces “invectives” participent de ce qu’ils pensent de ton travail, de tes positions institutionnelle, politiques et théoriques. Quant à identifier ce que tu dis, c’est un peu court, car on conçoit logiquement que ce ne soit pas toi qu’ils “invitent au débat sur la totalité”. Ils ne sont pas dans une posture de gentils sociologues. J’entends pour ma part qu’ils règlent ton compte en se faisant plaisir, avec une rage somme toute compréhensible.
Je suis assez surpris que tu puisses prêter à ton livre le moindre effet dans ce cas, parce que si tu es familier du terrain des émeutes, de ceux qui y participent, ou qui en parlent en connaissance de cause, tu peux saisir en quoi il peut être décalé face à de telles situations. Tu pourrais alors te demander pourquoi certain “sport fait fureur aujourd’hui”, sur un tel fond de violence de classe et d’Etat.
Il ne signent pas, c’est un chose, mais leur site existe comme référence.
Je ne sais pas si je les connais. Qu’importe ? Ce qui compte pour moi, c’est leur position sur le rapport actuel entre “émeutes” et lutte de classes.
Mon “oui” était pour “Il n’y a pas le fond d’un côté et la forme de l’autre”
Je crois que nous n’avons plus grand chose à nous dire. En attendant qu’on me “règle mon compte”. Bonsoir.
PS : définitivement, je ne suis pas sociologue !
pps : parce que toi tu les connais “ceux qui participent aux émeutes” ? Et eux ? Il me semble plutôt reconnaître dans vos excès verbaux (je te mets définitivement dans le même sac que ces gardes rouges du net) la rage et la frustration de ne pas en être. Les révolutionnaires en chambre ont tendance à substituer la hargne théorique à la dure patience de la lutte réelle. Je vous salue bien, en mon nom et au nom de tous ceux que je connais et qui luttent avec leur coeur avec leur vie, et avec leur corps. Par exemple ceux du 76 péri, dont j’ai été le webmaster cette année. http://76peri.wordpress.com
C’est ce que je pense depuis le début. Je vais donc m’expliquer plus clairement.
Sans régler ton compte, je vais dire pourquoi je t’ai répondu posément, ce qui peut sembler étonnant de ma part. Il faut préciser pour les lecteurs qu’on ne s’est jamais vu que deux ou trois fois et que nous n’avons jamais eu d’échange privé sous aucune forme. C’était au temps de votre “séisme électoral”, en 2002… quand vous courtricotiez l’arlésienne de la recomposition d’état-major à “gauche de la gauche”, avec Cours-Sallies, Mélanchon, et je ne sais qui de la LCR. Juste pour moi le temps de constater que vous fonctionniez comme ceux que vous prétendiez critiquer.
Je suis un des rares, au sein du “courant communisateur”, à avoir été au PCF, après avoir rué dans les brancards vingt ans. On croit franchir un grand pas en en sortant, on remet en cause “le parti”, voire “la forme-parti”, on théorise de haut “la démocratie / la politique contre l’Etat”, si ce n’est toi, c’est Abensour, Rancière, ou quelques-uns des vôtres… On ne se doute pas qu’au bord du gué, on n’a mouillé que le gros orteil, et trouvé l’eau trop froide pour traverser, franchir le pas… On n’a pas encore cassé son noyau dur idéologique, comme disait sans rire Edgar Morin. On ne vit pas une situation sociale qui permet d’avancer, on ne dispose pas des concepts qui posent les bonnes questions à l’histoire et au présent : programmatisme, démocratisme radical, dépassement produit (du capital)… On nage, ou plutôt on patauge, français avec Proudhon.
Durant la participation du PCF au gouvernement Mitterrand, à propos de l’Afghanistan ou du bilan “globalement positif” de Marchais, alors que je protestais, un camarade et encore ami m’a posé cette question pleine de haine, là oui : “T’es dans quel camp, toi ?”
Ce qui vient de se passer n’est que le début de tes peines, sociologue, anthroplogue ou n’importe quoi d’autre, c’est vraiment pas le problème. Si t’es venu ici pour autre chose que veiller à ta réputation dans la bulle de Paris VIII et environs, tu vas rencontrer la vraie vie sur le terrain même de tes recherches, et il faudra bien t’y confronter. Puisque tu es un intellectuel curieux avec un fond marxien, je te conseille une lecture rafraîchissante, que tu ne regretteras pas d’avoir lue avant qu’elle ne devienne un best-seller : “Karl Marx et la fin de la philosophie allemande”, Roland Simon, 2007. Une version abrégée, “Le communisme philosophique” > http://www.anglemort.net/article.php3?id_article=88
Ne t’étonne pas qu’un jour quelqu’un te pose la question : « Que faisiez-vous, aux temps chauds, Monsieur Bertho ?”
J’ai donc touché juste…
Personne ne doute de tes talents d’anthroblog.
Je répondais à 10:56 au message de 1:46 :
Nous n’avons plus rien à nous dire.
Amen
Ce qui suit ne s’adresse pas à Alain Bertho, qui nous a salué en auto-délégué “de tous ceux qui luttent avec leur coeur avec leur vie, et avec leur corps.” Beaucoup de monde, mais son âme est sans limite.
A l’adresse http://76peri.wordpress.com , dont A. Bertho est webmestre, on peut mesurer ce qu’il appelle la “dure patience de la lutte réelle”, pratique adéquate de sa théorie de la vraie démocratie et de “la politique contre l’Etat” :
”
Promesse []
Après 10 années de survie [] les habitants du 76 ont cru que l’Etat prenait enfin ses responsabilités.
Le 24 juillet 2009, par la voix du Sous-Préfet, une petite quarantaine de titres de séjour étaient en effet annoncés [] cette annonce faite aux délégués en présence de leurs soutiens a suscité un immense espoir.
L’absurdité []
n’a d’autres finalités pour l’Etat que de se soustraire à ses propres responsabilités.
La trahison.
Alors que les travaux inutiles sont presque terminés, les récépissés ne sont jamais arrivés, les promesses du représentant de l’Etat sont désavouées par son administration et le préfet fait la sourde oreille malgré les demandes répétées du collectif des habitants, du comité de soutien et des élus.
Alors qu’ils voulaient encore croire en la parole de l’Etat [qui les a encouragé ? PL], les habitants et leurs soutiens sont abasourdis par cette stratégie qui consiste à prendre des engagements pour gagner du temps sans paraître un instant les respecter.
[Plus tard]
Les représentants du collectif du 76 rue Gabriel Péri, les représentants du comité de soutien, accompagnés par Patrick Braouezec*, député et Francis Langlade maire adjoint de Saint-Denis ont été reçu le 16 octobre par M. Morel, préfet délégué pour l’égalité des chances, en préfecture.
M. le préfet Morel a pris par écrit les engagements suivants:
Les personnes ayant eu une réponse favorable à leur demande de régularisation au titre du travail se verront délivrer les 22 et 23 octobre autorisation provisoire de séjour de trois mois avec droit au travail. […]
Au vu de ces engagements que leur mouvement avait permis d’obtenir, les grévistes de la faim ont décidé de mettre fin à leur grève.
C’est une étape importante de la mobilisation.
