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Sabotages et affrontements avec la police : Les émeutes gagnent une grande partie de la Kabylie

Plusieurs localités de la wilaya de Bejaia ont été gagnées par les émeutes ce vendredi après midi. Le chef lieu de la wilaya a vu les premières échauffourées entre policiers et manifestants se dérouler dans le grand quartier populaire d’Ihaddaden et au niveau de la cité dite Edimco. Des groupes de manifestants et d’émeutiers se sont par la suite éparpillés à travers la ville pour s’en prendre, notamment au siège de la wilaya défendu par les forces anti-émeute. À l’heure actuelle, les émeutes ont gagné plusieurs quartiers.

À El Keur, localité située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Bejaia, des émeutes ont également éclaté dans l’après-midi du vendredi. Plusieurs édifices publics ont été saccagés. Les immeubles abritant la recette des impôts ainsi que l’inspection des impôts ont été complètement saccagés par la foule des insurgés.

Le siège abritant la régie communale des eaux a également été détruit et mis à sac. C’est la même situation que vit la localité de Sidi Aich, à 40 km à l’ouest de Béjaia,  secouée par de violentes émeutes qui ont pris pour cibles les édifices publics comme le siège de la Sonelgaz, la recette des impôts ainsi que le tribunal.

Selon des informations concordantes que nous avons pu obtenir auprès de plusieurs citoyens présents sur les lieux, les émeutes s’étendent comme une traînée de poudre à travers aussi bien le couloir de la vallée de la Soummam que l’axe Tichy, Souk El Tenine, pour toucher des villes comme Kherrata. Des heurts opposent actuellement les émeutiers aux policiers, mais il est à noter que la plupart des agglomérations touchées par les troubles n’ont pas reçu de renforts de police anti-émeute.

Dans la ville d’Akbou, les affrontements entre police et manifestants ont repris de plus belle. Des  groupes de jeunes assiègent le commissariat de police alors que la veille le siège du tribunal a été totalement détruit. À Tazmalt, de nombreux édifices publics ont été détruits et saccagés dans la nuit du jeudi 6 janvier.

La région de Kabylie a connu de graves émeutes au printemps 2001 durant lesquelles plus de 120 personnes ont été tuées.

Arezki Said – Dernières Nouvelles
d’Algérie, 7 janvier 2011.


Scènes de guérilla à Tizi Ouzou : Deux banques attaquées, Air Algérie vandalisée, abris bus cassés

Après une matinée relativement calme, les affrontements entre manifestants et CRS ont repris de plus belle l’après du vendredi 7 janvier, a constaté DNA sur place. C’est pratiquement tous les quartiers de la ville de Tizi Ouzou qui sont embrasés dans la soirée du vendredi. De nombreux édifices publics ont été littéralement mis à sac par des émeutiers.

Après un début timide de reprise des affrontements juste après la prière du vendredi, les émeutes qui ont gagné en intensité se sont propagées à tous les quartiers de la ville des Genêts. Les manifestants se sont pris aux sièges de deux banques, la CNEP et la BNA sis au niveau de la rue Abane-Ramdane. Des abris bus cassés, des lampadaires arrachés, des routes barricadées, le climat est des plus tendu.

L’agence Air Algérie a été vandalisée. Chaises cassées, centrale informatique éventrée, vitres fracassées, tout a été mis sens dessus dessous. Les émeutiers ont réussi à embraser les quartiers en un clin d’œil. Une course poursuite a mis aux prises les forces anti-émeute aux manifestants lesquels jouent au chat et à la souris.
Les policiers ont usé de bombes lacrymogènes, dont une a atterri dans un balcon d’un appartement au niveau du quartier Djurdjura. Durant les violents affrontements, aucun blessé n’a été enregistré, selon des sources sécuritaires. Des pics de violence ont été enregistrés devant l’ancienne mairie où l’on a assisté presque à un corps-à-corps entre manifestants et policiers. Dans la soirée,  les émeutes n’ont pas baissé d’intensité. Au contraire, elles ont gagné tous les autres quartiers jusque-là paisibles. Les rues de la ville sont jonchées de détritus, de pneus usagés en flammes, des cartons et autres débris en tous genres.

