Grèce: En un moment critique et asphyxiant
Un premier bilan des camarades de TPTG (english text below)
Rapport de TPTG sur les récentes manifestations à Athènes contre le plan d’austérité, y compris les événements qui ont conduit à la mort tragique de trois employés de la Marfin Bank et leurs conséquences pour le mouvement d’opposition à ces mesures.
Ce qui suit est un compte-rendu de la manifestation du 5 mai et du lendemain, ainsi que quelques réflexions générales sur la situation critique du mouvement en Grèce à l’heure actuelle En dépit d’avoir été placé dans une période de terrorisme financier aigu et prenant de l’ampleur jour après jours, avec les menaces constantes de la faillite de l’État et les appels à “faire des sacrifices”, la réponse du prolétariat à la veille du vote des nouvelles mesures d’austérité au Parlement grec a été impressionnante. Cela a probablement été la plus grande manifestation de travailleurs depuis la chute de la dictature, y compris celle de 2001 qui a conduit au retrait du projet de réforme des retraites. Nous estimons qu’il y avait plus de 200.000 manifestants dans le centre d’Athènes et environ 50.000 de plus dans le reste du pays.[print_link]
Il y a eu des grèves dans presque tous les secteurs du processus de (re) production. Une foule prolétaire similaire à celle qui avait pris les rues de décembre 2008 (également appelée péjorativement “jeunes à capuche” par les médias de propagande officielle), qui se retrouvait également équipé de haches, maillets, marteaux, cocktails Molotov, pierres, bâtons, masques à gaz et lunettes. Bien que parfois les manifestants masqués ont été hués quand ils essayaient ou réussissait à attaquer des bâtiments, en général ils étaient en phase avec ce flot bariolé, coloré, et en colère des manifestants. Les slogans allaient du rejet du système politique dans son ensemble, comme « brûlons le bordel parlementaire ! », à des slogans patriotiques tels que « Dehors le FMI », ou populistes comme les « Voleurs ! » et « les gens exigent que les escrocs aillent en prison ». Les slogans agressifs contre les politiciens en général sont devenus de plus en plus dominants ces jours là.
Dans la manifestation de la GSEE-ADEDY [confédérations du privé et du public], les gens ont commencé à occuper la place par milliers et le président de la GSEE a été accueilli par des sifflets et des hululements quand il a commencé à parler. Quand la direction de la GSEE à voulu répéter le détour qu’ils avaient déjà fait une première fois le 11 mars dernier, pour éviter le gros de la manifestation et en prendre la tête, peu de gens ont suivi …
La manifestation convoquée par le PAME (le « Front ouvrier » du KKE) a également été importante (plus de 20.000) et arriva en premier à la place Syntagma. Son plan était de rester là pendant un moment et de s’en aller juste avant qu’arrive la manifestation principale. Toutefois, ses membres ne sont pas partis mais sont restés, en colère et en chantant des slogans contre les politiciens. Selon le leader du KKE, c’étaient le fait de provocateurs fascistes (de fait, il a accusé le parti LAOS, un mixte de droite ultra et de nostalgiques de la Junte des colonels), qui brandissaient des banderoles du PAME incitant les membres du KKE à entrer de force dans le parlement et, ainsi, discréditant la loyauté du parti envers la constitution ! Bien que cette accusation ait une certaine validité, car certains fascistes ont bien été vu là, la vérité est que, selon des témoins, les dirigeants du KKE ont eu des difficultés à obtenir de ses membres qu’ils quittent rapidement la place et qu’ils cessent de crier des slogans contre le Parlement. Il est peut-être trop audacieux de prendre cela comme un signe d’une désobéissance progressive envers les règles d’acier de ce parti monolithique, mais en ces temps si incertains, nul ne peut réellement savoir…
Les soixante-dix ou plus de fascistes qui faisaient face aux forces anti-émeute insultaient les politiciens (« politiciens, fils de pute ! »), chantaient l’hymne national et même jetaient des pierres contre le Parlement, probablement avec l’intention, vaine, d’éviter toute escalade de la violence, mais rapidement ils ont été absorbés par les énormes vagues de manifestants qui parvenaient à la place.
