Afrique du Sud: l’agitation s’étend dans les mines de platine et menace l’armée
La tension persistait sur le front social mercredi en Afrique du Sud, où des mineurs du géant Amplats ont commencé à bloquer les routes de la « ceinture de platine » autour de Rustenburg (nord), alors que le tribun populiste Julius Malema voulait s’adresser à l’armée.
Mercredi matin, plusieurs centaines d’hommes ont dressé des barricades sur des routes menant aux mines d’Anglo American Platinum (Amplats). Des voies d’accès à la mine voisine de Marikana étaient également bloquées, ont constaté des journalistes de l’AFP qui tentaient d’accèder au site.
« Il y a une grève, des mineurs se rassemblent », a affirmé le porte-parole de la police locale Thulani Ngubane, joint par téléphone.
« Ils barricadent les routes avec des pneus, des troncs d’arbres et des pierres », a ajouté le porte-parole, ajoutant: « En gros, c’est une émeute, mais la situation est sous contrôle. »
Plus calmement, plusieurs milliers de mineurs d’un autre site d’Amplats, dans la même zone, se sont rassemblés pour exiger un salaire de 12.500 rands mensuel (1.200 euros), une somme qui tient lieu dorénavant de revendication commune dans tous les mouvements sociaux en cours.
« Nous avons vu nos collègues en grève. Nous voulons aussi 12.500 rands et nous allons les obtenir », a déclaré un mineur à l’agence Sapa, sous couvert de l’anonymat.
La direction d’Amplats, qui avait nié toute grève, était injoignable mercredi matin.
La tension actuelle est la conséquence des événements dramatiques de la mine de Lonmin, à Marikana, où 45 personnes ont été tuées en moins d’un mois. Dix hommes ont trouvé la mort début août dans des affrontements intersyndicaux, puis 34 grévistes ont été abattus par la police le 16 août.
Mardi, un cadavre portant des blessures à la tête a été découvert sur le site de Marikana, mais aucune information n’a filtré sur son identité ou les causes de sa mort.
La grève avait démarré par la demande de foreurs d’obtenir un salaire de 12.500 rands, ce qui représente pour certains d’entre eux le triplement de leur traitement.
Le malaise social menaçait mercredi de gagner l’armée, où des soldats du rang ont fait appel au jeune tribun populiste Julius Malema, qui a pris fait et cause pour les mineurs en grève, pour donner de la publicité à leur malaise.
Malema, exclu de l’ANC –le parti dominant– en avril pour ses prises de positions outrancières, continue de défier le pouvoir politique et économique en appelant les mineurs à faire la « révolution ».
Il a promis de s’adresser à la troupe soldats dans la journée de mercredi à Lenasia, au sud-ouest de Johannesburg, près de deux bases de l’armée de terre, à la demande de soldats mécontents qui s’estiment sous-payés et traités comme des intérimaires.
L’annonce du meeting a provoqué la vive réaction du ministère de la Défense qui a menacé de prendre des sanctions disciplinaires.
« Je ne sais pas à quel titre M. Malema a l’intention de s’exprimer », a déclaré la ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula à la radio SAfm.
« Le souhait a été exprimé par Malema de rendre le secteur minier “ingouvernable” et de saper l’économie. Le pays ne peut pas se permettre que la même instabilité gagne l’armée », a déclaré la ministre, citée par The Times.
« Les forces nationales de défense sud-africaines (SANDF) sont l’ultime ligne de défense de la souveraineté de ce pays. Nous ne pouvons pas permettre que quelqu’un joue au football politique avec cette institution », a-t-elle ajouté.
Le ministère a tort de réagir « par la menace et l’intimidation au lieu de s’asseoir et d’écouter ce que les soldats ont a dire », a répondu Pikkie Greeff, secrétaire national du syndicat des forces armées Sandu.
« La principale raison pour laquelle ils ont fait appel à Malema est que la chaîne de commandement refuse de traiter leurs plaintes et que personne ne les écoute », a-t-il ajouté, soulignant que les instances de dialogue créées par les autorités « n’ont pas la confiance des hommes du rang ».