En début d’après-midi, devant le stade du 1er-Novembre, le quartier les Genêts, les deux ronds-points du centre-ville, la cité du 20-Août ont connu des échauffourées sporadiques. C’est après la prière du vendredi que les affrontements ont éclaté, a-t-on constaté. Les policiers ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser les jeunes émeutiers qui voulaient en découdre avec les forces de l’ordre mobilisées en grand nombre.

Si par endroits les affrontements ont baissé en intensité, les escarmouches n’ont pas tardé à se propager jusqu’au niveau de la rue Abane-Ramdane, qu’on appelle communément la Grand-Rue, tant le boulevard principal de Tizi Ouzou. Aux jets de pierres et autres cocktail Molotov, les éléments anti-émeute ripostaient par des tirs nourris de grenades de gaz lacrymogène. À 16h30, des pics de violence ont atteint les bâtiments bleus et les environs de la CNEP.

Les rangs des manifestants grossissaient à vue d’œil, alors que les automobilistes empruntent des détours pour éviter le théâtre des affrontements.
Slimane Khalfa – Dernières Nouvelles
d’Algérie, 7 janvier 2011.

Tizi Ouzou : Heurts au centre ville
De violents affrontements ont éclaté, vendredi 7 janvier 2011, à 15h, entre les forces de l’ordre et les jeunes du quartier des Genêts, au centre ville de Tizi Ouzou. Aucun mot d’ordre n’a été scandé par les manifestants qui sont descendus spontanément dans la rue.
Le boulevard Lamali Mohamed, qui longe l’hôpital Nedir Mohammed a été fermé à la circulation automobile ainsi que la rue qui longe la cité des Eucalyptus, mitoyenne de la caserne militaire. Les jeunes se sont servis des bacs à ordure, de blocs de béton, de barres de fer ainsi que d’autres objets hétéroclites pour dresser des barricades sur les venelles qui mènent au centre ville.
Les manifestants se sont pris, notamment à la 1ère sûreté urbaine située au cœur de la ville avec des jets de pierre et de différents projectiles. La riposte des forces anti-émeutes ne s’est pas faite attendre pour disperser les manifestants à coup de bombes lacrymogène.

Jusqu’à 16h, la situation n’était pas encore maîtrisée. Un autre groupe de jeunes ont barricadé le boulevard Abane Ramdane, à hauteur du siège de la CNEP qui est attaquée par des jets de pierres.

Nordine Douici – El Watan, 7 janvier.

Samedi 8 janvier 2011 6 08 /01 /2011 02:03
Quelques bribes des émeutes du 7 janvier en Algérie

Algérie : «Il faut leur servir de la violence. Ils veulent qu’on les écoute et ils nous écoutent pas»
La journaliste de l’AFP, Béatrice Khadige, s’est rendue dans les quartiers populaires et populeux  de Bab-El-Oued et Belcourt, à Alger, secoués par des émeutes depuis mercredi dernier. Plongée dans l’univers de ces jeunes algériens qui n’ont rien, n’ont rien à perdre et n’attendent rien de leurs responsables. Nous publions intégralement le reportage.
Cité CNS à Bejaia
«Nous crions, brûlons, cassons» car c’est le seul langage qu’ils comprennent. «De cette vie sans lendemain, nous n’en pouvons plus. Nous n’en voulons plus», clame «Johnny», déterminé vendredi encore à en découdre dans son quartier algérois de Bab el Oued. Ce quartier densément peuplé, considéré comme le cœur de toutes les révoltes d’Algérie, a vécu ces deux dernières nuits des émeutes extrêmement violentes contre la vie chère et l’augmentation soudaine des prix de première nécessité au 1er janvier.

Avec leurs jets de pierres, feux d’artifices allumés à 3 mètres de la cible, sabres et bâtons, ces jeunes ont attaqué un commissariat mercredi, incendié nombre de commerces qu’ils ont vidés aux petites heures du matin «sans rencontrer la moindre opposition de la police», ont affirmé plusieurs témoins. Face à eux, les forces de l’ordre, en nombre, ont fait un large usage de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de balles à blanc, «de crainte de faire des martyrs», selon les mots d’un Algérois rompu aux manifestations. Il demeurait impossible vendredi d’avoir un quelconque bilan d’éventuelles victimes.

