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De l’illégitimité de la revendication sur le salaire

Dans le moment présent de la crise (qui n’en est encore qu’à ses débuts), « l’illégitimité de la revendication salariale » indique que la revendication salariale – argent et/ou conditions de travail – n’est plus « systémique », c’est-à-dire qu’elle ne fait plus système avec un capital pouvant conjuguer augmentation du taux d’exploitation (taux de plus-value) et augmentation des salaires réels (système présenté par les défenseurs du capital comme « partage des gains de productivité ») : elle n’est plus adéquate au moment actuel. Dans l’aggravation de la crise du rapport, dans le moment où les échanges entre capitalistes se bloquent et où les États vont faire la guerre à leurs prolétaires (mais aussi entre eux) pour qu’ils acceptent des relégations massives dans des zones poubelles afin de permettre la poursuite d’une exploitation acharnée, dans ce moment c’est la survie même qui est en cause. La lutte contre le capital devient lutte pour cette survie.

Cambodge: la police tire sur des ouvriers du textile, 3 morts

AFP 3 JANVIER 2014

Des affrontements entre police et ouvriers du textile à Phnom Penh le 3 janvier 2014

Des affrontements entre police et ouvriers du textile à Phnom Penh le 3 janvier 2014 (Photo Tang Chhin Sothy . AFP)

La police cambodgienne a ouvert le feu vendredi à Phnom Penh sur une manifestation d’ouvriers du textile, faisant au moins trois morts, dernier épisode violent d’une mobilisation qui dure depuis des semaines pour réclamer des augmentations de salaires.

Les tirs ont eu lieu alors que des milliers d’ouvriers bloquaient une route devant leurs usines et que certains manifestants armés de bâtons, de pierres et de cocktails Molotov se sont opposés aux forces de l’ordre.

Arrestation d'un manifestant par la police anti-émeutes à Phnom Penh le 3 janvier.

La police militaire a d’abord effectué des tirs de semonce, avant d’ouvrir le feu directement sur les manifestants, selon un photographe de l’AFP.

«Trois personnes sont mortes et deux ont été blessées», a déclaré à l’AFP Chuon Narin, commissaire adjoint de la police de Phnom Penh.

La mobilisation des ouvriers du textile, qui coïncide avec des manifestations de l’opposition réclamant le départ du Premier ministre Hun Sen, avait déjà conduit en novembre dernier à la mort d’une femme par balle.

«Cette fois, ils ont utilisé des fusils», a dénoncé Chan Soveth, du groupe de défense des droits de l’Homme Adhoc, qui était sur place, assurant qu’une dizaine de manifestants avaient été gravement blessés.

Le porte-parole de la police militaire Kheng Tito a lui indiqué que l’intervention avait été rendue nécessaire après que neuf policiers ont été blessés dans des incidents avec les manifestants.

«Nous étions inquiets pour la sécurité, alors nous devions réprimer» la manifestation, a-t-il déclaré, notant que deux personnes avaient été interpellées.

cocktil cambodge

Un ouvrier lance un cocktail Molotov sur les forces de l’ordre à Phnom Penh, le 3 janvier 2014.

REUTERS/Samrang Pring

«Anarchie»

«Si nous leur permettons de continuer à faire grève, cela va devenir l’anarchie», a-t-il assuré.

Les manifestations du secteur textile, crucial pour l’économie cambodgienne, se sont multipliées ces dernières années pour dénoncer les conditions de travail. Les syndicats se plaignent notamment d’évanouissements collectifs, attribués à la sous-alimentation et au surmenage.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a souligné récemment que les conditions de travail s’étaient détériorées.

Au coeur des revendications de cette dernière mobilisation: le passage à un salaire minimum de 160 dollars par mois en 2014. Il est jusqu’ici de 80 dollars et le gouvernement a promis récemment de le porter à 95 dollars dès avril 2014, ce que les syndicats jugent insuffisant.

Le secteur textile emploie quelque 650.000 ouvriers, dont 400.000 pour des sociétés qui travaillent pour des grandes marques internationales.

Les ouvriers du textile se sont récemment alliés aux manifestants de l’opposition qui réclament de nouvelles élections, estimant que celles de juillet ont été entachées de fraudes massives.

