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“Ménage à trois dans la lutte de classes”, une réponse d’Hic Salta

 

Nous répondons ici au deuxième commentaire de Ben Malacki. Il soulève des réserves au sujet de nos thèses sur la classe moyenne salariée (CMS) qui sont destinées à être les plus courantes.

1) «La question est : comment différencier le sursalaire et marchandage de la force de travail pratiquement lorsque l’on décompose le salaire ? Poser théoriquement une césure nette entre sursalaire d’un côté et travail nécessaire de l’autre ça passe, dans la réalité définir cette frontière est plus difficile».

La question est-elle ici de faire la distinction entre un salaire prolétaire relativement élevé, type docker, et un salaire d’encadrement comportant une part de sursalaire ? Si oui, la réponse est à trouver dans le contexte général du rapport social. Un salaire élevé (relativement) ne donne pas à lui tout seul une appartenance de classe. Il faut d’une part voir comment il a été fixé : résulte-t-il d’une lutte et d’un rapport de force avec le capital ? Dans ce cas il est limité à une fraction du prolétariat (sa généralisation signifierait un changement de la valeur de la force de travail). Ou bien a-t-il été octroyé, par exemple en fonction d’un diplôme ? Si un salaire prolétaire reste durablement élevé, cela résulte d’une faiblesse du capital à se débarasser d’un closed-shop, par exemple, ou d’une qualification particulière. Cela fait partie du rapport de force, comme on a pu le voir dans les ports, ou dans l’imprimerie. Rien de tel pour la classe moyenne salariée. Pour la CMS, que ce soit dans le privé ou dans le public, le sursalaire – grand ou petit – est là, et c’est tout ; même si elle peut lutter pour le défendre, elle ne lutte pas pour l’obtenir. La différence est de taille. Nous avons aussi critiqué l’idée de Bihr que ses salaires élevés résulteraient d’un monopole que la CMS aurait sur le savoir. D’autre part, la distinction entre un salaire élevé de prolétaire et un salaire de CMS se voit aussi à la fonction qu’il paye. Le marqueur du sursalaire n’est pas seulement dans le niveau de consommation, il est aussi dans la fonction d’encadrement.

2) «Votre phrase « aucune alliance n’est possible entre la CMS et le prolétariat révolutionnaire » est extrêmement catégorique et, à ce stade du développement de votre analyse, on ne sait pas pourquoi la petite-bourgeoisie pourrait, selon les circonstances choisir le camp du prolétariat et pas la CMS ? Affirmer que ces classes n’ont pas de rôle historique propre c’est une chose, affirmer qu’elles ne peuvent en avoir un qui soit uniquement réactionnaire c’en est une autre».

Nous n’affirmons pas que la CMS n’a pas de rôle historique; nous affirmons qu’elle a un rôle auxiliaire dans la contradiction fondamentale entre prolétariat et capital, notamment lorsque cette contradiction suit son cours normal (luttes quotidiennes). Nous n’affirmons pas non plus que son rôle soit uniquement réactionnaire. Nous disons que son rôle ne peut qu’être contre-révolutionnaire lorsque la contradiction éclate (phase insurrectionnelle). L’adjectif «réactionnaire» n’a de sens que par opposition à «progressiste», et la CMS – contrairement aux classes moyennes pré- ou archéo-capitalistes – est certainement «progressiste», en premier lieu parce que, étant elle-même salariée avec sursalaire, elle est favorable à une accumulation rapide du capital; en deuxième lieu, parce que la contre-révolution est toujours une modification profonde de la contradiction fondamentale dans le sens d’un renouvellement des modalités de la reproduction capitaliste où l’encadrement va avoir son rôle à jouer. Pas grand-chose à voir, donc, avec la «masse réactionnaire» de Lassalle.
Quant à l’analogie avec la petite-bourgeoisie («la petite-bourgeoisie pourrait, selon les circonstances choisir le camp du prolétariat»), qui a dit qu’elle pourrait choisir quoi que ce soit? Tour d’abord, les classes, quand elles agissent historiquement en tant que telles, ne «choisissent» pas… et surtout pas de se subordonner à des intérêts qui ne sont pas les leurs. (Cela vaut aussi pour le prolétariat: même quand il participe à la contre-révolution, c’est de sa reproduction immédiate dont il s’agit).