«Johnny», casquette vissée sur la tête, 18 ans, fume et prend un air de caïd entouré de camarades du même âge. Ils ne veulent pas révéler leur identité et fustigent tout ce qui représente l’autorité du pays. Appuyés contre le mur d’un bâtiment sur la fameuse placette des Trois Horloges, l’un des lieux les plus chauds des émeutes, ils aiguisent leur agressivité avec des gros mots pour «réveiller les sourds à la misère du peuple». «Il faut leur servir de la violence. Ils veulent qu’on les écoute et ils nous écoutent pas», lance «Johnny», comme «Johnny Cash, dit-il, mais sans le cash»…

«Nous n’avons ni travail, ni avenir. Et maintenant on ne peut même plus manger», lance le plus grand du groupe, barbe parsemée et os saillants. Il éclate de rire lorsqu’on lui demande son nom et se contente de dire : «Écoutes, plutôt. Les carottes, tu les paies maintenant 45 dinars le kilo (environ 45 centimes d’euro), les patates 75 dinars et moi on me paie 800 dinars par jour (moins de 8 euros), quand il y un patron qui veut bien de moi pour conduire son camion.»

Le petit groupe se tait à l’approche de «deux paires d’oreilles», selon l’expression de l’un d’eux. Car si la police en uniforme se voit, elle ne paraît pas massivement dominer le quartier. En revanche, à tous les coins de rue, des policiers en civil sont armés et entourés d’une armada d’informateurs, a constaté la journaliste de l’AFP.

Plus à l’est sur les hauteurs algéroises, des jeunes surveillent Belcourt, quartier densément peuplé où les affrontements ont à nouveau éclaté vendredi en fin d’après-midi. Abdou, 24 ans, ne va pas se battre avec eux. «Je ne le fais pas parce que je suis seul à vouloir le faire, dit-il entouré de quatre copains. Mais je les comprends», dit cet étudiant, convaincu que son gouvernement «prive son peuple et sa jeunesse d’avenir». Quelque 75% des Algériens ont moins de 30 ans.

Abdelnour, 24 ans également, chômeur, marié, un enfant, attend la suite des événements. «Les jeunes d’aujourd’hui, dit-il, ne sont pas comme ceux de la révolte de la Faim en octobre 1988. Ils sont bien plus violents.» «Ils ont tout à gagner s’ils arrachent l’argent des gros de ce pays, riche en milliards de dollars de pétrole», ajoute cet ancien vendeur.

Mais pour le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports Hachemi Djiar, les jeunes qui ont saccagé des édifices publics et des commerces devraient plutôt «réfléchir et voir tout ce qui a été réalisé en Algérie». La violence, a-t-il dit, «n’a jamais donné de résultats».

A

7 janvier 2011.

Émeutes : L’embrasement

Depuis lundi, le pays connaît une série d’émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88. La soudaine hausse des produits de première nécessité et le sentiment de hogra ont mis le feu aux poudres. Face au silence des autorités — et des médias gouvernementaux — les émeutes se propagent et font déjà plusieurs blessés.

Mardi 4. Une rumeur se propage comme une traînée de poudre dans les quartiers des Trois Horloges et de Jean Jaurès à Bab El Oued. Une descente de police serait prévue pour déloger tous les vendeurs à la sauvette qui squattent les trottoirs. Mercredi 5. Les jeunes du quartier sont décidés à en découdre avec les forces de l’ordre si jamais on leur interdisait l’occupation de leurs endroits habituels. À 19h30, sans raison particulière et sans que les forces de l’ordre aient entrepris la moindre opération, un début d’émeute embrase les quartiers Triolet, Trois Horloges, Carrière, et celui du cinquième arrondissement où se trouve le commissariat du quartier.