Celle-ci se poursuit avec une force renouvelée pour le respect des engagements pris […]”
* M. Braouzec fut aspirant candidat à la Présidentielle, grillé sauf erreur par José Bové, qui présentait d’autres avantages peupulistes.
Le rapport avec les émeutes, c’est qu’il s’agit selon A. Bertho de tout faire pour les empêcher, en négociant avec ces “autres nous-mêmes” que sont les représentants de l’Etat. Comme dit “le temps des eunuques” : « Le professeur Alain Bertho est un ennemi de l’émeute, et de toute révolte. Qu’on se le dise ! »
Je ne suis ni “frustré” ni “en rage de ne pas être” un émeutier, tant que ma situation ne m’y pousse pas, mais je n’ai pas le mauvais goût, propre à ceux de ma catégorie sociale moyenne, de leur donner des leçons pour les empêcher de faire ce qu’ils jugent nécessaire dans leur situation.
Je ne suis pas “révolutionnaire”, et ne le serai jamais sur des critères berthistes.
En “garde rouge du net”, je prie Alain Bertho d’accepter mes excuses pour mes “excès verbaux”, le remercie pour sa retenue et sa démonstration que le fond le dérange plus que la forme, dans le texte concerné comme dans cette discussion.
Debriefing. Sans m’appesantir sur ce qui précède autour de ce qui n’est qu””un cas d’école”, cet échange ayant l’inconvénient d’occulter le travail et les analyses de “l’association d’individus” à l’origine d'”INVITATIONS AU DÉBAT SUR LA TOTALITÉ”, et après lecture de leurs textes, mon avis général est que leur site mérite largement de figurer parmi ceux “qui nous ont intéressés”. Il participe du débat critique que nous souhaitons aussi, et auquel DNDF contribue.
http://www.debat-totalite.org/IDT/Accueil.html
Je laisse le lecteur juge des inepties écrites ci dessus : écoutez la déclaration de Samassi Sekou au début de sa grève de la faim :
http://www.youtube.com/user/anthropop8#p/a/u/1/w3XG81SXwXk
Et répondez à cette question : aurait-il fallu pour contenter Mr Patltch, esthète de la lutte des autres, qu’il aille jusqu’au bout et se laisse mourir alors qu’il avait gagné ce qu’il demandait c’est à dire des papiers et un relogement pour lui, sa famille et ces compagnons. Je propose que Mr Patlotch vienne à Saint-Denis, 76 rue Gabriel Péri, lui dire de vive voix.
Partons donc de cette video. Elle est intéressante.
On peut lire dès la première image, sur la banderole, qu’il y a “Grève de la faim pour que l’Etat respecte ses engagements”. Samassi Sekou l’exprime ainsi : « exister une fois pour toutes / un sans-papier n’existe pas du tout / il faut une situation régulière dans ce pays… La grève est pacifique… pour combattre une puissance comme l’Etat / Les autorités sont conscientes… aux yeux du monde entier ça leur fait pas d’honneur… au pays de l’égalité, sur le plan universel des droits de l’homme… Les enfants… français… appelés à des responsabilités dans ce pays… Les autorités doivent réfléchir… / Je ne suis pas prêt à arrêter, même si je dois sacrifier ma vie, ça va se faire… Qu’ils mettent dans leurs archives, le jour où un de mes enfants aura une responsabilité importante dans ce pays, “votre père a sacrifié sa vie rien que pour une carte de séjour “, c’est tout ce que je leur demande »
Ce dont il est question ici, ce n’est pas la légitimité de ce combat, sa nature revendicatrice, le soutien qu’il obtient des habitants, sa forme pacifique (encore que ceux qui se battent se font violence à eux-mêmes, prêts à mourir de faim, comme d’autres engagent leur vie dans les émeutes, mais par une violence contre tout ce qui représente l’institution d’Etat et de classe, la “société capitaliste”. Hors l’exigence de dignité, celle d’être traité en être humain, il y a ici demande à l’Etat, donc d’une négociation.
S’il y a satisfaction sur le plan matériel (logement…), ce sera d’une revendication de nature syndicale, sur le salaire, au sens où on l’entend ici. Pour l’heure, ça tourne en boucle sur “l’espoir” que l’Etat respectera ses “engagements” en assumant ses “responsabilités”, comme le montrent les extraits de textes que j’ai rapportés le 21 à 15h02.
C’est le passage à “la politique” de cette négociation qui est significatif, dans le rapport qu’il a avec les positions d’Alain Bertho, théoricien de “la politique contre l’Etat” (un de ses livres), et pour qui “l’émeute [va] contre la politique” (chapitre de “Le temps des émeutes”). C’est ce rapport qui nous intéresse ici, dans la mesure où la question que nous posons est celle des luttes, revendicatives ou pas, émeutes ou autres, grève de la faim ou autres, comme construisant le moment actuel de la lutte de classes.
Sauf erreur, Samassi Sekou ne prononce pas le mot “politique”. Il n’y rien dans ses propos et dans cette action en elle-même, sur quoi s’appuyer pour alimenter les thèses politiques et théoriques d’Alain Bertho et de ses amis, et du démocratisme radical en général. Passons sur la perspective fantasmatique, le devenir de Monsieur le député Braouzek comme Président d’une République française de la vraie démocratie d’en bas et de la politique citoyenne contre l’Etat (contradiction dans les termes, “ineptie” depuis le Marx d’avant le Manifeste…). Nul doute qu’après les papiers, les citoyens immigrés seront invités par les candidats à la représentation à exiger de l’Etat le droit de vote aux élections locales voire nationales (toutes les élections pour le PCF, donc la Présidentielle).
En résumé, on a un soutien politique intéressé dans la perspective et sa stratégie politique d’une gestion démocratique de la société capitaliste, par une représentation qui prétend… à la politique contre l’Etat, et contre les émeutes. Comment cette “dure patience de la lutte réelle” prétend-elle un jour “dépasser” le capital ? C’est le rébus du démocratisme radical, le rebut pour la communisation.
Quant à la perspective révolutionnaire, communisatrice, qui nous intéresse ici, DNDF s’inscrivant dans cette problématique, on peut simplement constater que les théories de Monsieur Bertho lui tournent le dos, et participent tout simplement, sur le plan idéologique, de la contre-révolution actuelle, ce qui n’a pas échappé à l’observation de “l’association d’individus” invitant au débat sur la totalité.
Ce qui ne fait pas débat dans le “courant communisateur”, c’est que la communisation, comme abolition du capital, abolira l’Etat, qu’elle se fera donc la démocratie et contre la politique.
PS : L’anthroBlog AB n’est pas du tout “esthète de la lutte des autres”, dans sa mise en scène de photos et vidéos d’émeutes, in fine pour servir sa soupe indigeste de la République.
Puisque M. Bertho renvoie à son blog, le mien, pour ce qui nous concerne : Communisation, ressources classées > http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-865.html
Pour le reste de mon site, dont l’articulation avec la communisation me regarde, il est aisé de comprendre que mes productions “artistiques” sont à contre-courant de tout esthétisme, ce qui n’est évidemment pas à la portée du premier plouc (au sens de Debord) venu.
