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Répression sanglante en Libye, au moins 173 morts depuis mardi

L’ESSENTIEL — Les émeutes continuent de secouer les régimes autoritaires du monde arabe: au moins 173 personnes seraient mortes en Libye au cours des six derniers jours de contestation. A Bahrein, les manifestants occupent la place de la Perle, épicentre de la contestation du régime. En Iran, les rares informations qui nous parviennent font état ce dimanche de tentatives de rassemblements, rapidement dispersés par des forces de l’ordre fortement mobilisées. Le point, actualisé au fil de la journée dimanche, pays par pays.
En Libye, la situation est extrêmement tendue
Dernières infos: 21 heures, dimanche. Le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe, Abdel Moneim al-Honi, a annoncé à des journalistes qu’il démissionnait de son poste pour «rejoindre la révolution» et protester contre «la répression et la violence contre les manifestants» dans son pays.

Réactions internationales. 19 heures. Alors que le bilan de la répression ne cesse de s’alourdir, les dirigeants occidentaux commencent enfin à réagir. Voici les premières déclarations en vrac:  La France juge «inacceptable» la répression de la contestation en Libye. De son côté, l’Allemagne se dit «indignée». L’Union européenne, par la voix de la chef de la diplomatie Catherine Ashton, appelle à la fin des violences. Les Etats-Unis appellent la Libye à autoriser les manifestations pacifiques.

Bilan humain très lourd. Au moins 173 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation mardi dernier, a affirmé à l’AFP l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) citant des sources hospitalières.

La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l’est de Tripoli, mais selon des témoins joints par l’AFP, des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha, à 200 km à l’est de la capitale.

Menaces contre l’UE. Les autorités libyennes menacent de cesser de coopérer dans la lutte contre l’immigration si l’UE continue à «encourager» les manifestations dans le pays.

Des milliers de personnes manifestent devant un tribunal de Benghazi, dans l’est de la Libye.  «Nous avons baptisé (cette place) la place Tahrir 2» (épicentre de la contestation égyptienne qui a conduit à la chute du régime d’Hosni Moubarak, NDLR), a assuré un avocat à l’AFP. «Les manifestants réclament un changement de gouvernement et une Constitution», a-t-il ajouté. D’autres «attaquent la garnison, ils affrontent des tirs», a-t-il indiqué.

La Ligue arabe a appelé dans un communiqué «à cesser immédiatement tous les actes de violence et à ne pas utiliser la force contre les manifestations pacifiques», en faisant part de son «extrême tristesse» pour les victimes en Libye, à Bahreïn et au Yémen.

Communications coupées. Au 6e jour de la contestation, le colonel Kadhafi depuis 42 ans, dont le départ est réclamé par les manifestants, n’a toujours pas fait de déclaration officielle. Il est aussi toujours impossible d’accéder à Twitter et Facebook, par lequel ont transité les appels à la mobilisation, et les connexions aux autres sites étaient très lentes ou impossibles.

Manifs de soutien au peuple libyen.
De 300 à 400 personnes ont manifesté devant l’ambassade de Libye au Caire contre le dirigeant libyen  Kadhafi

Manif de soutien aussi devant la Maison Blanche, aux Etats-Unis, ce dimanche /Reuters
Prise d’otage. Un haut responsable libyen a déclaré à l’AFP qu’un «groupe d’extrémistes islamistes» retenait en otages des membres des forces de l’ordre et des citoyens, dans «l’est» de la Libye. Ce groupe «demande la levée du siège imposé par les forces de l’ordre pour ne pas exécuter les otages»,a-t-il précisé.

Ressortissants européens rapatriés. Plusieurs pays occidentaux se préparent à évacuer leurs ressortissants, tandis que la Turquie a déjà rapatrié environ 250 personnes depuis samedi.

Au Maroc, manif à Casablanca et Rabat
Dernière info: Des incidents se sont produits dimanche dans deux villes marocaines, Marrakech (sud) et Larache (nord). A Marrakech, un groupe de 150 à 200 personnes étrangères à la manifestation ont attaqué et pillé des magasins et lancé des pierres contre un édifice public ainsi qu’un MacDo, selon un collaborateur de l’AFP sur place.

Plusieurs milliers de Marocains manifestaient ce dimanche à Casablanca et Rabat. C’est le premier mouvement de ce type dans le pays depuis le début des révoltes qui secouent le monde arabe.

Des banderoles proclamaient: «Le roi doit régner et non gouverner» ou «Le peuple veut une nouvelle Constitution», tandis que des groupes de gauche demandaient «moins de pouvoirs à la monarchie». «On n’a rien contre le roi mais on veut plus de justice et du travail», ont souligné Brahim et Hassan, deux jeunes diplômés d’une école technique qui n’ont donné que leur prénom.

Les autorités marocaines ont souligné à plusieurs reprises que les manifestations témoignaient de l’ouverture politique du pays et que les Marocains pouvaient s’exprimer librement, à condition de ne pas mettre en danger les «intérêts vitaux» du pays.