«Tout est parti d’une énorme rumeur, confirme Nacer, président de SOS Bab El Oued. On a voulu pousser les jeunes à bout pour les faire sortir dans la rue. La situation actuelle est propice à l’embrasement avec la dernière augmentation des prix de certains produits. Cela rappelle ce qui s’est passée en octobre 88.» Les échauffourées dans le quartier de Bab El Oued vont durer jusqu’à 2h du matin et verront de très nombreux groupes de jeunes, mobiles et scandant des slogans hostiles au pouvoir, s’en prendre aux forces de l’ordre et à plusieurs magasins du quartier. Cinquième arrondissement et quartier des Trois Horloges : Abribus détruits, poteaux de signalisation arrachés, magasin Bellat dévalisé, agence Mobilis endommagée et commissariat pris d’assaut.

Commissariat harcelé

Mohamed, employé chez Bellat, n’est pas près d’oublier ce qu’il a vécu mercredi. Dès les premiers attroupements, il décide de baisser rideau. Il ne devra son salut qu’en décidant de se barricader dans la cave du magasin. «J’ai vu des jeunes s’en prendre aux rideaux de la devanture, confie-t-il, encore sous l’effet de l’émotion. J’ai compris que si je ne descendais pas vite m’enfermer dans la cave, j’allais le payer cher.» Les présentoirs seront détruits et toute la marchandise emportée. Mohamed estime les pertes occasionnées à 34 millions de centimes. Après Bellat, l’agence Mobilis, située juste à côté, connaîtra le même sort. Les émeutiers repartiront en emportant avec eux le matériel informatique et détruiront le mobilier. Le commissariat du cinquième arrondissement sera lui aussi harcelé durant une bonne partie de la nuit. Des bandes de jeunes tentent de pénétrer à l’intérieur du QG, obligeant les forces de l’ordre à faire usage de jets de gaz lacrymogène et de tirs de sommation. Quartier du Triolet. Dans les showroom Renault et Geely, des voitures sont calcinées, des pneus démontées, des pare-chocs arrachés et des pare-brise fracassés.

Le gardien de Renault hospitalisé

Le showroom Renault n’est plus qu’un tas de gravats. Des pans entiers du faux plafond ont été arrachés, des bris de glace jonchent le sol, une Logan et une Sandero calcinées sont abandonnés dans un coin du magasin, le mobilier est détruit et les ordinateurs envolés. Au total, ce sont neuf voitures qui seront endommagées durant cette nuit de folie, qui a vu des jeunes armés de couteaux et de pioches, détruire tout sur leur passage. Cette expédition fera une victime : le gardien du showroom Renault, frappé d’un coup de couteau et hospitalisé aux urgences de l’hôpital Maillot. «Ils ont volé ce qu’ils ont pu et détruit ce qu’ils ne pouvaient pas prendre avec eux, affirme un commercial de chez Renault. Il y en a pour dix millions de DA de dégâts.» Chez Geely (constructeur chinois) cinq véhicules sont démontés. L’un des cadres de l’entreprise SIPAC, représentant Geely en Algérie, a assisté impuissant à la destruction du showroom. «Il y avait des policiers en faction près du magasin qui regardaient sans intervenir la destruction du magasin. Quand j’ai demandé de l’aide, ils m’ont répondu qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre pour le faire.»

Salim Mesbah – El Watan, 7 janvier.

Belcourt (Alger) : Affrontements entre manifestants et policiers

ida dans la commune de Belouizdad (ex-Belcourt) a renoué quelques temps après la fin de la prière du vendredi avec l’émeute. Des jeunes s’affrontent à coups de Cocktails Molotov avec les forces de police déployées en grand nombre à proximité du siège du ministère du Travail.

L’émeute n’a pas connu une implication ostentatoire islamiste, comme craint. Les barbus ne sont pas affichés dans l’émeute. Jusqu’à 16 heures, les émeutiers se sont occupés à arroser de Molotov les policiers. Et ces derniers ripostaient avec les bombes lacrymogènes.

Aucun acte de destruction n’a été enregistré, a constaté sur place un journaliste de DNA, ce fut le cas jeudi où des magasins ont été saccagés dans ce quartier.

Dernières Nouvelles d’Algérie, 7 janvier.