« Le premier problème est l’écart entre le salaire des généraux payés au niveau d’un général américain, et la troupe qui gagne dix fois moins qu’un collègue étranger », a-t-il ajouté
Créé le 12-09-2012
Nouvel Observateur
Afrique du Sud : descente massive de la police dans les foyers des mineurs
AFP 15/09/2012
La police sud-africaine a annoncé samedi avoir effectué une descente massive dans des foyers d’hébergement autour de la mine en grève de Marikana (nord) dans la nuit de vendredi à samedi, procédant à 12 arrestations et à la saisie de quantité d’armes traditionnelles.
“500 policiers sont intervenus à 2h00 du matin (00h00GMT) dans des foyers où résident environ 600 mineurs autour de Marikana. Nous avons saisi des pangas (machettes, ndlr) et toutes les armes dangereuses qu’ils ont l’habitude de porter en public”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police régionale, Thulani Ngubane, précisant qu’il y avait eu 12 arrestations.
“Cinq personnes ont été arrêtées mais en relation avec des faits comme la vente de marijuana, et sept pour troubles à l’ordre public”, a-t-il précisé. “Nous faisons en sorte de restaurer l’ordre et la loi à Marikana”, a-t-il souligné.
Plusieurs dizaines de véhicules blindés de la police étaient sur place, a constaté un photographe de l’AFP.
Selon la télévision d’information eNCA en direct sur place, les policiers sont intervenus sans ménagement, “mettant tout sens dessus-dessous”, y compris dans les pièces où étaient hébergées des familles.
Au lever du jour, des hélicoptères de police quadrillaient le ciel au-dessus de la zone concernée. Après la descente dans les foyers, un important convoi de police se dirigeait vers une zone de bidonvilles hébergeant également des mineurs, a indiqué le journaliste sur place. Les images de télévision montraient des policiers formant d‘énormes tas avec les bâtons traditionnels que les mineurs brandissent dans les manifestations, en chantant et dansant.
Rien ne démontre mieux cet extrait de l’article sur « le moment actuel »que le déroulement du conflit des mineurs en Afrique du Sud
C’est la police aussi qui nous dit que nous ne sommes rien en dehors du rapport salarial. Bien sûr il s’agit de la force à laquelle, en dernière instance, se ramène le rapport d’implication réciproque entre travail et capital, mais il y a plus que cela du fait même qu’il s’agit d’un rapport d’implication réciproque. La police est aussi, face à nous, notre propre existence de classe comme limite. Si le principal résultat du procès de production c’est la reproduction du face-à-face entre le prolétariat et le capital, que de ce face-à-face découle ipso facto le premier moment de l’échange entre le capital et le travail (achat-vente de la force de travail) ne va pas de soi. Partout la disciplinarisation de la force de travail face à un prolétaire redevenu, en tant que prolétaire, un pauvre, est le contenu de l’ordre du jour de la classe capitaliste. »
“La reproduction du face-à-face entre la force de travail et le capital devient une affaire de discipline” in “Le moment actuel”, Roland Simon, SIC n°1, 2011
La police sud-africaine a reçu l’ordre de mettre fin au conflit minier
17/09/2012
La police anti-émeute sud-africaine s’est déployée près de Marikana ce lundi matin pour empêcher toute manifestation et protéger les exploitations minières.
Les forces de sécurité ont reçu l’ordre vendredi de mettre fin aux troubles dans la “ceinture de platine” autour de Rustenburg.
Le conflit minier dure maintenant depuis plus de cinq semaines. Ce qui avait commencé comme une grève sauvage a tourné au drame à la mi-août lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants, tuant 34 personnes.
Ce week-end a été marqué par plusieurs incidents.
Ainsi la police a montré les muscles avec une spectaculaire opération dans le bidonville ou demeurent la plupart des mineurs… Plusieurs manifestations ont aussi été bloquées par la force.
Plusieurs mines ont rouvert ce matin. Quant au président Jacob Zuma, il s’est défendu de copier les méthodes de l’apartheid et d’utiliser la force pour gérer et mettre un terme à la crise.
http://www.courrierinternational.com/breve/2012/09/19/les-mineurs-de-marikana-mettent-fin-a-la-greve