Les mouvements sociaux se multiplient en Chine
Revendications salariales, grèves, suicides… les tensions sociales se multiplient dans les usines chinoises, révélant le mécontentement croissant des travailleurs migrants. Le dernier mouvement social en date se déroule à Zhongshan (sud), où des ouvriers d’un fournisseur de Honda ont manifesté vendredi.
Plusieurs centaines de salariés réclamant des hausses de salaire ont protesté vendredi devant l’usine de l’équipementier automobile Honda Lock, où le personnel avait déjà débrayé mercredi. Un policier joint par téléphone a confirmé cette action. “Nous gardons un oeil sur cette grève”, a-t-il déclaré sous le couvert de l’anonymat.[print_link]
De son côté, une responsable de la branche locale de la Fédération des syndicats de toute la Chine (FSTC), contrôlée par le Parti communiste, a déclaré que des représentants avaient été envoyés sur place pour “gérer” la situation.
Environ 85% des 1.400 employés de l’usine participent au mouvement social, précise Hirotoshi Sato, un porte-parole de Honda Lock basé à Miyazaki, au Japon. M. Sato a affirmé que c’était la première fois qu’une grève se produisait dans cette usine, mais a refusé de donner des détails sur les revendications des salariés. L’usine est à l’arrêt et des négociations se déroulent quotidiennement, a-t-il ajouté.
Selon l’agence de presse officielle Chine Nouvelle, les ouvriers demandent que leur salaire mensuel, qui s’élève actuellement à 1.700 yuans (206 euros), soit relevé à 2.040 yuans (247 euros). Une augmentation de 100 yuans (12 euros) a été proposée mais a apparemment été rejetée, selon Chine Nouvelle.
La manifestation de vendredi est intervenue alors qu’Honda a repris la production dans deux usines d’assemblage de voitures après une grève de trois jours chez l’équipementier Foshan Fengfu Autoparts. Selon le constructeur automobile japonais, les ouvriers de Foshan ont accepté une augmentation de 366 yuans (44 euros) par mois, qui porte le salaire mensuel à l’embauche à 1.910 yuans (231 euros).
De son côté, le groupe japonais Brother Industries a annoncé avoir mis fin à une semaine de grève qui a entraîné l’arrêt de la production dans son usine de machines à coudre de Xi’an (centre). Une autre grève dans l’usine d’une société taïwanaise fabriquant des produits en caoutchouc à Shanghaï a également pris fin ces derniers jours après que les ouvriers sont descendus dans la rue pour demander des hausses de salaire.
Selon les analystes, les récents mouvements sociaux dans les usines chinoises portent spécifiquement sur les conditions de travail et les salaires. Le fossé économique grandissant entre les grandes villes et les campagnes accroît la frustration des migrants qui s’installent en zone urbaine en quête d’une vie meilleure mais se retrouvent confrontés à un coût de la vie très élevé.
Les jeunes Chinois qui cherchent aujourd’hui du travail en usine ont grandi dans une période de relative prospérité et sont moins enclins que les générations précédentes à accepter de dures conditions de travail. En témoigne la récente série de suicides d’ouvriers sur l’immense site de production de Foxconn, le fabricant de l’iPhone d’Apple. Cette évolution représente un défi pour le régime communiste, qui cherche à légitimer sa mainmise sur le pouvoir en promettant d’améliorer le niveau de vie.
Geoffrey Crothall, porte-parole du “Bulletin du travail en Chine”, basé à Hong Kong, souligne que les ouvriers ont fait preuve de patience durant le récent ralentissement économique. Mais depuis que l’économie est repartie en flèche l’an dernier, ils se sont retrouvés à travailler plus sans gagner plus pour autant, ce qui a incité certains à passer à l’action, explique-t-il. “Ils voient des grèves qui ont réussi ailleurs et décident de tenter leur chance.”
M. Crothall souligne que les grèves ont également révélé une défiance envers les représentants de la FSTC, qui sont nommés par la direction et le Parti communiste et non élus par les salariés. Le régime interdit les syndicats non autorisés et la contestation publique, les contrevenants risquant
vendredi 11 juin 2010
AP
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