Tazmalt (Béjaia) : Les sièges des impôts, de la Sonelgaz et la bibliothèque communale saccagés

La localité de Tazmalt, 80 kilomètres à l’ouest du chef-lieu de wilaya de Bejaia, a connu de violentes émeutes durant la journée du jeudi 6 janvier et une bonne partie de la nuit. Des émeutes qui rappellent à bien des égards celles de l’année 2001, tant par leur mode opératoire que par la nature des édifices ciblés. Plusieurs édifices publics ont été mis à sac.

Après avoir coupé la RN 26 à la circulation automobile en dressant des barricades en plusieurs endroits à l’aide de pierres et de troncs d’arbres, les manifestants se sont regroupés au niveau du carrefour principal de la ville, dit «Quatre Chemins», en début de soirée. Vers 20 heures, une première attaque a ciblé le bloc administratif renfermant l’inspection ainsi que la recette des impôts, sis à quelques mètres de l’hôtel de ville. Le bâtiment de trois étages a été entièrement saccagé, brûlé, de même qu’une bonne partie du mobilier a été pillée.

Les émeutiers qui se comptaient au nombre de plusieurs centaines ont décidé de s’en prendre à la Poste. Fort heureusement, des citoyens se sont interposés pour leur demander d’épargner cet édifice, arguant qu’il n’était pas au service du «pouvoir» mais à celui du citoyen. Les émeutiers ont par la suite mis à sac la bibliothèque communale sise entre la principale mosquée et le siège de la protection civile. Ce fut, peu après, au tour du siège de la Sonelgaz et celui du tribunal de faire les frais d’un saccage et d’une mise à sac en règle.

Le siège de la daïra de Tazmalt n’a échappé à la vindicte des émeutiers que pour la bonne raison que des citoyens sont encore intervenus pour leur signaler des familles y habitent des logements d’astreinte. Les émeutiers se sont par la ensuite dirigés vers la sortie ouest de la ville pour s’en prendre à la brigade de gendarmerie. Sur place, et alors qu’ils s’attendaient à en découdre avec les forces anti-émeute et leurs fusils lance grenades lacrymogènes, les manifestants ont du rebrousser chemin en constatant que des mitrailleuses avaient été placées sur le toit de la brigade, en vue de parer à toute éventualité.

Ce vendredi, un calme précaire règne dans la ville de Tazmalt où des grappes de jeunes continuent de se regrouper ça et là ou de hanter les édifices dévastés. La ville n’ayant pas encore reçu de renforts de la police anti-émeute, la tension semble retombée.

Arezki Said – Dernières Nouvelles
d’Algérie, 7 janvier.

Violents affrontements à la ville de Bouira

De violents affrontements ont éclaté vendredi soir, à 18h, entre les manifestants et les forces antiémeutes dans plusieurs quartiers et cités de la ville de Bouira.

Des centaines de manifestants ont barricadé à l’aide des pneus brulés et autres objets les principales routes. Les forces antiémeutes ont agi à l’aide des bombes lacrymogènes pour tenter de disperser la foule mais en vain.

Le siège de la Société générale, sis au quartier Ecotec est saccagé. Les services de sécurité n’arrivent pas à maîtriser la situation et les quartiers s’embrassent. À la place publique, se sont des jeunes manifestants venus en force des quartiers de ras Bouira et de Oued Hous qui ont mis le feu.

Le mouvement de protestation gagne aussi d’autres régions de la wilaya de Bouira. À El Hachimia, au sud de la wilaya, des dizaines de jeunes ont coupé la RN18 à la rentrée de la ville.

Dans la nuit de jeudi dernier, deux policiers ont été blessés au cours de violents affrontements avec les manifestants ayant eu lieu au chef lieu de la commune de Ain Bessem, à l’ouest de Bouira.

À Lakhdaria, les manifestants ont incendié deux bus du transport universitaire.

Amar Fedjkhi – El Watan, 7 janvier.

