des nouvelles d’Algérie….
mouvement de protestation à Annaba
La ville assiégée par les chômeurs
El Watan, 22 octobre 2009
Le cours de la Révolution, le siège de la commune et celui de la wilaya de Annaba étaient, hier, assiégés par des centaines de jeunes chômeurs. Dans un mouvement de protestation, ces derniers, en colère, ont réclamé pour la énième fois des contrats de travail dans le cadre du Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DIAP).[print_link]
« Personne n’a daigné prendre attache avec nous malgré que nous protestons depuis plusieurs jours afin de quémander un contrat de travail dans le cadre du DIAP. Nous sommes en majorité des diplômés sans pour autant avoir foulé un jour le monde du travail », tonnent plusieurs jeunes protestataires sous les regards vigilants des éléments des services de sécurité venus en nombre pour cerner le mouvement des manifestants. Un autre jeune, B. Nabil, 32 ans, biologiste de formation, n’a pas hésité à se lamenter sur son sort. Avec une voix stridente, il nous a déclaré : « Je suis diplômé en biologie depuis plusieurs années, durant lesquelles je n’ai pas eu la chance d’avoir un emploi encore moins de quitter le pays. Annoncé en grande pompe, le dispositif DIAP ne m’a pas profité, ne répondant pas à mes attentes. » Du côté de l’APC de Annaba, la responsabilité incombe à la direction de l’emploi. D’après Bensaïd Nabil, P/APC de la ville de Annaba, « le wali est intervenu personnellement auprès du ministère de tutelle pour accorder à la wilaya de Annaba une rallonge de contrats susceptible d’absorber l’importante demande enregistrée dans les différentes communes. Accordé, ce quota supplémentaire n’a cependant pas fait l’objet de répartition par la direction de l’emploi pour les différentes communes ». Ceci sera entendu dans la majorité des APC de la wilaya, dont El Bouni, El Hadjar et Sidi Amar qui abritent quotidiennement des mouvements de protestation. Ainsi, selon les présidents de ces communes, qui comptent 17 000 demandes de contrat en instance, la direction de l’emploi est la seule responsable de cette situation. « Les jeunes demandeurs d’emploi ignorent les prérogatives des institutions. Ils sont sans information également que les contrats de DIAP sont gérés par la direction de l’emploi seule habilitée à les accorder et les reconduire », s’accordent à répondre nos interlocuteurs. A la direction de l’emploi, c’est la fuite en avant. « Le directeur est absent. Il est malade », nous a répondu le préposé à l’accueil devant une foule de chômeurs.
Edition du 23 octobre 2009
L’info. au quotidien
La nouvelle bataille d’Alger : La chute de la « citadelle »
« Faites quelque chose sinon ça va exploser ! ». Extrait d’un procès-verbal non publié d’une réunion à la wilaya d’Alger. L’officier de renseignement qui brandissait ses fiches de sondages hebdomadaires des services secrets s’en prend aux fonctionnaires. Il prévenait contre des risques de mouvements de colère conséquents à la cherté des prix des fruits et légumes avant le Ramadhan
« Comme si on pouvait faire quelque chose, nous confiait l’un des présents à cette houleuse réunion, l’Etat s’est désengagé, l’anarchie est partout parce que justement l’Etat abandonne son rôle régulateur, on laisse pourrir la situation, la corruption pousse les gens à se prendre en charge eux-mêmes…On ne peut plus rien faire ». Ce terrible constat d’un commis de l’Etat est vécu au quotidien. L’Etat, se comportant comme l’Oudjek turc derrière ses hauts remparts, laisse la société se réguler elle-même. Lorsque l’auto-régulation se fait violente, les janissaires – ou aujourd’hui les CNS – frappent dans le tas. Mais, la métaphore est forte, quand les forces anti-émeutes n’arrivent plus à prendre la « citadelle » de Diar Chems à Alger, tout l’appareil répressif et sa logique se retrouvent dans l’impasse. Durant les années 1980, les émeutes sociales qui présageaient le séisme d’octobre 1988, se concentraient dans les centres urbains (Casbah, Constantine, etc.). Après la « trêve » forcées des années 1990 marquées par le terrorisme, les émeutes ont repris au début des années 2000, dans les bordures des centres de décision. Ces émeutes traduisaient la malvie des agglomérations périphériques nées, justement, dans l’anarchie des années 1990. Avec Diar Chems, la révolte se recentre au cœur de la ville la plus protégée du pays, centre du pouvoir, avec ses 5000 policiers en renfort et à moins de 1000 m du palais de la présidence ! La logique des colères périphériques s’évanouit en un fracas d’affrontements sous les oreillers étouffants de la République. Le pari du pouvoir de mépriser toute médiation citoyenne n’a pas fait long feu. La réponse des autorités ? Des enveloppes financières « sociales » vite avalées par la corruption institutionnalisée…et le pathos. « Nous avons été sensibles aux cas de 1400 familles vivant dans des F1 et des F2 depuis 1958 », déclare le wali délégué de Sidi M’hamed, Mohamed laïd Khelifi, à Liberté ! « Depuis 1958 » ! Au fait, les Algériens sont indépendants depuis quelle année ?
