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“Nous avons reçu”

Stratégie quand tu nous tiens !! 

 “grève, blocage, sabotage… et stratégie”

“Dans le mouvement plutôt atypique de ces derniers mois, il y a des salariés qui participent aux journées de mobilisation d’une part, et ceux qui ne savent pas trop où se mettre mais voudraient continuer une fois passées les manifestations. Pour ces quelques militants, différentes alternatives se sont composées, aboutissant à des résultats sensiblement semblables : comités d’action, assemblées de luttes, segments radicaux des Nuits debout se sont conjointement développés dans la tendance aux actions de blocage. Ces blocages ont pu être de natures différentes : blocage de lieux de production (port de Gennevilliers, blocage de Macdo…) ou blocage de flux (rails, périphériques…). Mais quelles qu’aient été les lieux ou la nature du blocage (on parle ici uniquement des blocages organisés par des militants extérieurs, sont exclues les blocages dans le cadre d’un conflit de travail comme c’est le cas pour les routiers), ils semblent composer une stratégie obsolète à ce stade du mouvement, une stratégie qui n’est pas payante. Stratégie sur laquelle le mouvement aurait tout intérêt à prendre du recul, et à discuter. C’est sans mépris pour ceux qui font – et parmi lesquels nous nous trouvons – et en saluant les nombreuses initiatives qui ont lieu, ce qui est toujours mieux que rien, que nous rédigeons ce texte.

Pour commencer il faut bien constater que les seuls blocages qui ont fonctionné (à l’exception notable du très réussi blocage d’une plate-forme de distribution à Bordeaux, tenue avec le soutien des routiers, et sans doute d’autre blocages moins médiatisés, mais qui ne constituent pas une majorité) l’ont été à l’initiative des salariés concernés : Macdonald’s lorsque les grévistes étaient présents, blocages des embauches à La Poste. Le blocage exogène (venant de l’extérieur, sans appui sur les salariés), lui, n’a jamais fonctionné : ni au port de Gennevilliers, ni dans les Macdonald’s dont le personnel n’était pas gréviste, et on peut supposer que, sur ce modèle, il ne fonctionnera nulle part : pas plus dans les aéroports que dans les enseignes de distribution.

Lorsque nous disons que ces blocages ne fonctionnent pas, c’est du point de vue du mouvement : évidemment, pour une heure ou deux, parfois plus, ils permettent de stopper la production. Le patron, le rentier, le capitaliste, perdent un petit chiffre. Mais ils ne fonctionnent pas du point de vue de la mobilisation. On peut toujours bloquer une route, même à quarante, et empêcher ainsi les travailleurs de se rendre dans leur boîte : l’effet n’est jamais celui d’une grève, initiée par les travailleurs, car ni la conscience ni l’organisation ni l’autonomie ni la lutte des salariés n’y sont. Il faut avoir l’objectif à l’esprit : l’objectif, c’est la lutte sociale et massifiée, la perte de chiffre d’affaire, un moyen. Que la grande crue arrive à Paris, et les flux comme la production seront bloqués : mais la révolution n’aura pas lieu, car la crue – le blocage – n’est pas une expression de la lutte des classes. Nous pouvons bien bloquer un Macdo, un port… : nous ne sommes la plupart du temps ni équipiers, ni dockers. L’effet n’y est pas. Du point de vue des salariés sur place, lorsque l’action n’est pas concertée, il n’y a au mieux pas d’effet du point de vue de la nécessité de s’investir dans la lutte ; au pire, le dégoût de voir des militants – parfois plus privilégiés – prétendre apprendre quelque chose, sauver quelque chose, d’un lieu où ils n’ont pas mis les pieds, auquel ils ne connaissent rien et où ils ne reviendront pas.

