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De la Suède à la Turquie : Disparités dans la dynamique de l’ère des émeutes

Un court texte des camarades grecs de Blaumachen sur la dynamique actuelle de ce qu’ils nomment «l’ère des émeutes”. 
Il a été écrit avant les événements au Brésil. Ces événements comprennent la 4ème dynamique dans l ‘«ère des émeutes” et posent la question de l’étape de la crise où nous sommes (le Brésil et la Turquie ont été les miracles du FMI). Mais bien sûr, l’analyse de cette corrélation n’est pas précisée dans ce texte.

Dans la série des émeutes des “exclus” n’oublions pas l’Argentine en décembre 2012 : 

De la Suède à la Turquie :

Disparités dans la dynamique de l’ère des émeutes

L’explosion sociale en Turquie nous oblige impérativement à regarder de plus près ce qui se passe, ce qui se produit, quelles sont les nouvelles limites produites durant ce que nous avons appelé l’ère des émeutes, et comment elles seront dépassées. La combinaison des évènements en Suède et en Turquie, leur rencontre dans le temps, confirme l’existence de deux dynamiques de la lutte de classes évoluant dans une relative autonomie. Nous ne pouvons pas ignorer que la rencontre attendue de ces pratiques ne s’annonce pas réjouissante, puisque elle va poser la question des rapports entre deux sujets en train de se produire qui n’ont pas pour le moment un horizon commun dans leur activité. L’enjeu du point de vue de la révolution c’est comment sera produite, sur la base de leur rencontre, leur dépassement nécessaire : la transformation de la lutte en prise de mesures communistes contre le capital, c’est-à-dire en mise en question de tous les rôles qui constituent la société, en communisation.

Il y a en plus une troisième dynamique : les mouvements revendicatifs sur le salaire, qui se déroulent principalement à la périphérie que le néolibéralisme historique a intégrée dans l’accumulation internationalisée, en Chine et en Asie du Sud-Est ; cependant, les évènements en cours ne font pas apparaître une rencontre de cette dynamique avec les autres. Et il y a aussi une quatrième dynamique, celle qui concerne les pays sud-américains ayant pu intégrer dans l’État la résistance au néolibéralisme (le Chili constitue une exception notable : le mouvement de la catégorie socialement construite qu’est la « jeunesse » se rattache plus aux dynamiques des émeutes). Cette quatrième dynamique est encore plus autonome pour l’instant, bien qu’elle puisse nous préoccuper à l’avenir, particulièrement en Grèce. Dans ce qui suit nous aurons affaire aux deux premières.

D’un côté, nous avons une série d’émeutes des « exclus » ; de l’autre, à partir de 2011 apparaît une succession d’émeutes au cours desquelles l’élément principal pour ce qui concerne leur composition est l’engagement des soi-disant « couches moyennes », dont le discours « démocratique » forme les mouvements produits. Les émeutes des exclus se déroulent dans des pays haut placés dans la hiérarchie capitaliste. Par contre, les émeutes dans lesquelles domine l’horizon démocratique, qui structure du point de vue politique les couches moyennes et donne leur forme aux mouvements « des places », ont lieu principalement dans les pays de la seconde zone et dans les « économies émergentes ». Le fait qu’un pays n’appartenant pas à ces catégories en fasse partie, à savoir l’Espagne, est un élément qui montre que la crise confirme la sape de cette stratification, déjà active pendant le développement de ce cycle d’accumulation (depuis la crise des années 70 jusqu’à environ 2008). Le noyau dur par excellence (États-Unis et Allemagne) n’a pas été encore touché par ces dynamiques. Le mouvement Occupy Wall Street, bien qu’il ait pu donner son nom à cette deuxième dynamique, n’y appartient que de façon très marginale : il s’agissait d’un mouvement d’activistes (tout comme, d’ailleurs, Blockupy en Allemagne), non pas d’un mouvement de masse comme celui de l’Espagne, de la Grèce, du « printemps arabe » ou de la Turquie.