M. Bertho a écrit en 2008 le livre “Nous-autres nous-mêmes” > http://atheles.org/editionsducroquant/turbulences/nousautresnousmemes/
La belle affaire… Aimons-nous les uns les autres…
En 2004, pataugeant à chercher, “contre l’Etat et le Capita”l, une issue à ce bordel im-monde, je m’improvisais en Rambo virtuel de la démocratie radicale pour détourner Rimbaud “Je suis un autre” en “Je suis des autres” (“l’essence de l’homme, rapports sociaux…” Marx TH/Feuerbach). C’est dans Politique du sujet > http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-912.html . J’ai été possédé ad nauseum par toute la science de l’idéologie démocratique radicale. Ma poésie s’inscrivait dans cette ‘structure d’horizon’ humaniste, une véritable théologie de la non-révolution anticapitaliste. C’est l’époque où M. Bertho m’a « connu plus rigoureux dans [m]es lectures et tes critiques …», dans l’exacte mesure où je recommandais ses livres.
J’ai écrit tellement de conneries dans ‘Carrefour des émancipassions’ (sic) > http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-897.html, j’ai assez payé de ma couillonnerie pour comprendre que ceux auxquels je faisais référence alors > http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-932.html – ne valent que la poubelle de la collaboration de classe.
« Nous étions momentanément tous redevenus feuerbachiens, … certains le sont restés. » Herr Simon http://www.anglemort.net/article.php3?id_article=88
A la réflexion, autre chose me semble ressortir des propos de Samassi Sekou et des objectifs de cette lutte. Elle vise à améliorer leurs conditions de survie en tant que prolétaires (droit à un logement, un travail…). Il considère qu’« un sans-papiers n’existe pas du tout ». Il est prêt à sacrifier sa vie pour ne pas rester ce qu’il est, mais dans le cadre de cette lutte il ne demande pas à être autre chose qu’un prolétaire reconnu par l’Etat français dans ses droits de l’Homme universels, ou à disparaître en tant qu’être humain.
C’est peut-être là que se situe “l’écart”, dans cette lutte, comme dans certaines émeutes, selon ce qu’elles visent, qui n’est pas homogène, certaines ne recouvrant aucune revendication. À en faire par la forme un objet d’études cohérent (“Le temps des émeutes”), on évacue la signification qu’elles peuvent porter dans leurs spécificités comme luttes de classes pour nous, lutte des miséreux pour “Le temps des eunuques”. Voilà qui rejoint mes échanges plus haut avec AmerSimpson.
Quant à notre professeur, il veut rester ce qu’il est pour théoriser en tant que tel, anthropologue d’Etat.
cette émeute est visiblement justifiée, vu le caractère “vendu” des “syndicats” courroie de transmission du patronat (genre CFDT !), et ces épisodes ne sont pas des sujets littéraires pour bourgeois occidentaux, mais un acte très clair, très typique, et très sain vu le contexte comme il est expliqué, de lutte des classes. A encourager
“cette émeute est visiblement justifiée”, cette émeute a le permis d’émeute.
“vu le caractère “vendu” des “syndicats””, les guillemets sont-ils “justifiées”?,
“et ces épisodes ne sont pas des sujets littéraires pour bourgeois occidentaux,” pas certain, les bourgeois occidentaux mangent sans tous les râteliers
“.un acte très clair, très typique, et très sain”… permis d’émeute typique
Et certificat sanitaire pour les émeutier Noirs typiquement ouvriers.
” …lutte des classes. A encourager”. Cours rage.
Bon, je fus absent un petit bout de temps – le travail étant ce qu’il est – mais j’aimerais quand même revenir sur la question des émeutes. Mon idée, qui n’est probablement pas partagée par les Observateurs Téléologues de ce monde, est que l’émeute fait partie du contenue du cycle de luttes actuel. L’idée n’est pas de faire de l’émeute le cœur de notre époque parce qu’il serait le lieu privilégié du débat sur l’humanité, mais de considérer l’émeute pour ce qu’elle dit sur notre époque, en tant que cette dernière n’est plus sujette à donner forme à l’identité ouvrière comme contenu de la révolution.
Que chaque émeute soit unique en son genre et donc qu’elle possède ses propres raisons d’exister et que chacune de ces raisons ne se valent pas, ne fait pas de l’émeute une simple « catégorie de second ordre » mais bien un élément du contenue de notre époque. Pourquoi cette idée, tout simplement parce que notre époque a pour contenue la fin de l’identité ouvrière et que c’est là qu’elle prend tout son sens. L’émeute devient un contenu quand la majorité des prolétaires ne s’identifie plus à leur classe comme quelque chose de propre mais comme une contrainte extérieure, quand il n’est plus possible de se rattacher à une usine en particulier ni même à un métier, qu’une job est une job et que ta vie se définit ailleurs; l’émeute devient une contenu du cours de la lutte de classes actuel quand le lieu de travail n’est plus le seul légitime où se révolté contre nos conditions d’exploitation, quand la précarité veut aussi dire que le lieu de travail est un lieu étranger, qu’il n’y a plus rien à défendre dans la production sociale, que tout est à remettre en cause; bref, l’émeute devient contenu parce que le cours quotidien des luttes n’a plus pour dynamique l’identité entre lieu de travail et forme de lutte.
De toute évidence, l’émeute ne sera jamais ni une grève ni quoi que soit de similaire, tout simplement parce qu’il est impossible de préparer une émeute. L’émeute annihile d’avance tous les principes démocratiques et même organisationnelle, c’est-à-dire qu’aucune légitimité n’est donnée aux notions d’assemblée, de décisions collectives, de concertation, de majorité versus minorité, de mots d’ordre et ainsi de suite. Qu’une émeute participe à un mouvement plus large ou accompagne un grève ou une colère de masse, soit, mais elle n’est jamais le produit d’une décision collective concertée comme peut l’être une grève, une occupation, une fête, bref une action qui implique que plusieurs personnes se concertent d’avance pour planifier leur acte collectif. Une émeute se dit une émeute parce qu’elle a ses propres critères qu’il lui donne ce caractère, cette définition et non une autre et c’est par ces critères qu’elle devient contenu de la lutte de classe actuelle.
De plus, quand une grève débouche sur une émeute, c’est qu’il n’est momentanément plus question de grève mais d’émeute et quand l’émeute meurt, le retour à la normal est un retour à la grève. Il y a effectivement des émeutes qui explosent à l’intérieure de conflits diverses mais contrairement aux autres formes de luttes, l’émeute ne peut être ni préparée ou prévue, ni se maintenir dans le temps, sinon ce n’est plus une émeute. En Grèce, il y a effectivement eu des émeutes, mais beaucoup moins que la plupart des gens le pense, car il fut surtout question de confrontation avec la police, de pillage, vandalisme et incendie de biens matériels et immeubles, sans oublier les occupations. Se battre avec la police, casser du commerce et ainsi de suite, ce sont là des éléments que l’on retrouve dans une émeute mais ce ne sont pas ces éléments qui font l’émeute, car prit séparément ces éléments peuvent être planifiés, comme ce fut le cas en Grèce. En sommes, si l’émeute ne recouvre « pas une unité conceptuelle claire »c’est peut-être bien parce que personne (sinon les Observateurs Téléologiques) ne s’est vraiment donné la peine de le faire sérieusement, parce qu’à chaque fois que la question se pose, il y en a toujours un pour débarrasser la table de tous ces « catégories de second ordre, surtout quand elles ne recouvrent pas une unité conceptuelle claire. » (Patlotch)
En sommes, mon intention n’est pas de mettre l’émeute au-dessus des autres formes de luttes, mais il y a quand même un fait indéniable : l’émeute est massivement présente aujourd’hui et c’est cette présence qui fait dire que l’émeute est devenu contenu de la lutte de classes. Ne pas le reconnaître c’est à mon avis faire fi du fait que le cycle de luttes actuel produit de l’émeute en tant que théorie de son contenu.