Ces problèmes ne sont certes encore que des petits inconvénients incommodes d’un mouvement social ; l’enjeu, pensons-nous, étant de maintenir autant que cela est possible et par tous les moyens un niveau d’agitation et de conflictualité acceptable pour continuer la lutte. Mais il y a quelque chose de plus déterminant dans cette stratégie de blocage, à long-terme : c’est qu’elle est un aveu de faiblesse. Au contraire des salariés qui participent aux journées de mobilisation, si nous ne savons pas « où nous mettre », c’est précisément que notre lieu de travail n’est pas en grève, notre boîte n’est pas occupée. Nous devons bloquer chez les autres, car nous n’occupons pas notre propre lieu de travail. C’est de manière générale un aveu de faiblesse – nous ne sommes pas capables –, c’est aussi une position de repli – nous ne pouvons pas ou ne voulons plus faire ce travail considérable et souvent pénible qui est de mobiliser ses propres collègues, son propre secteur. Il est vrai que les cadres syndicaux, les outils et la conjoncture ne sont pas favorables, et cette faiblesse n’est en aucun cas une faute personnelle. C’est un événement social ; mais les faits sont là.

Le mouvement actuel est atypique : il ne ressemble pas aux modèles que des fées pleines de bonnes intentions lui avaient proposé. Ce mouvement-ci n’est ni 1968, ni 2006, ni 2010 ; il ne pouvait pas l’être. Aussi pendant deux mois, chargé de ces bonnes intentions, le mouvement n’a pas cessé de commencer sans statuer sur son rythme, sa forme ; il ne prend finalement la forme qui semble devoir être la sienne au moment le moins opportun, lorsque tout pourrait sembler joué. Cette forme qui est bien celle du mouvement actuel, c’est celle de l’absence des fonctionnaires à l’exception de secteurs en lutte propre (hospitaliers, postiers, cheminots), de cortèges en conséquence moins fournis, mais dans lesquels la présence ouvrière est plus visible et la combativité beaucoup plus forte (comme la tolérance à la violence). De surcroît, le mouvement arrive dans une période de pénurie pour beaucoup de collègues : baisse des salaires, durcissement des conditions de management, augmentation des temps partiels et d’emplois peu sécurisants vis-à-vis du droit de grève, expliquent pour partie l’absence d’un certain type de salariés. Dans les boîtes, le contexte de mobilisation est donc très difficile ; la grève, épisodique. Vint le blocage.

Avec le recul que nous donnent trois mois de mouvement, nous pouvons commencer à envisager de discuter cette stratégie. Elle semble ne mener nulle part et faire la démonstration d’une incapacité militante. Nous avons pourtant besoin d’agir : et pour que la critique que nous formulons fraternellement ne devienne pas une caution à l’attentisme, il faut envisager sous quelles autres modalités nous pouvons travailler. Il nous semble qu’elles sont de type syndical, un travail rébarbatif mais qu’il faudra bien mener : collages, rédaction et distribution de tracts, information partout. Également, sur le plus long terme, l’investissement dans des structures syndicales locales : quelques militants révolutionnaires peuvent susciter beaucoup de combativité dans leur boîte, leur secteur, en redressant la ligne des syndicats en présence. Les secteurs combatifs, victorieux, qui aujourd’hui sont présents en cortège avec le plus de détermination, sont de ceux qui ont éprouvé ce lent et pénible travail : cortège des salariés de la CGT Carrefour Market, lutte des femmes de chambre de l’hôtel Campanile, des personnels de nettoyages OMS…

En tant que révolutionnaires, ce « retour à la base » est inconditionnel. Mais tout en se posant comme nécessaire, il ne doit pas faire oublier qu’un mouvement se joue sur un double-plan : celui de la massification, et celui de son orientation. Le travail à la base assure la massification, et permet de conforter la combativité dans des secteurs où nous pouvons formuler des perspectives et mots d’ordre révolutionnaires ; l’orientation, elle, s’appuie sur une vision globale du mouvement, pour laquelle il faut formuler tant des éléments de programme que des perspectives qui doivent s’avérer politiques. C’est ce gigantesque travail que nous avons encore devant nous, dans une période qui pourrait bien se trouver favorable : la grève reprend, les organisations ouvrières redécouvrent qu’elles ont la main sur le pays, la production, et que le soutien populaire est massif. La dynamique est bonne ; à nous de l’appuyer.