Bientôt, une foule de travailleurs (électriciens, postiers, employés municipaux, etc.) a essayé d’entrer dans le bâtiment du Parlement par tout accès possible, mais des milliers de policiers anti-émeute étaient disposés sur l’esplanade et devant l’entrée. Un autre groupe de travailleurs de différents âges et des deux sexes se sont mis à insulter et menacer les policiers se trouvant devant la tombe du soldat inconnu. Bien que la police anti-émeute ait réussi, grâce à une contre-attaque massive avec gaz lacrymogènes, à disperser les gens, de nouveaux groupes de manifestants arrivaient sans cesse au Parlement tandis que les premiers groupes qui avaient été forcés de battre en retraite se réorganisaient dans la rue Panepistimiou et l’avenue Syngrou. Là, ils ont commencé à détruire tout ce qu’ils pouvaient et ont attaqué les anti-émeutes qui se trouvaient dans les rues avoisinantes.
Bien que la plupart des grands édifices du centre-ville avaient été fermés par des volets métalliques, ils ont réussi à attaquer quelques banques et bâtiments publics. Une destruction massive de propriétés s’est produite, en particulier dans l’avenue Syngrou, car la police n’avait pas assez d’effectifs pour réagir immédiatement à cette partie des manifestants, du fait qu’ils avaient reçu l’ordre de donner la priorité à la protection du Parlement et à l’évacuation des rues Panepistimiou et Stadiou, les deux principales avenues par lesquelles les gens revenaient constamment vers le Parlement. Des voitures de luxe, un bureau du ministère des finances et un autre de la préfecture d’Athènes ont été incendiés ; même quelques heures plus tard, cette partie de la ville ressemblait toujours à une zone de guerre. Les combats ont duré près de trois heures. Il est impossible de dire tout ce qui s’est passé dans les rues. Un seul incident : certains enseignants et d’autres travailleurs sont parvenus à encercler quelques policiers anti-émeute du groupe Delta – un nouvel corps anti-émeute qui roule en moto – et leur donner une raclée pendant que les policiers criaient « S’il vous plaît, non, nous sommes aussi des travailleurs ».
Les manifestants qui avaient été repoussés vers la rue Panepestimiou retournaient en groupes vers le Parlement et se sont longuement affrontés à la police. Les gens se sont de nouveau mélangés et ne partaient pas. Un employé municipal d’âge moyen avec des pierres dans les mains nous raconta, ému, combien la situation lui rappelait les premières années qui suivirent la chute de la dictature, à la manifestation de 1980 à laquelle il participa, qui commémora les événements de l’Ecole Polytechnique, et où la police a tué une femme, la travailleuse de 20 ans Kanellopoulou. Bientôt, de terribles informations arrivent sur les téléphones portables en provenance d’agences étrangères : 3 ou 4 personnes sont mortes dans l’incendie d’une banque.
Il y avait eu quelques tentatives de brûler certaines banques dans quelques endroits, mais dans la plupart des cas, les gens n’allaient pas au-delà parce qu’il y avait des jaunes enfermés à l’intérieur. Seul le bâtiment de la Banque Marfin de la rue Stadiou a effectivement été brûlé. Cependant, seulement quelques minutes encore avant que ne commence la tragédie, ce n’étaient pas des “hooligans masqués” qui criaient « jaunes ! » aux employés de la banque, mais des groupes organisés de grévistes, qui criaient et les insultaient pour qu’ils abandonnent le bâtiment. Étant donné la taille de la manifestation et sa densité, le vacarme et le bruit des chansons, de toute évidence une certaine confusion – courante dans de telles situations – fait qu’il est difficile de relater avec précision ce qui s’est passé dans ce tragique incident. Ce qui semble le plus proche de la vérité (en rassemblant les morceaux d’information de témoins), c’est que dans cette banque en particulier, en plein coeur d’Athènes, lors d’une journée de grève générale, environ 20 employés ont été forcés de travailler par leur patron, enfermés à clé « pour assurer leur protection », et qu’au final trois d’entre eux sont morts d’asphyxie. Initialement, un cocktail Molotov a été lancé à travers un trou fait à un des carreaux d’une fenêtre du rez-de-chaussée de la banque. Cependant, lorsque certains employés ont été vus sur les balcons, des manifestants leur ont dit de sortir et ont essayé d’éteindre le feu. Ce qui s’est réellement passé alors et comment en un instant le bâtiment s’est retrouvé en feu, demeure inconnu.