Ceux qui sont radicalement exclus du circuit officiel de la production de plus-value (ce qui constitue leur mode d’intégration dans la société capitaliste : intégration à travers l’exclusion) n’articulent pas de discours ; leur seul discours sont les pillages et les destructions. Ils ne revendiquent pas, puisqu’il est clair pour eux que cela est inutile (sinon ils le feraient). Ils savent déjà que l’État ne les intégrera pas mais   cherchera à les gérer en tant que population excédentaire. Dans la mesure où la crise/ restructuration qui se déroule depuis 2008 réduit encore plus les « dépenses sociales », ils savent très bien que cette gestion ne saurait qu’être de plus en plus répressive. En fait, ils suffoquent dans une « prison sans barreaux » (quand on n’a pas assez d’argent pour quitter son coin et, où que l’on traîne les pieds, on est en permanence harcelé par la police, c’est bien dans une prison que l’on se trouve). Dans cette « prison », les rapports communautaires ne peuvent pas les sortir de leur misère et, dans une certaine mesure, sont intégrés à l’économie échangiste parallèle, c’est-à-dire la petite délinquance, dans des institutions informelles où se reproduit une inflexible hiérarchie répressive (pour ne pas parler de la situation des femmes…). Ainsi, ils s’attaquent à leur prison, ils s’attaquent à toutes les institutions étatiques qu’ils conçoivent comme entérinant leur statut de prisonniers à vie, et ainsi, au moment de la révolte, ils mettent aussi en question tous leurs rôles sociaux dans leur « prison ».

 Les couches moyennes se révoltent parce qu’elles sont des couches moyennes en effondrement (Grèce, Espagne), ou parce qu’on ne les laisse pas se constituer en tant que telles (printemps arabe), ou parce qu’elles sont réprimées et comprimées beaucoup plus qu’avant la crise (Turquie) – ceci n’impliquant pas seulement un revenu moindre que ce qu’elles « devraient » avoir mais aussi tous les autres rapports sociaux, la marchandisation et la clôture de l’espace public, le genre, la politique ou la politique/religion (dans le cas des pays arabes, les deux faces d’une même médaille), la race, etc. La question des couches moyennes est ouverte du point de vue théorique. Leur définition même est incertaine : la définition admise des couches moyennes impliquait les catégories de la petite propriété de moyens de production et les professions individuelles traditionnelles (médecins, avocats, notaires, etc.). Pourtant, comment pourrait-on définir les couches moyennes aujourd’hui ? La stratification se présente désormais dans une grande mesure à l’intérieur des salariés et des travailleurs indépendants (donc des salariés qui payent eux-mêmes leur cotisation à la sécurité sociale), et elle se forme sur la base de la position dans la hiérarchie du procès de production, sur la base du revenu, de l’accès au crédit, etc. Alors les masses des chômeurs appauvris, des jeunes qui sont ipso facto des pauvres, ainsi que des travailleurs précaires, tirent vers le bas le « niveau » des couches moyennes et de ce fait amenuisent leur influence politique dans l’État.

Ces deux dynamiques – les émeutes des exclus et les mouvements massifs d’occupation d’espaces publics avec comme acteur central ces couches moyennes aux contours imprécis – se sont croisées en février 2012 en Grèce (mais dans ce cas les couches moyennes étaient déjà en train de s’effondrer). Cette rencontre a résulté des particularités de la Grèce, où d’ailleurs, à part le mouvement “place Syntagma 2011”, il y avait eu le mouvement “Décembre 2008”. Les émeutes de décembre 2008, tout comme celles des étudiants au Chili et au Canada, s’inscrivent dans un éventail de pratiques qui se positionnent entre ces deux dynamiques. Dans les émeutes en question, ce qui émerge c’est la “jeunesse” en tant que sujet socialement construit et comprenant ceux et celles qui trouvent toutes les portes fermées, qui n’ont pas pour perspective de grimper l’échelle de la hiérarchie sociale mais qui, au contraire des émeutiers de Stockholm ou d’Angleterre, ne sont pas structurellement exclus.

