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“Questions sans réponses” : dernier éditorial de la revue Echange…

En Argentine, en décembre 2001, les mesures drastiques prises pour résoudre la faillite de l’Etat et de tout le système économique déclenchent un double mouvement : la radicalisation d’un mouvement des chômeurs préexistants – les piqueteros – avec des méthodes de lutte radicales et une révolte des classes moyennes touchées par les mesures financières. Les deux mouvements s’unissent dans des manifestations violentes spontanées, notamment dans la capitale, mais leur répression dans le sang les divise à nouveau avec d’un côté des assemblées de quartier et de l’autre les barrages et actions de récupération des piqueteros.[print_link]

Aucun de ces mouvements concernant des couches bien définies de la population ne s’étendra à d’autres milieux sociaux et, notamment, pas à l’ensemble du prolétariat actif : ou ils disparaîtront ou ils se trouveront réintégrés dans le système, qui n’a pas été ébranlé dans ses fondements. En France, l’automne 2005 a vu une violente révolte dans les banlieues, ghettos sociaux des grandes villes d’une bonne partie du pays. Elle était partie d’un fait ponctuel, la mort de deux jeunes dans une ville de la banlieue parisienne, mort mettant en cause directement la répression policière quotidienne. Cette révolte s’est prolongée dans le temps et géographiquement, mais elle ne s’est pas étendue à d’autres milieux sociaux. Le printemps 2006 a vu, sous une forme beaucoup moins violente mais de bien plus grande ampleur par le nombre, une autre révolte de toute une partie des jeunes, lycéens et étudiants essentiellement, contre un article d’un texte de loi légalisant la précarité dans l’entrée dans « la vie active » (le Contrat première embauche –CPE). Après une succession d’imposantes manifestations, le mouvement s’est éteint brusquement, après que le pouvoir politique eut cédé sur ce seul article. Ce mouvement concernant l’ensemble des jeunes n’a pas gagné d’autres milieux sociaux – pas les jeunes des cités, et encore moins l’ensemble du prolétariat actif.

En mai et juin 2008, la Corée du Sud a vu se développer un large mouvement de contestation qui a réuni chaque jour, et souvent toute la nuit, dans les rues de Séoul et d’autres grandes villes, jusqu’à plus de 100 000 manifestants. Le prétexte de ces rassemblements (la levée de l’interdiction d’importation de viande américaine) semblait bien mince, mais ils revêtaient un caractère de spontanéité, d’auto-organisation, de festivité. On ne peut que rapprocher la manière dont se sont développés et répétés ces élans populaires avec la description d’un manifestant de Buenos-Aires en 2001 : « Les gens allaient, venaient, les cortèges se recyclaient, les avenues se vidaient puis se remplissaient à nouveau d’hommes, de femmes, de familles avec leurs chiens. C’était quelque chose d’impressionnant parce que totalement spontané… » Même la répression dut prendre d’autres formes que l’affrontement brutal. Mais, là non plus, le vent de révolte ne gagna pas l’ensemble du prolétariat actif et ne se transforma pas en une contestation plus radicale, encore moins en une construction d’un autre système social, alors que les pratiques semblaient ouvrir un chemin.

Début décembre 2008, le meurtre par la police d’un jeune lycéen fut l’étincelle qui provoqua en Grèce une explosion de manifestations, d’occupations et d’attaques contre tout ce qui pouvait symboliser ou concrétiser la domination du capital. Ce fut, pour l’essentiel, un mouvement de jeunes de tous milieux sociaux dont les échos s’étendirent bien au-delà de la Grèce. Mais, pas tant sous l’effet de la répression que sous celui de ses propres limites, la révolte devint peu à peu l’action de groupes marginaux et cessa d’être le mouvement contestataire de masse qu’il avait été à l’origine. Là aussi, ce destin était lié au fait que les « forces vives » du prolétariat actif n’étaient pas (ou bien peu) intervenues dans les affrontements avec l’ordre social. Pourtant, parallèlement, d’innombrables discussions avaient tenté de « faire bouger » le prolétariat et de brosser un aperçu de ce que pourrait être une autre société.