Trois policiers blessés dans des émeutes à Biskra

Juste après la prière du vendredi, des groupes de jeunes venant du bidonville de Tabeg El Kalb, situé au nord du quartier d’El Alia, dans la ville de Biskra, ont semé la panique avant de fermer à la circulation routière la principale artère de ce quartier.

Les émeutiers ont exprimé leur colère en enflammant de vieux pneus et en élevant des barricades de fortune.

Les forces de l’ordre reçues à coups de pierres ont réussi cependant à les contenir d’abord au-delà du carrefour qui mène au bidonville puis à les refouler à plusieurs reprises.

Les affrontements qui ont duré tout l’après-midi ont fait trois blessés parmi les policiers.
Bachir Mebarek – El Watan, 7 janvier.

Premières escarmouches à Mostaganem

Les émeutes qui secouent les grandes agglomérations du pays n’ont eut que de très faibles échos à Mostaganem. Vendredi matin, c’est à la cité de 600 Lgts, dans le nouveau quartier de Kharrouba que des jeunes ont scandé des slogans.

Alors que les principaux édifices publics étaient fortement gardés par les brigades anti-émeute, ce n’est qu’à partir de 20 heures que les premiers affrontements entre manifestants et forces de l’ordre seront enregistrés au niveau de la place du 1er Novembre, tout juste en face de la mosquée Badr.

Mais très vite l’intervention des forces de l’ordre parviendra à disperser les manifestants qui s’enfuient alors vers le vieux quartier du Derb. D’autres jeunes manifestants ont empruntés les escaliers qui mènent vers l’avenue Raynal, échappant ainsi aux policiers qui gardaient le siège de la daïra. Le quartier de Tigditt a également été isolé par un groupe de jeunes qui ont barrés la rue au niveau de Bab Medjaher.

Yacine Alim – El Watan, 7 janvier.

Après trois jours de révolte…

Vendredi 7 janvier 2011 :

BECHAR : Soulèvement populaire dans le quartier de Bechar Eldjadid et Debdaba en début de soirée.

BISKRA : Des manifestants venus du bidonville situé près du quartier Al Alia ferment la rue principale avec des pneus enflammés. Intervention des brigades anti-émeutes.

BORDJ BOU ARRERIDJ : Reprise du mouvement de révolte. Les manifestants occupent les rues et saccagent de nombreux édifices (mairie, banque CPA, opérateurs téléphoniques, inspection des impôts). La station radio locale est attaquée par les jeunes.

BOUIRA : Violents affrontements entre les jeunes manifestants et la police au niveau des cités populaires 1100, 140 et l’ancienne ville (pierres, cocktail Molotov, lacrymogènes etc.). Par ailleurs des jeunes commencent à se rassembler au niveau du quartier  chic de Draa Elbordj et la police anti émeutes arrive de toutes parts pour protéger les immeubles de la wilaya. Le pire est à craindre pour demain samedi qui est le jour cauchemardesque des autorités à Bouira vu le nombre (de 30 à 50’000 habituellement) des campagnards qui viennent en ville surtout pour faire leurs emplettes au marché.

BOUMERDES : Reprise du mouvement de révolte à BORDJ MÉNAÏEL et à TIDJELABINE où des édifices et locaux sont saccagés.

Au FIGUIER, les manifestants bloquent l’axe routier par des pneus enflammés et des blocs de pierre.

M’SILA : Mouvement de révolte à Aïn H’djel où les jeunes manifestants s’attaquent à la daïra et à la mairie. La police tire et tue un jeune de 18 ans, Azzeddine Lebza et blesse 3 autres.

ALGER : À Bordj El Kiffan et au quartier Rive Verte, reprise des manifestations et des affrontements avec les policiers.

À BELOUIZDAD, les affrontements reprennent très tôt à Laquiba, avant de s’étendre à la place du 1er mai et la rue Hassiba Ben Bouali.

Affrontements à la rue Tanger, près de la rue Ben M’hidi. Les brigades anti-émeutes répliquent par des grenades lacrymogènes.

A BAB EL OUED, reprise des affrontements. Des civils armés de barres de fer pourchassent les manifestants (policiers ?).

À EL MOHAMADIA (EL HARRACH) : les manifestants pillent et saccagent le supermarché «Le Printemps».