Les questions posées par l’actualisation de l’ère des émeutes, telle qu’elle se réalise en Suède ou en Turquie, sont importantes:

Α) L’État pourra-t-il construire le consensus du prolétariat des pays de la première zone pour une gestion tournée contre les exclus ? Sur la base des évènements en Suède, cette tendance paraît se produire comme une réponse presque inévitable à l’actualisation de cette dynamique (en Angleterre l’émergence de l’English Defence League, tout comme l’augmentation de l’influence politique de l’UK Independence Party, est directement liée à cette question ; une telle émergence n’a pas pu se produire après les émeutes de 2011, qui étaient plus marquées par la couleur blanche). Les émeutes en Suède actualisent la crise d’intégration du prolétariat dans le procès de production de plus-value en tant que crise de l’immigration. La question d’un fascisme de type nouveau,  orienté vers la création d’une « identité européenne » et donc intrinsèquement raciste, s’inscrit à l’ordre du jour.

Β) Quelle sera la dynamique interne de l’intégration des « couches moyennes » dans le prolétariat, et ce non seulement comme situation mais aussi comme activité ? Est-ce envisageable que les pratiques de « commune » de ceux qui se défendent sur les places et tentent de sauver leur appartenance de classe se rencontrent avec les pratiques destructrices des exclus ? Pour l’heure, les seuls cas d’espèce sont la rencontre conflictuelle en mars 2006 en France durant le mouvement anti-CPE (mais c’est déjà vieux et a eu lieu avant la crise) et le 12 février 2012 en Grèce (mais cette rencontre-là était imprégnée par la confrontation sur le “memorandum” et ne pouvait pas durer au-delà la défaite de sa revendication spécifique). Quel pourra être le resultat des « mouvements démocratiques », qu’au moins pour l’instant l’État n’arrive pas à intégrer ? Ces mouvements affichent un certain “communautarisme”. Le point de départ de ce communautarisme est la défense de la propriété étatique (rien n’est “commun”, tout ce qui n’est pas privé est étatique) par le moyen de son usage sur la base de sa définition, c’est-à-dire comme un élément qui soutient la reproduction de la force de travail. Les places ou les parcs sont des espaces du « temps libre ». Le fait que la crise/ restructuration ait beaucoup augmenté le chômage permet à un nombre important de personnes d’avoir une présence continue sur un tel espace pendant le mouvement, sans que l’on considère comme étrange que ceux qui travaillent y viennent après le boulot : en effet, la présence des gens est nettement plus massive le soir et la nuit. L’essentiel c’est qu’il se produit une « vie commune dans l’occupation ». La « vie dans l’occupation » est certes une image de l’avenir qui dépasse l’horizon du mouvement, mais qui ne peut pas se transformer en pratique généralisée si le mouvement ne met pas réellement en cause la structure qui soutient la distinction entre espace public et espace privé, donc en définitive l’ensemble des rapports capitalistes. La « communauté de lutte », les « gestes communistes », ne devraient pas être sous-estimés puisque, dans leur généralisation, ils constituent l’horizon positif du mouvement. Mais au stade où nous nous trouvons aujourd’hui nous sommes contraints à chercher, d’une part, ce qui fige le mouvement et ne le laisse pas tenter de généraliser ces éléments, et d’autre part, quels éléments de son contenu constituent en même temps les causes de sa fin. Ceux qui participent à ces mouvements, au contraire de ce qui se passe avec les émeutes des exclus, accordent beaucoup d’importance à la territorialisation de leur présence (ce qui n’est pas sans rapport avec la forme de rente assumée par la plus-value produite dans le capitalisme actuel : l’exploitation joue un rôle déterminant dans la forme de la lutte des classes). Avec l’« occupation », ils revendiquent le droit à leur existence matérielle en tant que sujet en face de l’État, qu’ils croyaient « se soucier d’eux ». Il n’est pas de moindre importance que la