Alger : des heurts entre émeutiers et policiers font 50 blessés
jeudi 22 octobre
Les affrontements entre la police et les manifestants dans la capitale algérienne ont fait au moins 50 blessés, dont 11 policiers, a annoncé mercredi Radio Algérie.
Selon une source au sein des services de sécurité du pays, une manifestation non autorisée s’est déroulée mardi dans l’un des quartiers populaires d’Alger, El Madania, en signe de protestation contre la dégradation de l’habitat et la hausse du chômage. Organisée en réponse à l’opération conjointe de la police et du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme visant à démolir les habitations vétustes et les abris de fortune, elle a réuni essentiellement des jeunes. Dépêchés pour disperser les manifestants, les policiers ont été accueillis à coup de pierres et de cocktails Molotov. Afin de mater l’émeute, les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau. Selon les informations les plus récentes, les troubles ont fait au moins 50 blessés, dont 11 policiers.
D’après Radio Algérie, la police a investi mardi les quartiers rebelles de la capitale algérienne, sans toutefois parvenir à mettre un terme aux affrontements.
Sources Novosti
Malgré la disponibilité et les explications des autorités
Diar Echems ne décolère pas
Par :Chérif Memmoud, Liberté, 21 octobre 2009
Cette fois-ci, les émeutiers ont eu recours aux cocktails Molotov.
Plusieurs blessés et arrestations ont été enregistrés au cours de ces heurts qui ont provoqué un mouvement de panique chez les citoyens d’El-Madania et d’El-Mouradia.
Ce n’était que partie remise entre les forces de l’ordre et les habitants de Diar Echems. Ces derniers, après une légère accalmie ce matin, ont décidé de reprendre les hostilités. Hier soir, en effet, les émeutes se sont propagées dans les autres quartiers d’El-Madania comme Diar El-Mahçoul et jusqu’au quartier voisin relevant de la commune d’El-Mouradia, à savoir la Redoute. Des affrontements bien plus violents que ceux de la veille. Cette fois-ci, les émeutiers ont eu recours aux cocktails Molotov. Plusieurs blessés et arrestations ont été enregistrées au cours de ces heurts qui ont généré un mouvement de panique chez les citoyens d’El-Madania et d’El-Mouradia. Les policiers anti-émeute, qui ont doublé leurs effectifs, ont réussi contrairement à avant-hier à s’infiltrer jusqu’au quartier qu’ils ont totalement quadrillé. Même avec du gaz lacrymogène, les émeutiers ont pu résister et se montrer intraitables, usant de toutes sortes de projectiles, des pierres, des bouteilles de limonade en verre, des barres de fer… Ils ont même décidé de barrer la route aux policiers en plusieurs endroits, avant que la police n’intervienne pour dégager les accès.
La route menant de Bir-Mourad-Raïs à El-Madania a été fermée à la circulation. Des dizaines de personnes se sont retrouvées du coup bloquées et n’ont pu rentrer chez elles.
Cette remontée des hostilités est due aux jeunes arrêtés avant-hier et qui n’ont pas été relâchés comme promis par les autorités. Il s’agit, au fait, d’une trentaine de jeunes émeutiers qui étaient l’objet d’un compromis qui, selon les habitants, n’a pas été respecté.
