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L’archipel des autonomes

Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la “une” des journaux, le plus souvent à la façon “Black Bloc”, vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ?

Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà “un travail de flicage”, contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : “On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien.”[print_link]

Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent. Ils expliquent alors que la casse n’est pas “gratuite” mais ciblée : des banques qui incarnent le capitalisme, des entreprises privées qui construisent des prisons ou en gèrent la restauration, des agences pour l’emploi, des directions du travail. “Jamais le petit commerce”, ou ce qui n’a pas de sens, affirment-ils.

La règle connaît des exceptions. A Strasbourg, le 3 avril, une pharmacie a été incendiée. A Poitiers, le 10 octobre, un manifestant qui tentait de s’attaquer à l’enseigne Vertbaudet (vêtements pour enfants) en a été dissuadé par d’autres autonomes.

Les autonomes, les “totos”, sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France.

Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême gauche, ils refusent le label “ultragauche” qui pourrait leur correspondre le mieux. Mais son utilisation par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’intérieur, à propos de l’affaire Tarnac, a remisé cette appellation au rang de procédé policier. Tout comme celle, honnie, d'”anarcho-autonomes”. “C’est devenu synonyme de terroriste comme les salafistes”, explique Chloé, 33 ans, installée dans le Nord de la France et qui a pris ses distances avec le milieu autonome.

Un autre militant, Barnabé, 31 ans, bien actif, lui, en région parisienne, trouve aussi que “le terme résonne comme salafiste, et finit par signifier quelque chose d’inquiétant”. “Il s’agit de nous désigner comme des corps étrangers à la population”, dit-il. Nos interlocuteurs, cités par leur seul prénom, ont tous choisi un pseudonyme. Un anonymat qu’ils utilisent également dans leur vie militante.

La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. “Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE (contrat première embauche), puis, en 2007, lors de la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), ce qui a favorisé une radicalité”, souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves.

Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’Etat avait fêté sa victoire… “La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue”, justifie Barnabé. “Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter”, juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant.

“Lors de chaque mouvement étudiant, les totos font des recrues, pas les jeunes socialistes”, relève Chloé. Plus âgés, les autonomes comptent dans leurs rangs des diplômés brillants. Principal mis en examen dans l’affaire Tarnac, Julien Coupat a été doctorant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales après une grande école de commerce. Il pratique plusieurs langues étrangères. Il est loin d’être une exception. Certains sont issus de familles aisées, les plus nombreux plutôt de classes moyennes.

Les villes universitaires, comme Rennes, Rouen, Grenoble, Toulouse ou Lyon, ont supplanté Paris chez les autonomes. “Aujourd’hui, il existe chez eux une recherche sur les concepts beaucoup plus importante qu’il y a dix ans”, témoigne Oreste Scalzone, qui fut l’une des grandes figures de l’autonomie italienne dans les années 1970. “C’est peut-être lié à la présence d’étudiants en philo qui ont fait Erasmus (le programme européen d’échanges universitaires)”, poursuit cet homme très respecté dans le milieu et qui se dit admiratif du niveau de leur discussion. Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : “La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent.”

Etre autonomes, pour ces jeunes, “c’est exactement le contraire de ce que la plupart des étudiants entendent par l’expression “devenir autonomes”. Alors que pour ceux-ci, il s’agit en général de trouver un emploi et un appartement, il s’agit pour les premiers de parvenir à vivre sans se lier ni à un patron ni à un propriétaire”, souligne Rémy Piperaud, dans un mémoire universitaire intitulé “Radiographie du mouvement autonome”, soutenu cette année à la faculté de sciences politiques de Versailles – Saint-Quentin. “Ils cherchent d’abord à devenir autonomes par rapport à l’Etat et au capitalisme, écrit le chercheur. Ce qui différencie en premier lieu les militants de l’ultragauche de la plupart des militants d’extrême gauche, c’est le fait d’essayer dès à présent de combler le fossé qui sépare leur société idéale de la réalité sociale (…). Ils veulent construire le communisme et l’anarchie ici et maintenant.”

Les autonomes n’attendent pas d’entraîner une majorité pour mettre en pratique leur projet. Ils créent des “îlots de communisme”, en misant sur le fait qu’ils finiront par se multiplier et submerger la société.

Le squat est l’un de ces îlots. Le 16 octobre, à Montreuil, dans un garage désaffecté près d’une église, une quarantaine de jeunes ont ainsi tenté d’investir, en vain, les lieux. Depuis des années, la ville de Seine-Saint-Denis attire des autonomes qui ont, tour à tour, élu domicile dans divers endroits, dont une ancienne clinique, occupée boulevard de Chanzy et évacuée cet été.

A sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme – et non un squat – en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. “Une forme d’encerclement des villes par les campagnes”, s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une “utopie pirate”, une de ces “zones d’autonomie temporaire” échappant aux “arpenteurs de l’Etat”, comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu.

Ces îlots rassemblent chacun 30 à 40 personnes, parfois moins. Il ne s’agit pas d’un mouvement, plutôt d’un archipel, d’un réseau de groupes affinitaires. Les membres de ces groupes vivent ensemble, participent ensemble à des actions ponctuelles et se soudent petit à petit, renforcés par l’adversité et la crainte permanente des infiltrations policières. “Les communautés autonomes tendent à prendre la forme de véritables tribus, note Rémy Piperaud. En faisant tout pour constituer des contre-sociétés totales, les autonomes se rapprochent les uns des autres au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de la société extérieure.”

Quand ils parlent d’eux, ils disent “nous”, pas “je”. “C’est le “nous” des gens qui pensent qu’il y a nécessité à reprendre les choses en main plutôt que de se prendre les ruines de ce monde sur la gueule”, soutient Barnabé, le militant parisien, convaincu comme d’autres que l’effondrement du système est proche. Ce “nous” agit comme un rempart vis-à-vis de l’extérieur. Lorsqu’on demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. A Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. A une question sur la signification de tags, la réponse fusera : “Le collectif n’en pense rien.”

Leur défiance, voire leur haine des médias, est grande. Sur leur échelle de détestation, les journalistes, considérés comme instruments de contrôle social et de propagande, se glissent entre “les flics” et “les sociologues”. C’est peut-être la raison pour laquelle, à Poitiers, certains ont brisé les vitres d’un local de La Nouvelle République du Centre-Ouest. Sur ce point, l’affaire Tarnac a produit chez eux des réactions contrastées. “C’est la prison ou les médias”, professe Sébastien Schifres à ses camarades, partisan de s’exprimer auprès des journalistes, quand d’autres ont vu leur animosité envers les “journaflics” décupler. Avec l’entrée en scène de l’antiterrorisme, “les gens prennent de plus en plus de précautions”, constate Chloé. Déjà, le téléphone portable, source potentielle de localisation et d’écoute, ne faisait plus partie de leur attirail.

Les autonomes ont en commun d’être anticapitalistes, de rejeter l’Etat, l’idéologie du travail et du salariat, la société de consommation, et de le signifier par leur mode de vie et par leurs actions. Parce qu’ils ne veulent pas s’inscrire dans une société marchande, ils bricolent et sont hyperactifs. D’un côté, ils échangent, troquent, mutualisent, font de la récupération, sont capables de retaper entièrement une maison, se repassent des adresses des points de chute en France, et à l’étranger ; de l’autre, ils profitent, aussi, des opportunités comme celles que leur offrent les résidences secondaires au ski ou à la mer de certains parents. “Ils sont à la fois dans la frugalité et dans l’excès”, note un père. Ils sont très itinérants. Chez eux, la littérature américaine de l’errance liée à la crise des années 1930 reste une référence.

Ils prennent ce qu’il y a à prendre : les ressources familiales ou le RMI. Ils pratiquent les “auto-réductions”, c’est-à-dire le prix qu’ils estiment devoir payer mais aussi le vol dans les rayons. Se servent dans les poubelles des magasins et des particuliers. Fabriquent ce qu’ils n’ont pas, comme, il y a peu, des billets SNCF. L’un d’eux nous indiquera avoir eu, à l’étranger, maille à partir avec la justice pour possession de faux euros. “C’était pour faire vivre le squat et aller à des concerts punk-rock.”

Il existe aussi des antagonismes politiques forts et de vraies haines. Diverses chapelles coexistent, débattent, s’engueulent, se font la guerre parfois. Les “mouvementistes” s’impliquent plus que les autres dans les luttes des mal-logés, des sans-papiers et autour des conditions de vie des détenus. Les “insurrectionnalistes” mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. “Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente”, explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. “Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte.”

A l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt “lutte de classes”, d’autres plutôt “autonomie désirante”. Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. “C’est un chaudron compliqué”, plaisante Oreste Scalzone. Dans ce paysage touffu, Julien Coupat et ses amis sont désignés comme des “tiqquniens”, du nom de la revue Tiqqun aujourd’hui disparue, ou des “appelistes”, en référence à l’Appel, un texte collectif anonyme prônant l’insurrection, paru en 2003. Un groupe qui, jusqu’à l’affaire Tarnac, a pu être contesté dans le milieu pour le caractère élitiste, prophétique et comminatoire de ses écrits. Le tag latin “Onmnia sunt communia” (“Tout est commun”) remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : “C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça !” La citation est érudite : elle se réfère à… Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle.

