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Communisation: débats et commentaires…

Une réponse d’Amer Simpson au texte en espagnol publié   ICI

Pour voir si le courant communisateur « partage une origine commune avec l’insurrectionalisme anarchiste », il faut sortir du cadre dans lequel l’auteur du commentaire pose la question.

1. Il n’y a pas de pratique en soi qui peut répondre à toutes les situations qui ne se sont pas encore présentées; la révolution est la coïncidence de la transformation des individus et des circonstances : l’autotransformation. Le courant insurrectionaliste part du principe que sa pratique actuelle qui répond aux circonstances actuelles a par nature (!) une essence révolutionnaire. La transformation de l’individu précède donc les circonstances… Il s’agit ni plus ni moins que de construire l’idéologie du choix, c’est-à-dire que pour les insurrectionalistes les conditions présentes se divisent en deux, elles se posent à la fois comme une objectivité matérielle contraignante et une subjectivité qui fait face à l’alternative de participer ou non à la société comme contrainte; c’est sur le refus de participer que le courant insurrectionaliste fonde la révolution mais il la fonde en séparant les conditions présentes du capitalisme de l’activité du prolétariat comme si le rapport entre les deux n’existait pas ou plutôt n’était pas le fondement des deux en tant que le contenu de chacun n’est que le rapport du l’un – le  prolétariat – dont l’existence est totalement la reproduction de l’autre – le capital. L’individu et la société sont en fait les deux points fixes du même rapport : l’exploitation d’une classe par une autre et c’est l’ensemble de ce rapport d’exploitation qui se transforme dans la lutte; donc pas seulement les individus qui décident consciemment d’agir sur les circonstances, ni seulement les circonstances qui agissent inconsciemment sur les individus, mais le rapport qui produit les deux; une destruction des catégories du capital implique nécessairement un changement de comportement chez les prolétaires, mais ce changement n’est pas plus un préalable qu’un résultat.

2. Le courant insurrectionaliste est une production théorique au même titre que l’ensemble des actes et discours qui sont produits par le cours quotidien de la lutte des classes. En fait, c’est la lutte qui produit sa théorie au travers l’ensemble des pratiques qui cherchent à répondre à une situation particulière dans une conjoncture qui dicte l’allure de la lutte. La production capitaliste produit historiquement son dépassement, mais il le produit comme luttes dispersées dans les catégories du capital étant chacune le contenu du moment actuel de la lutte des classes; les luttes sont donc théoriciennes, se sont elles qui produisent l’ensemble du contenu que les différents courants idéologiques traduisent de façons plus moins adéquates. Personne ne peut avoir de réponses toutes faites, seulement une réponse adéquate à certains problèmes particuliers selon une perspective générale. Dans ces conditions, tout le monde a son mot dire, parce que nous sommes tous confronté à la même situation aves des positions différentes. Voilà pourquoi le courant insurrectionaliste est tout autant embarqué et confronté que le courant communisateur dans les luttes.

3. Le courant insurrectionaliste est de son époque (tout comme le courant communisateur), c’est-à-dire qu’il cherche à répondre aux questions que pose ce cycle de luttes : la reproduction du capital est identique à la reproduction du prolétariat comme classe. Cette identité dans la reproduction d’ensemble du rapport de classes contraint les prolétaires en luttes à poser leurs propres activités de classes – ce qu’ils sont comme classe du travail face et contre le capital – comme quelque chose qu’ils doivent remettre en cause et dépasser; il y a nécessité d’abolir sa propre reproduction comme classe car elle est en même temps la reproduction du capital comme horizon indépassable et comme contrainte extérieure. C’est dans cette dynamique que nous sommes tous et toutes embarqués. Dynamique qui produit à l’intérieur des luttes un écart entre le fait d’agir comme classe et le fait que cette « agir comme classe » reproduit les conditions présentes de l’exploitation. Mais pour les insurrectionalistes, cette dynamique exprime quelque chose de plus que la simple réalité actuelle de la lutte des classes. Le problème apparait quand cette dynamique s’autonomise du cours quotidien de la lutte et devient un mode d’emploi général détaché de toutes circonstances particulières, autrement dit la pratique insurrectionaliste se prend elle-même pour la dynamique de ce cycle de luttes au lieu d’en être une simple expression parmi d’autres. C’est finalement en raison de cette substitution que les insurrectionalistes sont en mesure de produire leur propre activité, celui où « un groupe de gens partage une maison et de plus publie des textes contre le système » et en parle comme si « cela serait la communisation en actes », ou encore la révolution immédiate dans laquelle la dynamique de ce cycle de lutte – le fait d’agir comme classe pour défendre sa reproduction et en même temps d’être contraint de remettre en cause et donc d’agir contre sa reproduction de classe – devient une alternative entre deux pratiques concurrentes : celle qui accepte et celle qui refuse la société comme contrainte. C’est donc à partir du choix de refuser la contrainte de se reproduire comme classe dans la société capitaliste que le courant insurrectionaliste exprime le contenu du cycle de lutte actuel mais sous une forme idéologique qui leur permettre d’exister comme groupe distinct du reste de la classe et se référant à sa propre pratique pour définir la révolution.

