Comment la police américaine scrute les réseaux sociaux
Recherché pour fraude bancaire aux Etats-Unis, un délinquant est retrouvé par la police, après s’être vanté sur Facebook de sa nouvelle vie au Mexique. Un cas isolé ? Ce n’est pas l’avis de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), qui a mis en ligne, mardi 16 mars, un document sur l’utilisation des réseaux sociaux par les policiers fédéraux américains. Le groupe de défense des libertés individuelles a pu obtenir ce rapport, signé du département de la justice des Etats-Unis, en vertu de la loi sur l’accès à l’information.[print_link]
Véritable guide pratique à destination des forces de police, le document rapporte une série de méthodes d’investigation peu communes. Afin de rechercher des suspects ou de collecter des éléments de preuve, les autorités fréquentent de plus en plus les réseaux sociaux comme Facebook, MySpace, Twitter, mais aussi le réseau professionnel LinkedIn.
Ces documents indiquent par exemple que les policiers échangent des messages avec les suspects, et épluchent les informations privées mises en ligne – comme des messages, des photos et des vidéos. Scruter les réseaux sociaux permet aussi d’accéder à l’ensemble des relations du suspect. A la lumière de ces données, plus ou moins publiques, les policiers peuvent aussi vérifier les alibis fournis par une personne mise en cause.
Le document détaille aussi les avantages et les inconvénients de chaque plate-forme pour un enquêteur. “La bonne nouvelle concernant Twitter est que la plupart du contenu est public ; la mauvaise, c’est qu’il n’y a aucun numéro de téléphone disponible”, rapporte le texte. L’usage de LinkedIn “par les délinquants semble limité”, même si le réseau professionnel peut servir à trouver des témoins de la défense. Les auteurs du texte sondent aussi le potentiel des usages de ces réseaux sur les terminaux mobiles.
QUELQUES GARDE-FOUS ?
Le rapport révèle également les différents degrés de collaboration des propriétaires de ces plates-formes sociales. Facebook, par exemple, “est souvent coopératif en cas de demandes urgentes” de la part des policiers, tandis que MySpace conserve indéfiniment les données concernant ses abonnés. Les avocats de Twitter exigent quant à eux un mandat.
Le gouvernement américain recommande enfin à ses avocats de conseiller à leurs propres témoins de ne pas discuter en ligne des affaires dans lesquelles ils sont impliqués. Il demande aussi aux policiers d’être très prudents avant d’accepter comme “amis” des juges ou des avocats, prévenant que le tribunal et les sites de réseautage peuvent être une combinaison dangereuse.
Si les perspectives de contrôle des données semblent inquiétantes, le texte pose néanmoins quelques garde-fous. Les agents de police ne doivent pas faire usage de tricherie ou créer de faux comptes dans le but d’obtenir des renseignements. Mais concernant la question “que faire si des agents ne respectent pas ces précautions ?”, aucune réponse n’est apportée.
Outre les réseaux sociaux, plusieurs affaires policières ont été résolues, aux Etats-Unis, en obtenant aussi des données à partir de jeux vidéo en ligne.
Le Monde.fr
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