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La Martinique s’enflamme aussi

Alors que la tension semble être un peu retombée en Guadeloupe, la Martinique, elle, commence à s’échauffer. Las de voir traîner les négociations, les manifestants ont encerclé la préfecture, mardi à Fort-de-France. Dans la nuit, une dizaine de jeunes ont mis le feu à des voitures et pillé quelques magasins. Trois escadrons de gendarmes mobiles sont sur place. Récit d’une nuit enflammée
Tous les projecteurs ont beau être braqués sur la Guadeloupe, c’est la Martinique qui s’est enflammée dans la nuit de mardi à mercredi. Au sens propre, puisque plusieurs commerces et quelques voitures ont brûlé -dont celle d’un patron qui participait aux négociations avec les syndicats. LeJDD.fr a pu joindre un membre du collectif martiniquais, qui raconte ce qui s’est passé.[print_link]

Mardi matin à Fort-de-France, syndicats, patronat, représentants de l’Etat et des collectivités locales se sont retrouvés à la préfecture pour poursuivre les négociations entamées il y a près de trois semaines. Comme en Guadeloupe, le Collectif du 5 février “contre la vie chère” exige des augmentations de salaire -plus précisément, 354 euros net pour tout le monde. Comme en Guadeloupe, il annonce que, quoi qu’il arrive, il ne cédera pas sur cette revendication. Et comme en Guadeloupe, toujours, c’est précisément sur ce point que les discussions achoppent avec les patrons. Vers midi, las de voir les négociations traîner en longueur, les manifestants ont décidé d’encercler la préfecture et de ne plus laisser sortir personne. “Pas même pour manger”, raconte en riant un membre du Collectif. Mis à la diète et sommés de trouver un accord sous peine de ne plus pouvoir sortir, les patrons ont dû se rasseoir, bon gré mal gré, à la table des négociations. Se contentant, pour tout repas, de ravaler leur fierté. Mais vers 18 heures, une dizaine de jeunes chômeurs, plus impatients que les autres, ont forcé les grilles de la préfecture pour s’inviter à la table des négociations et presser les chefs d’entreprises de mettre la main au portefeuille.

Les gendarmes immobiles
C’est le service d’ordre du Collectif qui les en a empêchés, gentiment mais fermement, leur interdisant l’accès à la préfecture. “Vous risquez de vous faire tabasser”, “vous allez être blessés, ça ne sert à rien”, expliquaient les manifestants aux jeunes. “Ils ne vont pas nous tirer dessus, il y a des caméras”, rétorquaient les jeunes, “au pire ils nous lancent des lacrymos”. “Ils”, les gendarmes mobiles, se tenaient quelques pas à peine derrière le service d’ordre, en alerte et prêts à intervenir dès qu’ils l’estimeraient nécessaires. Vers 23h30, les jeunes ont commencé à brûler des poubelles et des pneus. Rapidement, ils sont passés aux voitures. Puis, ils ont attaqué des commerces -symboles de la cherté de la vie dans cette île des Antilles qui connaît les mêmes problèmes que la Guadeloupe- pillant et brûlant des magasins d’alimentation, de matériel informatique, audiovisuel, etc. Une bijouterie a même été saccagée, d’après les autorités. Pendant ce temps, toujours à la table des négociations, les patrons lâchaient un peu de lest. Une augmentation “oui”, mais qui s’échelonne de 10 à 100 euros maximum, suivant les salariés et les entreprises. Jugeant la proposition insuffisante, le Collectif a “libéré” le patronat à 2h30 du matin, “l’invitant” à réfléchir, et à revenir jeudi avec une proposition un peu plus conséquente.

Embargo sur les exportations de bananes
En attendant, la grève se durcit sur l’île. Les manifestants ont en effet décidé de bloquer toutes les exportations de bananes. Parce qu’en Martinique, les plantations sont aux mains de ceux qui tiennent aussi tout le secteur de la grande distribution et qui en profitent pour pratiquer des prix exorbitants : les békés. Le Collectif tape donc là où ça fait mal -et il sait faire. “Ce mouvement est peut-être plus jeune que celui de la Guadeloupe, mais il est très bien structuré”, explique Olivier Besancenot, qui était en Martinique il y a deux jours. A Fort-de-France et à Pointe-à-Pitre, “on n’en est pas au même point dans les négociations, mais dans les deux cas, c’est le gouvernement qui bloque”, affirme le porte-parole du NPA. Autre signe de la radicalité d’un mouvement qui affiche l’ambition d’aller jusqu’au bout, le meeting de Besancenot à Fort-de-France a réuni 1500 personnes, tandis que les manifestations rassemblent 30 à 40 000 participants, d’après les organisateurs. Quand bien même les médiateurs du gouvernement parviendraient à régler le conflit en Guadeloupe, Yves Jégo n’en aurait pas fini pour autant avec les Antilles.
Par Marie-Lys LUBRANO
LeJDD

Martinique: des véhicules incendiés et des magasins pillés à Fort-de-France
(source : AFP 25/02/09)

Au moins trois véhicules ont été incendiés et plusieurs magasins pillés dans la nuit de mardi à mercredi à Fort-de-France alors que les négociations sur la hausse des salaires se poursuivaient en préfecture, a constaté un correspondant de l’AFP.

Sur l’avenue Maurice Bishop, à l’entrée sud de Fort-de-France, une voiture était en feu au milieu de la chaussée et à quelques dizaines de mètres, une autre voiture avait été renversée dans le sens inverse. A intervalle régulier des débris, dont certains étaient feu, jonchaient le sol.

Peu avant minuit, des jeunes masqués pour certains avaient commencé à mettre le feu dans des pneus et des poubelles renversées sur le boulevard du général de Gaulle, entraînant l’intervention de pompiers et de la police.

Face à cette tension, trois escadrons de gendarmes mobiles ont été appelés en renfort. Certains ont pris place autour de la préfecture de Fort-de-France d’où l’on pouvait entendre des détonations vraisemblablement provoquées par les tirs de grenades lacrymogènes ou d’explosions des voitures en feu.

La voiture d’un des membres de la délégation patronale a été incendiée, selon la police.

Par ailleurs, plusieurs magasins dont une bijouterie ont été vandalisés au cours de la nuit sur les hauteurs de Fort-de-France et dans la ville.

Ces actes de vandalisme seraient le fait d’une cinquantaine de jeunes venus de certains quartiers de Fort-de-France et se déplaçant rapidement face à l’avancée des forces de l’ordre, selon des sources policières notamment.

La tension était encore palpable vers 02H00 heure locale (07H00 à Paris).

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