La série macabre des évènements qui ont suivis a déjà probablement été bien relatée : les manifestants qui tentent d’aider ceux qui se trouvent pris au piège, les pompiers qui tardent trop à sortir certains d’entre eux, le souriant banquier milliardaire poursuivi par une foule en colère. Au bout d’un certain temps, le Premier ministre a annoncé l’information au Parlement, condamnant l’ « irresponsabilité politique » de ceux qui résistent aux mesures prises et qui « entraînent les gens à la mort », tandis que les “mesures de salut” du gouvernement, au contraire, « défendent la vie. » Le renversement de situation a été couronné de succès. Rapidement s’en est suivie une importante opération des forces anti-émeute : la foule a été dispersée et pourchassée, l’ensemble du centre de la ville a été bouclé jusque tard dans la nuit, l’enclave libertaire d’Exarchia a été placée en état de siège, un squat anarchiste a été expulsé et beaucoup de ses occupants arrêtés, un local pour immigrants a été dévasté et un nuage de fumée persistante s’est maintenu sur la ville laissant un sentiment d’amertume et d’hébétude…
Les conséquences furent visibles dès le jour suivant : les vautours des médias ont exploité les morts tragiques en les présentant comme une « tragédie personnelle », détachée de son contexte général (de purs corps humains coupés de leurs relations sociales) et certains allèrent même jusqu’à demander la criminalisation de la résistance et de la protestation. Le gouvernement a gagné du temps en changeant le sujet de la discussion et du conflit et les syndicats se sont vus libérés de toute obligation d’appeler à une grève pour ce jour même où les nouvelles mesures étaient approuvées.
Dans un tel climat général de peur, de déception et de douche froide, quelques milliers de personnes se sont tout de même rassemblées devant le Parlement dans l’après-midi lors d’une manifestation organisée par les syndicats et les organisations de gauche. La colère était toujours là, des poings ont été dressés, quelques bouteilles d’eau et des pétards ont été jetés sur les policiers anti-émeute et des slogans contre le parlement et la police ont été lancés. Une femme âgée a demandé aux gens de chanter « Qu’ils s’en aillent ! » (les politiciens), un jeune a pissé dans une bouteille et l’a jeté sur la police, quelques anti-autoritaires étaient là aussi et quand la nuit est tombée et que les syndicats et la plupart des organisations de gauche s’en étaient allées, des gens tout à fait ordinaire, des gens normaux, aux mains nues, ne sont pas parti. Après avoir été violemment attaqué par la police anti-émeute, pourchassés et piétiné par les escadrons de la place Syntagma, les jeunes et les vieux, apeurés, mais furieux, se sont dispersés dans les rues avoisinantes. Tout était rentré dans l’ordre. Cependant, on ne voyait pas seulement la peur dans leurs yeux, on voyait aussi de la haine. C’est certain, ils reviendront.
Maintenant, quelques réflexions générales :
1. Les mesures sévères contre les anarchistes et les anti-autoritaires ont déjà commencé et vont devenir plus intense encore à l’avenir. La criminalisation de tout un mouvement socio-politique, allant même jusqu’aux organisations d’extrême gauche, a toujours été une stratégie de diversion utilisée par l’État et sera utilisée plus encore maintenant que l’attaque meurtrière a créé des conditions aussi favorables. Cependant, incriminer les anarchistes ne conduira pas les centaines de milliers de personnes qui ont défilé, et même ceux beaucoup plus nombreux qui ne l’ont pas fait, mais qui sont concernés, à oublier le FMI et le « paquet de sauvetage » que leur à offert le gouvernement. Harceler notre mouvement ne paiera pas les factures des gens ni garantira leur avenir qui demeure incertain. Le gouvernement devra bientôt incriminer la résistance en général, et a déjà commencé à le faire, comme l’indique clairement les incidents du 6 mai.
2. L’Etat fera un petit effort en « faisant des reproches » à quelques hommes politiques pour apaiser l’ « émotion populaire » qui pourrait bien se transformer en « soif de sang ». Certains cas flagrant de “corruption” seront peut-être punis et certains hommes politiques sacrifiés pour mettre de l’huile dans les eaux troublées.