4. Le problème avec le courant insurrectionaliste… s’il existe ! n’est donc pas sa recherche d’une théorie correspondant à sa propre pratique – supposément « parce que l’insurrectionalisme est dépourvu de toute base théorique », car « incapable de produire ses propres explications, adoptant incongrûment des théories qu’il se refuse à discuter, et survit à peine grâce à la visibilité médiatique que lui valent ses attentats à l’explosif » –; ce n’est pas n’ont plus le fait qu’entre eux et le courant communisateur il existe une manière différente « de comprendre pratiquement et théoriquement ce qu’est le capitalisme et ce que signifie être anti-capitaliste » et que par conséquent, il n’existe « aucun point de contact entre la théorie communisatrice et l’insurrectionalisme » sinon une « assimilation superficielle » par ce dernier de ce que le premier a écrit jusqu’ici; ce n’est pas d’avantage « l’impatience et l’individualisme » de ce courant, ni son manque de « modestie, sérénité, vue d’ensemble et sens historique de l’action », ou encore « leur propre dérive existentielle (…) autour de notions pragmatiques et  immédiatistes »; rien de tout cela nous explique pourquoi ce courant existe. Car de tout évidence, ce courant, ne serait-ce que par sa pratique elle-même, est et reste une théorie restreinte de ce que la réalité des luttes produit comme théorie d’ensemble, une réponse particulière que pose en générale notre époque : comment une classe de par sa situation dans le procès d’exploitation, peut, au travers son activité de classe, abolir les classes et donc abolir tout ce qui fait son existence et sa reproduction comme classe.

5. D’après les commentaires aux quels je réponds, le courant insurrectionaliste est issu du mouvement autonome italien des années 70 – de la même façon que le courant communisateur serait issue des groupes qui ont tenté de dépasser les contradiction du courant des Gauches communistes (dit « ultra-gauche »)dans ces mêmes années – et puiserait donc ses origines dans la défaite du mouvement ouvrier qui suit la crise révolutionnaire des années 60 : c’est-à-dire dans la répression des mouvements contestataires, dans la destruction des bastions ouvriers, dans la délocalisation, la sous-traitance et la déréglementations du travail, dans l’intégration massive des jeunes et des femmes sur le marché du travail, dans l’individualisation administrative de la main-d’œuvre et de ses droits sociaux, dans le désengagements de l’état, etc., bref, tout ce qui touche de près ou de loin la fin de l’identité ouvrière et la reproduction du prolétariat comme masse d’individus prolétarisés plutôt que comme classe. De ce point de vue, le courant insurrectionaliste, autant dans sa pratique que dans sont discours, ferait ainsi partie du mouvement critique du programmatisme (dans lequel l’ultra-gauche et les situationnistes se sont débattu) qui aboutira à la théorie de la communisation et à ses propres débats. Mais la raison pour laquelle il en fait partie n’a rien à voir avec le fait que sous la communisation se « trouve un ensemble très hétérogène de théories et de propositions pratiques », qu’elles soient douteuses ou pis, la raison est que ce courant – prit dans un mouvement plus large – fait partie d’un autre « ensemble » qui est l’époque dans laquelle nous sommes toutes et tous embarquées et qui détermine l’ensemble des actions et discours de la lutte de classes actuelles.