Le cousin du roi soutient les manifestants. Le prince Moulay Hicham El Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, a appelé à la démocratisation du système et apporté son soutien aux milliers de Marocains qui défilent ce dimanche.

Contexte: Dans la foulée des événements de Tunisie et d’Egypte, de jeunes Marocains avaient lancé sur Facebook le mouvement «du 20 février», appelant à manifester pacifiquement pour réclamer une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi et plus de justice sociale. L’appel a rapidement rassemblé des milliers de sympathisants.
A Bahrein, des milliers de personnes occupent la place de la Perle

Des milliers de Bahreïnis occupent ce dimanche la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation du régime.
Des centaines de protestataires y ont passé la nuit sans encombres. «La nuit s’est passée sans problème», déclare Tahar, un étudiant qui dit n’avoir pas dormi pour monter la garde, avec des dizaines d’autres jeunes, sur cette place devenue le symbole de la contestation populaire entamée le 14 février.

La place a été reconquise par les manifestants, en majorité chiites, samedi après le retrait de l’armée ordonné par le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa.

Les protestataires semblent bien organisés: un service d’ordre règle la circulation autour de la place de la Perle, des jeunes nettoient les lieux, sacs poubelle à la main, et des orateurs se chargent de maintenir la mobilisation de la foule.

Contexte: Le prince héritier a proposé le dialogue après la mort de six manifestants, tués cette semaine par la police, puis il a ordonné à l’armée de se retirer de Manama et aux forces anti-émeutes de ne pas s’opposer aux manifestants, accédant à deux des revendications de l’opposition.

L’opposition a réaffirmé qu’elle maintenait comme préalable au dialogue avec le pouvoir la démission du gouvernement responsable selon elle de la répression sanglante de la contestation populaire. L’opposition veut que le pays se transforme en véritable monarchie constitutionnelle où le Parlement élu désignerait le chef du gouvernement alors que ce poste est occupé depuis 1971 par l’oncle du prince héritier, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa.

Au Yémen, nouvelle manifestation attendue
Plusieurs centaines d’étudiants yéménites ont manifesté dimanche devant le campus de l’université de Sanaa sans être inquiétés par les partisans du pouvoir tenus à l’écart par la police, selon un correspondant de l’AFP.

Hassan Baoum, principale figure de la contestation sudiste au Yémen, a été arrêté dimanche après son arrivée à Aden pour participer aux manifestations contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, a annoncé son fils Fadi Baoum.

Hassan Baoum est le chef du Conseil suprême pour la lutte pacifique pour la libération du sud, principale composante du Mouvement sudiste, qui anime la contestation contre le pouvoir central dans le sud du pays, un Etat indépendant jusqu’en 1990.

Il souhaitait participer aux manifestations qui ont pris une tournure violente dans la principale ville du sud du Yémen. Dix personnes ont été tuées lors des dispersions de ces manifestations depuis le 13 février, selon un décompte de l’AFP.

En Iran, tentatives de rassemblements
Les forces de l’ordre se sont déployées dimanche dans le centre de Téhéran et sont intervenues pour disperser des tentatives de rassemblements de l’opposition sur les principales places et avenues de la capitale, ont rapporté plusieurs sites d’opposition et des témoins.

Information limitée. Les correspondants de la presse étrangère n’ont pas le droit de se rendre sur place pour couvrir les manifestations, selon une interdiction en vigueur depuis le début des manifestations antigouvernementales déclenchées par la réelection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

La fille de l’ancien président arrêtée. Faezeh Hachemi, la fille de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, a été arrêtée dimanche après-midi dans le centre de Téhéran alors qu’elle «lançait des slogans provocateurs» pour pousser les gens à manifester, a rapporté l’agence officielle Irna.

En Algérie, des centaines de personnes ont tenté de se rassembler samedi dans la capitale aux cris de «Algérie libre et démocratique», «Pouvoir assassin», «Le peuple veut la chute du régime», et ont été repoussées par d’importantes forces de sécurité.

Les récents mouvements de contestation en Egypte et en Tunisie ne devraient pas provoquer «d’effet domino» en Algérie, a affirmé le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci dans une interview publiée dimanche par le quotidien espagnol El Pais.

«L’effet domino est une invention des médias y compris les médias algériens qui sont très libres. Je ne crois pas que cela s’applique à l’Algérie. L’Algérie n’est pas l’Egypte ou la Tunisie», a déclaré le ministre algérien dans cette interview donnée vendredi alors qu’il se trouvait en Espagne.

En Mauritanie, des manifestations contre le manque d’eau et la hausse des prix dans une ville du sud-est, Vassala, ont été sévèrement réprimées vendredi, a annoncé samedi l’opposition qui a fait état de blessés et d’arrestations.

A Djibouti, un policier et un manifestant ont été tués vendredi lors de heurts après un rassemblement de l’opposition qui réclame la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh. Trois chefs de l’opposition ont été arrêtés samedi. Deux d’entre eux ont été libérés dans la soirée, selon la télévision d’Etat.

Source: liberation.fr

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