Par ailleurs, cette perspective, adressée à des camarades qui peuvent légitimement douter du principe d’organisation syndicale, “tort le bâton” dans le sens d’une politique syndicale. Mais il ne s’agit pas de se voiler la face : comme toute structure, les syndicats ne sont ni “bons” ni “mauvais”, ils forment des organes nuancés sur lequel la lutte des classes doit s’appuyer de manière “utilitaire”. Ainsi, le mode d’organisation syndical peut être à un certain moment un facteur de combativité, par les garanties matérielles qu’il propose (caisses de grève, etc.) et l’”unité de volonté” qu’il met en place sur la base de conditions matérielles vécues par les travailleurs. L’investissement à la base ne doit pour autant pas être la légitimation des appareils syndicaux, organes profondément et structurellement réformistes .”

signé : des communistes, Paris-banlieue
(swaggcocos@gmail.com)

 

  1. fredy burns
    10/06/2016 à 11:58 | #1

    “Les syndicats forment des organes nuancés sur lequel la lutte des classes doit s’appuyer de manière « utilitaire ».”
    Ben tiens ! signé des communistes !
    Cela ne dérange donc personne ? Que font les syndicats dans les boîtes, particulièrement dans les usines ? Il faut redresser le syndicat qui a survécu à 120 ans de capitalisme, 2 guerres mondiales, etc. ? Ce n’est pas sérieux là. En gros c’est quoi la radicalité ?
    Le syndicat est un corps étranger et hostile dans la classe ouvrière, cela est un fait pratique, évident. Et donc ce qu’il faudrait déduire de ce mouvement où le syndicat a réussi à gérer méticuleusement la division et la fatigue, tout cela pour le compte du socialisme bourgeois au pouvoir, c’est en gros : Entrez dans les syndicats, syndiquez vous, camarades !
    Mais ca va pas ou quoi ! C’est en effet radical comme proposition !!
    Si le mouvement a un caractère petit-bourgeois parfaitement accusé, c’est parce que les immenses masses prolétariennes profondes ne sont pas descendues dans la rue, ou plutôt ne sont pas remontées des oubliettes où elles ont été jeté et bâillonné. L’immense majorité du prolétariat, la partie la plus bouillonnante et la plus indécidable, n’est pas organisée et ne sera jamais organisée dans les syndicats bourgeois réactionnaires. Cela fait plus de 100 ans que nous le savons, nous les communistes. Il n’y a qu’à lire la préface de Engels de 1892 à la réédition allemande de la situation des classes laborieuses en Angleterre.
    Qu’est-ce que cela signifie un organe nuancé ? Est-ce qu’on veut dire que les intérêts matériels des classes en lutte sont réellement conciliables ? Est-ce qu’on veut dire que le réformisme est possible, a même été un jour possible ? Les social-réformistes ne sont-ils pas devenus des patriotes cocardiers ? Et on va jusqu’où avec ce genre de proposition ?
    L’Etat bourgeois par exemple, est-ce “un organe nuancé sur lequel la lutte de classe doit s’appuyer de manière utilitaire” ou pas ? Et quel est le rapport entre le syndicat et l’Etat ?
    Parce que si on considère tous les mouvements politiques depuis des décennies (ils ont été renommés sociaux mais cela ne change rien au fait qu’il s’agissait de contestations d’ampleur nationale face aux réformes réclamées par la bourgeoisie aux divers gouvernements successifs), il faut bien reconnaître que la cgt fait un travail politique et non syndical !
    Et alors qu’est-ce que cela signifie qu’un syndicat soit l’encadrant et le “moteur”, le centre de gravité politique de ces mouvements ? Politique, oui parfaitement ! Politique cela veut dire lutte de classe sur toute la surface de la société. Donc lutte de l’Etat bourgeois ou lutte contre cet Etat. Il n’y a que 2 classes qui peuvent peser sur le destin de l’humanité, la bourgeoisie et le prolétariat.
    Les superstructures ne planent pas dans le ciel éthéré des idées. Le syndicat n’a pas d’action propre, cela est idéaliste, encore une mentalité de syndicaliste. Posez la question de l’Etat et vous aurez immédiatement la réponse ! L’Etat défend-t-il les intérêt de l’Etat ? Non, l’Etat est l’existence concentrée de la classe capitaliste. Que fait réellement la Cgt si elle fait de la politique ? Soit elle défend les intérêts immédiats des ouvriers auprès de la bourgeoisie, soit elle défend les intérêts de la bourgeoisie dans la classe ouvrière.
    Il faut plus de nuance ? Un peu des deux ? Et cela mène où, un peu des deux ?
    En même temps si on affirme (ce qui est absolument incroyable) que nous nous trouvons actuellement devant une “crise spécifique de l’Etat” alors cela est bien pratique puisqu’en “théorie” il n’y a alors plus de problème de ce côté là. Mais en pratique cela coince un peu beaucoup parce que la base et le sommet tiennent encore bon et que l’agitation politique vient principalement du milieu de la société, donc que la situation actuelle n’est absolument pas une “crise du sommet” or une crise du sommet définit une situation révolutionnaire, ce que n’est pas la situation actuelle, donc cette “crise de l’Etat” est un fantasme. L’Etat ce n’est pas simplement le gourdin. Les prolétaires sous les uniformes idéologiques, parfaitement assimilables à la petite-bourgeoisie, est-ce donc rien ? Il est impossible de comprendre ce qui se passe et ce qui s’est passé sans tenir compte de façon précise de ces fanges littéraires et politiques.