Ce qui me gêne est la démarche théorique consistant à partir de l’émeute comme représentative de l’évolution actuelle, sauf à avoir en tête et rappeler sans cesse les autres dimensions, celles-mêmes que se donnent les luttes : leurs objectifs, ce à quoi elles s’en prennent, ce qu’elles visent ou non, revendicatives ou non…
Je ne doute pas que la remise en cause par le prolétariat de son essence et de son existence comme classe du capital se manifeste inévitablement par un affrontement destructeur de ce qu’il est, et par conséquent par la violence, qui ne peut être seulement défensive : la lutte anti-répression peut se focaliser sur l’Etat, la police, mais oublier le capital. Sans faire l’apologie de l’émeute en soi (“à encourager”), c’est bien ce qui nous sépare de l’approche anthropologique vue plus haut, dans la mesure où, sur le constat, proche de celui d’AmerSimpson, que nous vivons “le temps des émeutes” (Bertho), il s’agit pour elle de l’éviter et de revenir à la perspective radicale démocratique et alternativiste.
Dès lors que nous sommes confrontés à la question ” Comment une classe, agissant strictement en tant que classe de ce mode de production, peut-elle l’abolir et abolir toutes les classes ? “, sans doute sommes nous amenés à la préciser sous tous ses angles pris ensemble, à définir ses cibles, au-delà de l’apologie du spontanéisme, sous prétexte qu’il draînerait de façon positive la non-préparation, la non-organisation, la volonté d’aller jusqu’au bout, etc. Cela me laisse très sceptique, parce que je trouve ça très en retrait de l’affirmation “pas de révolution sans théorie”, qui recouvre pour moi la nécessité de savoir ce qu’on fait et pour quoi, vers quoi on le fait. Il faut regarder d’un peu plus près d’où partent et ce que portent les émeutes actuelles pour les faire parler en termes de limites dans la dynamique de remise en cause du prolétariat par lui-même.
La forme émeute sera-t-elle une caractéristique incontournable d’un processus communisateur ? Sûrement, mais le contenu m’en paraît insuffisant précis, sauf à ce qu’elle évolue et se généralise de façon spécifique à ce cycle pour répondre à la question “Comment une classe etc.”. Je ne suis pas sûr que le label “émeute” soit à même de supposer ce contenu.
Je ne suis pas même sûr que l’on puisse faire entrer les formes de luttes nécessairement destructrices de la communisation dans les habits neufs de l’émeute.
“Je suis un autre”, en fait : “Je EST un autre” dans la lettre dite du Voyant adressée à G. Izambard (1871).
Puis :” Le travail humain! c’est l’explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps”
dans : L’Eclair ; une Saison en enfer.
Salut.
Effectivement, dans la communisation, le prolétariat, encore sujet, dira et fera “je suis un autre”. Il affirmera ce qu’aucun individu pris à part, serait-il poète, n’a jamais pu affirmer que dans un rêve, un fantasme idéaliste et humaniste, une petite émeute égotiste, la maladie infantile de la révolte.
Ce n’est pas l’Homme qui abolira le prolétariat en lui, mais le prolétariat en s’auto-abolissant qui libèrera l’homme et la femme de leur condition capitalo-prolétarienne, si, dans le même mouvement, ils abolissent le genre.
La communisation est performative, et c’est en cela qu’elle est, au sens fort, poétique.
C’était pour la citation, mais en fait je retrouve pas ta version Patlotch dans ces commentaires émeutiers, gourré donc, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec “Il affirmera ce qu’aucun individu pris à part, serait-il poète, n’a jamais pu affirmer que dans un rêve, un fantasme idéaliste et humaniste, une petite émeute égotiste, la maladie infantile de la révolte.”, c’est différent : affaire de poésies, musiques, littératures, etc…je ne pense pas qu’il s’agisse d’une quelconque “affection” puérile, non. Ce que la musique ou la peinture etc, affirme n’est pas une ébauche , un rêve d’autre chose que la révolution réalisera un jour, peut-être. Est-ce que cela affirme d’ailleurs?…
Plus central sur les émeutes et à propos des réflexions d’Amer Simpson : Les émeutes ne se préparent pas. Peut-être que certaines personnes se préparent à l’émeute (à part la police qui, en effet, se prépare), dans certaines situations cela “se prépare”, sans trop besoin d’organisation pour cela, un “climat”etc…
Bon c’était histoire de… faut arrêter d’encenser Rimbaud. Tout ce qu’il a écrit où l’on a vu un “voyant”, remis en contexte, du texte ou de sa vie, s’effondre assez lamentablement, sauf, évidemment, d’un point de vue littéraire. Un jeune homme enragé et engagé, vaguement communard, et pfff… les petits commerces et les petits trafics dans l’Afrique de la colonisation. Moralité, sa poésie, la relire à rebours et en finir avec l’espèce d’admiration qu’il a suscitée dans le monde des lettres, pour l’essentiel un monde de bourgeois et petits bourgeois lettrés, plus ou moins géniaux, mais d’un génie passe et trépasse, celui du programmatisme artistique feuerbachien. Donc voilà, la musique, la poésie ou la peinture qui brassent du rêve rimbaldien, c’est fini…
Ta remarque à propos de la non-préparation des émeutes selon AS, tu mets l doigt dessus… ça me chatouillait d’en parler. N’est-ce pas rapporter “l’émeute” à la simple rage d’une collection d’individus plus ou moins désespérés, un débordement, pour penser qu’elle se fait sans préparation, sans tactique, sans expérience accumulée… Engager un mouvement sans garantie de son aboutissement, parce que rien d’autre n’a marché, c’est une chose. Mais prendre les émeutiers pour des imbéciles suicidaires, supposés inorganisés, ç’en est une autre.
prendre l’émeute pour plus que ce qu’elle est, c’est à dire une lanterne alors qu’elle est une vessie : n’est-ce pas là un péché, mignon certes mais hautement mortel, d’immédiatisme ? Rappelons-nous la pauvreté immédiatiste de pas mal dans les années 1940 : la Résistance était vue comme une caractéristique de la lutte de classe de l’époque… hum… Je sais l’analogie est peu souhaitable et n’a pas grand chose à voir. Mais cette façon cognitive, représentationnelle, d’appréhender les choses est la même.
Ah, l’immédiatisme quelle belle sirène… Et la sirène existe inextricablement avec et par un Ulysse. Or, il ne s’agit pas d’être Ulysse… il ne s’agit pas de devenir Ulysse à la place d’Ulysse et faire ce qu’il n’a pas fait… à moins que certains soit assez bouffons pour entériner le comportement bien connu du pauvre qui voit la possibilité d’un autre monde que dans celui que vit le riche…
Oui l’émeute est une caractéristique d’une époque de décomposition de classe. Ce n’est pas une raison pour réaffirmer, de façon totalement mystificatrice et mythifiante, l’unité de classe prolétarienne etc., ni pour du coup, à l’inverse, prendre les effets immédiats de cette décomposition pour une forme de lutte qui contiendrait une potentialité révolutionnaire.