3) «Pour moi, la question de cette importance de la taille du sursalaire a pour but de savoir si une partie de la CMS peut basculer sur une nécessité de dépassement ou si sa place dans l’encadrement, même s’il n’est pas rémunéré, la condamne structurellement à lutter pour le sursalaire».

La disparition totale du sursalaire ne peut se vérifier que dans une situation de crise économique et sociale extrême qui n’a pas de précédents historiques. La situation actuelle au Venezuela approche-t-elle de la disparition totale du sursalaire ? Il faudra étudier la question. Ce qu’on peut dire pour le moment reste donc très hypothétique. Ce qui est essentiel, c’est de distinguer entre paupérisation et prolétarisation de la CMS, et ce à une échelle supra-individuelle et inter-générationnelle. Ce n’est pas parce que la rémunération de tel ou tel salarié baisse au niveau de la stricte reproduction de sa force travail, que le sursalaire aura ipso facto disparu. Tout d’abord parce qu’il y aura le sursalaire thésaurisé par ses parents, dont il héritera. En deuxième lieu, on sait que le salaire évolue avec l’ancienneté, notamment pour la CMS. On peut bien commencer comme petit cadre avec un petit salaire, il faut voir comment ce salaire va évoluer au cours de la trajectoire professionnelle. Le même discours s’applique pour tout type de vrai ou faux «pauvre» (chez les stagiaires, les précaires, etc.). Voilà pour ce qui est du «cas d’étude» des éducateurs en contrat CAE-CUI. On peut légitimement parler de prolétarisation seulement lorsque le sursalaire passé (celui des parents) a été cramé et la possibilité d’un sursalaire présent ou à venir aussi. Cela suppose une dégradation très générale de la situation de la CMS mondiale. Par exemple, lorsque les enfants de la classe moyenne du sud de l’Europe ne voudront plus émigrer à Londres, Berlin ou Paris parce que les salaires qu’ils recherchent n’existeront plus, alors on approchera d’une situation de prolétarisation de la CMS.

4) «[…] je pense qu’il vaut mieux chercher du côté de la définition de W. Reich qui voit la classe moyenne comme la classe qui a porté le fascisme au pouvoir et donc qui a eu un rôle historique […]»

Laissons W. Reich aux psychanalystes «critiques». Encore une fois: la CMS a bien un rôle historique, mais ce rôle est seulement auxiliaire dans la contradiction fondamentale et motrice. En ce sens, la classe moyenne n’a pas «porté le fascisme» toute seule. De la même manière qu’aucune lutte de classes moyennes ne peut vaincre sans la participation, fut-elle passive, d’au moins une partie du prolétariat et d’au moins une fraction du capital, aucune contre-révolution ou revirement autoritaire ne peuvent l’emporter sans une telle participation.

5) «Pour conclure et si on va au bout de l’idée, je pense qu’il faut renverser la manière dont vous penser le problème : La classe moyenne est en réalité la partie du prolétariat qui a encore les moyens de s’identifier au capital. Elle ne peut alors que revendiquer un meilleur rapport capital/travail. Elle est donc transversale à l’ensemble du marché du travail».

En conditions de développement normal de la contradiction fondamentale, tout le monde, à différents degrés, «s’identifie» au capital. Toute lutte immédiate sur le salaire, les conditions de travail ou la sauvegarde de l’emploi doit compter avec l’employeur, c’est-à-dire essayer de le faire plier tout en reconnaissant sa légitimité, sinon il risque de fermer la boite. Ce qui est une autre façon de dire que, malgré le caractère antagonique de leurs intérêts, les deux classes se présupposent. Quelle serait donc, aujourd’hui, la partie du prolétariat qui n’a PAS (ou plus) les moyens de s’identifier au capital? Est-elle révolutionnaire pour autant? Si elle existe, pourquoi n’est-elle pas en train de faire la révolution? Est-elle restée un peu trop petite-bourgeoise dans son for intérieur? Si l’on mène au bout cette idée d’«identification au capital», on en vient à nier les classes. La citation marxienne «le prolétariat est révolutionnaire ou n’est rien» peut paraître radicale ou provocante, mais théoriquement elle est fausse, tout simplement parce le prolétariat non révolutionnaire est bel et bien quelque chose.