Auparavant, à Diar Echems, tout était calme. Mis à part quelques débris de verre, rien ne présageait d’une journée d’émeutes. Hier, à 9h30, tout le monde vaquait à ses occupations. On avançait à petits pas dans ce secteur réputé à risque où même les forces de sécurité soutenues par un imposant renfort n’ont pu accéder. Notre surprise fut grande lorsqu’un des émeutiers de la veille, que nous avons retrouvés, se sont montrés disponibles à donner leur version des faits sur ce qui s’est passé lundi dernier.
C’est dans le quartier le plus chaud d’El-Madania que nous avons rencontré Halim et discuté avec lui et certains de ses camarades, qui habitent eux aussi Diar Echems, des raisons du soulèvement de lundi. Pour eux, il n’y a pas de doutes, ce sont les services de sécurité qui ont commencé les hostilités. “Il n’y avait aucune place pour le dialogue. Nous n’avons fait que nous défendre. Nous vivons dans une misère totale ; il n’y a même pas le minimum d’hygiène. Nous sommes plusieurs familles à partager un appartement, une pièce-cuisine. Au lieu de nous permettre de bénéficier d’un logement décent, on nous réserve les matraques. On ne se taira pas. Venez avec moi, venez voir où nous vivons ; des conditions en deçà du minimum de dignité humaine. Et dire qu’on est au cœur de la capitale”, criait Halim. Le spectacle, en effet, n’était pas beau à voir : des dizaines de constructions de fortune collées les unes aux autres. Halim ne se retient plus. “Regardez, vous appelez ça des conditions de vie ? Et avec ça, dès qu’on ouvre la bouche pour parler et demander l’amélioration de nos conditions, on nous envoie la police”, s’est-il écrié. “Nous avons donné un ultimatum aux autorités qui expirera le 1er novembre prochain ; si rien n’est fait d’ici là, on reprendra notre protestation”, a-t-il averti.
C’est sur cette sommation des habitants de Diar Echems que nous quittons Halim et ses voisins. Direction l’APC d’El-Madania. Sur place, au siège de la mairie, le président de l’Assemblée communale s’est, sans attendre, mis à notre disposition et a donné sa version des faits. Sûr de lui, il nie avoir toute relation avec ce qui s’est passé et se dit “élu et représentant de la population”. “Ce qui s’est passé, c’est que des habitants ont décidé de squatter le stade. Je suis intervenu pour leur demander d’arrêter car cela est illégal. Il s’agit de constructions illicites. Je les ai reçus, j’ai discuté avec eux et j’ai pensé que tout était rentré dans l’ordre.”
Ce n’était pas le cas, puisqu’hier encore, Diar Echems ne décolérait pas.
Le feu couve sur le front social
par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 21 octobre 2009
A la contestation sociale exprimée par des actions de grève qui se multiplient depuis la rentrée, se greffent d’autres évènements révélateurs d’un climat de mécontentement populaire explosif. Ce sont ces émeutes qui secouent le pays du nord au sud et de l’est à l’ouest, avec pour déclencheurs des causes qui varient d’une région à l’autre.
Ce qui est l’indice d’un ras-le-bol qui prend prétexte de tout pour s’exprimer. Ces explosions de colère populaire auxquelles nous assistons en ce moment sont l’ultime recours pour les citoyens de se faire entendre par des pouvoirs publics autistes et en l’absence de toute autre voie et relais pour le faire. Ce langage de l’émeute est certes critiquable quand il s’accompagne de destructions de biens collectifs et privés. Il est, hélas, la seule façon laissée aux Algériens de faire savoir qu’ils sont excédés par les injustices sociales, la corruption, le népotisme, le chômage et l’état de non-droit sous lequel ils vivent. Le recours à la seule répression en guise de réponse ne fait qu’exacerber la fronde populaire. Si cette répression parvient à endiguer momentanément les foyers de l’émeute, elle nourrit le ressentiment populaire qui en est à la base.
L’émeute qui a eu pour théâtre avant-hier le quartier algérois de Diar-Chams, situé à quelques centaines de mètres du palais d’El Mouradia, où au même moment Bouteflika présidait le Conseil des ministres, renseigne sur le dramatique décalage qu’il y a entre l’insouciante sérénité qu’affiche une autorité sourde et aveugle et la réalité sombre de désespoir accumulé dont elle a tenté de lui faire prendre conscience.
