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MADAGASCAR • Antananarivo au bord de l’explosion

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Le conflit politique entre le chef de l’Etat et le maire de la capitale débouche sur une situation d’extrême tension.
Le lundi 26 janvier, “Tana s’est enflammée”, titre L’Express de Madagascar.[print_link]
Théâtre du conflit ouvert entre son jeune maire, Andry Rajoelina, et le président de la République, Marc Ravalomanana, la capitale malgache a sombré dans le chaos. Le premier, surnommé TGV, dénonce la “dictature” qui, selon lui, s’est instaurée dans le pays. Les tensions politiques accumulées les jours précédents par les manifestations de masse, les revendications et les ultimatums lancés au pouvoir ont dégénéré en scènes de pillage. “Sept grands magasins de la capitale au moins ont été pillés le 26 janvier. En moins de 12 heures, le réseau de distribution des produits de première nécessité à Antananarivo a été complètement anéanti. Les magasins abandonnés ont été vidés en quelques heures”, rapporte la presse locale, qui fait état de plusieurs morts. Par ailleurs, le siège de la radio et de la télévision malgache a été incendié.

Pour Midi Madagascar, ces scènes de violences au cœur de la capitale qui fut jadis le bastion de Ravalomanana ont quelque chose d’ironique pour celui qui avait promis “littéralement”, lors de son arrivée au pouvoir en 2002, d'”enrichir les pauvres”. “Les gens ont pris au mot le slogan de campagne de Marc Ravalomanana pour justifier les actes de pillage contre les magasins Magro, qui lui appartiennent. Ils étaient issus de presque toutes les couches sociales. Des habitants des bas quartiers à des hommes et femmes BCBG. Même des enfants étaient de la partie. Tous avaient l’impression de reprendre leur dû. La razzia ne s’est pas limitée aux biens présidentiels, mais s’est étendue à d’autres magasins et centres commerciaux.”

Pour Les Nouvelles, “la surenchère entre le maire de la capitale et le gouvernement approche dangereusement de la zone rouge. Il ne s’agit plus de faire démissionner deux ou trois ministres. Ce n’est ni plus ni moins que toute l’équipe du Premier ministre Charles Rabemananjara qui est dans la ligne de mire. La réponse du gouvernement est encore un non catégorique. Le dernier fusible avant le président de la République n’a donc pas sauté, ce qui expose Marc Ravalomanana en personne aux propos incendiaires qui enflamment une partie de la population.”

Qu’en est-il de “la démocratie” à Madagascar, pour reprendre l’éditorial de Madagascar Tribune ? Pour ce journal pro-Ravalomanana, l’appel au dialogue lancé par les milieux diplomatiques à Madagascar “s’adresse au camp de TGV, qui est convié à respecter l’ordre constitutionnel et la légalité républicaine. De toute manière, la communauté internationale – et plus précisément la communauté des bailleurs de fonds – n’est pas disposée à discuter avec un quelconque pouvoir issu de la rue ou né d’un coup d’Etat.” Le quotidien Les Nouvelles craint que la crise ne dure et se demande comment éviter le pire. “Qu’avons-nous fait du fahendrena malagasy (la sagesse malgache) ? Y a-t-il un médiateur dans le pays ? Au-delà de quelques propositions de médiation, le mutisme des sages et la position des Eglises ne laissent pas présager pour le moment d’une résolution pacifique de ce conflit politique. Au contraire, le spectre d’une guerre civile se profile à l’horizon et, le cas échéant, ce ne sera pas le sommet de l’Union africaine que nous accueillerons en juin 2009, mais des chefs d’Etat africains venus faire office de médiateurs.”

27 janv. 2009

Philippe Randrianarimanana

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