“encenser Rimbaud.”, qui a parlé d’ostensoir?
J’aime la poésie, je me suis récité ses poèmes en cours de route, d’autres m’ont accompagné.
“sauf, évidemment, d’un point de vue littéraire.”, mais c’est littéraire.
AD “sauf, évidemment, d’un point de vue littéraire.”, mais c’est littéraire.
Penser que le poème relève de la littérature, c’est comme penser que la communisation relève de la théorie
Disons que jusqu’à présent la poésie du XIXème, for an example, est comprise dans cette catégorie…littéraire;
Disons aussi que jusqu’à ce jour la communisation relève essentiellement de la théorie, comme un concept tel que révolution.
Disons que nombres de poètes, depuis belle lurette, ne sont pas d’abord, ne se considèrent pas d’abord comme, des littérateurs. C’est le fait d’hommes de pouvoir et d’académites, historiens, professeurs de lettres et de l’être, qui les mettent au cachot ou en cage culturelle, case “littérature”, sous l’injonction : n’en sortez pas ! Elle existe depuis quand, la catégorie “littérature” ?
Disons aussi que la lutte de classes relève le défi de la révolution communiste, et que la théorie de la communisation en relève.
En quoi la rage collective qui se manifeste spontanément est-il nécessairement suicidaire et imbécile ? La rage n’est-ce pas le propre d’une classe qui est toujours perdante et de trop, dont l’existence tient à un seul fil, celui du mode de production capitaliste, comme la marionnette tient aux fils de la main invisible… la rage c’est ce que produit de mieux le capitalisme dans nos cœurs.
Il y a en effet bien des activistes qui pensent et se préparent en vue d’une émeute, toutefois l’émeute ne donne jamais de rendez-vous, sinon ce n’est plus une émeute mais une bataille. Inversement, rien empêche les émeutiers de s’organiser à l’intérieure de l’émeute mais cela ne peut durée plus longtemps que l’émeute sans devenir autre chose… sinon pourquoi ne parlerions nous pas du Parti des émeutiers… Ce qui serait ridicule (à la façon Tiqqun).
Pour ce qui est de l’expérience accumulée, je me questionne. Quelle expérience peut-on accumuler qui soit réellement nécessaire, puisque les luttes ont pour dynamique de créer des situations nouvelles qui exigent de dépasser ce qui justement a été accumulé et qui feront de ceux et celles qui cherchent à conserver ce qui fut acquis des futurs contre-révolutionnaire. Ici la meilleure expérience n’est-elle pas de savoir être attentif aux nouveautés qui s’offre dans la lutte et de laisser derrière ce que nous fûmes.
« En quoi la rage collective qui se manifeste spontanément est-elle nécessairement suicidaire et imbécile ? »
Je suppose justement qu’elle ne l’est pas, et pas particulièrement spontanée non plus, mais aboutissement de tout ce qui a échoué, si j’ose dire, historiquement, avec l’effondrement du programmatisme ouvrier et du démocratisme citoyenniste, du radicalisme politique “anticapitaliste”. Puisqu’il est question ici d’une “émeute” partant de l’usine, de la mine, mais portant sur tout ce qui participe de la reproduction de la force de travail, du “salaire”, pour leur survie, de prolétaires vivant, j’imagine, dans les mêmes quartiers depuis des lustres et des générations, cela signifie “expérience accumulée” dans des luttes revendicatives confrontées de plus en plus à l’échec, avec les syndicats, sans les syndicats, les syndicats contre eux… C’est beaucoup plus que de l’organisation au sens strict, c’est une intelligence de la lutte à tout le moins tactique, a minima préparée, sinon théorique.
Je me méfierais de tout nominalisme, de toute normalisation d’une forme de lutte, et plus encore d’une caractérisation de la période à travers telle forme, sous prétxte qu’elle est la plus visible, la plus spectaculaire, et aussi celle qui prête le plus au romantisme pseudo-révolutionnaire, voire à l’esthétisation de la lutte (“comme c’est beau, une voiture qui brûle”).
Nous sous-estimons, je pense, la diversité des formes dans lesquelles se manifeste de plus en plus la dynamique dans les limites. Les tensions internes à cette contradiction – la remise en cause par lui-même du prolétariat comme classe du capital – vont se développer sous des formes nécessairement nouvelles et inattendues, avec l’entrée quantitative et qualitative de couches sociales nouvellement prolétarisées dans des secteurs différenciés de la production et du travail salarié.
La nouveauté ne tient pas à la forme, “émeute” ou autres, mais à la situation actuelle générale dans laquelle ces formes se présentent, comme affrontement à la limite de l’existence comme classe. Il est nécessaire d’observer tout à la fois les spécificités, et le contexte mondial qui confère à des événements locaux une signification nouvelle. Parties et tout en mouvement.
Patlotch écrit :
“Les tensions internes à cette contradiction – la remise en cause par lui-même du prolétariat comme classe du capital –”.
De mon point de vue c’est plutôt le capital qui remet en cause la relation salariale, le chômage qui s’installe, la “précarité” et la paupérisation s’accentuent. Je ne vois pas pour le moment, ni en Europe, ni ailleurs aucune remise en cause, selon la formule… magique, du prolétariat “comme classe du capital”.
Patlotch écrit ensuite -“vont se développer sous des formes nécessairement nouvelles et inattendues, avec l’entrée…de couches sociales nouvellement prolétarisées…production et travail salarié”
Le tout sera en effet de pouvoir se placer dans un contexte de paupérisation et de pressuration tout azimut.
Je vois une nouvelle donne, un New-deal, paupérisateur, pas” affrontement à la limite de l’existence comme classe.”, mais mise en cause par le bas de l’existence des salariés, nivellement par le bas, tendance pas nouvelle si je ne m’abuse.
AD ” c’est plutôt le capital qui remet en cause la relation salariale, le chômage qui s’installe, la “précarité” et la paupérisation s’accentuent.”
La relation salariale, autrement dit l’exploitation, est un RAPPORT entre deux classes. Rien de ce que fait le capital est sans écho sur le prolétariat et inversement : c’est l”‘implication réciproque”, qui n’est pas une “formule magique”.
AD Je ne vois pas pour le moment, ni en Europe, ni ailleurs aucune remise en cause, selon la formule… magique, du prolétariat “comme classe du capital”.
La “remise en cause par lui-même du prolétariat comme classe du capital ” est une tendance qui naît de la réalité actuelle de ce rapport dans la crise de l’économie politique. Elle n’est pas massive, mais lisible des caractéristiques de certaines luttes mettant en évidence les limites de cette appartennance de classe dans la simple lutte pour survivre. Autrement dit, il ne s’agit pas d’une remise en cause subjective, du produit d’une idée, “Ah tiens, et si on en finissait avec notre condition prolétarienne”, ni d’une volonté, mais d’une contrainte, d’une nécessité, quand tout le reste est confronté à l’échec. Ce qu’il s’agit de “voir”, c’est une dynamique dans la limite de l’appartenance de classe. Nous faisons de la dialectique, pas du journalisme.