Isabelle Mandraud et Caroline Monnot

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  1. Tonio
    08/11/2009 à 19:57 | #1

    Un commentaire de cet article qui vaut la peine d’être lu :

    De Tarnac à Poitiers, dans l’autonomie du journalisme nébuleux

  2. Patlotch
    09/11/2009 à 22:42 | #2

    On ne peut pas à la fois considérer que ce milieu n’est qu’une invention du ministère à des fins répressives, et se plaindre qu’une nébuleuse produise un article “nébuleux”. Le commentaire signalé par Tonio est à la hauteur.

    Il existe bien des actes et des personnes pour les produire, et ceci, sauf à être naïf, de façon plus ou moins (auto-)organisée, même de façon relativement spontanée.

    Je relève deux passages qui me semblent plus féconds que les autres, du point de vue du débat sur ce site, dans la mesure où il pourraient relever d’un minimum de conséquence théorique :

    « Ils [peu importe qui] expliquent alors que la casse n’est pas “gratuite” mais ciblée : des banques qui incarnent le capitalisme, des entreprises privées qui construisent des prisons ou en gèrent la restauration, des agences pour l’emploi, des directions du travail. “Jamais le petit commerce”, ou ce qui n’a pas de sens, affirment-ils. »

    « Etre autonomes, pour ces jeunes, “c’est exactement le contraire de ce que la plupart des étudiants entendent par l’expression “devenir autonomes”. Alors que pour ceux-ci, il s’agit en général de trouver un emploi et un appartement, il s’agit pour les premiers de parvenir à vivre sans se lier ni à un patron ni à un propriétaire”, souligne Rémy Piperaud, dans un mémoire universitaire intitulé “Radiographie du mouvement autonome”, soutenu cette année à la faculté de sciences politiques de Versailles – Saint-Quentin. “Ils cherchent d’abord à devenir autonomes par rapport à l’Etat et au capitalisme, écrit le chercheur. Ce qui différencie en premier lieu les militants de l’ultragauche de la plupart des militants d’extrême gauche, c’est le fait d’essayer dès à présent de combler le fossé qui sépare leur société idéale de la réalité sociale (…). Ils veulent construire le communisme et l’anarchie ici et maintenant.”»

    Passons sur l’appellation décalée de “mouvement autonome” et plus encore sur la connotation du label “ultra-gauche”, que ce Piperaud a en commun avec la ministère de l’Intérieur.

    Si l’on relie ces deux passages, ce qui serait un objectif – « construire le communisme et l’anarchie ici et maintenant » – aurait un moyen : “casser” « des banques qui incarnent le capitalisme, des entreprises privées qui construisent des prisons ou en gèrent la restauration, des agences pour l’emploi, des directions du travail ».

    Pourquoi pas ? A moins que tout cela, dans un processus révolutionnaire d’ampleur, devienne tout simplement inutile (Par exemple, délirons un peu : à quoi bon détruire l’argent quand il ne vaudra plus rien ? et des agences pour l’emploi quand il n’y aura plus d’offres de travail ?).

    Mais bon, on pourrait me reprocher de prétendre, appuyés sur le “journalisme nébuleux”, que tout le milieu en question est “immédiatiste”.

  3. A.D.
    10/11/2009 à 13:11 | #3

    “Pourquoi pas ? A moins que tout cela, dans un processus révolutionnaire d’ampleur, devienne tout simplement inutile (Par exemple, délirons un peu : à quoi bon détruire l’argent quand il ne vaudra plus rien ? et des agences pour l’emploi quand il n’y aura plus d’offres de travail ?).” : Patlotch.

    “A moins que”…bien sûr…Et si le processus révolutionnaire d’ampleur s’avérait encore plus ample : plus besoin de se battre, pourquoi pas?
    Les prétendus autonomes ou les réels rebelles( les” enfants gâtés”, les “révolutionnaires bourgeois”) peuvent tenir la scène car, c’est l’évidence même, il n’y a pas d’autres acteurs, pas de “processus…”etc.
    ….”tout le milieu en question est “immédiatiste”.” : Patlotch.
    Sûrement, mais alors l’opposition se situe entre : milieu immédiatiste/milieu théoriciste- attentiste…ce qui ne va plus loin car tous signifient l’absence de “processus révolutionnaire”
    A.D. contrario

  4. Patlotch
    10/11/2009 à 14:16 | #4

    AD « plus besoin de se battre, pourquoi pas ? »

    Tu as l’art de faire glisser insidieusement ce que je dis.

