A Rome, la manifestation anti-Berlusconi dégénère
De violents heurts ont opposé des étudiants et manifestants aux forces de l’ordre qui quadrillait le centre pendant un vote décisif au parlement.
Lancers de pétards et de pavés, charges de la police et grenades lacrymogènes: de violents heurts ont opposé mardi à Rome des étudiants et manifestants opposés à Silvio Berlusconi aux forces de l’ordre qui avaient quadrillé le centre pendant un vote décisif au parlement.
Une dizaine de jeunes ont été interpellés, selon les journalistes, et une quarantaine de personnes, dont des policiers, ont été blessés et soignés sur place, selon les services médicaux. Des journalistes de l’AFP en ont vu plusieurs le crâne en sang.
Des dizaines de milliers de jeunes – 100.000 selon les organisateurs – ont commencé à défiler le matin dans le calme, derrière des banderoles, contre la politique gouvernementale en matière d’éducation, scandant «non à la confiance!» ou réclamant des investissements dans la culture et l’éducation, ont constaté des journalistes de l’AFP.
«Je suis ici pour mes petits-enfants, pour créer de bonnes bases pour l’avenir», a indiqué Luciano Castellano, 69 ans.
A leurs côtés défilaient aussi des chômeurs et habitants de L’Aquila, cité des Abruzzes ravagée par un séisme en avril 2009 (308 morts). «Nous voulons dire non à un gouvernement qui après avoir prodigué quelques opérations cosmétiques à notre ville l’a abandonnée», a ainsi dit Ilia Antenucci.
Pendant que les députés discutaient d’une motion de censure contre le chef du gouvernement, des manifestants, casqués, ont tenté de s’approcher de bâtiments officiels comme ceux du Sénat et de la Chambre, en plein centre historique, mais ont été refoulés par des charges policières. Ils ont lancé des oeufs, des pétards, des fumigènes et de la peinture.
Epaisse fumée noire
Après le vote remporté au parlement par Silvio Berlusconi, des manifestants se sont déversés dans la via del Corso, rue très centrale où les boutiques avaient abaissé leurs rideaux de fer. Plusieurs ont tenté de briser des vitres blindées de locaux abritant des distributeurs de billets de banque sans y parvenir.
De petits groupes se sont opposés à la police, incendiant des voitures le long du Tibre et à proximité de la place du Peuple ainsi que plusieurs fourgons blindés de police. Ils s’en sont pris aussi à des autobus et la circulation était complètement bloquée dans l’après-midi.
(Photo Alessandro Bianchi / Reuters)
Policiers et carabiniers, parfois en civil, mais casqués, ont pourchassé des groupes dans les rues adjacentes. «J’ai vraiment honte d’être italienne, aujourd’hui c’est la fin de la démocratie italienne», a déclaré à l’AFP Marianna Martellozzo, une étudiante de 24 ans.
Certains manifestants appartenant au mouvement Black Block, reconnaissables à leurs vêtements noirs, passe-montagnes et casques, ont dressé une barrière de feu.
Une épaisse fumée noire s’élevait au-dessus du Corso, jonché de bancs publics arrachés, de petits pavés typiques de Rome utilisés comme armes par les manifestants et autres poubelles en feu.
Des rassemblements ont également eu lieu à Milan, où des manifestants sont entrés dans le bâtiment de la Bourse aux cris de «profiteurs!», à Palerme, où des étudiants ont occupé le tarmac de l’aéroport, à Catane où 3.000 ont défilé dans le centre, mais aussi à Bari, Cagliari, Gênes, Naples ou Turin.
A la tombée de la nuit, vers 16 heures, le calme revenait peu à peu dans la capitale.
(Source AFP)
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