AD Je vois une nouvelle donne, un New-deal, paupérisateur, pas” affrontement à la limite de l’existence comme classe.”, mais mise en cause par le bas de l’existence des salariés, nivellement par le bas, tendance pas nouvelle si je ne m’abuse.
Je ne vois pas en quoi cela s’oppose. Il y a effectivement paupérisation, et même paupérisation absolue, mais qui peut se contenter, depuis Marx, d’une analyse en termes de richesse et pauvreté ? S’il y a un espoir en la révolution, c’est bien parce que les prolétaires, au bout des comptes et mécomptes, n’agissent pas seulement en tant que population de miséreux – ni en tant que collectif de citoyens – mais en tant que classe. C’est pourquoi ils aboliront le capital, l’Etat, et le prolétariat.
Marxistes, certains le sont restés.
“mais d’une contrainte, d’une nécessité, quand tout le reste est confronté à l’échec. Ce qu’il s’agit de “voir”, c’est une dynamique..”
La “remise en cause…. n’est pas massive, mais…”
Les exploitées n’auraient donc pas un autre choix : tout a faillit, vive…! Je n’en sais rien pour le moment, mais ce ” le prolétariat ne peut que” ne me satisfait pas pour autant, j’y vois un lien de parenté avec l’inéluctabilité du communisme ou la fatalité de la fin, de la dégénérescence du capitalisme et l’avènement du socialisme.
Cela revient à dire automatiquement, puisque il n’y aura rien d’autre à faire, je penche pour : lorsque les exploitées auront trouvé comment faire autrement.
Encore pour le moment, rien de massif.
Je me méfie, un peu, de l’interprétation des conflits (les luttes sont bavardes, certes, et/mais la grille d’écoute s’en mêle).
Le souper,alors?
La tendance des luttes à remettre en cause, face au capital, l’appartenance de classe, nous l’avons sous les yeux. Ce n’est pas une vue de l’esprit ou un pari sur l’avenir, c’est le présent, l’état de la contradiction, le moment actuel… C’est une qualité nouvelle qui émerge des luttes concrètement, quand il n’y a plus rien à revendiquer, à négocier. C’est d’ailleurs à partir de ces constats que la théorie peut sortir de la projection de son abstraction pour devenir partie prenante des luttes, puisqu’il s’agit désormais que le prolétariat s’empare de la nécessité de son auto-abolition, dans la mesure où la situation s’y prête.
Une chose est d’avoir des “doutes” ou de “se méfier”, mais il ne suffit pas de l’affirmer, encore faut-il argumenter pour montrer en quoi la théorie se tromperait dans l’interprétation des conflits en cause.
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/fiche.php?diffusion_id=80304
“C’est une qualité nouvelle qui émerge des luttes concrètement, quand il n’y a plus rien à revendiquer, à négocier.” Patlotch
Les luttes, y compris celles montantes, pour le salaire visent à revendiquer un meilleur salaire, de moins pires conditions de licenciement, et négocient, -le bossnapping est une forme de négociation, peut-être que les émeutes aussi car imposant un certain rapport. S’il en émerge la tendance dont tu parles, celle-ci semble aller de pair avec des “contre-tendances” structurelles : fragmentation et stratification de la classe ou des salariées…
Pour l’interprétation des luttes : arriver là c’est aussi entrer dans une auberge espagnole.
“puisqu’il s’agit désormais que le prolétariat s’empare de la nécessité de son auto-abolition dans la mesure où la situation s’y prête.”
.Patlotch.
Passer de la tendance, de l’implicite, à l’explicite. Un écart impérieusement nécessaire.
salut
Ce fil donne à croire que les zambiens intentionnés ont bon dos
Mais zenfin, cher AD, tu sembles découvrir que toute la lutte de classes, jusqu’ici, ne fut que ça : se battre pour le salaire, négocier pour déplacer en sa faveur le curseur de la plus-value, qu’elle soit absolue ou relative, à jeu égal de l’exploitation, subsomption formelle ou totale du capital sur le travail, source de survie pour tous dans ce merdier mondialisé. Tant que la régle n’est pas débordée, on doit bien se contenter de ce qui, au moins, la met en cause, puisqu’aucune solution ne sortira d’ailleurs que ces coups de butoirs au long cours. Où il importe de préférer ce qui la met en cause en actes même sans discours, par cette confrontation aux limites, sur laquelle s’appuie la théorie communiste, à ce qui le fait en mots sans actes ou sans portée significative, qui “anticapitaliste”, qui “révolutionnaire” patenté demain matin la veille, comme on se fait curé ou facteur tendance.
AD Passer de la tendance, de l’implicite, à l’explicite. Un écart impérieusement nécessaire.
Tu te complets dans une pirouette esthétiste et imbitable. Ça mange pas de pain mais ne nourrit ni la lutte ni la théorie. Désolé. L’écart n’est pas un implicite à exprimer. Le mur n’est pas d’essence idéologique, de supposées mauvaises idées qui s’opposeraient à la bonne solution communisatrice. Il faut en finir avec l’IS et ses avatars d’avant-garde théoricienne, l’idée d’une révélation communisatrice et d’une rencontre magique entre théoriciens et prolétariat, dont seraient l’émergence les activistes de tous poils.
Les choses sont on ne plus explicites, d’avant leur théorie, et en avance sur leur théorisation, jusqu’à ce que la critique des armes remplace les armes de la théorie. Le débat du landerneau n’est intéressant qu’où il est essentiel, radical. Le reste est chiatique de pollution. Blabla-tics
Bien sûr il y a des contre-tendances, c’est dans la nature même de l’affrontement, tant sur le versant économique que sur celui des luttes… C’est la vie
“…toute la lutte de classes, jusqu’ici, ne fut que ça : se battre pour le salaire, négocier pour déplacer en sa faveur le curseur….” Patlotch.
Et de là à l’abolition du salariat, si la situation le permet, et puisqu’il n’y a plus que cela à faire.
“Tant que la régle n’est pas débordée, on doit bien se contenter de ce qui, au moins, la met en cause, puisqu’aucune solution ne sortira d’ailleurs que ces coups de butoirs au long cours. ” Patlotch
Tant que la règle n’est pas”débordée” la mesure ne sera jamais rase, tant que la règle est respectée, et elle continue à l’être, le jeu est le même.
Les coups de butoir, au long ou autre cours, je ne peux rien en penser, à mon moyen terme, les choses, c’est-à-dire tout, a empiré et continue sur cette voie, sans peu d’espoir d’arrangement même dérisoire. La fin ou la décrépitude du mouvement ouvrier, l’inexistence de partis d’avant-garde, le déclin de tout les ismes et les anti- ismes ( de socialisme, à alternativisme, anti-capitalisme…) ne sont pas le signal que, enfin, voilà, bon débarras, la révolution version communisation est arrivée.
Les prétendus activistes, esthètes, imbitables ou pas, les prétendus nostalgiques n’ont aucune importance, et toi non plus, ni même la théorie, ni aucune théorie, c’est dialectiquement inscrit, dialecticien de quoi ? Parce que c’est quoi nourrir des luttes, nourrir la Théorie ?
Je ne suis pas journaliste, ni dialecticien, rien, et vous ?
