“On s’est fait enfler”
Amertume et colère chez les ouvriers de Total à Dunkerque
En “off”, certains avaient des mots durs pour les représentants nationaux de la CGT et de la CFDT. Face à eux, Marcel Croquefer, de l’union locale CGT, a pourtant assuré que son organisation n’avait décrété “qu’un temps mort pour mieux s’organiser”.[print_link]
24.02.2010, 13h17
“On a été oubliés, on s’est fait enfler”: les salariés de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Nord), ne décoléraient pas mercredi contre la direction de Total et le gouvernement qui ont joué, selon eux, la division syndicale pour casser la grève.
“Il y a eu des avancées pour certains, pour les autres raffineries et les dépôts qui ont obtenu des garanties. Mais nous on a été oubliés, on s’est fait enfler”, a estimé Jean-Luc Carette, employé de la raffinerie, en grève depuis plus d’un mois et à l’arrêt depuis septembre.
“Alors on va durcir l’affaire, au risque de coups d’éclats”, a-t-il déclaré devant une centaine de raffineurs en tenue de travail, réunis autour des braseros fumants du piquet de grève.
Un à un, les délégués Sud (majoritaire), FO et CGT ont appelé à la poursuite de la grève malgré les consignes de reprise du travail lancées mardi soir par la plupart des syndicats à l’issue d’une réunion avec la direction du groupe pétrolier à La Défense (Hauts-de-Seine).
“Nous ne sommes pas pleinement satisfaits des conclusions de la négociation de mardi qui ne confirme pas le redémarrage de notre outil de travail (…), nous décidons de continuer le combat et de poursuivre la grève”, a déclaré Patrick Leclaire, délégué FO. A main levée, les grévistes ont voté la poursuite du mouvement.
“J’ai le coeur méchant”, a pour sa part confié le délégué Sud, Philippe Wullens. “Il y a eu des avancées positives pour certains mardi sur la pérennisation des autres sites, mais le mot pérennisation n’a aucune valeur. Pour les salariés ça veut dire vous êtes en CDD pour cinq ans… et après?”, a-t-il ajouté.
En “off”, certains avaient des mots durs pour les représentants nationaux de la CGT et de la CFDT. Face à eux, Marcel Croquefer, de l’union locale CGT, a pourtant assuré que son organisation n’avait décrété “qu’un temps mort pour mieux s’organiser”.
Comme la plupart de ses camarades, Clément Mortier, agent de sécurité, préférait pointer du doigt la direction de Total et le gouvernement, accusés d’avoir “cassé le mouvement syndical pour empêcher la pénurie de carburant”.
A la mi-journée, les grévistes étaient surtout inquiets de connaître le vote des salariés des autres raffineries qui devaient se prononcer pour ou contre la reprise du travail sur leurs sites. “S’il le faut on continuera seuls. On fera tout pour ne pas se faire oublier. Mais on est à bout de nerfs, ça peut péter”, avertissait Clément Mortier.
75% des Grecs sont pour la paix sociale : sondées !
Les ouvriers Total en France (sauf Dunkerque) ont repris le travail : voté !