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Chine : Le tribut des ouvriers au développement

Une deuxième vague de cas de pneumoconiose [1] a été rapportée parmi des ouvriers du forage et des travaux à l’explosif dans la ville méridionale de Shenzhen.

Un article du Beijing Youth Daily [2] annonce 119 cas soupçonnés de pneumoconiose chez des travailleurs migrants originaires de Leiyang, dans la province du Hunan, qui s’étaient engagés pour du travail de forage et de minage à Shenzhen, dans le Guangdong. C’est la deuxième fois que cela se produit cette année à Shenzhen parmi les travailleurs migrants de Leiyang. En mai, 100 ouvriers de cette activité étaient suspectés de souffrir de cette maladie [print_link]

La pneumoconiose est une maladie incurable contractée par l’inhalation de micro-particules de fer, de charbon, d’amiante ou de poussière de carbone. C’est une maladie professionnelle des poumons, de par la fréquence des cas constatés chez les travailleurs du bâtiments et des mines.

Beijing Youth Daily rapporte que 26  des 119 ouvriers ont été reconnus par leur employeur comme ayant une “relation de travail” avec la firme et ont subi des examens médicaux. Sur les 26, quatre se sont vus confirmer être atteints de pneumoconiose ; quatre ont été diagnostiqués comme étant au stade initial de la maladie.

Quant aux 93 salariés restants, dont on pense qu’ils sont atteints par cette maladie, une information sur le Réseau de Diffusion Chinois [3] conclut que de nombreux ouvriers ne bénéficient d’aucun suivi médical parce qu’on leur refuse des contrats en bonne et due forme avec leurs employeurs.

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Un certain nombre d’ouvriers migrants à Shenzhen ont effectué des travaux à l’explosif sur des chantiers de construction à travers la ville depuis le début des années 1990. Suite à une inhalation sur une longue période de particules de poussière, on pense, après leur avoir fait passer des examens médicaux de routine, que de nombreuses personnes souffrent de pneumoconiose, pourtant on leur a refusé des examens complémentaires et un traitement. La raison en est que certains ouvriers n’ont pas de contrats de travail et que les employeurs ne leur accorderont pas de certificat pour des examens de maladies professionnelles.

Un reportage sur Sina.com [4] décrit ces travailleurs migrants et l’essor de leur activité et de la pathologie consécutive à Shenzhen.

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Zhong Jiaquan et Xiang Jie—représentants pour l’application des droits prévus par la loi—ont indiqué qu’ils se sont engagés dans les travaux de forage et de minage à Shenzhen depuis les années 1990, car c’était mieux payé et moins exigeant en technicité. Ils sont arrivés par groupes [à Shenzhen] grâce à des relations dans leur ville d’origine. A cause de mesures de protection insuffisantes, ils ont été nombreux à contracter sans le savoir une pneumoconiose et tombaient sans cesse malades. Trois sont déjà morts.

Un article sur 21CN.com [5] donne une description directe des conditions de travail des ouvriers du forage et du minage à Shenzhen.

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Les ouvriers aux explosifs disent que le travail, payé 100-200 RMB par jour, est trop attrayant. Mais les conditions de travail sont effroyables : ‘Cela revient en fait à vendre votre vie pour de l’argent. A huit ou dix mètres sous terre, la visibilité est très faible, il n’y a aucune ventilation, il n’y a aucun moyen d’éviter la poussière. Nous travaillons habituellement une dizaine d’heures, jusqu’à ce que toutes les explosions soient terminées et qu’une couche de poussière de roches d’au moins dix centimètres d’épaisseur se soit déposée en-dessous de nous.’  Après avoir travaillé dix mètres sous terre, ils remontent avec l’impression que leur nez et leurs oreilles ont été bourrés de poussière compacte. Ils toussent et leurs crachats sont mêlés de poussière et de terre.

La loi chinoise sur le contrat de travail de 2007 impose aux employeurs de signer des contrats avec les salariés dans le mois qui suit l’embauche ou, à défaut, de payer le double du salaire mensuel. L’article ne dit pas si les ouvriers à qui ont été refusés les “examens de maladie professionnelle” ont été payés double salaire.