6. Prit historiquement, c’est moins le courant insurrectionaliste que ce qu’il représente qui porte intérêt. Mais pour comprendre dans quoi s’inscrit ce courant, il faut comprendre brièvement (je m’en excuse !) en quoi consiste la restructuration du mode de production capitaliste qui à fait naître et permet à la théorie de la communisation d’exister comme telle. Ce qui est visiblement manifeste depuis la restructuration des années 70-80, c’est que la reconnaissance du prolétariat comme classe à l’intérieure même de la reproduction du capital – tout ce qui définissait la classe ouvrière comme interlocuteur dans l’achat et la vente de la force de travail ainsi que dans le procès de production – à disparue. Dorénavant, la révolution ne se pose plus dans ces termes, car tout ce qui permettait au prolétariat de se construire à partir de lui-même comme classe autonome (auto-organisation) face et contre le capital est devenu reproduction du capital, ou plutôt reproduction du prolétariat à l’intérieure des catégories du capital. Aujourd’hui, il n’y a plus d’identité ouvrière, la bourgeoisie n’a plus besoin de reproduire le prolétariat comme un « compromis fordiste », comme une force collective à qui l’on reconnaît un certain pouvoir dans les entreprises ainsi qu’un certain pouvoir dans le gouvernement parce que son pouvoir d’achat, son rôle de consommateur est devenu indispensable pour le développement capitaliste qui fait suite à la crise révolutionnaire des années 20. En effet, à cette époque, la production capitaliste qui devient plus intensive avec l’apparition de la chaine de montage (fordisme) et l’organisation scientifique du travail (taylorisme) contraint les capitalistes à vendre une plus grande quantité de marchandises pour réaliser la transformation de la plus-value en capital additionnel. Pour ce faire, les classes capitalistes impérialistes sont donc historiquement contraintes – avec le fait de faire la guerre – d’intégrer la classe ouvrière non seulement dans la production mais aussi dans la consommation et finalement de prendre en charge la reproduction élargie du prolétariat (keynésianisme) sur leur propre territoire national. Il se crée alors une situation où pour boucler le cycle de valorisation du capital (capital/production de plus-value/marchandise/capital additionnel), les capitalistes doivent reconnaître la classe ouvrière comme un acteur formel dans le développement capitaliste de chaque nation. C’est cette situation qui permet aux syndicats et aux partis ouvriers de devenir un interlocuteur puissant face aux capitalistes et par conséquent, permet au prolétariat d’être reconnu comme classe ouvrière à l’intérieur de la reproduction du capital. C’est aussi cette situation qui permet aux régimes fascistes de s’imposer dans quelques pays non négligeables géopolitiquement. Mais cette nécessité pour le capital d’intégrer la reproduction du prolétariat dans sa propre reproduction sur la base d’une reconnaissance de la classe du travail en tant que classe organisé syndicalement et politiquement sur un air national est historiquement un « compromis » que les capitalistes confronteront et démantèleront lors de la crise des années 60-70, et cette restructuration aura pour but de dépasser les limites que ce « compromis » aura cumulé depuis la fin de la guerre. Maintenant que ce « compromis » n’est plus nécessaire, la reproduction du prolétariat à l’intérieure de la reproduction du capital n’a plus besoin de confirmer aucune identité de classe, aucun pouvoir ouvrier, aucune base sur laquelle les prolétaires peuvent s’organiser pour faire face au capital et construire contre le capital une période de transition vers le communisme. Cette époque – ce cycle de luttes – est définitivement éteinte.

