Après quelque deux décennies de croissance, beaucoup s’accordent cependant à penser que les études postcoloniales n’ont pas toujours su éviter la routinisation et le discours réitératifs, fussent-ils justifiés par l’intertextualité ; quand elles n’invitent pas à l’ironie – catégorie dont se réclament pourtant les penseurs postmodernes. La critique de ce champ de controverses adossé aux rapports entre Nord et Sud, appelle donc une « lecture contrapuntique » – l’expression est de Said [23] – en vue de repérer les travers et les lubies propres à ce champ d’études [24].
En s’installant dans l’ « esthétique de la différence », les études coloniales ont privilégié la pensée binaire, et multiplié les antinomies en gravitant sans relâche autour de l’ « identité politique ». Certes, leurs praticiens pistent les traces et les indices des « absents de l’histoire », et traquent obstinément les « sans-voix » ; mais, la plupart du temps, c’est à seule fin d’idéaliser les « subalternes » ou les « communautés » en vantant leur « capacité d’action » ou de réaction toujours assimilée à une forme de « résistance » – la dite « arme du faible [25] ». Lire la suite…
« La division du travail produit la spécialisation professionnelle ; chacun croit que son métier est le vrai. Sur le lien de leur métier avec la réalité, ils se font nécessairement des illusions, d’autant plus que la nature même du métier l’exige déjà. Dans la jurisprudence, la politique, les conditions sociales se changent en concepts dans la conscience ; comme ils ne franchissent pas les limites de ces conditions, les idées qu’ils en ont dans leur tête sont forcément des idées fixes : le juge, par exemple, applique le Code, et voilà pourquoi la législation est à ses yeux le vrai meneur actif. Leur marchandise inspire le respect, parce que leur profession a pour objet l’intérêt général » (Marx, L’Idéologie allemande, Ed. Pléiade, p.1035)
Peu de documentation nécessaire préalable ici, la réfutation est interne à ce que l’on attaque : « Badinter remet les droits des salariés au cœur du code du travail » titre sur cinq colonnes Le Monde daté du 26 janvier 2016 au dessus de la photo d’un vieillard bienveillant et studieux.
Le Droit
Nous savons que le Droit prend nécessairement la forme d’un système qui tend à la non-contradiction et à la saturation internes, il est aussi nécessairement formel. Sa saturation consiste en ce qu’aucun cas ne doit lui échapper et nous verrons que Badinter réalise le tour de force d’inventer la « saturation négative ». Sa formalité consiste à mettre entre parenthèses, dans le Droit lui-même, les contenus auxquels il s’applique, mais elle n’a nullement pour effet de faire disparaître ces contenus. Le formalisme du Droit n’a de sens qu’en tant qu’il s’applique à des contenus définis qui sont nécessairement absents du droit lui-même. Ces contenus sont les rapports de productions et leurs effets. Enfin le Droit est nécessairement répressif, il ne saurait exister sans un système corrélatif de sanctions. Dernière banalité en guise de synthèse : le Droit ne possède la forme du Droit, sa systématicité formelle, sa saturation et l’autolégitimation de la sanction, qu’à la condition que les rapports de production, en fonction desquels il existe, soient complètement absents du Droit lui-même. Bref : le Droit n’existe qu’en fonction d’un contenu dont il fait en lui-même totalement abstraction. Lire la suite…
« Depuis 2011, la ville américaine de Flint, au bord de la faillite, a puisé son eau potable dans la rivière. Comment la presse a-t-elle réussi à taire une telle situation d’état d’urgence sanitaire ?
Seuls les désastres rendent les pauvres visibles
C’est un trou noir de l’information, qui vient d’être projeté brutalement en pleine lumière. Un vrai trou noir. Un scandale meurtrier s’est déroulé de longs mois durant, avec la complicité des autorités locales, sans que la presse locale en dise un mot. Cela ne s’est pas passé au Nigeria, au Burundi, ni au Yémen, ces enfers pour reporters. Ni en Erythrée ni en Corée du Nord, ces dictatures épouvantables. Ni au Mexique, où les journalistes doivent enquêter au risque des cartels. Cela s’est passé dans un pays démocratique, où les journalistes peuvent se déplacer et publier librement, sans craindre de représailles judiciaires ni physiques. Au cœur des Etats-Unis. Dans le Michigan. Exactement à Flint, à une heure de route de Detroit. Depuis 2011, la ville de Flint, au bord de la faillite, a été obligée de puiser son eau potable dans la rivière, au lieu d’acheter à Detroit de l’eau du lac Huron. Les premières conséquences sur la santé publique (vomissements, pertes de cheveux, éruptions cutanées) apparaissent début 2014. La ville recommande alors de faire bouillir l’eau avant de la boire. Pour venir à bout des bactéries, elle accroît sa teneur en chlore, ce qui pose de nouveaux problèmes. L’eau attaque ensuite les canalisations, ce qui libère du plomb. On déplore dix morts, bilan provisoire.
