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“Soulèvement arabe : classes / genre”

CouvertureSoulevementArabe

Dernière parution de la revue Théorie Communiste.
On pourra la trouver au Salon du Livre Libertaire, à Paris, ce week-end… ou dans les librairies ou vous pourrez la commander… ou par ce site!
Pour Montréal, s’adresser à La sociale.

4° de couverture:

Dans le cours des luttes de classes du soulèvement arabe, l’occultation conflictuelle des ouvrières sous leur définition de femmes les renvoie en tant que telles à la sphère du privé.Leur présence dans la sphère publique de la production, des grèves ou des manifestations,toujours subordonnée et permettant leur assignation en tant que femmes, est constitutive d’une définition masculine de la classe ouvrière. Un ouvrier est un prolétaire, une ouvrière est une femme. Cela n’amenuise en rien la conflictualité du rapport entre la classe ouvrière et le capital, mais indique dans quel rapport interne il se construit.

L’étrange combinaison entre libéralisme et bureaucratie d’Etat qui définit l’Etat et la classe dominante dans les pays arabes depuis le début des années 1970 parvenue à ses limites de développement a craqué de toute part. La recomposition de la classe dominante et de l’Etat, en Egypte comme dans toute la région, ne peut être menée de façon endogène, le soulèvement arabe est un processus de long terme. Cette recomposition demeure l’enjeu général du mouvement de longue durée amorcé dans les pays arabes, il absorbe, pour l’instant les pratiques de tous les acteurs.

Les contradictions de classes et de genre, dans leur spécificité, ne peuvent exister séparément. A l’intérieur de la crise économique et politique de la configuration de la classedominante et de son Etat, la thèse centrale de ce texte désigne la distinction de genre comme opérateur intérieur déterminant du devenir politique de la lutte de classe comme revendication civile.

EXTRAIT

Le mode de production capitaliste n’est pas sexuellement neutre

Il faut partir de ce qui fabrique les femmes.

Le travail et le surtravail qui lui est corollaire supposent la constitution de la population en principale force productive, le contrôle de cette principale force productive suppose la création d’une partie de l’humanité comme productrice de cette force et son contrôle. Partir de la reproduction (biologique) et de la place spécifique des femmes dans cette reproduction c’est présupposer comme donné ce qui est le résultat d’un processus social. Le point de départ (puisqu’en avoir un fait partie des tares nécessaires de la production théorique) est ce qui rend cette place spécifique comme construction et différenciation sociale : les modes de production jusqu’à aujourd’hui. L’augmentation de la population comme principale force productive n’est pas plus un rapport naturel que n’importe quel autre rapport de production et elle se meut dans des contradictions spécifiques à chaque mode de production. La nécessaire appropriation du surtravail, phénomène purement social (le surtravail ne tient pas à une supposée surproductivité du travail) crée les genres et la pertinence sociale de leur distinction sur un mode sexuel et naturalisé. Posséder un utérus ne signifie pas « faire des enfants », pour passer de l’un à l’autre il faut tout un dispositif social d’appropriation et de mise en situation (de mise en fonction) de « faire des enfants »[1], dispositif par lequel les femmes existent. Posséder un utérus est une caractéristique anatomique et non déjà une distinction, mais « faire des enfants » est une distinction sociale qui fait de la caractéristique anatomique une distinction naturelle. Il est dans l’ordre de cette construction sociale, de ce dispositif de contrainte, de toujours renvoyer ce qui est socialement construit, les femmes, à la biologie. La production de la catégorie sociale femmes ne serait pas telle sans être naturalisée et le rapport entre hommes et femmes ne saurait être un rapport social sans apparaître comme naturel.


[1] Dispositif de violence incluant le viol, mais aussi l’amour, le care, la douceur, le souci des autres, être un corps.

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