Depuis Athènes, de la part de deux (parmi 200’000) provocateurs
Depuis le Jura Libertaire
Il n’y a pas d’issue de secours
Note au sujet de la manifestation du 5 mai et de la mort des trois employés de la banque Marfin, à l’attention des grévistes qui continuent à foutre la merde.
Il est bien sûr inapproprié de rejeter «l’entière responsabilité» de la faute sur M. Vgenopoulos en ce qui concerne la mort navrante des trois employés dans l’incendie de la banque Marfin. Que celui-ci ait forcé ses employés, sous la menace du licenciement, à rester enfermés dans les bureaux des étages supérieurs d’une banque vide et non protégée, sans aucune installation contre le feu ou issue de secours, à l’épicentre de la plus grande manifestation de grève générale des trente dernières années, n’est pourtant pas un autre sacrifice d’une négligence criminelle sur l’autel du profit[print_link]
[Pour le moment, gardons cela en tête : les bénéfices nets de la banque Marfin ont cru cette année de 36,1%, au moment de la «plus dure des crises» alors que tout travailleur devait se résigner face à son travail, et obéir au nom de la nation.], à laquelle sa classe nous a habitués. Cet usage conscient des travailleurs comme bouclier humain pour les banques et les entreprises [Des incidents similaires à celui de la banque Marfin ont éclaté au 23 rue Stadiou, dans un supermarché Bazaar derrière la place Omonoia, où un employé à l’intérieur a pu éteindre le feu avec un extincteur, et à la librairie Ianos, qui était ouverte (car c’est bien connu, l’industrie culturelle se fout totalement des grèves).] est une des réponses de la classe des patrons aux événements de décembre et à la violence partagée de l’insurrection qui s’étend, sort des lois et détruit la circulation des biens, frappant et incendiant véhicules, boutiques, ses corps de police et plus que tout ses quartiers généraux : les banques.
Pour être clair, il s’agit de répondre en tant que telle à la volonté de Vgenopoulos et de sa classe de sacrifier quelques travailleurs pour stopper le processus insurrectionel à l’œuvre jusqu’à maintenant. Les discussions juridiques ou les sorties gauchistes telles que : l’insurrection coïncide avec la prise du Parlement, et non des banques et des boutiques, n’ayant aucune conscience de ce qui se déroule actuellement, ne font rien moins que refuser de faire face au problème.
Vous voyez, il est fréquent qu’un patron sache mieux que les travailleurs où sont ses interêts et comment s’y consacrer. Et n’importe quel patron sait toujours que «nous sommes en guerre», même si ils ne le crieront jamais haut et fort, tandis que ces personnes naïves croient qu’en guerre, il est bon de frapper, mais qu’il s’agit après de se remettre à la soit-disant neutralité de la justice. En nous plaçant sous la tutelle de l’État, nous plaçons même l’acte le plus extrême sous la seule égide d’un violent réformisme. La seule justice dans la rue, jusqu’à ce qu’ils soient en notre pouvoir, est nôtre. La responsabilité de n’importe quel événement, de la vie et de la mort de tous, est nôtre : cela correspond à la dictature du prolétariat (sic). Si nous manquons d’une confiance essentielle entre nous — autre que celle effective, d’un service d’ordre qui ne laisserait aucun collègue aux mains des patrons, une confiance créée dans et par nos expériences communes au sein des luttes et dans les réunions de rue —, alors la prochaine étape serait de nous appeler nous-mêmes «police» au sein de nos manifestations, d’être en charge et de porter la responsabilité de tout ce qui pourrait advenir. Celui qui exerce la violence, impose la justice. Utiliser la violence, en dépit du droit par rapport auquel elle se définit, vouloir aboutir à un chaos — abstrait —, ne fait la promotion de rien d’autre que des structures hautement organisées et de leur préconçue «justice» armée (les staliniens, la police, la mafia, les groupes para-étatiques). La victoire appartient à ceux qui amènent le chaos sans pour autant le porter à l’intérieur d’eux.