Décès d’un chômeur – heurts entre police et manifestants – pillages dans la banlieue populaire de Tunis
Les autorités ont décrété vendredi un couvre-feu dans tout le pays entre 20 h et 5 h, en réaction aux « atteintes contre les propriétés publiques et privées ».
« Si tu veux trouver un boulot, il faut payer entre 2 000 et 3 000 dinars [entre 1 000 et 1 500 euros] ou être bien introduit »
Ettadhamen, quartier populaire à l’ouest de Tunis, s’est joint aux agitations sociales qui ont éclaté ces derniers jours un peu partout dans le pays.
Des opérations de saccages et de vols ont été signalées, dans la soirée du jeudi 21 janvier 2016, à la cité Ettadhamen, où des groupes de pilleurs, profitant d’un vide sécuritaire, ont investi un magasin qu’ils ont mis à sac.
D’autres bandes de casseurs se sont introduits au Magasin Général de la cité El-Intilaka où ils ont subtilisé des appareils électroménagers. Et aux dernières nouvelles, l’agence d’Attijari Bank a été attaquée et pillée.
Les observateurs font remarquer que les incidents dans les deux grandes cités populaires de la banlieue ouest de Tunis, Ettadhamen et El-Intilaka, font craindre l’embrasement d’autres quartiers de la capitale.
Deux vidéos en éléments de contexte des réflexions sur les tueries de 2015 en France
1) Badiou: « penser les meurtres de masse… »
Fichier audio:
2) Arrêt sur image: « Les terroristes se retrouveraient totalement dans le discours de Valls » Sciences sociales : expliquer, est-ce excuser ?
(Vidéo retirée à la demande des auteurs…..vous pourrez peut être la télécharger quelque part……dndf)
Syriza, la dette, le boutiquier et les luttes de classes en Grèce
Au cours des émeutes de 2008, les deux fractions de la petite bourgeoisie, la moderne et la traditionnelle, étaient unies derrière la police contre les pratiques du prolétariat des chômeurs, des précaires, des travailleurs immigrés du secteur informel, ne leur manifestant qu’une sympathie idéale. En 2011, la « crise de la dette » si savamment construite par les grandes familles bourgeoises grecques avait assommé toute la société, les classes moyennes « indignées » rejoignirent le prolétariat sur les places, mais déjà elles avaient pris l’ascendant sur lui : il ne s’agissait plus que de peuple, d’injustice, de distribution, de crédits et de revenus. La crise était devenue celle de l’oppression étrangère, de la légitimité de l’Etat, elle était devenue une affaire nationale.
« La note qui suit est un billet d’humeur contre le Droit à la Paresse. Il y a des années que je pense que ce texte ne mérite pas la réputation qu’il a. J’ai fini par y regarder d’un peu près pour vérifier si ma réaction épidermique était justifiée. La réponse est oui. » lire la suite…
Des ouvriers chinois écrivent le drame de l’«atelier électronique du monde»
« La perte de toute vie / Est la disparitiond’un autre moi/Une autre vis s’est desserrée / Un autre frère du travail migrant se jette du bâtiment / Tu meurs à ma place / J’écris des poèmes à ta place »
Ces vers sont de Zhou Qizao, ouvrier dans une méga-usine du groupe Foxconn à Shenzhen, en Chine. Zhou les a composés le 1er octobre 2014, après avoir appris le suicide de son jeune collègue Xu Lizhi, lui aussi poète entre deux quarts de travail sur la chaîne d’assemblage.
L’individu dans sa singularité la plus immédiate n’est pas un donné subsistant par lui-même, enserré ensuite dans des formations sociales de plus en plus générales; aucun « je » n’existe d’abord pour lui-même avant d’être en rapport. Il n’est une singularité qu’en étant toujours en rapport avec d’autres singularités et en existant comme singularité dans ces rapports, dans une totalité de rapports (« tout rapport à soi n’existe que comme rapport aux autres »)
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