protection de la commune est assurée surtout par une fraction du prolétariat jeune, mâle et pauvre, qui possède l’expérience des affrontements avec la police (ce rôle distinct s’est manifesté en Turquie aussi, bien que moins qu’en Égypte). Par la force des choses les participants essayent de formuler des revendications, pour poser quelque chose de plus concret que la “démocratie” sur l’hypothétique table des négociations (ils ne supportent pas de se rendre compte que cette table n’existe plus, et ils somment en permanence le gouvernement d’admettre son existence). Ce processus, à cause du refus du gouvernement de négocier quoi que ce soit, débouche tout naturellement sur la contestation du gouvernement. Nécessairement, un mouvement dont la composition est dominée par les couches moyennes demande la chute du gouvernement – et cette demande, étant donnée l’absence d’un « parti de la classe ouvrière » qui mènerait le mouvement vers la « conquête du pouvoir », sous-entend le remplacement de ce gouvernement par un autre (qui pourrait appuyer l’existence et la reproduction de la qualité de vie qu’ils estiment mériter). Cette tendance endogène n’entre pas en contradiction avec les traits communautaristes des occupations, lesquels pourtant passent au second plan en tant qu’élément de constitution et mise en forme du mouvement quand l’objectif politique se concrétise. L’Égypte et la Tunisie ont bien montré que la chute du gouvernement met fin à ces mouvements. Bien sûr, ce qui paraissait initialement comme une victoire s’est révelé être une défaite, puisque de nouveaux États policiers se sont constitués et la restructuration avance de plus belle, avec des réductions des allocations, des augmentations des prix des aliments, etc. Mais le mouvement en Égypte et en Tunisie n’a pas pu se redresser, parce que son objectif initial, celui qui correspondait à son unité, a été atteint. Le mouvement en Turquie – le fait marquant suivant de cette dynamique, se rangeant lui aussi, malgré ses différences, dans ce schéma – doit faire face à un élément de plus. La puissance politique du gouvernement est plus grande que celle des gouvernements égyptien ou tunisien. L’unité du mouvement se fonde sur la transformation de cet État en État de repression policière pendant les dernières années. La question qui se pose est la suivante : les couches moyennes pourront-elles s’intégrer dans le prolétariat, en tant qu’activité de mise en cause du capital, si auparavant ces mouvements ne sont menés à terme qu’à travers leur victoire politique (en clair, leur défaite) ? Leur défaite, qui passe par leur victoire politique, fait nécessairement remonter à la surface les divisions existantes. Une fraction du mouvement tente de continuer la révolte, qui pourtant cesse de jouir de l’appui populaire (c’est-à-dire d’un appui interclassiste, puisque la classe est un rapport, non pas une catégorie). Sans la participation massive des exclus et des pauvres, comment ce processus de révolte pourrait-il continuer ? Serait-ce possible ?

Au moment où ces lignes sont écrites, le mouvement en Turquie est en cours. Sa particularité, combinée au fait qu’il s’agit d’un évènement de portée mondiale, détermine le point où l’on se trouve. Voilà où l’on se trouve : devant une révolte qui s’est déclenchée dans un État policier de plus. Une révolte avec peu de chances de « victoire » sur la base de son contenu, et de ce fait très importante.

Les pratiques de “commune” qui ont nécessairement comme horizon une meilleure gestion de l’État bourgeois, mais qui voient cet horizon s’évanouir, rencontrent les révoltes des exclus sur le fait que pour ces dernières il n’y a pas d’horizon d’une quelconque “victoire”. Le résultat de cette rencontre – qui se jouera, entre autres, à l’interaction entre les pratiques de “commune” et les pratiques du quotidien de la survie de ceux qui sont structurellement exclus du circuit officiel de la production de plus-value – déterminera dans une grande mesure l’issue de la lutte de classe dans l’ère des émeutes.