Qui s’est vraiment soulevé en Iran pour participer à ces immenses manifestations, et pas seulement dans la capitale Téhéran ? Fraude électorale et règlements internes autour des clans au pouvoir ? Ou, plus obscurément, l’espoir de faire exploser la chape de plomb que fait peser sur tous un régime théocratique garant d’un mélange capitaliste d’Etat, d’un secteur privé peu évolué et d’une petite bourgeoisie du négoce. Après quelque hésitation, le clan actuellement au pouvoir a éteint cette explosion dans le sang. Mais malgré quelques timides appels, aucune solidarité n’est venue des forces vives d’un important prolétariat, pourtant lui aussi victime d’une répression quotidienne dans l’exploitation. Etait-ce le fait que les manifestants appartenaient à une autre classe sociale et que leur révolte n’était pas celle des travailleurs ?

Nous pourrions multiplier ces exemples : dans la période récente, de telles explosions de révoltes ont pu prendre différentes formes en fonction de leur cause, depuis les émeutes de la faim lors de l’envolée des prix des produits alimentaires et des carburants au début de 2008 dans les pays du tiers-monde, à celles plus récentes contre les mesures d’austérité prises pour endiguer les conséquences de la crise économique et financière (Islande, Lettonie, etc.), contre des opérations politiques douteuses de semi-dictatures (Thaïlande…). Mais là aussi, bien que souvent la véritable cause de ces mouvement eût été une situation sociale difficile à supporter pour l’ensemble de la population mais plus encore par le prolétariat, aucun mouvement social touchant les forces vives du capital n’est venu leur apporter l’élément déterminant lui permettant de s’imposer.

Ce n’est pourtant pas faute de théories, de programmes, de partis, de leaders autoproclamés. Ceux du passé comme ceux qui tentent des dépassements pour répondre à une situation insaisissable. D’un côté, on voit des mouvements importants qui prennent des caractères spécifiques mais dont l’imprécision autorise certaines manipulations. De l’autre, ceux qui pourraient par leur action paralyser tout le système capitaliste et qui disposent de ce pouvoir– les exploités – ne semblent pas concernés par ces contestations. Et tous réunis dans une sorte de refus de toute médiation politique, plus exprimé dans les faits et les attitudes que dans des actes directs de lutte, comme si tout un chacun pensait sans le dire expressément , que ce système a fait son temps et qu’autre chose doit venir.

Mais quoi ?

Une question sans réponse pour le moment.

H. S

11 septembre 2009

source:

http://www.mondialisme.org/spip.php?article132

  1. A.D.
    14/09/2009 à 11:20 | #1

    “comme si tout un chacun pensait sans le dire expressément , que ce système a fait son temps et qu’autre chose doit venir.”

    Cf : “La forme d’abord”( andré dréan : cette semaine).
    H.S. doit-il être rangé, lui aussi, dans le tiroir des commodités, à côté d’autres rebelles? Quel impatient! Peut-être même un brin d’élitisme dans son constat : où est passé le prolétariat? “De l’autre, ceux qui pourraient par leur action paralyser tout le système capitaliste et qui disposent de ce pouvoir– les exploités – ne semblent pas concernés par ces contestations”.