7. La communisation est le produit d’un nouveau cycle de luttes qui pose l’identité de la reproduction des classes comme une contrainte qui apparait dans l’activité révolutionnaire du prolétariat. Étant entendu que la reproduction du capital – qui implique nécessairement la reproduction du prolétariat comme force de travail toujours disponible face au moyen de production – ne confirme plus aucun identité de classe faisant obstacle à la reproduction d’ensemble de son procès d’exploitation, il en résulte que la vie du prolétaire, tout ce qu’il est comme classe, est devenu en soi reproduction du capital mais comme quelque chose qui lui fait face, qui lui est étranger, qui le divise en permanence. La majorité des prolétaires ne s’identifient plus à leur classe comme à quelque chose de propre mais comme une contrainte extérieure, une obligation sociale pour gagner de quoi vivre… les insurrectionalistes n’y échappent pas, même si parfois ils y croient. La contrainte n’est pas quelque chose à laquelle on échappe par choix mais plutôt ce qui apparait dans la lutte quand les prolétaires en viennent à poser leurs propres activités – ce qu’ils sont comme classe du travail face et contre le capital – comme quelque chose qu’ils doivent remettre en cause et dépasser, pour la simple raison que la lutte est le seul moment où se produisent les écarts qui permettent de parler de la reproduction du prolétariat comme d’une contrainte. Ce sont les luttes qui sont théoriciennes. C’est dans les grèves suicidaires, la destruction des usines par ses ouvrières, le mouvement des chômeurs qui refusent de travailler, les étudiants qui ne revendiquent rien, les émeutes qui détruisent leur propre quartier et j’en passe… qu’apparait la reproduction du prolétariat comme limite de la lutte, comme contrainte à dépasser, pas dans une pratique qui s’autonomise des luttes pour se faire voir comme « écart ».

8. Il y a un rapport entre les émeutes et le courant insurrectionaliste qui permet à ce courant de se trouver une niche où exister. Mais pour arriver à ce rapport, il faut voir en quoi le contenu de l’émeute n’est pas tant dans la situation particulière qui la provoque et la situe dans un lieu et un tort précis mais dans l’époque où s’inscrit cette situation particulière et qui fait qu’une émeute – au même titre qu’une grève – produit une théorie spécifique à cette époque. Le contenu actuel de l’émeute se trouve dans l’identité de la reproduction du prolétariat à l’intérieure de la reproduction du capital comme procès d’exploitation. L’émeute, au moment où la reproduction du capital ne reproduit plus aucune identité de classe, est beaucoup plus adéquate quand se manifeste une révolte collective qui concerne tous les aspects de la vie, où toute l’existence du prolétariat en tant que classe fait face aux prolétaires révoltés comme des contraintes matérielles à détruire, comme des institutions corrompues à saccager, comme des symboles de sa propre misère à brûler. Les émeutes sont en quelques sortes une façon de faire la grève pour ceux et celles qui n’ont pas de lieu de travail comme élément rassembleur de leur colère. L’émeute est devenue un élément théorique du cycle de luttes présent parce que le cours quotidien de la lutte de classe ne passe plus seulement par la production mais par l’ensemble des catégories sociales qui reproduisent le prolétariat comme classe en rapport réciproque et contradictoire avec le capital. Cette théorie de l’émeute comme moment privilégié d’un assaut contre la société pour la simple raison qu’il concerne l’ensemble de la vie quotidienne a déjà été développé par les situationnistes et a suivi son cours jusqu’à aujourd’hui (voir la Téléologie délirante de la Bibliothèque des émeutes ainsi que les Tiqquneries sur le Comité invisible et le Parti imaginaire). Mais une théorie sur l’émeute n’est pas une théorie sur la révolution. Sortit de son cours quotidien des luttes, l’émeute n’est rien. L’émeute en elle-même ne peut être cernée que sous le concept de « débordement » parce que temporairement l’ensemble des identités sociales sont suspendues, transformant temporairement ceux et celles qui font l’émeute en émeutiers qui s’attaquent aux conditions présentes; et je dis temporairement parce qu’en dehors de l’émeute ceux et celles qui la font retrouvent toujours la normalité de leurs conditions présentes et de leurs identités sociales. L’émeute n’a aucune permanence possible – pas plus que ce qui est vécu pendant l’émeute – mais dans ce cours lapse de temps, la contrainte de la reproduction du prolétariat comme classe apparait dans ce qui est détruit, mis à sac, brûlé, vandalisé… soit à peu près tout ce qui touche la vie des prolétaires dans leur misère quotidienne. Mais depuis décembre 2008, l’émeute comme théorie a atteint ses propres limites, le temps des émeutes n’est déjà plus le même.