En se produisant peu de mois seulement après la réélection du président Bouteflika, le chapelet d’émeutes qui secoue le pays décrédibilise incontestablement et irrévocablement le discours triomphaliste et satisfait qui est le credo des autorités et la légitimation de la continuité consacrée par le scrutin d’avril dernier.
Les émeutes en question ne sont ni plus ni moins que la remise en cause de cette continuité et des pratiques de gouvernance qu’elle perpétue. Le semblant de paix sociale qu’un pacte troussé par des partenaires en totale déconnexion avec la société est censé avoir établi, ne sera d’aucun effet sur la lame de fond d’une révolte populaire, dont seul le moment de l’explosion reste l’inconnue. Cette perspective n’inquiète pas outre mesure apparemment le premier responsable du pays. Lequel, sa réélection obtenue, s’est muré dans la haute solitude du pouvoir, laissant à des exécutants et à une administration imperméables à la récrimination populaire le soin de «l’intendance», ce qu’ils font dans le mépris le plus absolu des attentes et revendications citoyennes.
Que dire aussi de ces partis, organisations politico-sociales et élus qui, alors que l’émeute se propage, n’ont d’autre centre de préoccupation que le prochain renouvellement de la composante sénatoriale ? Rien, sinon qu’ils vivent sur une autre planète, sans se rendre compte qu’ils sont sur un volcan qui les volatilisera quand il entrera en éruption.
Rassemblement devant le siège de l’UGTA
Des centaines de dockers réclament leur droit à un syndicat
El Watan, 19 octobre 2009
Le hall de l’imposant bâtiment qui abrite la direction de l’UGTA, situé à la place du 1er Mai (Alger), est devenu un espace de lamentations. Depuis des mois, voire des années, les laissés-pour-compte du monde du travail l’occupent pour exprimer leur ras-le-bol.
Hier, ils étaient des dizaines, peut-être même des centaines, comme l’affirment les syndicalistes, à crier leur colère. D’un côté, les travailleurs de Sonatro – un fleuron des travaux publics routiers sacrifié sur l’autel de l’économie de marché – qui « interpellent l’opinion » sur leur « désastreuse » situation et d’un autre, les dockers du port d’Alger qui réclament à la direction de l’UGTA « le droit de s’organiser pour faire face à la déferlante de la privatisation ». Les deux dénoncent « l’impassibilité » de leur organisation syndicale face au danger qui menace l’avenir de leur « gagne-pain ». Brandissant des banderoles et scandant des slogans contre ce qu’ils qualifient de « hogra » (oppression), les dockers se disent « totalement » abandonnés par l’UGTA, dont la direction, expliquent-ils, « fait tout pour maintenir la situation de marasme ». Khennouche Abdelkader, un des porte-parole du collectif, estime que ses collègues n’ont plus la force de continuer à subir les menaces de perte de leur emploi. « Nous n’avons pas pu réagir face au danger qui guette notre travail parce que tout simplement, nous n’avons pu organiser une assemblée générale pour constituer la section syndicale. Cela fait plus de quatre ans que le mandat de l’actuelle direction a expiré et le secrétariat organique refuse de nous donner une date pour renouveler nos instances.
Sans section syndicale, nous ne pouvons organiser aucune action. Ni grève pour protester contre la mise au chômage des journaliers ni même un communiqué pour informer les travailleurs de l’avenir de leur emploi », a-t-il déclaré. Pour lui, toute action de protestation s’avérera illégale si elle ne s’organise pas dans un cadre réglementaire. « Cela fait des mois que nous insistons auprès de la centrale syndicale, mais aucune réponse ne nous a été donnée, comme si cette situation de statu quo l’arrange. Jusqu’à quand allons-nous assister impuissants à la mise à mort de notre entreprise ? », s’interroge M. Khennouche. D’autres dockers lui emboîtent le pas et s’expriment d’un ton coléreux sur leur situation. « En interdisant la marchandise non conteneurisée au port d’Alger, ils ont mis à mort plus d’un millier d’ouvriers, dont au moins 500 n’auront plus leur salaire dès le mois prochain, et les contractuels perdront eux aussi leur travail, dès la fin de l’année. L’entreprise, du fait de la perte de 30% de ses activités, sera dans l’obligation de mettre au chômage les catégories les plus vulnérables », a déclaré un ouvrier journalier.