«Nous déplorons ces violences, que nous condamnons avec la plus grande vigueur», a déclaré vendredi à l’AFP le chef de l’opposition Sam Rainsy.

«C’est une tentative inacceptable de casser non pas seulement une grève ouvrière, mais c’est une tentative pour casser le mouvement ouvrier dans son ensemble. Et derrière le mouvement ouvrier, de casser le mouvement démocratique qui est en train de se développer au Cambodge», a-t-il ajouté.

Le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) de Rainsy, qui manifeste quotidiennement dans la capitale, prévoit un grand rassemblement de trois jours à partir de dimanche.

Après la «fusillade» de vendredi, «les gens sont certes choqués mais ils sont plus déterminés que jamais à obtenir pour les ouvriers un salaire minimum décent et pour tous les citoyens cambodgiens de nouvelles élections», a insisté Rainsy.

Selon les résultats officiels, le Parti du peuple cambodgien (CPP) au pouvoir, malgré son plus mauvais score depuis 1998, a remporté 68 sièges aux législatives du 28 juillet, contre 55 au CNRP.

Mais l’opposition a revendiqué la victoire et dénoncé un «coup d’Etat constitutionnel». Ses députés boycottent l’Assemblée nationale depuis son ouverture en septembre, notamment pour protester contre le fait que Rainsy, rentré d’exil juste avant le scrutin, n’avait pas été autorisé à y participer.

Hun Sen, 61 ans, au pouvoir depuis 1985, a promis d’y rester encore au moins dix ans.

Malgré sa croissance rapide, le Cambodge reste l’un des pays des plus pauvres de la planète, et le mécontentement de la population augmente face à l’accaparement des richesses, notamment des terres, par les proches du pouvoir.

 

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  1. adé
    03/01/2014 à 20:05 | #1

    Luttes pour le salaire minimum à HAÏTI, décembre 2013 :

    http://www.alterpresse.org/spip.php?article15664#.Usb5fqHNV20

    Le pays est un des plus pauvres du monde, il était classé comme le plus pauvre il y a quelques années, je ne sais pas si cela a changé depuis…

    Les manifestations rassemblent beaucoup de jeunes femmes, et tout le monde est très noire. Mais peut-être pas les investisseurs.

  2. colporteur
    04/01/2014 à 07:14 | #2

    Sur le salaire comme enjeu politique, et non comme “économisme spontané” des revendications ouvrières, comme avait besoin de le dire le parti début XXe (la conscience étant au centre de la révolutionnait se doit d’être greffée de l’extérieur), ni comme élément d’intégration systémique de la conflictualité au dynamisme du capital, comme le racontent tant de marxeux du renoncement : La force d’une thèse honnie : le salaire variable indépendante.
    ►http://www.lyber-eclat.net/lyber/virno/virno-salaire.html, un texte bref de Paolo Virno

  3. 04/01/2014 à 21:26 | #3

    Le lien sur le texte de Virno ne fonctionne pas, mais je l’ai lu. Outre le fait que j’étais un peu familiarisé avec les thèses de Virno à l’époque (2003?) où je mettais mon bouzin (c’est un tare que je n’ai pas déconstruite) sur la liste Multitudes, sous la censure des chiens de garde, et sous la condescendances des négristes et autres mouliéristes patentés, je ne vois pas le rapport entre le texte de Virno et l’illégitimité de la revendication sur le salaire.

    Il s’agit de deux époques différentes, les luttes italiennes aux limites du programmatisme, avant sa chute et l’entrée en phase de restructuration du capital.

    Pour le reste, le jargon intello qui a alimenté les positions sur le droit au revenu universel et autres salades à la sauce domestique indigeste. Bref, une utopie d’un capital qui assurerait “le droit à la vie”, principe universel qui vaut tous ceux qui, estampillés “droits de l’homme”, ne sont jamais appliqués, pour la bonne raison qu’ils sont inapplicables. Et puis c’est devenu de mal Empire, de Multitudes en habitudes. Que sont-ils devenus d’autres que ce qu’ils méritaient devenir ?

    Cela dit de tête, et de cœur, sans estampille officielle du courant communisateur.