3. Il y a une référence constante à une « dérive constitutionnelle », qui vient à la fois du LAOS (extrême droite) et du KKE dans un spectacle de récriminations, révélant néanmoins les craintes croissantes de la classe dirigeante d’une aggravation de la crise politique, d’une aggravation de la crise de légitimité. Divers scénarios sont recyclés (un parti des hommes d’affaires, un régime type « Junte des colonels »), qui reflètent les craintes profondes d’un soulèvement prolétarien, mais qui en réalité sont utilisées pour sortir la question de la crise de la dette de la rue et l’amener dans l’arène politique centrale sous la banale question « qui sera la solution ? » au lieu de « quelle est la solution ? »
4. Ceci étant dit, il est temps d’aborder les questions plus cruciales. Il est plus que clair que le jeu écoeurant de transformer la peur/faute de la dette en peur/faute de la résistance et du soulèvement (violent) contre le terrorisme de la dette a déjà commencé. Si la lutte des classes s’intensifie, les conditions peuvent ressembler de plus en plus à celles d’une véritable guerre civile. La question de la violence est devenue centrale.
De la même manière que nous prenons la mesure de la gestion de la violence de l’Etat, nous sommes contraints d’analyser également la violence prolétarienne : le mouvement doit aborder la question de la légitimation de la violence rebelle et de son contenu en termes pratiques.
En ce qui concerne le mouvement anarchiste et anti-autoritaire lui-même et sa tendance insurrectionnaliste dominante, la tradition d’une glorification machiste et fétichisée de la violence a duré trop longtemps et a été trop importante pour demeurer dans l’indifférence aujourd’hui. La violence comme une fin en soi, sous toutes ses formes variées (y compris la propre lutte armée) n’a cessé de se propager depuis des années, et surtout après la révolte de décembre 2008 où un degré de décomposition nihiliste est apparu clairement (nous avons fait quelques références dans notre texte « Le passage rebelle d’une minorité prolétarienne … »), en s’étendant au mouvement lui-même.
Dans la périphérie de ce mouvement, dans ses marges, un nombre croissant de personnes très jeunes est apparu faisant la promotion d’une violence nihiliste sans limites (revêtu du “nihilisme de décembre”) et de la “destruction”, même si cela implique aussi le “capital variable” (comme les jaunes, les “éléments petits-bourgeois”, les “citoyens respectueux de la loi.”). Qu’une telle dégénérescence surgisse de la rébellion et de ses limites, ainsi que de la crise elle-même est d’une claire évidence.
Jusqu’à un certain point, certaines condamnations de ces attitudes avait déjà commencé à se faire entendre ainsi qu’une certaine auto-critique (certains groupes anarchistes ont même désigné leurs auteurs de “voyous paraétatiques”) et il est fort possible que les anarchistes et les anti-autoritaires organisés (groupes ou squats) essaieront d’isoler politiquement et opérationnellement de telles tendances. Cependant, la situation est plus complexe et dépasse la capacité d’(auto) critique théorique et pratique du mouvement. A posteriori, on peut dire que ces incidents tragiques, avec toutes leurs conséquences, auraient pu se produire lors de la rébellion de décembre 2008 : ce qui l’a empêché alors cela n’a pas été seulement la chance (la station service qui n’a pas explosé à côté d’un immeuble en flammes, le samedi 7 décembre lorsque les émeutes les plus importantes ont eu lieu dans la nuit avec la majorité des bâtiments vacants), mais aussi par la création d’une sphère publique prolétarienne (bien que limitée) et de communautés de lutte qui trouvèrent leur voie, non seulement par la violence, mais à travers leur propre contenu, discours et autres moyens de communication.
Ce furent ces communautés pré-existantes (d’étudiants, de supporters de football, d’immigrés, d’anarchistes) qui se sont transformées en communautés de lutte, autour des thématiques mêmes de la rébellion qui ont pu donner à la violence une place significative. De telles communautés émergeront-elles encore maintenant qu’il n’y a pas seulement une minorité prolétarienne impliquée ? Émergera-il des formes pratiques d’auto-organisation dans les lieux de travail, dans les quartiers et les rues en mesure de déterminer la forme et le contenu de la lutte et par conséquent de situer la violence dans une perspective libératrice ?
Ce sont là des questions difficiles et urgentes mais dont nous devrons trouver les réponses par la lutte.
Le 9 mai 2010
[Traduction : XYZ pour le site OCLibertaire… et au-delà !]
In critical and suffocating times – TPTG
The Ta Paida Tis Galarias (The Children of The Gallery) group report on the recent demonstrations in Athens against austerity measures, including the events leading to the tragic deaths of three bank workers and its implications for the movement of opposition.
