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A la recherche de la classe moyenne chinoise

A l’occasion du sixième recensement de population de son histoire, la Chine pourrait tenter de définir clairement ce qui, pour l’heure reste un mystère : la classe moyenne. Combien de personnes en font partie ? Quels sont les critères de sélection ? Derrière ces questions apparaissent de nombreux enjeux économiques, sociaux et politiques.”Le temps de démystifier formellement la classe moyenne chinoise est venu”, s’exclame Ben Lim Chiow Ang dans une tribune du China Daily.Selon le chroniqueur, économiquement parlant, connaître mieux cette couche de la population permettrait aux entreprises de répondre au plus près à ses attentes.Pour le gouvernement, la classe moyenne, au sein de laquelle il trouve désormais son soutien, représente un enjeu politique non négligeable.Or, tout est question de définition. Il y a vingt ans, définir la classe moyenne chinoise était simple : elle se composait des ouvriers et des paysans, les intellectuels en faisaient aussi partie, mais avec un statut particulier.[print_link]
Des estimations très différentes
C’est en décembre 2001 que le problème se corse. A cette date, l’Académie des Sciences Sociales de Chine publie un « Rapport d’étude sur les différentes couches sociales de la Chine moderne », sous la direction du sociologue Lu Xueyi.
La classe moyenne est désormais noyée parmi les dix couches sociales recensées – des milliardaires aux “laissés-pour-compte”. La classe moyenne, elle, représente alors 15 % de la population, soit 80 millions de personnes.
Mais sa définition demeure vague. En 2004, alors que la classe moyenne chinoise connaît une expansion sans précédent, le Bureau National des Statistiques apporte sa contribution.
Appartiennent selon lui à la “couche du milieu” (zhongjian jieceng), d’après la terminologie officielle, ceux dont le revenu oscille entre 60 000 et 500 000 yuans (entre 6700 et 55 580 euros) par an et par foyer.
Une définition basée sur le seul revenu. Or d’autres critères entrent en jeu, dont le niveau d’éducation et la profession. Dans une enquête de 2006, la même institution révise ses critères et fixe un nouveau seuil d’entrée dans la classe moyenne : 2000 yuans par mois.
Enfin, en février 2010, l’Académie des Sciences Sociales publie un nouveau rapport. La classe moyenne chinoise représenterait non plus 15 % de la population comme en 2001, mais 23 %.
Mais ces chiffres ne prennent en compte que la population urbaine. Sachant que la Chine est encore majoritairement rurale, cela relativise quelque peu leur ampleur.
Autre estimation : la Banque Asiatique du Développement soutient dans un rapport paru en août 2010 que près de 62 % des Chinois font partie de la classe moyenne, soit quelque 820 millions d’entre eux ! Ce rapport est en effet basé sur un très faible niveau de dépenses : de 2 à 20 dollars par jour.

Classe moyenne contre “société de classe moyenne”
Le sociologue Zhou Xiaohong estime quant à lui que la classe moyenne en Chine n’excède pas 20 % de la population totale.
Dans un article paru aux Presses de Sciences Po, il rappelle que la société chinoise n’est pas encore une “société de classe moyenne” comme le sont ses consoeurs occidentales, où 80 % de la population fait partie de la classe moyenne.
Selon lui, la société chinoise n’est pas en “forme d’olive” (ganlanxing), mais encore en “tête d’oignon” (yang congtou). Autrement dit, non pas large en son centre et étroite en haut et en bas, mais “avec un corps assez important et une base encore plus importante”.
Et pour Zhou Xiaohong la société chinoise devrait rester longtemps dans sa forme actuelle.
Car selon lui, “dans les prochaines années, la vitesse de croissance de la classe ouvrière au sens traditionnel (les cols bleus) est encore susceptible de dépasser de loin celle de la classe moyenne en raison de l’accroissement du nombre de travailleurs migrants”.
le 27/9/2010 à 12h44  par Jan Arnica (Aujourd’hui la Chine)

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