Pour le reste tes fantasmes ne me concernent pas, Patlotch,
Je réponds quand même à ces questions :
AD Les prétendus activistes, esthètes, imbitables ou pas, les prétendus nostalgiques n’ont aucune importance, et toi non plus, ni même la théorie, ni aucune théorie, c’est dialectiquement inscrit, dialecticien de quoi ?
Je dis “activiste” au sens de volontariste, vouloir forcer la “médiation temporelle” de l’affrontement de classe tel qu’il surgit de l’exploitation ou de ses conséquences oppressives et répressives, vouloir faire de l’activité révolutionnaire un métier, comme dit l’autre. L’activisme n’est jamais loin du politicisme, et c’est pourquoi il intéresse autant le monde politico-médiatique. “Activiste” n’est pas normé, et je (te) concède que la frontière est floue. Passons sur “nostalgique”, hors sujet, et je ne m’accorde pas plus d’importance que ne m’en laisse la possibilité de causer des choses de la vie, ma vie.
Quant à dire que la théorie n’a pas d’importance, à savoir, d’effets au sein de l’affrontement de classes, comment te suivre et rester marxiste ? On peut concevoir des désaccords théoriques, mais pas nier que les idées émanant des choses font corps avec elles. C’est ça la dialectique, celle de la praxis, ou alors il faut croire que la comète Marx n’est pas tombée sur la planète du capital. Le missile…
AD Parce que c’est quoi nourrir des luttes, nourrir la Théorie ?
Les luttes se nourrissent d’elles-mêmes et la théorie avec.
AD Je ne suis pas journaliste, ni dialecticien, rien, et vous ?
Je dis ‘journaliste” précisément à propos de la tendance à en rester à la surface des choses, qui s’accompagne ici, rien d’étonnant, d’une négation des effets de la théorie, c’est-à-dire du fait que toute lutte de classe porte sa théorie, quelle qu’elle soit. Corollaire, il y a lutte de classe dans la théorie aussi, plus ou moins médiée par les affrontements sur le terrain. Et cela s’inscrit dans une histoire, celle de l’exploitation capitaliste. Ce qui nous intéresse est cette actualité, en ce qu’elle exprime ce rapport en mouvement. Ce que font, c’est patent, les émeutes ouvrières de Zambie et d’ailleurs (Algérie récemment).
“vouloir faire de l’activité révolutionnaire un métier” Patlotch
Pour terminer la séquence des gens bien z’intentionnés, plus gentilment, sur cela : je n’ai pas eu de métier, et c’est pas le moment de pointer pour moi.
Donc, l’activisme, toujours pour moi, pas une affaire. Mais on se doute que désoeuvré, comme je le suis, j’ai eu le temps de penser, plus que beaucoup, la plupart très occupées, j’ai de la chance encore, mais bien sûr relativement la dèche aussi….
Oui tu as raison à propos de la théorie:” c’est-à-dire du fait que toute lutte de classe porte sa théorie, quelle qu’elle soit.”
Mais je pense qu’il va falloir autre que “s’intéresser à l’actualité”, même “en ce qu’elle exprime ce rapport en mouvement. Ce que font, c’est patent, les émeutes ouvrières de Zambie et d’ailleurs” .
Je souhaite une théorie de la communisation, une production d’un écart, une positivation communisatrice, mettons.
C’est pour cela que je peux penser que : les luttes parlent d’elles-mêmes (dans tous les sens), le commentaire ou l’interprétation, les interprétations parfois contradictoires me semblent liées à un discours de dénonciation, cela m’apparaît comme insuffisant. On ne peut pas prouver l’exploitation ni son abolition, on ne peut pas prouver la révolution et la communisation.
J’espère m’être fait mieux comprendre, je suis très brouillé, très souvent…
Salut
AD les interprétations parfois contradictoires me semblent liées à un discours de dénonciation, cela m’apparaît comme insuffisant.
Le “discours de dénonciation” est pire qu'”insuffisant”. Il est une faute théorique. Mais la frontière est floue, parce que dès lors qu’il y a lutte de classes, il y a lutte aussi au sein du prolétariat, entre ceux qui veulent l’abolir et d’autres lui donner le pouvoir, l’autonomie… C’est bien à quoi on assiste avec la segmentation du prolétariat dans la restructuration capitaliste, d’où on peut affirmer qu’il n’y a pas de base à l’unification hors la perspective abolitionniste de la communisation comme transition. Il ne s’agit plus alors d’une dénonciation, mais du mouvement actuel du communisme, qui fait ce qu’il fait, même sans le savoir.
AD il va falloir autre que « s’intéresser à l’actualité », même « en ce qu’elle exprime ce rapport en mouvement.
Certes, mais il ne s’agit pas d’un intérêt purement intellectuel. Le problème actuel est de se saisir du fait que la théorie fait partie des luttes, réciproquement dans les deux sens entre abstraction et activité de classe.
AD On ne peut pas prouver l’exploitation ni son abolition, on ne peut pas prouver la révolution et la communisation.
Ceux qui la subissent n’ont pas à “prouver l’exploitation”, qui est leur (non-)vie même. Révolution et communisation en découlent sans nul déterminisme, elles ne sont ni des fantames ni des plans sur la comète.
AD On ne peut pas prouver l’exploitation
J’ajoute que l’exploitation se prouve aisément, non seulement par le vécu ouvrier “à l’usine” et hors-travail – présupposation de la reproduction capitalisme en subsomption réelle (qui confine aujourd’hui à un nouvel esclavage). Elle est explicite, au vocabulaire près de l’économie politique relativement à celui de sa critique, dans le langage même de la gestion capitaliste au quotidien. Quiconque s’y penche peut le constater en consultant les données des conseils d’administration, des officines patronales multinationales, les statistiques étatiques et mondiales, les décisions mondialistes des Thinks Tanks et forums internationaux…
Art de la guerre, les vrais ennemis se reconnaissent. Tous ceux-là sont implicitement plus “marxistes” que la plupart des anticapitalistes patentés. Les capitalistes, eux, n’ont pas à “prouver l’exploitation”, c’est leur existence même, leur vie ‘normale’, et leur raison d’être, ni plus ni moins aliénés par le travail que le prolétariat, mais jusque-là ils sont maîtres du jeu.
Je ne croyait pas si bien dire, plutôt que squatter DNDF, je ferais mieux de faire des piges pour Les Echos :
“Aujourd’hui, ils sont devenus marxistes…”
Karl Marx triomphe dans la finance
[ Les Échos 20/01/10 ]
Les banquiers ne sont plus ce que vous croyez. La crise les a changés. Bien sûr, certains d’entre eux passent pour d’affreux libéraux. D’autres sont pris pour d’indéfectibles suppôts du grand capital. D’autres encore sont considérés par les syndicalistes comme d’intransigeants défenseurs des actionnaires. Mais c’était dans l’ancien temps. Aujourd’hui, ils sont devenus marxistes. Plus question de laisser le grand capital sucer le sang des travailleurs traders, qui risquent leur vie chaque jour dans la mine des salles de marché ! A Londres comme à Paris, les gouvernements croyaient avoir trouvé le moyen pour forcer les employeurs du prolétariat financier à maltraiter leurs courageux collaborateurs : la surtaxation de leurs malheureux bonus. Ce nouvel impôt devait les convaincre d’amputer ces primes bien méritées. Mais les banquiers s’y refusent. Aux dernières nouvelles, ils vont maintenir les bonus et payer la surtaxe en plus. Ce qui va faire baisser les bénéfices. Autrement dit, l’actionnaire est sacrifié au profit du salarié. Avec cette décision qui met fin à l’exploitation de l’homme par l’homme ou plus précisément du banquier par le banquier, la finance reprend le flambeau de la lutte des classes.