What follows is a report on the demo of the 5th of May and the one that followed the day after and some general thoughts on the critical situation the movement in Greece is in at the time being.
Although in a period of acute fiscal terrorism escalating day after day with constant threats of an imminent state bankruptcy and “sacrifices to be made”, the proletariat’s response on the eve of the voting of the new austerity measures in Greek parliament was impressive. It was probably the biggest workers’ demonstration since the fall of the dictatorship, even bigger than the 2001 demo which had led to the withdrawal of a planned pension reform. We estimate that there were more than two hundred thousand demonstrators in the centre of Athens and about fifty thousands in the rest of the country.
There were strikes in almost all sectors of the (re)production process. A proletarian crowd similar to the one which had taken to the streets in December 2008 (also called derogatorily “hooded youth” by mainstream media propaganda) was also there equipped with axes, sledges, hammers, molotov cocktails, stones, gas masks, goggles and sticks. Although there were instances that hooded rioters were booed when they attempted or actually made violent attacks on buildings, in general they fitted well within this motley, colourful, angered river of demonstrators. The slogans ranged from those that rejected the political system as a whole, like “Let’s burn the Parliament brothel” to patriotic ones, like “IMF go away”, and to populist ones like “Thieves!” and “People demand crooks to be sent to prison”. Aggressive slogans referring to politicians in general are becoming more and more dominant nowadays.
At the GSEE-ADEDY demo (general and public sector worker unions) people started swarming the place in thousands and the GSEE president was hooted when he started speaking. When the GSEE leadership repeated their detour they had first done on the 11th of March in order to avoid the bulk of the demo and come to the front, just few followed this time…
The demo by the PAME (the Communist Party’s – CP’s – “Workers’ Front”) was also big (well over 20,000) and reached Syntagma Square first. Their plan was to stay there for a while and leave just before the main, bigger demo was about to approach. However, their members would not leave but remained there angered chanting slogans against the politicians. According to the leader of the CP there were fascist provocateurs (she actually accused the LAOS party, this mish-mash of far-right thugs and junta nostalgic scum) carrying PAME placards inciting CP members to storm the Parliament and thus discredit the party’s loyalty to the constitution!
Although this accusation bears some validity because fascists were actually seen there, the truth is –according to witnesses– that the CP leaders had some difficulty with their members in leading them quickly away from the square and preventing them from shouting angry slogans against the Parliament. It’s maybe too bold to regard it as a sign of a gradual disobedience to this monolithic party’s iron rule, but in such fluid times no one really knows…
The 70 or more fascists stationed opposite the riot police were cursing the politicians (“Sons of a bitch, politicians”), chanting the national anthem and even throwing some stones against the parliament and probably had the vain intention to prevent any escalation of the violence but were soon swallowed into huge waves of demonstrators approaching the square.
Soon, crowds of workers (electricians, postal workers, municipal workers etc.) tried to enter the building from any access available but there was none as hundreds of riot cops were strung out all along the forecourt and the entrances. Another crowd of workers of both sexes and all ages stood against the cops who were in front of the Tomb of the Unknown Soldier cursing and threatening them.
Despite the fact that the riot police made a massive counter-attack with tear gas and fire grenades and managed to disperse the crowd, there were constantly new blocks of demonstrators arriving in front of the Parliament while the first blocks which had been pushed back were reorganizing themselves in Panepistimiou St. and Syngrou Ave. They started smashing whatever they could and attacked the riot police squads who were strung out in the nearby streets.
Although most of the big buildings in the centre of the town were closed with rolling shutters, they managed to attack some banks and state buildings. There was extensive destruction of property especially in Syngrou Ave. because the cops were not enough to react immediately against that part of the rioters as the police had been ordered to give priority to the protection of the Parliament and the evacuation of Panepistimiou St. and Stadiou St., the two main avenues through which the crowd was constantly returning to it. Luxury cars, a Tax Office building and the Prefecture of Athens were set on fire and even hours later the area looked like a war-zone.
The fights lasted for almost three hours. It is impossible to record everything that happened in the streets. Just one incident: some teachers and other workers managed to encircle a few riot cops belonging to Group D –a new body of riot police on motorcycles– and thrash them while the cops were screaming “Please no, we are workers, too”!