  4. adé
    05/01/2014 à 20:04 | #4

    Pour qu’il y ait “illégitimité” ou asystémie de la revendication salariale encore faut-il avoir revendication salariale.
    Partout dans le centre capitaliste (USA, Europe, Japon) dès le début de la crise les restructurations -secteur de l’automobile d’abord aux USA, puis en Europe : Allemagne, Italie, Espagne, France- ont abouti à une réduction de la part des salaires, à une renégociation des contrats de travail en défaveur des ouvrier-ères- de cette industrie. Les accords ont été conclus sans presque aucune tentative de livrer un quelconque combat. C’était cela ou le chômage, c’était cela ou le transfert de la production dans d’autres zones a coût salarial plus bas. Dans une conjoncture telle (chômage montant en flèche surtout en Europe, mais aussi dans une moindre mesure aux USA) on voit mal quelles luttes salariales pourraient survenir.
    Les mouvements sociaux dans ces zones centrales aux cours des dernières années sont des mouvements de défense, sur la défense des acquis sociaux, que ce soit les services publics, la retraite, et plus récemment la défense contre l’économie prédatrice, la finance, la corruption, comme pour les Indignados ou Occupy WS.
    Les luttes pour l’augmentation des salaires se déroulent dans les zones périphériques, tiers-monde grosso-modo. La population prolétaire active dans ces pays est une population récemment prolétarisée ( comme l’était celle d’Europe au XIXème) dont les solidarités liées à l’appartenance à un village, à une région sont vives (comme en Europe,etc…), les conditions même de travail, l’entassement des prolétaires dans la production ( Au Bangladesh les immeubles peuvent contenir des dizaines de milliers de travailleuses-travailleurs) rappellent quoiqu’à un niveau supérieur les conditions des fabriques du XIXème.
    La mise en oeuvre d’une quantité extraordinaire de travail humain est la base même de l’existence de ce modèle productif. Là, effectivement on pourrait dire que la revendication salariale ne fait pas système comme elle a pu le faire, dans une certaine mesure, dans les centres capitalistes pendant un certain temps.
    Force est de constater que le “prolétariat ” n’est pas sur la même longueur d’onde, ici dans la crainte du chômage, mais malgré tout, pour sa fraction stable, un relatif confort et une inclusion sociale vers la classe moyenne, là une exclusion sociale, et une place centrale dans le modèle économique marqué par la place hégémonique de l’exportation, l’exode rural et la périlleuse constitution d’un marché local (Chine, Bangladesh, Cambodge). Autrement dit : ceux et celles qui pourraient par leur action centrale mettre à mal, voire à bas, le fonctionnement de l’économie, dans les centres développés, ne le veulent pas, tentant de négocier leur survie, d’obtenir un statu quo, préservant le secteur industriel dont ils dépendent, courbant l’échine pour maintenir l’emploi, quittes à voir leur condition salariale s’empirer. Les chômeurs-ses? peuvent bien vouloir, mais ne peuvent rien.
    Là-bas, dans les pays du Tiers-Monde, quelle possibilité pour les travailleurs de voir ne serait-ce que leur salaire augmenter et leurs conditions de vie et de travail s’améliorer, quand ici les “prolétaires” voient leur propre condition empirer, soit dans le chômage soit dans l’acceptation d’une dévalorisation qui cependant n’atteint pas massivement l’ensemble du prolétariat. Pour le “prolétariat stable” des pays développés il est encore possible de se procurer à relatif bas-prix les marchandises produites là-bas à coût salarial faible.