Un article du Worker’s Daily [3] analyse la situation actuelle de tels travailleurs migrants à Shenzhen.

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De nos jours, les employeurs sont en position de force. Un relativement grand nombre d’ouvriers n’ont aucun moyen d’échapper au danger sur leur lieu de travail ni d’imposer à leurs employeurs la signature de contrats. Les employeurs refusent de signer des contrats afin de restreindre leur responsabilité juridique. Nous pouvons déduire de cette affaire à Shenzhen que malgré l’existence de lois sur le travail et de lois sur le contrat de travail, du fait que ces lois ne sont pas rigoureusement appliquées, le travailleur est complètement impuissant face à l’employeur indélicat.

Dans un article paru dans Southern Weekend [6], Liang Wendao examine le contexte entourant la pneumoconiose chez les travailleurs migrants paupérisés. Il écrit que le poids de la maladie dépasse les affections physiques et impose un lourd tribut psychologique à ses victimes.

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Pour faire comprendre un processus aussi douloureux d’un point de vue financier, un seul mot suffit : endettement. Ce qui inquiète le plus les ouvriers qui ont contracté la pneumoconiose, ce n’est pas toujours le temps qui leur reste à vivre, mais plutôt le fardeau qui va peser sur leur famille après leur mort. Certains envisagent de se suicider, mais dès qu’ils pensent à leur dette [médicale] accumulée, au remboursement de la dette par leur veuve, à l’incapacité de leurs enfants à payer leur scolarité, ils ne peuvent attenter à leur vie sans inquiétude. Que peuvent-ils faire ? Ils lancent un appel après l’autre dans l’espoir que l’administration vienne à leur secours. Supposant que l’administration a les mains liées, ils n’ont d’autre choix que de retourner à une situation dans laquelle ils ne peuvent ni vivre ni mourir.

Liang trouve que l’expression “prix mortel” est lancée trop à la légère par ceux qui n’ont nulle intention de le payer. Il demande qui est celui qui détermine le “prix du développement” et pourquoi ce sont les travailleurs migrants qui paient ce prix alors qu’en fait ils  récoltent si peu des fruits du développement.

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Un fonctionnaire a déclaré un jour à une assemblée d’ouvriers : ‘Ceci est une dette de l’histoire. Ceci est le prix inévitable du développement.’ Bien que ce genre de formulation me soit extrêmement familier, cette information m’a plus piqué au vif que toute autre. Depuis tant d’années on nous parle de l’assèchement de nos ressources en eau, de la pollution de notre terre, même de l’élargissement du fossé entre riches et pauvres, que l’on utilise pour définir le ‘prix du développement.’ Mais là, c’était la première fois que j’entendais un responsable appeler un auditoire—attendant la mort—le prix du développement.

Si Shenzhen a été un point chaud mondial de la construction dans les trente dernières années, les travaux de forage et de minage sont monnaie courante dans les villes moyennes et grandes à travers toute la Chine. Les entreprises du bâtiment ne peuvent qu’espérer que des cas analogues de pneumoconiose ne vont pas se multiplier à travers tout le pays à mesure que la Chine avance dans une décennie de développement rapide.

Article printed from Global Voices en Français: http://fr.globalvoicesonline.org

URL to article: http://fr.globalvoicesonline.org/2009/12/17/25476/

URLs in this post:

[1] pneumoconiose: http://fr.wikipedia.org/wiki/Pneumoconiose

[2] Beijing Youth Daily: http://bjyouth.ynet.com/article.jsp?oid=61461244

[3] Réseau de Diffusion Chinois: http://news.workercn.cn/contentfile/2009/12/15/031850126947320.html

[4] Sina.com: http://news.sina.com.cn/o/2009-12-13/132916765252s.shtml

[5] 21CN.com: http://news.21cn.com/guangdong/shenzhen/2009/12/09/7157796.shtml

[6] Southern Weekend: http://www.infzm.com/content/38253

source : http://fr.globalvoicesonline.org/

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