Il Lato Cattivo : « Photos à travers la vitre « (deuxième partie)
Nous continuons la traduction de ce long texte de 18 pages sous la forme d’épisode apériodique.
Merci à Amparo pour la traduction et Robert pour la relecture
Mots d’hier, mots d’aujourd’hui
Le rejet de la notion de « période de transition », de « socialisme inférieur », de « programme » etc. qu’intègre le concept de communisation n’équivaut pas à nier le caractère processuel du passage révolutionnaire ou la médiation temporelle que celui-ci nécessairement comportera, comme si une sorte de paradis communiste déjà tout prêt pouvait tomber du ciel d’un jour à l’autre. La destruction des rapports capitalistes à l’échelle mondiale durera certainement quelques dizaines d’années, peut-être plus. Parler de communisation signifie nier que le passage au communisme puisse être victorieux sans tendre nettement et d’emblée à la négation de tels rapports. Plus précisément, cela signifie nier toute actualité et valeur révolutionnaire à toutes les formes crypto-marchandes envisagées et parfois pratiquées par les trois courants du socialisme historique (marxisme, anarchisme et syndicalisme révolutionnaire), afin de substituer – ne serait-ce que de façon provisoire, après la conquête ou la suppression de l’État – les rapports de production et de distribution capitalistes (système des bons de travail, échange de produits entre entreprises auto-gérées, etc.). Bien que cela puisse sembler tautologique, le passage au communisme ne proviendra de rien d’autre que du communisme lui même, c’est-à-dire du fait que des masses humaines suffisamment importantes auront commencé à produire sans aucune contrepartie matérielle ou monétaire. Contrairement à l’idée que s’en fait le bon sens commun, c’est seulement sur cette base que pourra émerger une consommation également libre de toute contre partie, c’est à dire « gratuite ». Une telle transformation ne peut attendre d’avoir vaincu militairement telle ou telle autre fraction de la classe capitaliste, dans telle ou telle autre partie du globe, et encore moins de l’avoir vaincu à l’échelle mondiale. La destruction intégrale de l’appareil d’état bourgeois (parlement, gouvernement, administration, armée, police) et la dispersion de ses soutiens à l’intérieur de la population (corps intermédiaires etc.) ne peut se produire que de façon simultanée et liée à la véritable « expropriation des expropriateurs », laquelle ne se décrète pas comme un acte de vente ou une nationalisation (en tous cas un changement de propriété juridique), mais se pratique matériellement par l’expropriation de tout ce qui sert à la vie et à la lutte des prolétaires insurgés. Pour vaincre, ceux-ci sont contraints de nier leur condition de « sans réserves » : s’ils restent tels quels – insurgés mais à mains nues, et séparés des moyens pour vivre – ils sont déjà morts. Le concept de communisation – différent en cela de celui de socialisation (des moyens de production) – n’indique ni une transformation pacifique et/ou graduelle, ni un acte de nature juridique, inhérent aux seuls rapports de propriété : on se réfère clairement à un contexte insurrectionnel, de déchaînement de la violence (y compris armée), et à un chamboulement dans la manière de reproduire la vie matérielle dans son sens le plus « terrestre » qui soit.
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