    La fraction stable du “prolétariat” en Europe, USA, Japon est devenu classe-moyenne tout au long des années 70, la crise des années 60 n’a pas donné “un échec de la classe prolétaire”, l’échec a été celui d’une frange de cette classe, la fraction stable s’est progressivement et massivement moyennisée, et l’on peut parler de “fin de l’identité ouvrière”, en fait il s’agit plutôt d’une mutation de cette identité, de changement d’axe d’appartenance. La fraction ouvrière stable (y compris employés, professeurs,etc…) est devenue repliée sur les “valeurs” qu’elle partage avec ses exploiteurs : travail, propriété, mérite,etc…
    Le résultat à la surface politique est connu, on est passé du “Produisons français” (récent come-back avec le ministre du Redressement productif français Montebourg) du Parti Communiste dans les années 1980, à “Produisons français, avec des Français ” qui est du Front National à la même période, et qui poursuit son chemin dans les valeurs de l’identité, de la tradition nationale.
    Le concept “prolétariat” tel que défini -ou indéfini?- dans sa détermination dans le procès de production ne parvient pas à comprendre toute une série de sur-déterminations -race, genre- qui jouent un rôle central dans l’activité des fractions de classes. Le prolétariat n’existe pas en tant que UN, il n’existe que dans la diversité contradictoire des appartenances : géographie, culture, religions, origine des individus qui le composent.

  5. 05/01/2014 à 22:23 | #5

    @adé

    Ton petit texte est intéressant, particulièrement la première moitié. Quelques remarques sur ces passages :

    « La fraction stable du « prolétariat » en Europe, USA, Japon est devenu classe-moyenne tout au long des années 70, la crise des années 60 n’a pas donné « un échec de la classe prolétaire », l’échec a été celui d’une frange de cette classe, la fraction stable s’est progressivement et massivement moyennisée, et l’on peut parler de « fin de l’identité ouvrière », en fait il s’agit plutôt d’une mutation de cette identité, de changement d’axe d’appartenance. La fraction ouvrière stable (y compris employés, professeurs,etc…) est devenue repliée sur les « valeurs » qu’elle partage avec ses exploiteurs : travail, propriété, mérite,etc…»

    Au Japon, il y a eu la figure du “SalaryMan”, le type standard en costard cravate, dans le métro, dans la rue, à vélo… du bas des couches d’employés, même d’ouvriers se changeant au boulot, au sommet des cadres appartenant à la bourgeoisie. De loin et parfois de près, difficile de les distinguer, surtout pour un étranger (j’en ai croisé pas mal dans le métro). De là à dire qu’ils appartenaient à la classe moyenne de façon indifférenciée, vu l’échelle des salaires… Les prolos en costard-cravate allant à l’usine étaient (et sont) toujours des prolos, avec des salaires ouvriers, ceci selon leur catégorie bien sûr (genre OP/OS).

    Ce qui me gêne le plus est ton explication de “la disparition de l’identité ouvrière” par la moyennisation, l’accès à la consommation. Il me semble, sans avoir de chiffres à donner, que les années de croissance s’achèvent au début des années 701 (pétrole etc) et que les politiques d’austérité ne sont pas loin… Voir une amélioration des conditions de vie ouvrières, même en France, me semble hasardeux (je peux me tromper sur les années de basculement, mais en gros, c’est ça…).

    Sur le fond, “la disparition de l’identité ouvrière”, le dépérissement de ses organisations syndicales ou politiques sur la base du programmatisme, sont liés à la restructuration du capital engagée dans les années 70, avec son cortège introduisant le chômage et le précariat aboutissant à ce qu’ils définissent le salariat. Cela se serait accompagné d’une moyennisation en masse d’une partie de prolétaires ? Je crois bien plutôt que cela a rendu invisible l’existence même de la classe ouvrière, par le fait qu’elle ne pouvait plus se manifester comme telle par ses organisations.

    “La fraction stable” (pas si stable que ça) a continué un temps à revendiquer sur le salaire (ex cheminots 95) mais tous ceux qui ont été “sacrifiés” (sidérurgie, mines…) ont basculé dans le chômage ou la précarité de façon stable, on peut le dire. Des employés et professeurs ne sont pas de la “fraction ouvrière stable”, mais d’emblée couches moyennes qui le sont restées en perdant de leurs avantages et revenus salariaux.

