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Pérou: la répression d’une protestation de mineurs fait six morts

Imágenes del paro minero en Chala (Arequipa).


06-04-2010
Des dirigeants des mineurs artisanaux accusent le gouvernement d’Alan Garcia d’essayer de les  écarter  de cette activité pour octroyer aux grandes entreprises les gisements qu’ils exploitent. Garcia s’est refugié dans un discours écologique.
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Jusqu’à présent, la protestation de mineurs artisanaux contre la tentative du gouvernement d’en finir avec les mines informelles a fait six morts. La protestation a commencé dimanche avec une grève indéfinie et le blocage de routes. Cinq personnes – quatre mineurs et un habitant de la zone – sont morts quand la police a expulsé avec des bombes lacrymogènes et des tirs d’armes à feu les grévistes qui bloquaient deux ponts, à la hauteur de Chala, dans la région d’Arequipa. Une sixième personne, de 80 ans, est morte d’un infarctus dans le bus dans lequel elle voyageait tandis que celui-ci était bloqué par le piquet. Hier étaient encore bloqués quelques tronçons de la Panaméricaine, où environ huit mille mineurs informels s’étaient mobilisés, et il y a eu une série de protestations dans différentes régions du pays. A Puerto Maldonado, la petite capitale de la région Madre de Dios, un centre d’exploitation artisanale d’or, situé dans la forêt amazonienne, à la frontière avec le Brésil, dix milles personnes ont manifesté pacifiquement scandant leur colère contre la répression ordonnée par le gouvernement d’Alan Garcia et en rejet de la récente loi qui cherche à réguler et en terminer avec le travail des mines artisanal.

Les mineurs artisanaux exigent qu’un dialogue soit ouvert avec le gouvernement, mais le premier ministre, Javier Velasquez Quesquen, n’a pas donné de signes en ce sens. “Les normes que l’État exige ne sont pas négociables. Je ne dialoguerai pas avec ceux qui prennent des routes”, a dit Velasquez Quesquen, après avoir prit connaissance des six morts. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence dans les régions de Madre de Dios, Arequipa et Ica, où ont lieu les protestations les plus importantes.

Le décret qui a déclenché les protestations est dirigé au travail des mines d’or artisanal à Madre de Dios, cependant il a déclenché les protestations en chaîne dans au moins une douzaine de régions du pays, où les mineurs informels ont vu dans cette norme une menace à leurs activités. Il n’y a pas de recensement sur le travail des mines artisanales mais on estime qu’il pourrait y avoir environ 300 mille personnes dédiées à cette activité. Dans tout le pays il y a 19 millions 500 mille hectares exploités par le travail des mines, desquels environ deux million correspondent au travail des mines informels. A Madre de Dios, l’exploitation artisanale d’or dans les rivières, principale activité économique de la zone, a occasionné de graves dommages écologiques dans la forêt amazonienne, avec la déforestation et la contamination de rivières avec du mercure. Et il existe des dénonciations d’exploitation d’enfants dans les lavoirs d’or.

Selon les chiffres du gouvernement, cette activité minière a déjà rasé 18 mille hectares de bois, y compris des zones de réserves naturelles protégées. Le président Alan Garcia a adopté  un discours écologique, qui va à contre-courant de ce qu’a été son gouvernement, pour condamner le travail des mines artisanal à Madre de Dios et pour défendre le décret qui cherche à les reguler. “Le gouvernement doit préserver la nature pour l’avenir”, a dit Garcia. Un discours surprenant venant du président qui a donné de grands bénéfices aux entreprises minières sans se préoccuper pendant ses quatre années de mandat des graves dégâts écologiques causés par l’exploitation minière des transnationales, et qui a réitérativement accusé les défenseurs de l’environnement d’ “extrémistes”. Le gouvernement a mis en évidence un double discours : une permissivité avec les grandes entreprises quand celles-ci dégradent l’environnement et un discours écologique quand les mineurs artisanaux produisent ce dommage.

“Il y a une incohérence évidente du gouvernement dans ce sujet. Le travail des mines artisanal à petite échelle cause de graves dommages à l’environnement et doit être ordonné, mais le grand travail des mines, par le volume de ses activités, qui dans beaucoup de cas sont à ciel ouvert et impliquent un grand déplacement de terres et une immense dépense de ressources hydriques, produit un dommage écologique plus grave. Cependant, face aux grandes entreprises le gouvernement n’agit pas. Et il a octroyé beaucoup de concessions minières dans des réserves naturelles protégées”, a signalé à Pagina/12 Jose de Echave, économiste et chercheur de l’ONG CooperaAcción.

Des dirigeants des mineurs artisanaux ont accusé le gouvernement d’essayer de les écarter de cette activité pour octroyer aux grandes entreprises les gisements qu’ils exploitent. “Dans plusieurs zones du pays cette accusation est certaine, mais dans beaucoup de cas, comme l’exploitation d’or dans les rivières de Madre de Dios, il s’agit de petits gisements qui ne sont pas attractifs pour le travail des mines à grande échelle”, signale de Echave.

Carlos Noriega, Pagina/12, 06 avril 2010.