À BAB EZZOUAR, les manifestants tentent de s’attaquer à nouveau au centre commercial de la Nomenklatura. Un important dispositif policier protège les édifices publics.

À BORDJ EL BAHRI, les manifestants s’attaquent à une usine, au lycée et à l’émetteur radio.

Au HAMIZ, les manifestants bloquent la route menant vers Rouiba.

Reprise des affrontements à AÏN TAYA, BORDJ EL KIFFAN et BORDJ EL BAHRI, entre les manifestants et les brigades anti-émeutes.

LAGHOUAT : Après la prière du vendredi, les jeunes  citoyens occupent la rue pour clamer leur désarroi quant à leurs conditions de vie. La mairie, l’hôtel Marhaba, les sièges de la sonelgaz, de Djezzy, Nedjma et l’inspection du travail sont saccagés tout comme certains commerces. Ils tentent de s’attaquer au tribunal de la ville.

MOSTAGANEM : Mouvement de révolte en soirée dans de nombreux quartiers de la ville (Kharouba, Derb, place du 1er novembre, Tigdit, Bab Medjahed). Les édifices publics sont sous haute surveillance des brigades anti-émeutes.

OUM BOUAGHI : À Aïn El Fekroun, les manifestants bloquent la route nationale. Le tribunal et la Sonelgaz sont incendiés.

TIZI-OUZOU : Attroupement de jeunes manifestants au quartier des Genêts. Attaque de la CNEP, de l’agence Air Algérie et du commissariat. Intervention des brigades anti-émeutes pour disperser les manifestants.

Jeudi 6 janvier  2011 :

BEJAÏA : Mouvement de révolte populaire à Béjaïa, Tazmalt, Ighzer Amokrane et Akbou. Des centaines de jeunes manifestants sortent dans les rues, bloquant les accès  pour dénoncer la cherté de la vie.

À AKBOU, les manifestants ont attaqué le tribunal et le commissariat de police. La poste a été saccagée. Un véritable état insurrectionnel règne dans la ville où la jeunesse victime du chômage, crie sa fureur et son désespoir.

TAZMALT : Le tribunal, la recette des impôts et le siège de la Sonelgaz saccagés.

OUZELLAGUEN : Les jeunes manifestants occupent la rue et attaquent le commissariat. La route nationale est fermée par des pneus incendiés.

TICHY : les manifestants s’attaquent au tribunal et à la Sonelgaz qui sont saccagés.

BORDJ BOU ARRERIDJ : Des centaines de citoyens de la localité de Ras El Oued sortent dans la rue pour dénoncer leurs conditions sociales et la cherté de la vie. Des affrontements ont eu lieu avec les brigades anti-émeutes. Les routes principales ont été fermées par les manifestants.

BOUIRA : Les manifestants ferment la route nationale et tendent de bloquer l’axe de l’autoroute par des pneus enflammés. Le siège de l’OPGI est saccagé.

À AHNIF, les manifestants occupent la route nationale.

BOUMERDES : Violents affrontements entre manifestants et brigades anti-émeutes à Bordj Ménaïel et Naciria. De nombreux blessés sont à déplorer à Bordj Ménaïel.

AÏN DEFLA : les manifestants bloquent la route nationale reliant Boumedfaa à Hammam Righa, pour protester contre la cherté de la ville. Intervention des gendarmes.

À KHEMIS MILIANA, les manifestants ferment la route nationale et saccagent des établissements publics.

ALGER : Reprise des affrontements entre jeunes manifestants et services de sécurité à Bachdjarah.

Affrontements à BORDJ EL KIFFAN.

Attroupement de jeunes au HAMIZ. La route vers Rouïba est coupée. Importants renforts de brigades anti-émeutes.

De jeunes manifestants ferment la route à DERGANA.

Premiers attroupements en milieu d’après-midi à la rue Larbi Ben M’Hidi (ALGER).

À BAB EZZOUAR, les manifestants s’attaquent à la direction générale de Djezzy et au centre commercial de la nomenklatura.