    Alors quel repli, de qui, sur les “valeurs partagées avec les employeurs : travail, propriété, mérite, etc.”. Je n’ai pas bossé en “milieu ouvrier” mais dans la fonction publique d’Etat, au sommet, avec 2/3 de femmes, 3/4 de catégories C (en majorité large des femmes) dont la base salariale est inférieure au SMIC (il faut y ajouter une “prime” exceptionnelle pour que l’Etat ne soit pas hors sa loi). Hé bien je peux t’assurer que ces femmes et autres cat C (maintenant s’y ajoutent les précaires sous contrat avec l’Etat), tous ceux là n’étaient pas attachés à la “propriété”, parce qu’ils vivent en locataires, souvent en banlieue. Selon le cas selon la situation du conjoint quand il y en a un, qu’il soit chômeur, cadre sup, ou prolo, l’appartenance à telle catégorie de “la famille” est certes diversifiée, mais celle de la femme au SMIC est clairement une appartenance de classe exploitée, même comme travailleuse “non productive”, assez souvent “reproductive”. La rémunération “au mérite” a fait l’objet de combats peut-être timides, mais en sachant que 1% sur 1300€ et sur 10.000€ ça fait une différence, comme sur des primes étalées de 10€ à 1000€ par mois, dans cette “classe moyennisée” selon tes termes. Alors “la mutation”na pas vécue ici comme moyennisation, mais bel et bien comme une baisse du niveau de vie, de la “consommation”, et de la possibilité de se défendre avec les organisation dépassées du passé.

    Concept de Prolétariat : Je ne suis pas un spécialiste de la terminologie marxienne, de ses avatars et de ses més-usages, mais le prolétariat, c’est juste ceux qui sont obligés de bosser pour gagner leur vie : “le prolétaire nue face à l’homme aux écus” ne vend pas nécessairement sa force de travail à un patron producteur de marchandises et de plus-value, ça c’est l’ouvrier/l’ouvrière au sens de la classe ouvrière.

    Par conséquent, le prolétariat n’est certes pas UN, et l’on peut presque l’approcher sociologiquement, ce qui rend parfois aléatoire sa valeur conceptuelle globale. Mais la classe ouvrière est UNE sous l’angle du rapport d’exploitation qui la définit comme concept, et non sociologiquement, et à cet aulne, peut importe qu’on soit homme, femme, noir, bleu, à pois rouges ou zébré à rayures, ça n’affecte pas le concept et ce qu’on en fait dans la théorie.

    Le genre, ou la race n’affectent pas le concept de classe ouvrière en lui-même, mais parce qu’ils participent de façon contradictoire à la structure même du capital, à sa production et reproduction, tout ça renvoyant aux textes que tu connais aussi bien que moi, mon bon adé.

    Bonne année, prolétaire. Reste pas nu, tu vas prendre froid.

  6. CLN
    06/01/2014 à 10:34 | #6

    Un membre de l’Association des fabricants de vêtements au Cambodge (GMAC), le dimanche a approuvé l’utilisation de la force meurtrière par la police militaire contre les travailleurs du textile en grève, qui a laissé cinq morts et plus de 20 blessés par balles.

    http://www.cambodiadaily.com/news/gmac-defends-use-of-force-against-striking-workers-50136/

  7. adé
    06/01/2014 à 15:05 | #7

    Salut Patlotch, tous et toutes,
    rapidement, car je dois travailler, pour moi c’est traduire.
    tu écris :” juste ceux qui sont obligés de bosser pour gagner leur vie” comme définitoire des prolétaires, pour moi les entrepreneurs bossent pour gagner leur vie : exemple, le plombier libanais que je vais appeler, un artisan qui emploie son fils, un apprenti, un salarié ou deux, toujours à bosser le Libanais. Les investisseurs plein aux as s’occupent à placer leur thunes pour plus de thunes, à employer des sous-fifres qui s’en occupent, et à embaucher des types de tout genre pour surveiller et contrôler tout ça, c’est du boulot d’exploiter son capital et tout ce qui se présente.
    En ce qui me concerne je suis entouré d’ouvriers, que ça au-dessus, à côté, en-dessous, surtout dans l’industrie, sauf pour les femmes surtout les services marchandises et personnes. Je reviendrai donc sur cette “moyennisation “, englobement de la fraction de classe “stable” dans les classes-moyennes, modes de vie, idéologies intégrationnistes qui se sont déployés dès la fin de la 2ème guerre mondiale, à partir des soi-disant 30 glorieuses. Ce mouvement a culminé justement dans sa crise des années fin 70 à 80, dans la victoire d’une fraction du prolétariat rendant possible la compression des salaires par segmentation ( exemple : racisation de certaines branches: travaux publics,) contre, pour la frange stable un accès au crédit, au mode de vie et de consommation classe-moyenne, etc..;= racisme nationalisme d’une fraction importante de la couche stable, ouvrière blanche.
    Je te remercie pour la critique de mon petit mot,
    bananées, tous et toutes,
    Je me remets au métier.
    La bise.

