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Un tract de solidarité avec les révoltés du Maghreb

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  1. albabo
    27/01/2011 à 17:47 | #1

    Ce texte constitue un premier tract de solidarité rédigé ‘à chaud’ il y a une semaine par un group de solidarité basé en Grèce.

    Carthago delenda est

    La Méditerranée en feu…

    Des barricades de feu et des occupations en Grèce jusqu’aux émeutes en Algérie et la révolution en Tunisie, la lutte est –et restera- sauvage, conflictuelle, de classe et victorieuse.

    Ces dernières années on comprend de plus en plus que la fin de l’abondance et de la sureté capitaliste approche. Le développent durable, la sensation de sécurité, les illusions du néolibéralisme, du FMI, du troisième voie et les restes mensonges des capitalistes volent en éclats.

    Les mensonges ont fini…la chasse a commencé…

    Lorsqu’un jour le peuple veut vivre,
    Force est pour le destin de répondre,
    Force est pour les ténèbres de se dissiper,
    Force est pour les chaînes de se briser
    Abou el Kacem Chebbi

    On rappelle que la Tunisie est encore un pays sous la direction de FMI comme l’Argentine et la Grèce. On rappelle aussi qu’appart les émeutes en Algérie et la révolte en Tunisie, des émeutes prennent aussi lieu en Jordanie et à Liban. Tous ces événements viennent à remplir la révolte en Grèce en 2008 et les grèves sauvages en 2010, les émeutes en Italie en Septembre. Tous ces évènements prédisent ce que les prolétaires, les précaires, les chômeurs et les immigrés portent dans tout le monde.

    La Méditerranée en feu alors…

    Que les hommes cessent d’être les esclaves des hommes,
    cet appel est le nôtre.

    Ce qu’il se passe en Tunisie est très impressionnant et très important aussi pour tout le monde arabe. On perçoit de façon très positive le fait que la révolution en Tunisie a présenté dès le début des aspects de lutte de classe et elle n’a pas été appuyée sur la métaphysique religieuse ou sur d’autres idéalisations. La lutte était directe et dynamique hors de la direction des partis et d’autres médiateurs. Ainsi, des conflits contre la police, on a très vite passé à la formation des militia pour la sauvegarde de la lutte et des révoltés.

    Le monopole de la violence de l’Etat a été brisé. On espère que les drapeaux nationaux donnent le lieu aux drapeaux internationaux / de classe.

    Nos salutations à la révolution glorieuse et aux chasseurs de Ben-Ali et de sa bande.
    Nos salutations militantes aux militia populaires. Que la lutte se propage dans toutes les régions de Tunisie.

    Toi que le malheur des autres laisse indifférent, tu ne mérites pas d’être appelé Homme.
    Saadi

    La solidarité est l’armée des peuples.

    La violence est la sage-femme de l’histoire
    Karl Marx

    G.S.G
    (Groupe de solidarité de Grèce)

  2. pepe
    28/01/2011 à 10:28 | #2

    Pas indifférent pour deux sous mais un peu géné par cette absorbtion un peu rapide, cette assimilation des révoltes sous prétextes qu’elles sont populaires, massives, violentes et éventuellement victorieuses (voire, l’après printemps tunisien risque de se révéler bien décevant, non?…).
    Ma gène sera résumée par l’emploi de la notion de “peuple” à coté de celle de “classe” dans ce tract.
    Peux t on vraiment assimiler dans le même mouvement le prolétariat précaire de Grèce, les étudiants prolétarisés d’Italie, la socièté “civile” (le peuple, là, pour le coup) de Tunisie, la minorité (pour le moment) très politique d’Egypte, le nouveau déchirement straégico-politique du Liban…..? Si oui, il faut expliquer en quoi ces révoltes révèlent, chacun à sa manière, l’état mondial du rapport en le prolétariat et le capital mondial. En quoi se décline, ici et là de façon très différente, la partition de la lutte des classes….Début de basculement général de la crise du Capital, soubressauts de la fin de la restructuration, déchirements des prémisses d’une nouvelle restructuration…???

  3. Patlotch
    28/01/2011 à 11:58 | #3

    Si l’on ne peut considérer comme obligatoire (historiquement) une étape démocratique entre forme quasi-monarchique de gouvernement et luttes de classes opposant plus nettement “bourgeoisie” et prolétariat, il semble néanmoins qu’en Tunisie (en Egypte c’est un peu tôt) la question 2 que posait RS dans le fil “Autour des événements…” > http://dndf.org/?p=8759 : « Que signifie la concomitance de la destruction de tout ce qui représente le pouvoir et les pillages ? » et celle (6) sur « l’absence de revendication » (avec la discussion qui suit) trouvent des éléments de réponse dans ce qui paraît dominer aujourd’hui, à savoir la question de la composition du gouvernement et les mesures qu”il prendra, en même temps que celle de la représentation sociale (syndicale) et politique relancée hier par BL avec le rôle de l’UGTT > http://dndf.org/?p=8759#comment-2119

    Je peux me tromper, ne pas avoir les bonnes nformations, ou ne pas savoir les interpréter, mais le caractère prolétarien des révoltes, y compris leur dimension mondiale, m’apparaît fortement masqué par la spécificité nationale et régionale héritée du colonialisme français, cette dominante politique, démocratique et citoyenne, et toujours inter-classiste (populaire), et spécifique à cette sortie de régime policier et mafieux.