6) « Pourquoi tant de prolos nés dans les années 50-60 se sont identifiés à la classe moyenne ? Parce que grâce à la période du compromis keynesiano-fordiste ils sont devenus propriétaires de leur appartement ? Pas seulement. L’espoir de promotion et la sécurité économique étaient réels pour la très grande majorité du prolétariat des pays du centre. Durant cette période le sentiment d’identification avec l’employeur a clairement explosé chez les prolos. Les maos aimaient appeler ça l’idéologie petite-bourgeoise. »

C’est une vision très idyllique du «compromis fordiste». N’oublions pas que les Trente Glorieuses, c’était aussi des usines sans WC, l’amiante, les foyers ou les bidonvilles pour les travailleurs immigrés, etc. Il est vrai que cette période a remarquablement amélioré le niveau de vie. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce que cela veut dire. Premièrement, la plus-value relative peut bien se traduire en une augmentation du panier prolétarien en termes de volume de biens, et simultanément en sa diminution en termes de valeur. Deuxièmement, même lorsque le panier prolétarien augmente en volume, il ne cesse pas pour autant de correspondre aux besoins minimaux de la force de travail dans les conditions nouvelles du compromis fordiste. Bien sûr, ces besoins ne sont pas les mêmes pour les prolétaire des aires centrale et ceux des périphéries du MPC. Cependant, le capital est un rapport social, non un rapport entre grandeurs physiques…
…quoique, même les grandeurs physiques présentent quelque surprise finalement. Dans son livre Les ouvriers dans la société française (Seuil 1986), G. Noiriel montre que la «très grande majorité du prolétariat» a peu profité des Trente Glorieuses, proportionnellement moins que toute autre classe, et les OS moins que tout le monde. La plupart des statistiques utilisées par Noiriel remontent à la fin des années 1970/début 1980, donc à la période où les Trente Glorieuses venaient juste de se terminer. En voici quelques extraits pour l’édification du lecteur :

«Non seulement les OS et les manœuvres constituent la catégorie ayant l’espérance de vie la plus faible (à 35 ans, elle est de 37 ans en moyenne pour les premiers et de 34,3 pour les seconds), mais cette catégorie sociale est aussi celle pour laquelle les progrès accomplis en vingt ans ont été les plus modestes. Cette situation s’explique par le fait que ces ouvriers sont les plus exposés aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, que leur existence quotidienne est soumise à l’hygiène de vie la plus déplorable.» (p. 252)

«Outre les accidents de travail, on peut évoquer comme cause de cette injustice l’inégal accès à la santé selon la catégories sociale. Avec le monde paysan, les ouvriers se caractérisent par une sous-consommation d’actes médicaux et par une moindre fréquence des visites aux spécialistes. Les historiens du XIXème siècle évoquent volontiers le critère de la taille afin d’illustrer les stigmates de la condition ouvrière à une époque où les travailleurs étaient fréquemment réformés car trop petits pour servir dans l’armée. Un siècle et demi plus tard, les « conquêtes » du mouvement ouvrier ont certes permis l’élévation de la taille moyenne dans les classes populaires, mais en ce qui concerne les hommes on constate qu’il existe toujours une étroite corrélation entre la hiérarchie sociale et la taille physique. La moyenne s’établit ainsi à 175,5 cm pour les membres des professions libérales pour 171,5 pour les ouvriers qualifiés et les contre-maîtres, 171 pour les OS et 170,1 pour les exploitants agricoles». (p. 251)

«Les ouvriers sont de tous les actifs ceux qui, avec les paysans, partent le moins souvent en vacance d’été (53,2%). Encore faut-il préciser que, parmi ceux qui partent, les ouvriers sont les plus nombreux à être hébergés par des « parents et amis », ou à faire du camping (60%)». (p. 251)