  8. 06/01/2014 à 20:21 | #8

    Ben ceux dont tu parles, au bout d’un moment, ils ne sont plus tout à fait des “prolétaires nus” face à d’autres patrons, certains sont de vrais petits capitalistes. Ils ont ‘épargné”, ont accumulé un pactole + ou – important qu’ils peuvent ‘investir’, placer en bourse, etc. se ressaisir quand ils plongent.

    Je ne nie pas que beaucoup d’ouvriers/res, employé-e-s rêvent de devenir “propriétaires” de leur logement. Souvent, ce n’est pas plus cher A TERME, que d’être locataire, pas vraiment “chez soi” etc. mais combien de temps sont-ils locataires de la banque ? Le rêve, quel rêve ! c’est aussi d’être débarrassé des traites quand les revenus plongent, à la retraite.

    Et “la crise des subprimes”, de quoi est-elle partie, sinon de l’endettement de millions parmi ceux qui voulaient réaliser ce “rêve d’une propriété”, qui n’a au demeurant rien de la propriété au sens marxiste, des moyens de production et d’échanges, nécessaires à l’exploitation en usines ou dans les transports de marchandises.

    Beaucoup d’ouvriers ont dû quitté la ville, s’acheter des “maisons” à bas prix dans des lotissements à des heures de leur boulot. Le mouvement à Paris est incessant depuis la fin du 19ème siècle, d’en virer la population ouvrière, de plus en plus excentrée, de plus en plus loin (hormis les banlieues qui les emmerdent, “Grand Paris” et autres projets). Peut-être en va-t-il différemment “en province, et encore pas dans les grandes villes (qu’on me pardonne cette expression de “parisien” autocentré); Marseille exception peut-être… comme les villes américaines avec leur ghettos intérieurs ?

    Bref, un truc me gêne, pas très théorique, mais à fleur de peau, quelque chose qui sonne comme “la classe ouvrière s’est embourgeoisée”, “elle n’est plus révolutionnaire”, on ne peut plus compter sur elle, ce n’est pas le bon “sujet politique”. C’est pas que je sois épris du prolétariat, j’aurais trop peur de ne participer à sa dictature que comme “petit-bourgeois”. Au moins, la “fin de l’identité ouvrière” a -t-elle du bon, le prolétariat ne prendra plus jamais le pouvoir d’Etat, que ce soit par parti interposé ou par auto-indigestion.

    Tous ceux qui ont soutenu de tels discours, ou les ont honteusement partagés, en sont venus à nier purement et simplement l’existence de la “classe ouvrière”, et ont dérivé en idéologie démocratiques, abandonné toute perspective communiste si ce n’est remise à plus tard, derrière l’horizon d’un anti-capitalisme sans fin, c’est-à-dire d’un capitalisme sans fin.

    Déjà qu’on a du mal à voir ce qui se passe avec “les couches moyennes”, parler de “moyennisation de la classe ouvrière” à l’heure où le phénomène massif est la prolétarisation des couches moyennes “stables” traditionnelles, cela me paraît un peu décalé, même si tu sembles parler du passé, pas du “moment présent” (déjà plus le même qu’à l’heure du texte éponyme).

    PS : stp, pas de harcèlement sexuel en ligne, il existe pour ça une sphère privée. Profitons-en avant de l’abolir.