Woland, Blaumachen and friends 8 juin 2013

  1. 26/06/2013 à 00:49 | #1
  2. CLN
    27/06/2013 à 20:46 | #2

    this is a short text about the current dynamics of what we have called “the era of riots”.
    It was written before the events in Brazil. These events include the 4th of the dynamics in the “era of riots” and ask the question of the stage of the crisis we are in (Brazil and Turkey were the IMF miracles). But of course the analysis of this correlation is not elaborated in this text.

    From Sweden to Turkey: The uneven dynamics of the era of riots

    The social explosion in Turkey makes it imperative to examine more closely what is happening, what is being produced, what the new limits produced in the period we call the era of riots are and how these limits will be overcome. The combination of the events in Sweden and Turkey, their temporal encounter, confirms the existence of two dynamics of class struggle, which develop each with its own relative autonomy. We cannot overlook the fact that the anticipated encounter between these practices is not likely to be harmonious and that it will raise the issue of how two historically produced “subjects”, which in their current activity have no common horizon, relate to each other. The issue, however, from the perspective of the revolution, is how, on the basis of this anticipated encounter, the necessary overcoming of these subjects is produced, how their struggle is transformed into taking communist measures against capital, i.e. into a questioning of all social roles that constitute society, into communisation.

    There is also a third dynamic: the revindicative movements for the wage that take place mainly in the periphery, which has been incorporated into an internationalised accumulation by historical neoliberalism, namely in China and Southeast Asia. The encounter of this dynamic with the other two is not evident yet. There is also a fourth dynamic which concerns the development of the contradictions in Latin American countries, which have managed to integrate resistance to neoliberalism into the state (Chile is a notable exception; the movement of the socially constructed category of “the youth” falls more under the dynamics of the riots). This fourth dynamic is currently even more independent, although it may become specifically relevant to us in Greece in the future. Below we discuss the first two of these four dynamics.

    On the one hand we have the riots of the “excluded”; on the other, from 2011 on, there has been a succession of riots whose most important element, in terms of composition, is that the so-called “middle strata” are involved, and their “democratic” discourse is constitutive for the movements produced. The riots of the excluded appear in countries which are high in the capitalist hierarchy. On the other hand, the riots that are dominated by the democratic horizon, which is politically constitutive for the middle strata and formative for the movements of the “squares”, take place mainly in countries in the second zone and the so called “emerging economies”. The fact that a country which does not belong in these zones, Spain, is part of this grouping suggests that the crisis affirms the undermining of this stratification, which had already taken place over the course of this cycle of accumulation (from the crisis of the 70s up to about 2008). These dynamics have not yet come into play in the very core (USA-Germany). The Occupy Wall Street movement, although it gave its name to the second dynamic, only marginally fits in it: it was an activists’ movement (Blockupy in Germany was of the same sort), not a mass movement, such as the movements in Spain, Greece, or the “Arab Spring” and the current movement in Turkey.

    Those who are radically excluded from the official circuit of surplus-value production (this is their way of being integrated into capitalist society: inclusion by exclusion) do not articulate any (political) discourse, their only language is looting and destructions. They do not demand anything because for them it is already given that demanding is meaningless (otherwise they would have had demands), they already know that the state is not going to bring about their integration, but it will try to manage them as a surplus population. As the crisis / restructuring which has unfolded since 2008 further scraps “social expenditure”, it is clear to them that this management becomes more and more repressive. In fact, they asphyxiate in a “prison without bars” (when you cannot afford to leave your neighborhood and you are constantly cornered by the police, you are imprisoned). Within this “prison”, community relations cannot offer salvation from everyday misery and to an extent they enter the parallel exchange economy, petty crime, i.e. informal institutions which reproduce a cruel, oppressive hierarchy (not to mention the position of women). So by attacking their prison, by attacking all state institutions that define them as prisoners for life, they challenge, in their revolt, their social roles within that “prison” they find themselves in.