  2. fredy burns
    11/06/2016 à 01:10 | #2

    Les deux derniers paragraphes du commentaire précédent qui concerne la “crise de l’Etat” n’ont rien à voir avec le texte ci-dessus mais vise l’article “débordement” de R.S. Je n’aurais pas dû les mettre à la suite du commentaire, cela ajoute de la confusion. Ce n’est pas à la bonne place.
    Simplement les anarchistes s’imaginent pouvoir provoquer une crise politique et il est impossible en réalité qu’ils y parviennent.

    Quelques remarques supplémentaires :

    Mon commentaire était un peu trop tranchant. Il vise surtout à poser la question : que fait la cgt ? avant de dire allons dans la cgt !

    Ce qui est gênant dans ce texte “stratégique”, c’est qu’il révèle que trop le désir de protagonisme propre au militant qui “a pourtant besoin d’agir”. Il prétend sincèrement regarder devant mais il me semble qu’il regarde en réalité en arrière.
    Cela se conclut sur le fait qu’il ne reste plus qu’à entrer dans les syndicats, en soulignant qu’il n’y a pas d’illusion à se faire sur leur compte. Mais alors ? C’est cela que je critique.
    Le syndicat ne représente pas la classe ouvrière en réalité, la très grande majorité de la classe ouvrière se trouve hors des syndicats. Et cela n’est pas du tout un fait nouveau.
    Les syndicats de base et les chefs syndicaux s’opposent ? Ils s’opposent dans le syndicat. La politique des syndicats est d’empêcher une politique autonome de tous les ouvriers de la base. Et c’est ce qu’ils font pratiquement et quotidiennement, d’autant plus qu’ils sont complètement hors de l’immense majorité de la classe ouvrière. Donc qu’est-ce que cela signifie de vouloir faire de l’agitation politique sur le terrain économique ?
    Par ailleurs, la critique du volontarisme autour des blocages est insuffisante dans ce texte parce qu’elle est imprécise, qu’il aurait été nécessaire de pointer clairement “qui”, quelle classe, se donne principalement pour objectif de gonfler politiquement l’importance de sa situation économique périphérique en cherchant à bloquer une économie qui fonctionne réellement. Pourquoi la petite-bourgeoisie intellectuelle qui n’a pas les moyens réels de faire grève, dont la situation économique est périphérique, dérivée de la base, réclame aux ouvriers une grève reconductible, sans les nommer comme classe ? Comment les stricts consommateurs très fétichistes ont amené dans la lutte du prolétariat depuis des décennies des formes de consciences sociales anormalement putréfiées par le poids de l’immense accumulation de marchandise ? Comment le développement d’un immense travail salarié improductif, en particulier d’Etat, donc d’un travail salarié irréel, masque ce qu’est réellement le travail salarié proprement dit, la séparation entre les producteurs et les moyens de production, donc finalement la position centrale de la classe ouvrière elle-même dans le système social de production capitaliste, et au bout du compte la nature même de l’Etat, instrument de la bourgeoisie qui lui permet de mater le prolétariat. Il faudrait développer. Ce qui importe c’est que tous les salariés ne sont pas du tout dans la même relation économique. Et que tant qu’on en reste là il est impossible de poser correctement la question du travail salarié et de l’Etat. C’est ce qui donne au mouvement son identité dominante petite-bourgeoise, malgré des poussées prolétarienne de plus en plus indiscutable.