    D’où j’écris, c’est le contraire qui serait étonnant, à voir ce que j’ai devant mes yeux, pour le moment, et depuis un bon moment, les individus prolétarisés peuvent faire autre chose ( par exemple : s’exalter à des passe-temps plus ou moins massifiés, de secret story à la coupe de foot,etc…)que faire quelque chose qu’ils peuvent toujours éviter de faire : les quatre cents coups.
    Laissez donc cette agitation aux agités, courbez l’échine en général, le récent “billet d’humeur” de Pepe ici même nous et vous indique contre qui férailler : les rebelles, si pusilanimes, si jeunes et si impatients…Oui impatients et révoltés qui sait? Rien sur la vie, la survie de ces gars de ces filles qui ont 18 ou 20 ans AUJOURD’HUI, rien sur la nature dévastée par l’exploitation, PATIENCE. Car c’est voilà la réponse : “Un jour ( ou l’autre) la crise du mode de production aboutira à la révolution communiste” ou à la communisation, retour à la case( ou à la niche?) de :” le prolétariat ne peut que s’abolir”… NE PEUT QUE. La contradiction ne peut qu’aboutir à… la révolution….Mais curieusement je vois aussi cela : “Le prolétariat ne fait pas la révolution parcequ’il ne peut faire autre chose”(T.C.). Contradiction?
    Bien sûr, la musique de Patlotch (ne pas aller plus vite que la musique), mais c’est justement cela : composer la musique, ou improviser, car suivre la musique, le rythme, c’est peut-être déjà marcher au pas.
    D’ici d’où j’écris : le meilleur ami du prolétariat est le prolétariat lui-même.

  2. norman
    14/09/2009 à 15:17 | #2

  3. Patlotch
    14/09/2009 à 22:28 | #3

    Éléments de réponse à A.D., 14 sept 11h20

    Henri Simon, d’Echanges et mouvement, à ne pas confondre avec Roland du même nom et de TC (Théorie communiste), présente sa vision de la situation actuelle sur la base de ses positions théoriques, extrêmement ancrées à l’ultra-gauche. Au demeurant, si je n’avais pas trouvé ce texte intéressant, ou plus exactement symptomatique, je ne l’aurais pas relayé sur mon site, ce qui ne vaut pas approbation.

    Je ne vois pas ce qui t’autorise à ce procès d’intention aux camarades de TC et à Pepe en particulier, leurs désaccords avec Echanges étant connus et cernés, si ce n’était d’alimenter ton ressentiment individuel à l’égard d’individus (j’ai bien écrit individus) qui se réclament de TC, et s’expriment donc du point de vue croisé de cet ancrage théorique et de leurs convictions personnelles. Au bout d’un moment, c’est lassant et sans intérêt public.

    Le texte de Pepe (“Le fond de l’air est psychotique”), se veut provocateur. Il est par certains aspects maladroit. Il en a donné acte suite à l’intervention de J.. D’une part il faut relativiser sa prétention théorique, dans la mesure où il s’inscrit dans la rubrique “Citations, aphorismes, éructations, slogans: la poésie et la violence des mots”, d’autre part il faut néanmoins le saisir à la lumière des thèses de TC, puisque Pepe s’en réclame.

    Tu pratiques un amalgame à bon compte entre l’expression individuelle et la formulation théorique, et je pense que tu t’enferres dans des considérations personnelles, pour ne pas dire individualistes, au mauvais sens du terme; et de plus au mauvais sans théorique du terme, à savoir d’un point de vue subjectiviste exacerbé, sur la base de la notion de “rebelle” (notion parce que ce ne saurait être un concept, permettant de penser, mais le lieu de toutes les confusions). Discuter avec et autour de la notion de rebelle, je me répète, et cela vaut pour Harold aussi, est vain, et de nul intérêt théorique comme pratique. Ce qui ne serait pas le cas d'”anarchiste”, ou d'”activiste”, qui, comme nous l’avons vu ces dernières années, notamment à travers la confrontation de Meeting, puis les événements de Grèce, peuvent revêtir un intérêt pour la discussion.

    Résultat, tu nous sers un remake lancinant et pénible du “discours de la servitude volontaire” (La Boétie), sur quoi, a minima, nous serons tous d’accord, mais pas comme ça.

    Les camarades de TC ne se prennent pas pour autre chose que des prolétaires parmi d’autres, et vivent leur vie “normale”, comme si la fin ne devait pas arriver (BL). Ils font de la théorie, cad qu’ils essayent de qualifier “le moment actuel”, mais ne font pas ce travail en partant de leurs situations individuelles, ce que fait “le rebelle”, en se donnant, dans la lutte de classes, un peu plus d’importance qu’il ne peut en avoir “sur le front”.