9. Le rapport qui unit mais sépare en même temps le courant insurrectionaliste de l’émeute tient dans l’autonomie donné au contenu de l’émeute : le fait « d’agir comme classe » et en même temps de remettre en cause cette « agir comme classe » à l’intérieure de l’activité de lutter face et contre le capital. Le courant insurrectionaliste fait de la dynamique de ce cycle de luttes quelque chose qui lui est propre ou plutôt quelque chose qu’il est possible de reproduire à partir de certaines conditions objectives et subjectives. Ce qui apparait dans la lutte : la reproduction du prolétariat comme une contrainte extérieur, ce courant le pose comme la contrainte de la société capitaliste devant laquelle la remise en cause de sa propre reproduction en tant que classe devient un choix individuelle entre participer à la société ou la combattre. Le problème avec cette position, c’est qu’elle se détache du cours de la lutte de classes, elle se pose elle-même face à la lutte comme l’écart en personne, « la communisation en acte », autrement dit les pratiques expérimentées et acquises jusqu’à maintenant dans des conditions déjà connues pour combattre la société deviennent le bagage d’expériences sur lequel ce courant fonde et définit sa propre existence comme la stratégie révolutionnaire adéquate à toutes situations. Ce n’est plus la lutte qui produit l’écart mais l’écart qui se porte au secours de la lutte; ce ne sont plus les individus prolétarisés qui voit apparaître dans leur lutte contre le capital leur propre reproduction comme contrainte, posant ainsi ce qu’ils sont dans cette société et la société elle-même comme quelque chose qui doit être remis en cause et dépassé dans la communisation, mais des individus conscients de leur combat contre la société capitaliste qui, en dehors des luttes, pose cette société comme contrainte permanente et s’invente la possibilité de choisir individuellement, au quotidien, la remise en cause de cette société et de pratiquer immédiatement la communisation. Les insurrectionalistes cherchent donc ni plus ni moins à recréer les conditions de l’émeute partout où il y a contestation. Dans l’époque actuelle où  justement les luttes ont pour dynamique de créer des situations nouvelles qui exigent de dépasser ce qui justement a été accumulé comme acquis dans les expériences passées, ils espèrent retrouver ce qui est déjà connu de la révolte ou, plus avant-gardiste encore, faire en sorte que leur présence soit l’exemple en acte de l’émeute. Ce courant se revendique de la communisation en ritualisant l’émeute comme action directe : la casse, la confrontation avec la police, le pillage… ou encore en idéologisant l’émeute comme alternative : critique des identités sociales, négation de la propriété et de la légalité, expérimentation collective de nouveaux rapports entre les individus… pour finalement donner naissance à une identité reproductible et identifiable dans le cours quotidien de la lutte de classe : le courant insurrectionaliste.

10. La meilleure expérience n’est-elle pas de savoir être attentif aux nouveautés qui s’offrent dans la lutte et de laisser derrière ce que nous fûmes. Si la revendication ne peut plus rien offrir de stable et permanent parce qu’il n’y a plus d’alternative à construire à partir de ce qui est déjà présent, cela ne veut pas dire que l’émeute devient la seule forme de lutte adéquate à ce cycle de luttes. C’est pourtant ce que semble finalement nous proposer le courant insurrectionaliste lorsqu’il pose la révolution comme une pratique immédiate, hors de toutes luttes, de toutes transformation des circonstances. Mais cette position ne pourra plus tenir quand la montée des luttes prendra de cour et embarquera ce courant dans un mouvement de révolte plus large où la façon de se poser dans la lutte comme la « communisation en acte » sera remise en cause par le mouvement même. Le courant insurrectionaliste est actuellement présent dans les luttes; il est probablement sur la ligne de front d’une barricade en feu; il discute, mange, prend position et rit avec ceux et celles qui bataillent avec lui; et c’est pourquoi ces positions existent mais elles sont aussi confrontés, débattus et parfois inadéquates à la situation; il sera finalement comme tout le monde dépassé par des théories nouvelles correspondant aux nouvelles situations – comme disait Malatesta – pour finalement lui-même abandonner ses vieux habits…

Pardons ! Vous n’auriez pas vu passer l’insurrection ?

Non ! Mais il y a l’émeute au coin de la rue, elle pourra surement vous renseigner sur la direction à prendre pour la trouver.

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