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Le Parti communiste renforcé par la crise au Japon

La précarité du travail et la crise économique font grossir les rangs du Parti communiste japonais (PCJ), dont le discours anticapitaliste séduit les exclus de la deuxième économie mondiale.

Selon ses responsables, le PCJ accueille 1.000 nouveaux adhérents par mois et compte 400.000 membres. Des chiffres difficiles à vérifier, mais les observateurs reconnaissent qu’il s’agit du seul mouvement politique attirant de nouveaux militants au Japon.

Le parti espère vite doubler ses 16 sièges au Parlement, obtenus grâce aux 7,5% des suffrages recueillis aux dernières élections. “Le Japon est le deuxième plus important pays capitaliste. Mais la situation y est difficile, notamment pour les jeunes”, explique Kimitoshi Morihara, responsable au secteur international du PCJ. [print_link]

Progressivement libéralisé dans les années 90 et 2000, le marché du travail japonais réputé pour “l’emploi à vie” a vu exploser la précarité. Quelque 1,5 millions de salariés étaient employés par intérim fin 2008. Une main d’oeuvre souvent corvéable, sans perspective d’avenir et en première ligne des licenciements des entreprises frappées par la pire récession
au Japon depuis 1945. Plus de 200.000 employés temporaires ou à temps partiel ont ou auront perdu leur emploi entre octobre et juin, selon le ministère du Travail. “Nous, au PCJ, nous soutenons les travailleurs précaires et ils adhérent au parti”, insiste M. Morihara.

Une stratégie qui constitue la clé de la nouvelle popularité du parti, selon Mari Miura, professeur de science politique à l’Université Sophia de Tokyo. Elle rappelle qu’au Japon, “les syndicats sont organisés autour des employés stables et à plein temps”. “Les précaires ne peuvent adhérer qu’aux syndicats indépendants” lancés ces dernières années et “souvent soutenus par le parti communiste”.

La principale confédération syndicale, Rengo, est liée au Parti démocrate du Japon (PDJ, centre), principale force d’opposition au Parti libéral démocrate (PLD, droite) au pouvoir dans l’archipel. Pour la professeur, les précaires se détournent du PDJ parce qu’ils sont déçus du manque d’intérêt de Rengo envers eux.

“Les travailleurs doivent revendiquer leurs droits”, lance Eriko Saito, 32 ans, employée à temps partiel dans un studio de photo de Tokyo, sous couvert d’un pseudonyme. Eriko raconte avoir entendu pendant des années son entourage lui raconter la même histoire: travailler dur pour un salaire payant à peine le loyer. Consciente qu’elle ne pouvait “rien faire seule”, elle a adhéré au PCJ en septembre.

Cette relative vitalité des idées de gauche se traduit aussi en librairie. Une version manga du “Capital” de Karl Marx rencontre un grand succès, tout comme une réédition illustrée de “Kanikosen”, une nouvelle japonaise de 1929 narrant la révolte d’un équipage de navire exploité.

Dans son programme, le PCJ ne cache pas son but de “renverser le capitalisme” et “d’avancer vers une société socialiste/communiste”. Mais il affiche ses distances avec le “socialisme réel” du XXe siècle, rejette la dictature du prolétariat et affirme que “considérer un parti politique particulier comme guide (…) n’a rien de commun avec le socialisme et doit être condamné”.

Pendant la guerre froide, le PCJ s’était distingué par son refus de tout modèle importé d’URSS ou de Chine, à l’inverse d’autres partis communistes, et avait condamné la répression du printemps de Prague en 1968 et l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979.

le 14/5/2009 à 12h37  par Harumi Ozawa (AFP)

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