    Je continue donc de penser qu’on y verra plus clair quand les Tunisiens auront obtenu ce qu’ils semblent majoritairement exiger actuellement, la démocratie politique, avec naturellement les espoirs qu’elle suscite sur le plan économique et social. C’est alors qu’on verra se dessiner les lignes d’affrontements de classes, y compris les fractures entre prolétariat et couches moyennes, et au sein du prolétariat, voire à travers les dimensions générationnelles. Et de même que le caractère mondial de ces événements se révélera plus clairement, dans ce qui peut être comparable aux révoltes dans d’autres pays de la région ou d’autres continents.

    Je vois ça comme une sorte de mise à jour dans la restructuration du capital mondial, à mettre en relation avec celle que nous connaissons en Europe, et en surface avec le renversement des rapports de force économiques entre l’Occident et l’Asie.

    J’ajoute qu’évidemment, n’étant pas tunisien, on ne peut se sentir que “solidaire” de leur combat “pour la liberté”, mais suffit-il de leur conseiller de le mener sous des “drapeaux internationaux / de classe”, quand, sous le drapeau tunisien, cela en souligne le caractère limité, mais incontournable pour l’heure.

    PS : ce serait peut-être mieux placé dans le fil “Autour des…”, mais comme c’est suite au questionnement de Pepe…

  4. albabo
    29/01/2011 à 06:19 | #4

    Tout d’abord il s’agit d’un tract de solidarité et pas un texte d’analyse et il faut être lu comme ca.
    La seule fois qu’apparait la notion du peuple dans le tract, c’est au sein d’un slogan qui nous rappelle le caractère internationaliste de la solidarité, un slogan très utilisé par le ‘mouvement’ anarchiste de grèce. En plus la notion du ‘peuple’ a une signification -histroquement- très specifique et determinée quand elle est utilisée par des militants en Grèce (voir l’armée partisane grecque pendant la seconde guerre mondiale et l’héritage du mouvement de la résistance de cette époque). Il y a rien dans ce tract sommaire qui nous permet des interprétations interclassistes etc.
    Deuxième point: Dans le tract se désigne un fil qui lie les divers évenements plus ou moins insurectionnels qui prennent lieu autour de la méditerannée. (Les événements en Egypte viennent à remplir ce cadre). Il les assimile pas mais il y voit des diverses formes de négation face à une même situation: l’offensive du Capital contre ‘le monde du travail’, une offensive qui prend lieu sous diverses formes (FMI, mésures d’austerité etc ). C’est pas un tract de solisarité qui va analyser “l’état mondial du rapport en le prolétariat et le capital mondial.” Ca c’est très important mais c’est l’objectif des textes d’analyse. Et il faut pas confuser l’analyse et l’agitatsia.
    Enfin, concernant les drapeaux le tract ne conseille pas. Parce que les rédacteurs n’ont pas la volonté et ils ne se trouvent pas à une position ‘à conseiller’ les révoltés. Ils expriment une éspoir et ca c’est plus que clair puisque ils utilisent la phrase ‘On espère que…’

  5. Patlotch
    31/01/2011 à 11:28 | #5

    @albabo

    albabo a raison, “conseiller” n’était pas juste.

    C’est vrai aussi qu’un tract n’est pas une analyse, mais son contenu peut être analysé. La notion de “peuple” est toujours spécifique, par définition, puisqu’elle renvoie à l’Etat-nation, même à travers “la solidarité entre les peuples”. Les mouvements de résistance au nazisme ne mettaient pas en avant la lutte de classes, mais la lutte contre l’occupant ou ses alliés intérieurs, contre les dictatures fascistes, pour la démocratie, l’indépendance nationale… Les mouvements de libération nationale et anticolonialistes pouvaient être conduits par des bourgeoisies nationalistes entraînant plus ou moins les classes ouvrières.

    Il existe une très forte médiation de la lutte de classes par la politique, dans ces pays, il est difficile de saisir, comme dit Pepe, “En quoi se décline, ici et là de façon très différente, la partition de la lutte des classes…”. Quand on lit le tract du GCI qui ouvre la discussion http://dndf.org/wp-content/uploads/2011/01/maghreb1101.pdf, tout a l’air simple et transparent : “on nous a vendu qu’il s’agissait :
    – d’un peuple qui se soulève contre un affreux dictateur, l’ex-allié d’il y a une heure ;
    – d’une « révolution de jasmin » pour des droits et libertés démocratiques ;
    – d’électeurs fâchés de n’avoir pas trouvé le bureau de vote ;
    – de gens qu’on ferait bien de syndiquer le plus vite possible.
    […]
    Pour nous, prolétaires,
    il s’agit de nos frères et soeurs de classe qui luttent depuis des mois, des années,
    au Maghreb, dans le monde, contre l’exploitation, contre l’État…”

    Mais on ne nous a rien vendu qui ne soit vrai, on a bel et bien “un peuple qui se soulève contre un afrreux dictateur […] pour des droits et libertés démocratiques ” dans un mouvement interclassiste, et l’on peine à déchiffrer les pages prolétariennes de la partition, même quand on sait que le contexte global est celui de l’affrontement de classes au niveau mondial.

    Le plus frappant est qu’ici, l’implication réciproque entre prolétariat et capital implique directement la mise à jour en temps réel, au niveau politique, de la restructuration économique.

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