    The middle strata rebel because they are collapsing middle strata (Greece, Spain) or because they are not allowed to constitute themselves as such (Arab Spring) or because they are much more repressed and economically squeezed compared to the pre-crisis period (Turkey), something that involves not only their lower-than-what-it-“should”-be income, but also all other social relations, the commodification and enclosure of public spaces, gender, politics or politics-and-religion, which in the case of Arab countries are aspects of the same thing, race etc. The question of the middle strata is an open theoretical question. Their very definition is fluid: The traditional definition of the middle strata included categories of small (property) owners of means of production and traditional individual professions (doctors, lawyers etc.). Today, however, how can one define the middle strata? This social stratification is largely present within the waged and self-employed (i.e. employees who contribute part of their wage to the social security system) and it is based on one’s position within the production process, their income, access to credit etc. And subsequently, the masses of impoverished unemployed, the de facto poor youth and the precarious workers, push down the “status” of what can be called middle strata, and reduce their political influence within the state.

    These two dynamics, the riots of the excluded and the mass public space occupations movements, in which these fluid middle strata play a major role, intersected with each other in February 2012 in Greece (but in this case the middle strata were already collapsing). This intersection was the result of the particularities of Greece. One cannot ignore that before “Syntagma 2011”, “December 2008” had taken place. The December 2008 riots, as the student riots in Chile and Canada, are inscribed within the range of practices varying between these two dynamics. In these riots the “youth” emerges as a socially constructed subject consisting of men and women who find all the doors closed, who are not going to climb the ladder of social mobility, but at the same time they do not find themselves structurally excluded like the “troublemakers” of Stockholm and England.

    The questions posed by the contemporisation of the era of riots, taking place in Sweden and Turkey, are important:

    A) Will the state be able to build the consent of the proletariat in the countries of the first zone to a management that turns against the excluded? This tendency appears to be produced as the almost inevitable response to the contemporisation of this dynamic by the events in Sweden (the emergence of the EDL as well as the increase of the political influence of the UKIP in England are directly linked to this issue, an emergence that could not take place following the 2011 riots which were much more white). The riots in Sweden update the crisis of the integration of the proletariat into the process of surplus-value production as a crisis of immigration. The issue of a new type of fascism, orientated towards the creation of a “European identity” and thus with an intrinsically racist content, is on the agenda.