Ce n’est que l’un des signes du retour de Marx. « Le Capital » recommence à se vendre, même s’il reste toujours aussi illisible. Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, a hérité du même surnom que lui : « le Barbu ». Et sa figure redevient une icône. La vénérable American Economic Association, qui fête cette année ses cent vingt-cinq ans, a choisi de la faire figurer sur son calendrier 2010-2011, vendu sur la page d’accueil de son site Internet pour la modique somme de 15 dollars. Bien sûr, il n’est pas le seul. Le dessin représente Adam Smith faisant la leçon à une petite vingtaine d’économistes, parmi lesquels on reconnaît des libéraux purs et durs comme Milton Friedman ou Friedrich Hayek. Mais Marx est au premier rang, juste à côté de Keynes, pas très loin de Malthus. Et c’est le seul de la petite bande à regarder Smith. Comme s’il voulait lui rappeler que « la production du capitalisme engendre, avec l’inexorabilité d’une loi de la nature, sa propre négation ».
JEAN-MARC VITTORI, Les Echos
Reste plus qu’à faire un best-seller de ‘Karl Marx et la fin de la philosophie allemande’
“…il y a lutte aussi au sein du prolétariat, entre ceux qui veulent l’abolir et d’autres lui donner le pouvoir, l’autonomie… C’est bien à quoi on assiste avec la segmentation du prolétariat dans la…”Patlotch.
Entre ceux qui voudront l’abolir, d’autres qui voudront lui donner le power, etc…et pas d’autres encore, qui ne voudront rien de plus qu’être suffisamment “servis”, ou se sentir relativement mieux lotis (qui peut leur donner tout à fait tort ?) qu’ailleurs : va donc de l’autre côté de la méditerranée. La xénophobie qui réapparaît, à la moindre occasion me semble ressortir de cette évidente réalité : appartenir à, avoir un maître et/ou un patron et le revendiquer, contester la présence d’étrangers qui sèment le désordre et le trouble, éventuellement qui se vendent mieux, qui dérangent l’arrangement de l’élevage humain revendiqué : La France aux français ; Produisons français … avec des français. L’affirmation est fluide, elle peut se passer de toute relique programmatique, peut-être.
C’est dans ce sens que : l’exploitation ne se prouve pas. Tu dis …” l’exploitation se prouve aisément, non seulement par le vécu ouvrier « à l’usine » et hors-travail”…
Bien des ouvriers : chimie, acier ou par exemple ici des dockers( 2500 à 3000€/mensuels), rigoleraient de se l’entendre dire, pour eux, l’exploitation c’est le XIXème et Zola, ou le Tiers-monde, ou à la rigueur les petits-boulots de caca pour immigrés. Tu ne leur prouveras pas que “leur vécu ” est celui d’un exploité. Ils ont bagnole(s) allemande(s) et “villa”, font de la muscu, et portent des fringues de marques, mangent bien, font du tourisme à Bahia ou à St Péterouschnock..eux des exploités, hmm, ça jamais… Cela serait un avoeu, comme le travail lui même.
De la Mercedes du docker à la voiture du voisin, quel écart !
AD Tu ne leur prouveras pas que « leur vécu » est celui d’un exploité
Encore une fois, il n’y a pas à prouver à quiconque qu’il est exploité. La théorie ne peut servir qu’à ceux qui agissent dans et de par leur situation face au capital. L’exploitation, dans son principe, existe quel que soit le niveau de salaire. Les prolétaires ne sont pas moins en concurrence pour vendre leur force de travail que les patrons pour l’acheter, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’être exploité n’endigue ni le racisme, ni la xénophobie, ni le nationalisme.
Ton docker a 3000€ a un salaire double du salaire médian ouvrier en France, et 30 fois supérieur à un ouvrier chinois. Les salaires mensuels des ouvriers zambiens sont inférieurs à 50 dollars, soit de l’ordre de 30€, le niveau de la Chine. Sauf erreur, les propriétaires de la mine en question sont chinois.
A propos de la Zambia Copper Mines, un peu d’histoire : “Pourquoi les boursicoteurs en sont fous ?” http://www.journaldunet.com/economie/enquete/zambia-copper/index.shtml
(les derniers repreneurs sont chinois)
Voir aussi le mouvement, pour ce reste de l’aristocratie ouvrière héritant des “acquis” de la période antérieure. Il suffit de constater combien ont disparu, de cette race des seigneurs ouvriers, de constater la baisse continue des salaires depuis ? vingt ans… D’observer que les acheteurs de force de travail font leur marché en toute connaissance de cause, et que ces privilégiés ne tarderont pas à rester sur le carreau.
“Annuaire des acheteurs de l’industrie” (sic), salaires ouvriers dans le monde
http://www.achats-industriels.com/achats/salaires.asp
Je connais un peu un exemple d’ouvriers à 3000€ en fin de carrière, dans un groupe multinational, leader mondial, protégés par une des meileures conventions de branche (chimie), secteur de pointe en expansion industrielle jusqu’en 2008-2009 (matériaux composites, aviation, éoliennes…). On a même vu une grève des jeunes embauchés exigeant de meilleurs salaires en 2008, la cgt régionale contrainte de suivre mais aucune boîte alentours, bien que les salaires y soient très inférieurs… Boum ba da boum la crise. Janvier 2010 : une seule chaîne sur 5 à plein, une arrêtée, les autres au ralenti. Dégraissage par les intérimaires. Chômage technique de 5 mois pour commencer. Selon le DRH, les gars seraient contents, des mois à la maison avec 80% de leur salaire (sans heures sup cependant). Et après ? “de la muscu” pour sauver la boîte ?
Précisions sur nos idées, choix et moyens http://debat-totalite.org/IDT/Antichambre/Precisions.html
‘Invitation au débat sur la totalité’ réagissait, le 23 janvier, à mes échanges avec Alain Bertho dans ce fil de discussion…
Merci pour cette claire mise au point, et dont acte car désolé pour ma double méprise, puisque DNDF n’a pas retenu ma suggestion, effectivement “saugrenue”, d’attirer l’attention sur IDT du point de vue de la communisation, pour autant que telle ait été mon intention.
La référence à ce site, “pas plus heureuse”, dans la rubrique “Lutte de classe” de mon site, est toutefois parfaitement logique, en tant que discours sur “les émeutes”, dans la mesure où elles en constituent selon moi une manifestation parmi d’autres.
Tout aussi logique d’être pour cela considéré comme une fossile de “l’assommant marxisme”, de la part de qui la confond avec la disparition bien réelle de l’identité ouvrière.
Que chacun cultive donc son “aire”, avec ses grands airs de ne pas relever d’une idéologie. L’idéologie c’est toujours celle des autres, n’est-il pas ?
Autant en emporte le vent du capital.