«[…] la « démocratisation » de l’accès à l’automobile ne doit pas faire oublier que 76% des ouvriers achètent une voiture d’occasion, ce qui est le cas pour à peine le tiers des cadres supérieurs et des professions libérales (encore faudrait-il mesurer la valeur de l’occasion)» (p. 251-252)

«[…] l’enquête publiée en 1982 par le Ministère de la Culture sur les « pratiques culturelles des Français » concernant les ouvriers, illustre les écarts qui séparent aujourd’hui encore les différents groupes sociaux tant au niveau de la lecture que du sport ou de l’accès aux différentes formes de pratiques culturelles consacrées. Il n’y a guère que pour le bricolage, le loto ou le PMU que la pratique ouvrière est supérieure à celle des cadres». (p. 252)

Et pour finir: «Les catégories les plus dominées du monde du travail sont aussi celles où la solitude est la plus grande. […] De toutes les catégories socioprofessionnelles, les OS et manœuvres sont ceux qui sortent le moins souvent. La fréquence de sortie « chez des amis » est particulièrement faible pour eux (59% contre 69,1 % pour les ouvriers qualifiés et 86,4 % pour les cadres supérieurs et les professions libérales)». (p. 254).

Dans l’épisode 2 de notre feuilleton, nous avons effleuré la question des écarts de salaire entre OS et OP en admettant que l’OP est payé à la valeur de se force de travail. Le moindre salaire des OS correspond-il à une moindre valeur de leur force de travail ? Sans doute, mais il est aussi clair qu’une grande partie d’entre eux, notamment les immigrés, sont payés en dessous de la valeur de leur force de travail, car une partie de leur reproduction est externalisée dans les PVD.

7) «Tout le monde l’affirme, la crise a produit massivement le déclassement, le délitement de la classe moyenne. Matériellement c’est la restructuration qui veut dire les baisses de salaires, l’augmentation de la productivité et la précarisation. C’est-à-dire la fin de la sécurisation de l’emploi, des perspectives de carrières et le changement régulier de boulot».

Tout le monde peut bien l’affirmer: et alors? Dans l’épisode 3 (Le mouvement contre la Loi Travail en France) nous avons justement essayé de montrer que tout ces discours sur le délitement de la classe moyenne et la précarisation généralisée ne correspond pas à la réalité. Certes, depuis la crise de 2008 il y a eu une paupérisation relative et une augmentation de la précarité, mais certainement pas une prolétarisation massive la classe moyenne. Par paupérisation de la CMS, il faut entendre baisse du sursalaire ; par prolétarisation, il faut entendre disparition complète du sursalaire et des réserves individuelles et familiales. Il n’y a d’ailleurs pas de crise ni de restructuration en ce moment: il y a une différence entre une crise (une rupture soudaine et brutale) et une phase de dépression longue, d’activité économique contractée; et il y aussi une différence entre les restructurations des boîtes et une restructuration globale du rapport d’exploitation qui est toujours le produit d’un affrontement de classe sinon insurrectionnel, du moins d’amples proportions. Ce type d’exagération gauchiste qui parle à tout va de crise permanente, de déclassement et de précarisation généralisée comme des faits accomplis est d’ailleurs le même depuis 40 ans, et il n’est pas devenu plus vrai en tout ce temps.

8) « Le prolétariat est révolutionnaire ou il est classe moyenne ».

NON. Le prolétariat est toujours le prolétariat, notamment lorsqu’il n’est pas révolutionnaire. Même au niveau des luttes quotidiennes il ne se confond pas avec la CMS, bien qu’il puisse – comme nous le disons – converger avec elles sur la base d’intérêts communs. Mais attention, parler d’une convergence objective entre prolétariat et CMS, signifie que les deux classes agissent en tant que classes propres du MPC. De ce point de vue, il faut bien distinguer ce qui relève de l’action en tant que classe et ce qui relève d’une conduite à peu près individuelle. Des prolétaires peuvent participer à un mouvement de la CMS sans pour autant se manifester en tant que classe; l’inverse peut advenir aussi. Le fait que des individus d’une classe suivent le courant de l’autre classe ne fait pas apparaître leur propre classe en tant que telle dans le mouvement général.
Pour revenir au problème initial: la «désertion de classe» est un phénomène marginal, tant du point de vue sociologique que historique. D’où la méfiance que doit susciter toute forme de «possibilisme» au sujet des classes moyennes (ancienne ou salariée). Pourquoi cet étrange besoin d’en «sauver» au moins une partie pour la révolution ? Dire que le prolétariat des luttes quotidiennes est, lui aussi, classe moyenne ne revient-il pas à dire que la classe moyenne n’est, en fait, qu’une couche du prolétariat ? C’est un point de vue qui doit arranger certains activistes. Le détournement de citation de Marx «le prolétariat est révolutionnaire ou n’est rien» n’est pas plus juste que sa version d’origine. Non : le prolétariat (révolutionnaire ou non) existe, la CMS aussi. Nous en sommes là.