Le fait de fétichiser l’insurrection comme l’acte de destruction représentant une phase antérieure de notre mouvement, qui fut faible et marginale en son temps, après Décembre, et le décapage de cette fétichisation de la violence par la «mise en commun» spontanée qui l’accompagne, doit maintenant être dépassé. Un second Décembre ne serait alors pas une victoire, mais bien une défaite. Toute invocation des événements de l’année dernière ne montre rien d’autre qu’un manque total de plan pour ce qui allait suivre. Notre ennemi a avancé, nous sommes forcés de faire de même si nous ne voulons pas disparaître de la scène de l’Histoire.
Nous ne devons pas rester assis à la maison, soumis à la discipline de leur programme télé comme si nous étions de méchants garnements à qui trop a été donné trop vite. Nous devons nous réemparer du Logos (la parole) et le porter dans la rue. Cracher sur la justice médiatique et bourgeoise qui «justifie» la souffrance des uns en utilisant la douleur les autres, accumulant la misère pour tous et socialisant le cannibalisme qui est le sien. Le moins intelligent de ces vautours, avant d’asséner que la mort des trois employés allait nous paralyser, s’efforçait de nous rendre coupables pour un tas de choses ridicules, telles que la chute prévue du tourisme ou la mauvaise image du pays à l’étranger. De nous faire culpabiliser parce que nous nous battons. De nous diviser entre «travailleurs pacifiques» et «criminels encapuchonnés armés de molotov», maintenant que tout le monde sait (à l’exception bien sûr du parti communiste qui n’y voit que des provocateurs) que le 5 mai, il n’est aucun des travailleurs pacifiques qui ne se soit soulevé — avec ou sans capuche, avec ou sans molotov — face au va-tout de l’État : sa terreur policière.
Cette justice dévore de la chair, la chair de ses opposants, de n’importe qui leur ressemblant, et plus encore des anarchistes, puisqu’ils ont généreusement offert leur drapeau à n’importe quelle violence insurrectionelle, même celle des éléments les plus isolés de notre classe [La nuit du 5 mai, des escadrons armés de Delta, Zeta, police en uniforme et anti-émeute ont pris d’assaut le squat des «anarchistes pour un mouvement polymorphe» dans la rue Zaimi, le centre social «Accueil des migrants» de la rue Tsamadou, et de nombreuses maisons et cafés d’Exarchia, frappant et intimidant les personnes présentes. Au même moment à la télévision, rien de plus ou de moins n’était exigé que les têtes des anarchistes.]. Mais elle veut plus que cela. Il s’agit d’ouvrir un traumatisme encore plus grand dans la mémoire sociale, qui nous couperait de toute familiarité avec notre propre violence, avec la violence de notre lutte, avec ses sujets et les liens qu’ils entretiennent. Notre justice ne s’occupera que d’une seule chose : la réparation. Nous ne savons pas quel genre de personnes étaient ces morts, si leur sens de la dignité aurait ou non fait face à l’ordure fasciste et aux vautours télévisés négociant leur mort, mais nous sommes sûrs qu’en tant que travailleurs, leur interêt aurait été la victoire de notre lutte, avec l’ensemble des travailleurs d’Europe et du monde. Nous ne nous entraînerons pas mutuellement vers le fond, mais nous nous soulèverons ensemble : GRÈVE SAUVAGE ET GÉNÉRALE ! Participons aux occupations ! Tenons les rues ! Prenons la parole !
Traduit de l’anglais (Act for freedom now!) pour le JL, 8 mai 2010.
sur libcom.org il y a un texte de TPTG sur le 5 mai qui est pas mauvais du tout… contrairement à tout les autres il ne fait pas que blaster les encagoulés et ne leur met pas tout sur le dos. Malheureusement le texte n’est pas encore traduit.
http://libcom.org/news/critical-suffocating-times-tptg-10052010
Oui texte très intéressant. J’ai commencé la traduction mais si d’autres le font aussi on peut peut être se coordonner ?
Le bon texte de TPTG a été traduit (de l’anglais) par l’OCL. IL est en ligne par exemple ici:
http://juralibertaire.over-blog.com/article-grece-en-un-moment-critique-et-asphyxiant-50292404.html
Par ailleurs, dans la rubrique “Grèce générale” du Jura libertaire il y a plusieurs très bons textes sur la situation en Grèce. Apparemment la critique sociale là-bas se porte relativement bien, en tout cas comparativement à ce qui peut s’écrire ailleurs…