    Parce que c’est comme ça, oui, la lutte de classe c’est aussi le cours de la crise, de l’économie politique, qu’aucun volontarisme subjectiviste ne saurait accélérer, et d’autant moins sur des bases théoriques qu’il va dorénavant falloir considérer comme caduques.

    Ce genre d’implication rebelle ne vaut pas mieux aujourd’hui que le devoir être ouvrier de Luttes Ouvrières.

    On peut enrager contre le capital, l’Etat et tout le bordel, contre la gesticulation des couches moyennes prolétarisées, on peut avoir envie d’aller plus vite que la musique, on ne produit guère mieux que des fausses notes et de l’arythmie.

    Amical’

  4. A.D.
    15/09/2009 à 15:21 | #4

    “des fausses notes et de l’arythmie.”

    A propos du nul intérêt public, tu as pû lire Patlotch et vous aussi, sur ce blog il y a quelques semaines de cela (mi-août, je suppose) un répugnant commentaire signé d’un Azrine à propos de l’état dans laquel se trouvait le dénommé Gatti après l’intervention policière de la Clinique. Ce misérable propos a par la suite été retiré, et je ne peux pas préciser combien de temps il s’est affiché, plusieurs jours sans doute.
    “Je ne vois pas ce qui t’autorise à ce procès d’intention aux camarades de TC”.
    ni autorisation, ni procès d’intention. Pas plus rebelle que ça d’ailleurs, plutôt atypique pour répondre peut-être à arythmique( voire à éthylique). Et il n’est question pour moi de “considérations personnelles”, il est question en fait de ceci :”Les camarades de TC ne se prennent pas pour autre chose que des prolétaires parmi d’autres, et vivent leur vie “normale”, comme si la fin ne devait pas arriver”, c’est une part du problème que de considérer qu’il faut faire( mais qu’est-ce que cela signifie donc?) comme si la fin de devait pas arriver; mais la fin de quoi, et pourquoi? Cette position comporte pluisieurs inconvénients et dont le moindre n’est pas justement le fait de” faire comme si “et tous les NE PEUT QUE qui s’en suivent. Il ya là par ailleurs un fort relent élitiste dans ceux qui savent, désirent et redoutent, -c’est ce que dit B.L.-, l’inéductable fin du mode de production et in fine l’inexorable marche du et vers le communisme, à travers l’ECART et l’EMPAREMENT.
    Cette autorité théorique est à présent seulement dans l’attente de la réalisation de ce qu’elle pense être son concept. Le mode de production capitaliste est transitoire, la victoire du communisme inévitable : c’est ce qui était dit dès le XIXème siècle… Et cela se peut, ou pas.
    Cette même position théorique (schizo, selon B.L.) a des répercursions sur la manière dont certains de T.C. peuvent envisager ce qu’est un “petit-bourgeois”, “un activiste”, ou”un prolétaire normal”, une certaine dévotion peut en résulter envers le Prolétariat, le pauvre qui souffre et subit en silence, c’est ce que je lis dans Pépé, cela ne vaut pas mieux que le mépris-supposé ou réel- que lui voue les agités rebelles, ni même le mépris réel que les dominants lui voue, ou encore cela ne vaut pas mieux que le mépris quotidien et minuté que les individus asservis ont pour eux-mêmes, face à ce qu’ils ont dû faire, à ce qu’ils font tous les jours dans, par, pour cet asservissement, et cela ne vaut pas mieux, c’est le symétrique.
    Pour le Prolétariat, il y a des possibilités de disparition dans le mode de production capitaliste, comme il y avait dans le socialisme des possibilités d’affirmation dans la “société bourgeoise”( Lire 28 thèses des Amis d’une société sans classe). C’est mon point de départ.

  5. Patlotch
    15/09/2009 à 16:55 | #5

    Je réponds, en quelque sorte, à côté (sachant que me désintéresse, autant qu’épiloguer sur le rebelle, la vie personnelle de tel ou tel dans le landerneau théorico-pratique).

