Bangladesh: des manifestations de salariés du textile font deux morts
Plusieurs milliers d’employés du secteur textile ont manifesté lundi contre le nouveau salaire minimum décidé au Bangladesh, forçant 140 usines à fermer leurs portes, et deux employés sont morts au cours de heurts avec la police.
Un policier recharge son fusil lors d’une manifestation des employés du textile.
Le gouvernement a récemment décidé d’augmenter de 76% le salaire minimum mensuel à 68$ en décembre, mais des syndicats estiment que les employés du textile les plus expérimentés ne profiteront pas de cette mesure et que certains patrons ont réagi en diminuant les indemnités transport et repas.
Des scènes de violence ont éclaté à Ashulia, banlieue de la capitale Dacca où sont installées de nombreuses usines textiles travaillant pour de grandes marques occidentales, mais également à Gazipur, au nord de Dacca, selon la police.
«Au moins 10 000 employés ont manifesté à Konabari (district de Gazipur). Ils ont lancé des pierres sur la police. Nous avons riposté avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes», a dit un porte-parole de la police, Shamsur Rahman à l’AFP.
Les manifestants sont essentiellement des salariés expérimentés en colère contre l’absence de revalorisation de leur paie, a-t-il ajouté.
Des témoins ont affirmé que des policiers avaient ouvert le feu sur des employés qui sortaient de l’usine GMS Composite Knitting Industry à Gazipur et que deux des employés étaient morts.
«D’abord, des responsables de l’usine ont battu un de nos collègues, puis, alors que nous sortions de l’usine pour exprimer notre protestation, la police a ouvert le feu. Deux travailleurs ont été tués et plusieurs ont été blessés», a déclaré un employé par téléphone à l’AFP.
«Les responsables de l’usine ont traîné plusieurs des travailleurs blessés à l’intérieur de l’entreprise. Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé», a ajouté cet employé, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Un porte-parole de l’établissement hospitalier où le corps de l’un des employés tués avait été transporté, le Enam Medical College, a déclaré qu’il présentait un impact de balle dans le cou.
La police a confirmé le bilan de deux morts, mais a nié avoir tiré à balles réelles sur les employés. «Nous soupçonnons qu’ils sont morts au cours d’une bousculade lorsqu’ils sortaient de l’usine», a déclaré un responsable de la police, Saiful Islam. Il a affirmé que la police n’avait utilisé que des armes non létales.
Selon l’association des fabricants et exportateurs de textiles du Bangladesh, quelque 140 usines ont dû fermer lundi en raison de ces manifestations.
Malgré la récente augmentation des salaires, les ouvriers du textile au Bangladesh restent parmi les moins bien payés au monde.
L’effondrement en avril, avec un bilan de 1135 morts, du complexe Rana Plaza, qui abritait plusieurs ateliers de production, avait montré une nouvelle fois les médiocres conditions de travail et les salaires de misère des ouvriers du secteur.
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