    B) What is the internal dynamic of the absorption of the “middle strata” into the proletariat, not only as a situation but also as an activity? Is there a chance that the practices of the “commune”, of those who defend themselves in the squares and try to rescue their class belonging, meet with the destructive practices of the excluded? To date, the only such indications are the conflictive encounter in March 2006 in France during the anti-CPE movement, an event that is already outdated and took place before the crisis, and the 12th of February 2012 events in Greece, an encounter that was nevertheless immersed in the confrontation around the “memorandum” and could not endure following the defeat of its specific demand. What can be the outcome of the “democratic movements” which, at least to date, cannot be incorporated into the state? These movements exhibit a certain “communitarianism”. The latter’s starting point is the defence of state property (nothing is “common”, whatever is not private is state property) which is to be used according to its definition, namely as an element that underpins the reproduction of labour power. The squares or the parks are spaces of “free” time. The fact that unemployment has been significantly increased by the crisis/ restructuring allows for a significant number of people to be continuously present in such spaces during the movement. The fact that whoever has a job joins after work is not surprising; in the evening and at night many more people are present. What is important is that a “common life in the occupation” is produced. The “life in the occupation” is certainly an image from the future that surpasses the horizon of the movement. However, it cannot be substantialised as a generalised practice to the extent that the movement does not really question the structure that supports the distinction between public and private space, namely, in the last instance, the totality of capitalist relations. The “community of struggle”, the “communist gestures” should not be underestimated because in their generalisation they are the positive horizon, but in the stage where we find ourselves today we are obliged to look for: on the one hand what hampers the movement and does not permit an effort to generalise these elements, and on the other hand which elements of its content are at the same time the causes of its ending. Participants in these movements, contrary to the riots of the excluded, consider it very important to territorialise their presence (something not unrelated to the significance of the rent form that the surplus-value produced in modern capitalism acquires; exploitation has a defining role in the form of class struggle). By “occupying” they claim the right of their material existence as a subject facing the state, which they believed to be “attentive” to their needs. It is not least important that the commune is being defended against the police mostly by a young, male and poor part of the proletariat, which is experienced in fighting the cops (the distinction of this role appeared in Turkey as well, although to a lesser extent compared to Egypt). Demands are being necessarily sought, so that something more concrete than “democracy” can be brought to the assumed negotiation table (which participants cannot accept does not exist anymore, continuously calling the government to acknowledge its existence). This process, due to the government’s refusal to negotiate anything, naturally ends up in the government itself being questioned. Since the composition of the movement is dominated by the middle strata, it necessarily demands the stepping down of the government, and such a demand, given the absence of a “party of the working class”, implies that it is to be replaced by another government (one that would be able to support the existence and reproduction of the quality of life that they believe they deserve). This endogenous tendency does not find itself in contradiction with the communitarian characteristics of the occupations, which are nevertheless undermined as constitutive and formative elements of the movement when the political objective concretises itself. Egypt and Tunisia have illustrated that, indeed, the fall of the government marks the end of these movements. In reality though, what initially appeared as a victory proved to be a defeat, as new police states have been established and the restructuring advances as normal, with the scrapping of benefits, increases in food prices etc. However, the movements in Egypt and Tunisia were not able to stand on their feet again, as their initial goal that corresponded to their unity was achieved. Turkey, the next landmark in this dynamic, which despite its differences belongs to the same schema, as a social movement has to face another aspect of the situation. The government’s political power is larger compared to Egypt and Tunisia. The unity of the movement is based on the transformation of the state into a police state over the last years. The question is: can the middle strata be absorbed into the proletariat, as an activity that questions capital, if these movements do not end with their political victory (namely their actual defeat)? Their defeat, which passes through their political victory, necessarily brings existing divisions to the surface. Part of the movement tries to continue the revolt, which however ceases to have popular support (namely inter-class support, given that class is a relation not a category). Without the mass participation of the excluded and the poor, how can this process of revolt continue? Is that possible?

    The movement in Turkey is still going on while this text is being written. Its particularity, added to the fact that it is an event of global significance, determines the point where we find ourselves. Here is where we are: in a revolt that broke out in yet another police state. A revolt with little chance of “victory” on the ground of its content and of such importance for precisely that reason.

    The practices of the “commune” that have as their necessary horizon a better management of the bourgeois state, an horizon that in the end is called into question, encounter the revolts of the excluded in the fact that the latter ones do not even have the horizon of a “victory”. The outcome of this encounter, that will be decided among other things by the interaction between the practices of the commune and the practices of everyday survival by those structurally excluded from the official circuit of surplus-value production, will decide to a large extent the outcome of the class struggle in the era of riots.

  3. Adé
    28/06/2013 à 10:46 | #3

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/06/27/01016-20130627ARTFIG00600-delinquants-etrangers-trois-elus-ump-reclament-plus-de-severite.php

    – English: “The issue of a new type of fascism, orientated towards the creation of a “European identity” and thus with an intrinsically racist content, is on the agenda”.

    -Français-“La question d’un fascisme de type nouveau, orienté vers la création d’une « identité européenne » et donc intrinsèquement raciste, s’inscrit à l’ordre du jour.”

    Espagnol :La cuestion de un nuevo tipo de fascismo, orientado hacia “la identidad europea”, y como tal basicamente racista, se inscribe al orden del dia.

  4. cln
    27/08/2013 à 13:52 | #4

    trouvé sur la toile

    un texte de Kasama peut-être intéressant à lire:

    http://kasamaproject.org/threads/entry/fires-that-have-burned-as-long-as-we-can-remember

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