    Tu donnes l’impression de penser que ce que l’on fait – ou pas -, dans la lutte de classe, est le produit d’une décision, d’une volonté (entre le foot et les quatre cent coups), sur la base d’une conviction, ou d’un ras-le-bol, d’une rage…

    L’incontournable fondement (marxien ou pas), c’est que les individus, les classes, n’agissent que par nécessité (historique, si l’on veut), dans le cours concret de l’affrontement, et le plus souvent sur la base de leurs intérêts immédiats. Il en est toujours ainsi, mais ce sont les intérêts immédiats qui changent en fonction des caractères spécifiques à chaque époque.

    La discussion lancée par Pepe -du moins sa réception- est pour ainsi dire comme en retard sur les derniers développements de TC, parce qu’au fond, du point de vue du communisme, tous ces échanges entre peu ou prou militants, on s’en fout tant qu’ils font écran aux choses concrètes de l’affrontement de classe, tel qu’il existe aujourd’hui au niveau mondial (global, structurel…).

    A.D. ” Pour le Prolétariat, il y a des possibilités de disparition dans le mode de production capitaliste ”

    Ah bon ? Et qui produira la plus-value, sans laquelle le mode de production capitaliste n’existerait plus ? Je crois que tu confonds l’impossibilité qu’il a de s’unir pour exister de façon autonome, sans le capital, avec la possibilité qu’il disparaisse.

    Voilà un point beaucoup plus intéressant, qui renvoie d’ailleurs au fil présent, qu’est-ce que dit Henri Simon, et pourquoi d’où il le dit, il ne peut que dire ça ?
    (j’essaierai d’y revenir plus précisément)

  6. Patlotch
    15/09/2009 à 22:18 | #6

    C’est en toute modestie et dans le respect, somme toute, du travail que suppose ce panorama un tantinet pessimiste de la situation actuelle, que je relève et commente ce qui me frappe :

    HS « En Argentine // Les deux mouvements s’unissent // mais leur répression dans le sang les divise [].
    Aucun de ces mouvements [] ne s’étendra à d’autres milieux sociaux et, notamment, pas à l’ensemble du prolétariat actif //

    En France, l’automne 2005 // Cette révolte s’est prolongée dans le temps et géographiquement, mais elle ne s’est pas étendue à d’autres milieux sociaux // CPE // Ce mouvement concernant l’ensemble des jeunes n’a pas gagné d’autres milieux sociaux – pas les jeunes des cités, et encore moins l’ensemble du prolétariat actif//

    la Corée du Sud // Mais, là non plus, le vent de révolte ne gagna pas l’ensemble du prolétariat actif et ne se transforma pas en une contestation plus radicale, encore moins en une construction d’un autre système social, alors que les pratiques semblaient ouvrir un chemin.

    Grèce // la révolte devint peu à peu l’action de groupes marginaux et cessa d’être le mouvement contestataire de masse qu’il avait été à l’origine. Là aussi, ce destin était lié au fait que les « forces vives » du prolétariat actif n’étaient pas (ou bien peu) intervenues dans les affrontements avec l’ordre social//

    Iran // aucune solidarité n’est venue des forces vives d’un important prolétariat, pourtant lui aussi victime d’une répression quotidienne dans l’exploitation. Etait-ce le fait que les manifestants appartenaient à une autre classe sociale et que leur révolte n’était pas celle des travailleurs ?

    Nous pourrions multiplier ces exemples // Mais là aussi, bien que souvent la véritable cause de ces mouvement eût été une situation sociale difficile à supporter pour l’ensemble de la population mais plus encore par le prolétariat, aucun mouvement social touchant les forces vives du capital n’est venu leur apporter l’élément déterminant lui permettant de s’imposer.

    // ceux qui pourraient par leur action paralyser tout le système capitaliste et qui disposent de ce pouvoir– les exploités – ne semblent pas concernés par ces contestations. Et tous réunis dans une sorte de refus de toute médiation politique, plus exprimé dans les faits et les attitudes que dans des actes directs de lutte, comme si tout un chacun pensait sans le dire expressément , que ce système a fait son temps et qu’autre chose doit venir //

    Mais quoi ? »

    Tour d’horizon en apparence implacable, mais qui fonctionne sur la supposée non implication de “prolétariat actif”, car il ne s’intéresse qu’à ce qui bouge, sur le base de l’extension, du schéma d’union insurectionnelle mettant en cause le système capitaliste en son coeur. Se trouve shunté tout ce qui fait l’affrontement de classe dans son essence, là même où elle est convoquée (le “prolétariat actif”), à savoir l’exploitation vivante (et tuante), dans le rapport salarial.