Reprise du mouvement de révolte à BAB EL OUED où le commissariat est à nouveau attaqué. Une véritable bataille des rues est engagée entre les jeunes manifestants et les brigades anti-émeutes.

À AÏN BENIAN et BAÏNEM et RAÏS HAMIDOU, la route est bloquée par les manifestants.

Reprise du mouvement de révolte à BELOUIZDAD. La rue principale est bloquée par de nombreux pneus enflammés.

Extension des manifestations à SIDI YAHIA, EL MADANIA et EL BIAR.  Dans le quartier de Sidi Yahia, les jeunes s’attaquent aux magasins de la grande rue des Beggarines. À la place du 1er mai, la station de bus est pulvérisée. Les manifestants tendent de briser le portail d’entrée du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Les Eucalyptus (EL HARRACH) : Les manifestants saccagent la mairie et occupent la route nationale.

Dar El Afia (KOUBA) : Les manifestants ferment la route principale menant vers Kouba et incendient un bus.

SÉTIF : Le vent de la révolte a soufflé en début d’après-midi dans plusieurs quartiers de la ville dont la cité des 500 logements et Bizar. Rues et boulevards ont été bloqués par des pneus enflammés. Le siège de l’opérateur Nedjma de la cité des 1014 logements a été saccagé ainsi que de nombreux poteaux de signalisation. Le siège de l’ERIAD et de la direction de l’éducation ont été attaqués.

SOUK AHRAS : Attroupement de jeunes citoyens dans la rue principale en milieu d’après-midi, provoquant des affrontements avec les services de sécurité.

TIARET : Les jeunes des quartiers Zaaroura, Boumhenni et Bouchekif sortent dans la rue pour exprimer leur désarroi devant la cherté de la vie et leurs déplorables conditions de vie.

Mercredi 5 janvier 2011 :

ORAN : vaste mouvement populaire de protestation en début d’après-midi contre la cherté de la vie dans plusieurs quartiers populaires de la ville dont Victor Hugo, Les Planteurs, El Hamri et le Petit Lac. Des barricades sont érigées dans les rues. Des édifices publics et magasins sont saccagés. Arrivée de renforts de brigades anti-émeutes qui bouclent tous les quartiers populaires. La contestation se poursuit durant toute l’après-midi Des pneus brûlés jonchent les rues principales de la ville.

BAB EL OUED : De jeunes citoyens sortent en début de soirée dans la rue au centre du quartier  des 3 horloges. Des barricades sont érigées. Un camion des brigades anti-émeutes est incendié près d’El Kettani. Les abris bus sont détruits. Des magasins dont ceux de Djezzy, Bellat  et des concessionnaires Renault et Geely sont saccagés. Le commissariat du quartier est attaqué et harcelé par les manifestants. Les policiers assiégés répondent par des bombes lacrymogènes. Des tirs de balles sont entendus. Le mouvement se poursuit tard dans la ville malgré l’arrivée des renforts. Le siège de la DGSN est sous haute protection. De nombreux blessés sont à déplorer.  Le mouvement de révolte s’étend à Raïs Hamidou.

CHERAGA : Des jeunes de la localité de Calmon sortent dans la rue, armés de barres de fer, bloquant la route Alger-Tipaza et provoquant un immense embouteillage. Des scènes de violences ont été signalées.

BELOUIZDAD : La rue principale du quartier est fermée en début de soirée par des barricades. Incendie de pneus au niveau de l’ex-cinéma Musset. Intervention des brigades anti-émeutes et des pompiers. Le quartier est totalement bouclé par les services de sécurité.

BACHDJARAH : Des jeunes de Bachdjarah, La Glacière, Oued Ouchayeh et Gué de Constantine sortent à leur tour dans la rue. Des pneus enflammés bloquent les rues. Le tunnel d’Oued Ouchayeh est fermé par les manifestants. De nombreux magasins et un bureau de poste sont saccagés.

KOUBA : Le quartier d’Appreval est le siège durant la soirée d’un mouvement populaire de protestation. De nombreux jeunes bloquent la route avec des pneus enflammés. Affrontements avec les brigades anti-émeutes.

Le Quotidien d’Algérie, 8 janvier.

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