Demonstrators pushed into Panepistimiou St. kept returning in blocs to the Parliament and there were constant clashes with the police. The crowd was mixed again and would not go. A middle-aged municipal worker with stones in his hands was telling us, moved, how much the situation there reminded him of the first years after the fall of the dictatorship when he was present at the 1980 demo in commemoration of the Polytechnic uprising when the police murdered a woman, the 20-year old worker Kanellopoulou.
Soon the terrible news from foreign news agencies came on mobile phones: Three or four people dead in a burnt down bank!
There were some attempts to burn down banks in various places but in most cases the crowd didn’t go forward because there were scabs locked in them. It was only the building of Marfin Bank in Stadiou St. that was finally set on fire. Just a few minutes before the tragedy started, however, it was not “hooded hooligans” who shouted “scabs” at the bank employees but organized blocks of strikers who yelled and swore at them and called on them to abandon the building.
Given the bulk of the demo and its density, the turmoil and the noise of the chants, it’s obvious that a certain degree of confusion –common in such situations– makes it difficult to provide the accurate facts concerning this tragic incident. What seems to be closer to the truth (from fragments of information by eye-witnesses put together) is that at this particular bank, right in the heart of Athens on a general strike day, about 20 bank clerks were made to work by their boss, got locked “for their protection” and finally three of them died of suffocation.
Initially a molotov cocktail was thrown through a hole made on the window panes into the ground floor, however, when some bank clerks were seen on the balconies again, some demonstrators called them to leave and then they tried to put the fire out. What actually happened then and how in no time at all the building was ablaze, remains unknown.
The macabre series of events that followed with demonstrators trying to help those trapped inside, the fire brigade taking too long to take some of them out, the smiling billionaire banker being chased away by the angry crowd have been probably well reported. After some time the prime minister would announce the news in the Parliament condemning the “political irresponsibility” of those who resist the measures taken and “lead people to death” while the government’s “salvation measures” on the contrary “promote life”.
The reversal was successful. Soon a huge operation by the riot police followed: the crowds were dispersed and chased away, the whole centre was cordoned until late in night. The libertarian enclave of Exarchia was placed under siege, an anarchist squat was invaded and many were arrested, the Immigrants’ Haunt was invaded and trashed and a persistent smoke over the city as well as a sense of bitterness and numbness would not go away…
The consequences were visible the very next day: the media vultures capitalised on the tragic death representing it as a “personal tragedy” dissociated from its general context (mere human bodies cut off from their social relations) and some went so far as to criminalize resistance and protest. The government gained some time changing the subject of discussion and conflict and the unions felt released from any obligation to call for a strike the very day when the new measures were passed.
Nonetheless, in such a general climate of fear, disappointment and freeze a few thousands gathered outside the parliament at an evening rally called by the unions and left organisations. Anger was still there, fists were raised, bottles of water and some fire crackers were thrown at the riot cops and slogans both against the parliament and the cops were chanted. An old woman was begging people to chant to “make them [the politicians] leave”, a guy pissed in a bottle and threw it to the cops, few anti-authoritarians were to be seen and when it got dark and the unions and most organizations left, people, quite ordinary, everyday people with bare hands would not go.
Attacked with ferocity by the riot police, chased away, trampled down Syntagma square steps, panicked but angered young and old people got dispersed in nearby streets. Everything was back in order. However, not only fear was in their eyes; hatred was visible as well. It is certain they will be back.
Now some more general reflections:
1. Cracking down on anarchists and anti-authoritarians has already started and it will get more acute. Criminalizing a whole social-political milieu reaching out to the far left organizations has always been used as a diversion by the state and it will be used even more so now that the murderous attack creates such favourable conditions. However, framing anarchists will not make those hundreds of thousands who demonstrated and even those a lot more who stayed passive but worried forget the IMF and the “salvation package” offered to them by the government. Harassing our milieu will not pay people’s bills nor guarantee their future which remains bleak. The government will soon have to incriminate resistance in general and has already started doing so as the incidents on the 6th of May clearly indicated.
2. There will be some modest effort from the state to “put the blame” on certain politicians in order to appease the “popular feeling” which may well turn into a “thirst for blood”. Some blatant cases of “corruption” may get punished and some politicians may be sacrificed just to pour oil into troubled waters.