Un autre dénonce la « passivité » de l’UGTA face à la privatisation du port, mais aussi la perte des postes de travail. « Nous sommes fidèles à l’organisation, mais les agissements de ses dirigeants nous poussent à penser que les intérêts des travailleurs n’ont jamais fait partie de leurs préoccupations », a annoncé Mohamed, père de six enfants, sur la liste des journaliers concernés par la mise au chômage. « Nous sommes en Algérie et vous savez très bien que nous ne pouvons pas aller vers la création d’un syndicat autonome, parce qu’ils ne nous laisseront jamais. Les expériences précédentes l’ont à mainte fois démontré. Nous voulons créer notre section sous l’égide de l’UGTA, et si la centrale refuse toujours de nous donner une date pour l’assemblée générale, nous allons recourir à d’autres actions qui les pousseront à réagir », a souligné M. Khennouche, précisant qu’un rendez-vous a été fixé entre les travailleurs pour se retrouver mercredi prochain au même endroit afin de faire pression sur la direction de l’UGTA, « avant de passer à une autre étape de revendications ». Du côté de la centrale, aucun responsable n’est venu réconforter les protestants. Néanmoins, dans les coulisses, des pressions ont été exercées par certains secrétaires nationaux pour faire reculer les dockers de leurs actions, sous prétexte que « la santé » de Abdelmadjid Sidi Saïd, SG de la centrale, l’a obligé à être loin de la scène. « Il faut lui donner le temps d’être informé de la situation », leur ont-ils souligné. Après trois heures de manifestation, les travailleurs se sont quittés en se donnant rendez-vous pour mercredi prochain au même endroit. Cette fois-ci, ils se déclarent décidés à occuper le terrain de la protestation, pour éviter de rejoindre les oubliés, comme ceux de Sonatro qui battent le pavé depuis des mois.
En passant, à travers ces témoignages, on ne voit pas trop d’affrontement face à la démocratie, même formelle qu’elle n’atteint pas en Algérie, où ce qui s’y opposerait de radicalement démocratique a perdu tout sens. Le discours des pouvoirs, politiques ou patronaux, des “dominants”, sur la démocratie n’est plus qu’utilisé par les émeutiers, même sur la base d’une revendication salariale, au sens large de moyens et conditions de survivre, comme “preuve par l’absurde”, comme on dit en mathématiques. C’est assez comparable avec l’utilisation, quasi instrumentale, par les manifestants quels qu’ils soient, des syndicats comme tout juste bons pour le moment de la négociation (ex lutte CPE), et d’entériner le “rapport de forces” du moment.
De là où nous pouvons le mesurer in vivo, c’est trop jouissif de voir les syndicalistes nous faire la cour, pour conserver un minimum de crédibilité chez les collègues salariés, sans remettre en cause leur statut de négociateurs (ils se font la bise avant et après les commissions paritaires). Le fait est que les syndicalistes, en tant que tels, et les politiques avec, souvent les mêmes – la politique devenue syndicalisme – ne font plus que jouer le jeu sans en remettre en cause la règle.
La période ne peut pas être qualifiée comme syndicalisme radical, car ce syndicalisme (qu’il soit organisé, fédéré, reconnu ou pas, ou anarcho), n’en est plus un que par défaut. La revendication sur le curseur de la plus-value (revendication d’une emploi, salaire et conditions de travail, qualifiée en théorie de “revendication sur le salaire”) rencontre, dans le jeu de la lutte de classes, la nécessité de faire sauter la règle du jeu. Ce “syndicalisme”, ces revendications portées par des luttes violentes, ne sont plus ce qu’elles étaient.
Je n’ai rien à dire d’intéressant sur l’Algérie. Je ne fais que voir des situations essentiellement comparables.
Même de chez nous, en France, on peut percevoir ce qui se joue en Algérie. C’est le même monde, la même valse de Monsieur le Capital avec Madame la terre. les émeutiers sont tout sauf des esclaves exigeant le même.
On ne met jamais deux fois le pied dans la même émeute.
“On ne met jamais deux fois le pied dans la même émeute.”
la dernière fois qu’Héraclite a affirmé cela
Parmenide lui a répondu:
“au contraire, c’est toujours la même émeute”
C’est une réponse parmégarde. Le contraire EST le même. Le chemin de celui qui affronte le capital est droit ET courbe.