    Les luttes actuelles sont ce qu’elles sont. Selon. Ni plus ni moins. Ce qui en fait est leur résultat. Raisonnement par l’absurde, comme dit l’autre. La théorie, elle enregistre.

    AD « car, c’est l’évidence même, il n’y a pas d’autres acteurs, pas de “processus…”etc.»

    Yen a même pour qui le capitalisme n’est plus dans le capitalisme. Je te trouve aussi déprimant que ‘Temps critiques’. Si tu veux un vrai programme de non-abolition nécessaire, vois sa dernière livraison, “Quelques précisions sur capitalisme, capital, société capitalisée” > http://www.mondialisme.org/spip.php?article1318

    ” La lecture que nous faisons des “crises financières” depuis 20 ans, mais surtout à la lumière de celle de 2008, nous oblige maintenant à recadrer notre appareillage théorique ” Ça pourrait être un gag… même pas. L’inertie intellectuelle est ce qu’il y a de plus remarquable, chez les intellectuels.

    « ….”tout le milieu en question est “immédiatiste”.”

    Ce n’est pas ce que je pense, car je ne vois pas à un tel “milieu” au niveau mondial, et donc je lui trouve fort peu d’intérêt, dans la lutte de classes à ce niveau, qualitativement et quantitativement. Yen a on leur montre le capital, le capitalisme, ils regardent leur nombril.

    AD « Sûrement, mais alors l’opposition se situe entre : milieu immédiatiste/milieu théoriciste- attentiste…ce qui ne va plus loin car tous signifient l’absence de “processus révolutionnaire” »

    ça c’était le fantasme du landerneau, et ça a l’air de t’amuser énormément. Franchement, ayant fait le tour des deux côtés, je n’ai plus rien à cirer de cette opposition opportuniste qui n’intéresse que ceux qui ont besoin des autres (théoriciens vs activistes) pour exister, se faire connaître ou reconnaître, et faire durer leur jeunesse militante dans le miroir. Le mur est tombé, t’as pas suivi le film ?

    A part ça il n’est nulle part question de “processus révolutionnaire”, du moins pas encore, mais de dynamique intégrée de la lutte de classe et de l’économie politique. Bref, le mouvement historique et son cours quotidien.

  5. A.D.
    10/11/2009 à 14:51 | #5

    “…faire durer leur jeunesse militante dans le miroir. Le mur est tombé, t’as pas suivi le film ?.”
    ” Je te trouve aussi déprimant que ‘Temps critiques’.”
    “Les luttes actuelles sont ce qu’elles sont. Selon. Ni plus ni moins.”
    ” A part ça il n’est nulle part question de “processus révolutionnaire”, du moins pas encore, mais de dynamique intégrée de la lutte de classe et de l’économie politique.”
    Tout aussi insidieusement : De qui parles-tu? De quelle jeunesse militante? Quel mur est tombé au fait?
    Et pour la déprime, pour Temps Critiques, et tout ça, je m’en balance, Patlotch.
    “Les luttes actuelles sont ce qu’elles sont. Selon. Ni plus ni moins.”, AHHH!

  6. Patlotch
    10/11/2009 à 15:15 | #6

    AD ” De qui parles-tu? De quelle jeunesse militante? Quel mur est tombé au fait ?”

    Je parle des mêmes que toi “milieu immédiatiste/milieu théoriciste- attentiste” étiqueté selon le catalogue. “Jeunesse militante” parce que tout ça répète, en farce vues les portions et proportions, des oppositions qui sont devenues marginales et non significatives de ce qui se passe dans le monde, auxquelles on donne de l’importance parce qu’on en est ou qu’on les a sous les yeux près de chez soi. On l’a vécu ardemment étant jeune, les “habitudes”, les potes, la “fidélité”, c’est difficile d’être conséquent en pratique quand on théorise que l’avenir n’est plus ce qu’il était (ça peut s’adapter à n’importe quelle position, c’est l’inertie, l’amour propre aussi…).

    Le mur qui est tombé c’est celui que les mêmes ont construit, ou du moins surélevé en théorie, pour donner de l’importance à ce qui les opposait de part et d’autre, quand l’essentiel se produisait ailleurs qu’entre eux. Ce mur de Berlin du courant communisateur n’a plus de sens dans le rapport actuel des classes. Alors, voilà, va falloir inventer autre chose (sic), car le naturel militant a horreur de son vide.

    Et comme la théorisation ne se situe pas de plein pied sur le même plan que l’activité des luttes, quelles qu’elles soient et particulièrement celles qui pèsent, je trouve très heureux que les mêmes n’aient plus rien à se dire : la communisation, c’est ce qui se profile à l’horizon ;-)

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