B.A. – R.F.

  1. pepe
    12/09/2017 à 17:19 | #1

    Toujours surpris qu’on cherche à tout prix quand et ou la CMS pourrait rejoindre le prolétariat, jeter ses oripeaux capitalistes, comme si cela avait une grande importance pour la suite.
    Si on est d’accord pour dire que la CMS c’est cette catégorie sociale supplétive, créée par le Capital à partir du prolétariat pour gérer, encadrer, former, enfermer, soigner, surveiller et j’en passe la force de travail que la bourgeoise (ou la classe aux affaires ici ou là) seule ne peut plus gérer dans la sophistication du rapport de classes à travers l’histoire, alors une seule alternative: soit la crise n’est pas assez profonde pour qu’elle se saborde et elle va défendre son rôle donc la pérennité du rapport, soit la crise fait tout péter et y’a plus de catégories….donc plus de problème. On se contre fout que certains individus de la bourgeoisie ait réellement rejoint le prolétariat (Engels par exemple). Personne n’a jamais cherché à en faire un point de réflexion théorique.
    La seule question, peut être, réside dans ce phénomène massif: pratiquement TOUS les théoriciens et activistes des milieux révolutionnaires dans lesquels nous marinons sommes (sociologiquement) soit issus soit membres de la fameuse CMS. C’est peut-être pour cela, d’ailleurs qu’on s’y intéresse autant…

  2. B.
    14/09/2017 à 11:19 | #2

    Toujours surpris que l’utilisation du terme “classe moyenne” passe comme une lettre à la poste, même “salariée”. Il me semble préférable de retourner du côté de Bihr et voir ce qu’on peut faire à partir de la notion d’encadrement de la production et de la reproduction et comment la structure idéal-type du “mouvement social” en est affectée, “mouvement social” en pleine décomposition cela dit, c’est pour ça que les mécanismes sont plus simples à percevoir. Parce que la “CMS”, si on écoute Carbure dans Sortir du capitalisme, c’est quasiment un parti politique maintenant … “Blanche” qui plus est. Un couple avec deux smics pour un enfant y est considéré comme “privilégié”. En plus ils sont valides … Avec ce concept, on est étonnamment passé de l’analyse à la glose politicarde en seulement quelques mois.

  3. pepe
    15/09/2017 à 11:08 | #3

    @B.
    Pas d’accord. Outre le fait que l’appellation n’a pas une importance majeure, me semble t-il, “classe moyenne” présente l’avantage de situer cette classe entre les deux classes efficaces du rapport (pour filer la métaphore mécanique du “moteur de l’histoire”), et “salariée” l’avantage de sortir sociologiquement de cette définition la boutique, le petit patron individuel, le travailleur indépendant, etc, etc…
    De cette façon, on a bien, dans l’histoire du travail, une délégation par la classe dominante, celle des non travailleurs (famille dominante de la tribu, chef, clan, maitre, seigneur, patron, conseil d’administration…), de l’encadrement (“gérer, encadrer, former, enfermer, soigner, surveiller et j’en passe”) du gigantesque processus d’extorsion du surtravail (seule source de la richesse) à une catégorie supplétive, constituée à partir de la classe des travailleurs, au même titre que la domination, la surveillance et la gestion du ventre des femmes, seule source des “travailleurs”, sont déléguées à tous les hommes et à chacun d’eux.

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