« Si quelqu’un a une idée… »

Lu sur fb, à propos de l’élection présidentielle en france…

Alain Corne

« Entre deux (mauvais) tours : et si ce qui était le plus directement à craindre ce n’était pas tant la “bourgeoisie” que ce qu’on appelle “le peuple”, de quoi on aime à se réclamer au sein d’une certaine gauche, le peuple, c’est-à-dire plus généralement la société civile, qui constitue l’appui matériel de l’Etat, quel qu’il soit, et qui aujourd’hui se dresse face à nous comme le pire des ennemis : celui qu’on échoue ou hésite à nommer. L’ennemi, c’est cette société, ses rapports sociaux dans leur ensemble, tout ce qui la constitue et nous constitue comme ses sujets. Cette démocratie est la démocratie de cette société-là, celle qui existe – aussi – au travers de l’Etat, dans un rapport qui n’apparaît comme conflictuel que pour pouvoir mieux persister. Le résultat de son vote, quel qu’il soit, sera bien celui que cette société, ceux de cette société qui ont droit à la parole, auront choisi. Ce qui manque, ce n’est pas un meilleur vote, c’est une situation qui viendrait balayer tout vote en balayant tous les rapports sociaux.

La gauche et la gauche de la gauche sont perdues dans des rêves d’antagonismes imaginaires, venus d’autres temps : le peuple contre la bourgeoisie, la société contre l’Etat, l’Etat contre le Capital, la vraie démocratie contre la fausse, etc. L’imaginaire politique semble s’être arrêté en 1830, les barricades, le peuple de Paris, le suffrage universel, etc. On rêve dans les termes de révolutions qui ont déjà eu lieu des révolutions qui ne se feront pas. On parle lutte des classes sans dire de quelles luttes ni de quelles classes, et ce que cela signifie. Il est évident qu’aucun rappel au réel ne se fera par les faits, qui n’ont jamais parlé d’eux-mêmes, quelle que soit la violence des coups qu’ils assènent et la force du démenti. Le déni sera toujours plus fort, quand la constitution du sujet en dépend, et le sujet “gauche” s’est constitué sur ces oppositions, comme le fascisme d’ailleurs, à sa manière. Evidemment, il faut de la théorie, il y en a et il y en aura. Mais pour ma part, je dois bien avouer que je ne sais plus comment faire, ni comment dire. Si quelqu’un a une idée… »

 

 

 

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