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Israel: ici aussi, les jeunes s’indignent et veulent que ça change

Plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté dans la soirée du 23 juillet à Tel-Aviv contre l’aggravation des disparités sociales. Lancés depuis quelques semaines par de jeunes étudiants, les mouvements de protestation populaires se multiplient.

A Tel-Aviv, le mouvement de contestation lancé il y a plus d’une semaine sur le boulevard Rothschild a atteint son paroxysme le samedi 23 juillet, avec une manifestation organisée dans la ville. S’il existait un doute quelconque sur son importance, il s’est envolé avec le revirement du Premier ministre Benjamin Nétanyahou et de ses proches. En effet, ces derniers avaient commencé par qualifier les manifestants d'”extrémistes gauchistes” et de “radicaux financés par l’étranger”, avant de leur donner publiquement l’accolade le 24 juillet. Les réactions des personnalités politiques de tous bords, qui se sont empressées d’élaborer des propositions de loi et des réglementations visant à réformer le système du logement, prouvent qu’on ne se trouve pas en présence d’un simple caprice d’enfants gâtés refusant de vivre ailleurs que dans la région de Tel-Aviv, comme l’a prétendu le ministre du Logement.

A l’instar de la révolte contre la flambée des prix des carburants et de l’appel au boycott du fromage blanc Cottage [aliment symbolique quasi emblématique des couches défavorisées] lancé en juin, les tentes dressées en signe de protestation contre la politique du gouvernement en matière de logement [depuis la mi juillet des centaines d’étudiants ont installé des villages de tentes dans tout le pays] traduisent le malaise de la classe moyenne. Ce pilier de la société israélienne porte l‘essentiel du fardeau des obligations citoyennes vis-à-vis de l’Etat – travaillant, payant les impôts et servant dans l’armée.

Depuis quelques années, la grogne grandit chez les membres de la classe moyenne, qui s’estiment, à juste titre, grands oubliés dans la distribution des ressources. Le Premier ministre et le ministre des Finances se targuent des succès économiques engrangés par Israël pendant que l’Europe et les Etats-Unis s’enfoncent dans la crise financière. Mais ce sont les segments de la société placés tout en haut des priorités politiques qui en recueillent les fruits, accédant, sans pratiquement mettre la main à la poche, aux logements et à l’éducation ainsi qu’à l’aide sociale. D’un autre côté, les richesses se concentrent de plus en pus entre les mains d’un tout petit groupe, qui exerce une influence politique toujours plus grande.

Les dizaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue samedi 23 juillet ne dénonçaient donc pas seulement la crise du logement. A l’image de leurs homologues en Espagne, au Portugal et en Grèce, et des courageux révolutionnaires qui ont renversé les régimes tunisien et égyptien, ces jeunes, expriment également leur colère face aux priorités biaisées de leur gouvernement. Eux aussi exigent davantage de justice dans la distribution des ressources, un engagement de l’Etat pour le bien-être de ses citoyens, et même le rétablissement  de l’Etat-providence.

Même si les représentants de la droite ont multiplié les attaques verbales contre les occupants du boulevard Rothschild, et même si le gouvernement s’est dépêché de se réunir pour tenter de trouver des solutions et éteindre l’incendie, il est inutile de se voiler la face. Le mouvement de contestation constitue un réveil salutaire. Il ne doit pas rester confiné sur la voie publique, mais recevoir un écho dans le système politique.

Courrier International

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