    ” L’un des sophismes kautskistes les plus répandus consiste à se référer aux « masses ». Nous ne voulons pas, prétendent-ils, nous détacher des masses et des organisations de masse ! Mais réfléchissez à la façon dont Engels pose la question. Les « organisations de masse » des trade-unions anglaises étaient au XIX° siècle du côté du parti ouvrier bourgeois. Marx et Engels ne recherchaient pas pour autant une conciliation avec ce dernier, mais le dénonçaient. Ils n’oubliaient pas, premièrement, que les organisations des trade-unions englobent directement une minorité du prolétariat. Dans l’Angleterre d’alors comme dans l’Allemagne d’aujourd’hui, les organisations ne rassemblent pas plus de 1/5 du prolétariat. On ne saurait penser sérieusement qu’il soit possible, en régime capitaliste, de faire entrer dans les organisations la majorité des prolétaires. Deuxièmement, et c’est là
    l’essentiel, il ne s’agit pas tellement du nombre des adhérents à l’organisation que de la signification réelle, objective, de sa politique : cette politique représente-t-elle les masses, sert-elle les masses, c’est-à-dire vise-t-elle à les affranchir du capitalisme, ou bien représente-t-elle les intérêts de la minorité, sa conciliation avec le capitalisme ? C’est précisément cette dernière conclusion qui était vraie pour l’Angleterre du XIX° siècle, et qui est vraie maintenant pour l’Allemagne, etc.
    Engels distingue entre le « parti ouvrier bourgeois » des vieilles trade-unions, la minorité privilégiée, et la « masse inférieure », la majorité véritable ; il en appelle à cette majorité qui n’est pas contaminée par la « respectabilité bourgeoise ». Là est le fond de la tactique marxiste ! ” (Lénine, impérialisme et la scission du socialisme)

    En 1892, Engels parle de la création d’unions d’ouvriers non-qualifiés en opposition aux vieilles trade-union. Ces dernières avaient pour horizon une période de prospérité révolue où l’Angleterre dominait intégralement le marché mondial avec un monopole industriel incontesté. Elles n’avaient que le salariat comme perspective et représentaient la partie privilégiée de la classe ouvrière. Les secondes surgissent avec l’effritement de ce monopole et le contenu même de leur lutte est d’une nature profondément différente.
    Dans tous les cas il n’est possible de créer artificiellement ce type d’organes si les ouvriers n’en éprouvent pas eux-mêmes le besoin.
    Donc il me semble que pour l’instant, la question reste de savoir quelle position tenir vis-à-vis du syndicat. A mon avis, quitte à recevoir des calomnies de toutes parts et à se retrouver très minoritaire, il faut maintenant avoir l’audace de flétrir inlassablement les intrigants politiques.
    Dans tous les cas, le communisme doit être nettement démarqué. Il n’est ni la remorque des syndicats bourgeois, ni la remorque de l’anarchisme fétichiste petit-bourgeois.
    Egalement quelle position vis-à-vis de la petite-bourgeoisie démocrate (il s’agit en réalité d’une unité des contraires d’une part le démocrate apprivoisé, soyeux et pragmatique, d’autre part le démocrate sauvage, directe et ténébreux, donc le parti démocrate dans sa totalité qui réclame que chacun vienne avec sa préférence personnelle) ?
    Le grand objectif des petits-bourgeois démocrates modernes reste le même que celui de leurs ancêtres politiques, les petits-bourgeois démocrate révolutionnaire, : «  briser la puissance de la bourgeoisie sans enlever ses chaînes au prolétariat, ou sans le faire apparaître autrement qu’en perspective ; le prolétariat aurait été utilisé sans qu’il devînt dangereux. » (Les luttes de classes en France)

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