    HS veut l’union du “prolétariat actif” pour “s’imposer”, imposer d’autres pratiques sociales “semblant ouvrir un chemin” (“brosser un aperçu d’une autre société”)…

    La plupart des mouvements sont indiscernablement convoqués dans la description, sans analyse de leur rapport aux limites du système. On ne sait jamais en quoi, au nom de quoi, à quoi près, ils auraient pu faire autre chose que se cogner contre le mur du capitalisme actuel. HS me semble chercher une forme-contenu d’union du prolétariat sur une base où elle ne peut plus exister (ce qu’il constate d’où le ton de quasi désarroi théorique de son texte), pour des objectifs qui ne sont pas définis hors d’un pouvoir du prolétariat contre le capital, cad, fondamentalement, d’un fantasme d’autonomie ouvrière (le “prolétariat actif”, notion dont on suppose qu’elle recouvre le collectif travaillleur productif -de plus-value).

    Rien sur l’évolution structurelle du rapport capital-travail, sur l’effondrement du démocratisme radical, et dans son sillage de l’activisme radical à prétention révolutionnaire, sur la crise du rapport salarial et la précarisation globalement galopante du prolétariat, qui n’est plus, damned, dans le prolétariat…

    Pour avoir des réponses à ses questions, encore faut-il poser les bonnes. HS ne va pas au bout de ce qu’il constate et pose, parce qu’il projette sur ses espoirs communistes un schéma qui n’a plus aucune base concrète de réalisation, de réalisation dans les formes où il l’attend (où il rejoint, au demeurant même critiquant l’autonomie, TropLoin).

    Le prolétariat ne s’unira pas pour faire une autre société, mais pour détruire la présente. Mais il ne la détruira qu’en sachant ce qu’elle est en essence. Ce qu’effectivement peu de mouvement actuels posent de façon explicite : la conscience des limites.

  7. norman
    16/09/2009 à 21:37 | #7

    A.D. ” Pour le Prolétariat, il y a des possibilités de disparition dans le mode de production capitaliste ”

    Patloch “Ah bon ? Et qui produira la plus-value, sans laquelle le mode de production capitaliste n’existerait plus ? Je crois que tu confonds l’impossibilité qu’il a de s’unir pour exister de façon autonome, sans le capital, avec la possibilité qu’il disparaisse.

    Croyez vous que la fortune d’un Bill Gates s’est faite sur l’extorsion de la force de travail et la plus-value ? il semble que le capitalisme fonctionne parfaitement avec la rente.

  8. Patlotch
    17/09/2009 à 14:45 | #8

    Les capitalistes peuvent rêver de toutes sortes de “théories” pour se passer du travail vivant (la force de travail du prolétariat productif), source de la plus-value, et, in fine, du profit, de la reproduction. Ils sont si convainquants que, de la rente au capital cognitif, l’idée de la caducité de la loi de la valeur a pénétré jusqu’aux thèses les plus “avant-gardistes” de dépassement du système sans en abolir les fondements.

    Miroir aux alouettes. Un gramme de rente un kilo de labeur. Beurre rance et argent du leurre.

    Personne n’a fabriqué des marchandises chez Microsoft et Bill Gates de les a pas vendus.

    Ça me rappelle les dessins de Max Escher…

    Relativité 1953 http://2.bp.blogspot.com/_OSXAqUzQCEM/SDamz-SercI/AAAAAAAAC9c/SBmABg9Hfm0/s400/dessintricher+Relativit%C3%A9+1953.jpg

    Mouvement perpétuel 1951 http://nicoladec.fr/images/escher.jpg

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