3. There is a constant reference to a “constitutional deviation” coming both from the LAOS or the CP in a recrimination spectacle, revealing though of the ruling class increasing fears of a deepening political crisis, a deepening of the legitimization crisis. Various scenarios (a businessmen’s party, a proper junta-like regime) get recycled reflecting deeper fears of a proletarian uprising but in effect are used as a re-orientation of the debt crisis issue from the streets to the central political stage and to the banal question “who will be the solution?” instead of “what is the ‘solution’?”
4. Having said all that, it is time to get to the more crucial matters. It is more than clear that the sickening game of turning the dominant fear/guilt for the debt into a fear/guilt for the resistance and the (violent) uprising against the terrorism of debt has already started. If class struggle escalates, the conditions may look more and more like the ones in a proper civil war. The question of violence has already become central. In the same way we assess the state’s management of violence, we are obliged to assess proletarian violence, too: the movement has to deal with the legitimation of rebellious violence and its content in practical terms. As for the anarchist-antiauthoritarian milieu itself and its dominant insurrectional tendency the tradition of a fetishized, macho glorification of violence has been too long and consistent to remain indifferent now. Violence as an end in itself in all its variations (including armed struggle proper) has been propagated constantly for years now and especially after the December rebellion a certain degree of nihilistic decomposition has become evident (there were some references to it in our text The Rebellious Passage), extending over the milieu itself. In the periphery of this milieu, in its margins, a growing number of very young people has become visible promoting nihilistic limitless violence (dressed up as “December’s nihilism”) and “destruction” even if this also includes variable capital (in the form of scabs, “petit-bourgeois elements”, “law-abiding citizens”). Such a degeneration coming out of the rebellion and its limits as well as out of the crisis itself is clearly evident. Certain condemnations of these behaviours and a self-critique to some extent have already started in the milieu (some anarchist groups have even called the perpetrators “parastatal thugs”) and it is quite possible that organized anarchists and anti-authoritarians (groups or squats) will try to isolate both politically and operationally such tendencies. However, the situation is more complicated and it is surpassing the theoretical and practical (self)critical abilities of this milieu. In hindsight, such tragic incidents with all their consequences might have happened in the December rebellion itself: what prevented them was not only chance (a petrol station that did not explode next to buildings set on fire on Sunday the 7th of December, the fact that the most violent riots took place at night with most buildings empty), but also the creation of a (though limited) proletarian public sphere and of communities of struggle which found their way not only through violence but also through their own content, discourse and other means of communication. It was these pre-existing communities (of students, football hooligans, immigrants, anarchists) that turned into communities of struggle by the subjects of the rebellion themselves that gave to violence a meaningful place. Will there be such communities again now that not only a proletarian minority is involved? Will there be a practical way of self-organization in the workplaces, in the neighborhoods or in the streets to determine the form and the content of the struggle and thus place violence in a liberating perspective?
Uneasy questions in pressing times but we will have to find the answers struggling.
TPTG
9th of May
“Un seul incident : certains enseignants et d’autres travailleurs sont parvenus à encercler quelques policiers anti-émeute du groupe Delta – un nouvel corps anti-émeute qui roule en moto – et leur donner une raclée pendant que les policiers criaient « S’il vous plaît, non, nous sommes aussi des travailleurs ».” tptg
Tout est là.
“It was these pre-existing communities (of students, football hooligans, immigrants, anarchists) that turned into communities of struggle by the subjects of the rebellion themselves that gave to violence a meaningful place.” tptg
S’agissait-il de “membres de ces communautés préexistantes” ou non dans ce cas ?
En effet les policiers sont aussi des ouvriers, même à moto. En effet certaines fractions de classe roulent pour la défense des conditions générales d’exploitation et d’existence, pas seulement des policiers, et d’ici à ce que ces derniers cessent d’être payés (c’est B.Astarian qui disait ça : quand ils ne seront plus payé, il s’arrêteront où passeront de l’autre bord) , sans doute ( bien que, comme disait l’Autre), quoiqu’il en soit, d’ici là…
” Will there be such communities again now that not only a proletarian minority is involved? Will there be a practical way of self-organization in the workplaces, in the neighborhoods or in the streets to determine the form and the content of the struggle and thus place violence in a liberating perspective?” tptg
C’est la question, mais je doute de” now that not only a proletarian minority is involved?”, pas encore “now” pour une majorité -ni même une grosse minorité- involved, sinon ces problématiques autour de” la question de la violence” ne se poseraient pas comme ça.