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Un mur à Rio pour sécuriser la coupe du monde ?

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Quelques jours après les violents affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre brésiliennes et les trafiquants de drogue dans les favelas de la zone nord de la ville de Rio de Janeiro, l’effervescence médiatique internationale, stimulée par l’épisode de l’impressionnant crash en pleine ville d’un hélicoptère de la police abattu par les trafiquants au cours de la bataille, a laissé place à un imposant déploiement de la police militaire.[print_link]

Sa troupe de choc, la Bope (Bataillon des opérations spéciales de police), sillonne les quartiers de Morro dos Macacos , de São João, de Prazeres, de Nova Holanda, de Villa Cruzeiro et de Parque União pour se livrer à ce qui s’apparente désormais à un véritable « nettoyage » mortel. Cette unité des forces spéciales, dont un rapport d’Amnesty international en 2004 avait fortement dénoncé les méthodes, mène des « opérations » dont le bilan s’alourdit de jours en jours loin des caméras internationales.

Ce sont désormais 33 victimes (trois policiers, trois habitants des quartiers, 27 « suspects » selon les termes des autorités) qu’il faut dénombrer depuis les incidents du 17 octobre (on en déplorait alors 12).

A cela s’ajoute des blessés et une vague d’arrestations difficile à évaluer. La police militaire a indiqué qu’elle pourrait retenir, « pour un temps indéterminé », des habitants de la zone nord de Rio dans le cadre d’interrogatoires.

Enfin, des règlements de compte entre trafiquants auraient également fait, selon la police militaire, cinq morts dans d’autres zones de la ville, dans le centre et au sud.
La situation semble donc se détériorer. Le choix fait depuis des années par les autorités locales et fédérales de s’en remettre exclusivement à une stratégie répressive pour faire face au développement constant de la criminalité liée au trafic de drogue et de ses moyens matériels et financiers dans les principales métropoles du Brésil produit une nouvelle conséquence : les populations des favelas elles-mêmes semblent désormais rejeter la présence policière et de l’Etat dans leurs quartiers. A Rio, où les autorités ont développé une nouvelle politique d’installation permanente de la police dans certains d’entre eux, des témoins ont affirmé que lors des affrontements, des tirs opposaient en réalité des habitants et des policiers connus pour leurs comportements violents et corrompus. Cela pourrait expliquer la présence d’habitants dans la liste des victimes.

Dans le pays, l’heure est maintenant au bilan politique. Il est plus que probable que les évènements de Rio de Janeiro ne se traduiront pourtant par aucun changement structurel dans le pays, tant celui-ci a créé, au cours de son histoire, un véritable monde parallèle – celui des favelas – aux portes de ses mégalopoles.

Certains observateurs et acteurs de la vie politique brésilienne, y compris dans la gauche politique et sociale qui reste relativement silencieuse sur une problématique qu’elle a du mal à appréhender, n’hésitent plus à admettre que l’explosion des favelas pourrait constituer, en réalité, un problème sans solution. Ces zones où s’accumulent et s’organisent, depuis la fin du 19ème siècle, tous les exclus d’une société brésilienne et d’un modèle de développement économique violemment inégalitaires, racistes, générateurs d’expropriations massives et continues des travailleurs des campagnes et d’exodes vers les villes, de migrations, de misère et d’une extrême pauvreté, ont connu un développement permanent et n’ont jamais fait l’objet d’une véritable politique publique depuis des décennies.

Le cas de la ville de Rio de Janeiro est symptomatique. Deuxième ville du pays (12 millions d’habitants intra-muros et aire urbaine comprise), elle connait, selon Luis Carlos Lopes (professeur à l’Institut des arts et de la communication sociale à l’université fédérale de Fluminense –UFF-) « des problèmes socio-urbains (…) très graves. (Ceux) d’une ville divisée entre une petite partie très riche et 600 favelas ou plus très difficiles d’accès » [1].

S’il est impossible de savoir combien de personnes vivent précisément dans ces favelas, elles sautent néanmoins aux yeux du voyageur débarquant de l’aéroport de Rio pour former une mer de murs rouges recouvrant, chaque année, des surfaces toujours plus grandes autour de la ville.

L’archipel des favelas de Rio, comme ailleurs dans le pays, révèle, dans une singulière incarnation territorialisée, la persistance et le développement des inégalités et de la pauvreté dans le Brésil de Lula qui s’est pourtant beaucoup enrichi ces dernières années. Loin des satisfécits en modèle de développement économique et social efficace et de progrès délivrés par les médias internationaux et les institutions financières internationales au gouvernement Lula, l’existence des favelas rappelle l’approfondissement des fractures sociales et raciales sous ses deux mandats.

Comme l’indique Luis Carlos Lopes, la « situation (…) nécessite de prendre des mesures concrètes pour déminer ces bombes de relégations sociales(…). Une politique de l’emploi, une nouvelle répartition des richesses, une scolarisation réelle (…) et, surtout, l’exemplarité et l’honnêteté des institutions publiques pourraient faire la différence » [2].

Une telle politique n’a jamais été réellement menée par Lula dont le second mandat se terminera en 2010.

Pour sa part, Sergio Cabral Filho, gouverneur de l’Etat de Rio, a avancé une solution pour honorer les engagements du Brésil en 2014 (Coupe du monde de football) et 2016 (Jeux olympiques à Rio de Janeiro) : construire un mur pour séparer certaines favelas du reste de la ville…
par Christophe Ventura

publié : le 22 octobre 2009

Source : http://medelu.org/

Categories: Nouvelles du monde Tags:
  1. norman
    22/10/2009 à 20:43 | #1

    un mur qui se casse (Berlin)
    c’est dix murs qui reviennent ( Palestine,Bagdad,Mexique,Espagne, etc….)

  2. Patlotch
    25/10/2009 à 15:48 | #2

    Sans aller aussi loin, en différé de Figaro.fr

    ‘ OM-PSG : un choc sous haute surveillance
    R. S.
    24/10/2009 | Mise à jour : 17:47

    Quel que soit le classement et l’état de forme des deux équipes, un OM-PSG reste un sommet à haut risque.

    2 000 supporteurs parisiens sont attendus demain soir à Marseille. Du jamais vu. Une présence massive qui soulève quelques inquiétudes. Car si le clasico s’est aseptisé en coulisses et sur le terrain, le contexte reste tendu entre les supporteurs des deux meilleurs ennemis. Le 12 septembre dernier, deux cars transportant des fans de la section Champagne des Yankees (virage nord) qui se rendaient au Mans ont été caillassés porte d’Orléans. L’entraîneur marseillais Didier Deschamps a appelé au calme, hier en conférence de presse : « Sur le terrain, tout s’est pacifié. À mon époque, il y avait beaucoup plus de dérapages médiatiques. Le plus important, c’est que tout se passe bien autour, avant et après le match. »

    640 policiers seront mobilisés pour assurer la sécurité autour de ce choc forcément sulfureux. 19 bus de supporteurs parisiens vont descendre à Marseille. Comme d’habitude, ils seront encadrés par une imposante escorte policière. Par ailleurs, un millier de fans parisiens se déplaceront individuellement. Les autorités locales craignent la descente de franges dures de supporteurs du PSG venus régler des comptes avec leurs rivaux hors du stade.

    Sur le site Internet du club de la capitale, un itinéraire d’accès au stade est recommandé entre 13 heures et 18 heures. Une bonne idée ou une erreur de communication ? “

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