  9. 07/01/2014 à 13:10 | #9

    La théorie de la communisation en versions patronales

    «La revendication des augmentations de salaires est illégitime»
    Premier ministre algérien de 1995 à 1998 et de mai 2003 à mai 2006… chef du gouvernement algérien de juin 2008 à septembre 2012
    http://www.lexpressiondz.com/mobile/actualite/31656-%C2%ABL%E2%80%99augmentation-des-salaires-est-une-revendication-l%C3%A9gitime%C2%BB.html

    “C’est une revendication pressante mais illégitime”
    Ahmed Ouyahia à propos des augmentations de salaires 2006
    http://www.djazairess.com/fr/liberte/51553

    Ould Abbès, ministre de la santé algérien (2010_2012), estime «illégitime» toute revendication dans son secteur

    À salaire minimum, chômage maximum
    http://www.ndf.fr/article-2/02-01-2014/salaire-minimum-chomage-maximum

    Apprenez à négocier une augmentation
    Demander une augmentation de salaire en période de crise
    http://www.roberthalf.fr/negocier-augmentation-salaire

    L’augmentation “raisonnable” du SMIC
    http://www.legrandsoir.info/l-augmentation-raisonnable-du-smic.html

  10. CLN
    08/01/2014 à 14:42 | #10

    Les travailleurs de la confection cambodgienne retournent au travail après des affrontements meurtriers

    Reuters, le mardi 7 janvier 2014

    Des dizaines de milliers de travailleurs du vêtement ont repris le travail au Cambodge, mettant fin à un conflit sur la paie de deux semaines après que les autorités ait utilisé la force meurtrière pour réprimer une grève et une manifestation de contrecarrer leurs alliés politiques qui cherchent un nouveau tour d’une élection Juillet.

    Un syndicat et l’association de fabrique de vêtements du pays ont estimé qu’entre 65 et 70 pour cent des travailleurs était revenue à des usines à partir du mardi. ( 7 janvier)
    Environ 350.000 avaient fait grève, menaçant de paralyser l’industrie d’exportation principale du pays, avec plus de 5 milliards de dollars de recettes par an venant de grandes marques internationales telles que Adidas, Gap et H & M Hennes & Mauritz.

    Ken Loo, secrétaire général de l’Association des fabricants de vêtements au Cambodge (GMAC), qui représente 521 entreprises de vêtements et de chaussures, mis les pertes subies par les membres à «beaucoup plus de 200 millions de dollars».

  11. Stive
    09/01/2014 à 10:42 | #11

    Ci-dessous une illustration du propos de Patlotch au sujet du refoulement des ouvriers hors des grands centres urbains. Ce document n’est pas visible sur Fr3 mais sur Youtube.

    RÉSUMÉ
    Résultat de trente ans de changements, la France a aujourd’hui deux visages. Dans les 25 métropoles qui totalisent 40% de la population sont concentrés les cadres, les techniciens spécialisés et l’essentiel des immigrés. C’est là que 80% du PIB du pays est produit. Hors de ces villes, dans le reste de la France, se retrouvent des millions d’employés et d’ouvriers, qui constituent la «France des fragilités». Ils vivent dans la précarité et constatent le fossé grandissant qui les sépare des urbains entrés dans l’ère numérique. A travers des rencontres, des témoignages et l’étude de travaux de spécialistes, c’est le portrait d’une France oubliée qui apparaît.
    H
    http://www.france3.fr/emission/la-france-en-face

  12. Stive
    10/01/2014 à 21:14 | #12

    Il serait intéressant que les habitués de DNDF regardent ce document jusqu’au bout et donnent leur avis.
    C’est bien sûr une vision sociologiques des modifications structurelles de la société française de la fin de la guerre à aujourd’hui mais, à part quelques séquences de peu d’intérêts, dans la plupart d’entre elles j’y vois une confirmation, en filigrane, des analyses communisatrices quant à la fin du programmatisme, des modifications structurelles et spatiales de la classe ouvrière et du prolétariat, de la perte d’identité de celle-ci, etc. À ce propos je souligne la séquence sur les vieux sidérurgistes de Lorraine qui reflète un passé révolu, la fierté d’appartenir à la classe ouvrière, d’avoir été une force que le capital devait prendre en compte, et leur conscience d’avoir perdu, PRESQUE, tout espoir de transformer la société : ils cherchent d’autres mots pour dire qu’il faudrait une révolution sans oser prononcer le mot, tant ils sont convaincus que le terme lui-même est devenu incongru ou incompréhensible aux générations présentes.
    Le document se termine sur l’alternative, mais pouvait-il en être autrement ?

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