  1. A.D.
    07/04/2010 à 23:48 | #1

    .” Quelles sont ces déterminations spécifiques dont tu parles A.D. qui font que les rapports au travail et à la classe ne sont pas les mêmes partout? Est-ce la composition de classe qui diffère d’un pays à l’autre selon son taux d’import-export de main d’œuvre bon marché? Ou est-ce le taux d’industrialisation qui permet d’avoir quelques choses à autogérer? Selon ce que tu semble proposer, là où la production est plus artisanale ou professionnelle et la main d’œuvre plus locale, les possibilités d’autogestion seraient plus grande et inversement pour les pays où l’économie est devenu beaucoup plus spectaculaire et la main d’œuvre complètement interchangeable… Est-ce bien compris ce que tu voulais dire?” Amersimpson
    Encore à la bourre : ce genre de situation, ces mineurs artisans- prolétaires- paysans, pas chez nous, en douce France identitaire…
    C’est un peu pareil pour les Argentin(e)s, etc…la différence des luttes tient à la diversité des histoires et des cultures ( voir certains aspects de la vie sociale, la politisation en Amérique du sud, la présence de certaines tendances, par exemple: les anars en Argentine, mais pas seulement…). Aussi c’est sûr la composition de l’ensemble, le genre d’industrie, la proximité, peut-être avec la paysannerie, voire avec les communautés indigènes…
    Sous la dent, il y a cela à se mettre, le capital ne fait pas d’un Sud-américain un français, ni d’un Chinois un Allemand, même ouvriers.
    Salut

  2. amersimpson
    08/04/2010 à 19:25 | #2

    Cette discussion m’a fait bien réfléchir depuis hier. Par exemple, je parlais à un ami qui lui-même me parlait d’un ami latino qui habite quelque part en Amérique du sud et il me disait que lorsqu’il est venu habiter ici au Canada, il lui avait fait cette remarque : « ici, les gens quand ils veulent se voir, ils se téléphonent… Chez moi, les gens descendent dans la rue et se dirigent directement à leur maison. » Ils trouvaient étranges cette absence de vie sociale. C’est alors que je me suis souvenu de notre discussion et je me suis dit que ces rapports communautaires pas encore totalement médiés par le spectacle là-bas devaient faire partie de ces déterminations spécifiques dont tu parles.

    Un autre élément est venu enrichir ma réflexion hier encore… J’écoutais les infos à la télé, quand j’ai vu ce qui se passait au Kirghizistan et j’ai tout de suite remarqué des parallèles avec ce qui s’était passé en Albanie en 1997 (et non en 1996 comme je pensais au début) : l’Albanie était le pays le plus pauvre de l’Europe/le Kirghizistan est le pays le plus pauvres du Moyen-Orient, mais ce qui ma surpris le plus c’est l’utilisation assez rapide des armes dans la révolte… je me suis donc demandé s’il était juste ou non de faire un lien entre ces éléments. Du moins, je me suis dis qu’il y avait là encore de ces déterminations spécifiques dont tu parles.

    Toutefois, je pense quand–même que ces déterminations spécifiques qui agissent à l’intérieure d’une conjoncture sont le produit du cours quotidien des luttes et donc peuvent être transformées par les luttes elles-mêmes. C’est pourquoi je pense toujours que ce qui se passe ailleurs peut éventuellement se passer ici. De toute façon, ce que ces déterminations spécifiques ont d’intéressant ce n’est pas tant de savoir ce qui peut se passer ou non mais davantage de savoir pourquoi cela se passe ainsi et non pas autrement. Car à trop vouloir définir ces détermination spécifiques, j’ai l’impression de retomber dans la spéculation programmatiste qui cherche à découvrir quelles sont les conditions objectives et subjectives pouvant favoriser telle forme de lutte plutôt qu’une autre.

  3. A.D.
    08/04/2010 à 20:37 | #3

    “Toutefois, je pense quand–même que ces déterminations spécifiques qui agissent à l’intérieure d’une conjoncture sont le produit du cours quotidien des luttes et donc peuvent être transformées par les luttes elles-mêmes. C’est pourquoi je pense toujours que ce qui se passe ailleurs peut éventuellement se passer ici. De toute façon, ce que ces déterminations spécifiques ont d’intéressant ce n’est pas tant de savoir ce qui peut se passer ou non mais davantage de savoir pourquoi cela se passe ainsi et non pas autrement. Car à trop vouloir définir ces détermination spécifiques, j’ai l’impression de retomber dans la spéculation programmatiste qui cherche à découvrir quelles sont les conditions objectives et subjectives pouvant favoriser telle forme de lutte plutôt qu’une autre.” Amersimpson.
    Je suis tout à fait d’accord là-dessus.
    Salutation d’ici, Europe la dérive…

  4. Patlotch
    09/04/2010 à 09:47 | #4

    “Déterminations spécifiques”… Kesako ?

    Si un facteur est déterminant, c’est qu’il l’emporte sur d’autres. Si ce sont des “spécificités”, il faut voir de quel ordre, de quel “niveau de généralités” elles sont : singulières, particulières. A priori, dès lors qu’elle ressortent d’un niveau plus général, rapport de classe, rapport au vivant, rapport à la nature… il est difficile de les considérer comme spécifiques sans risquer de se contredire, puisqu’elles surdétermineraient ce qu’on considère comme déterminant.

    Exemple, AD, dans le fil ‘Sacré outil de travail’ : ” Sûrement qu’il y a de ça, mais je persiste à penser que des déterminations spécifiques (nationales càd réalités sociales historiques) sont en jeu. Le rapport au travail n’est pas homogène, ni le rapport à la classe. Je ne peux pas mesurer le poids de ces situations spécifiques. ”

    Si le national est une particularité “sociale historique”, ce qui définit “le rapport au travail” ou “le rapport de classe”, doit être saisi en essence, et c’est ce que nous a appris Marx à travers l’analyse historique et la critique de l’économie politique. Depuis l’entrée en subsomption réelle, depuis la restructuration mondiale du capital, qui n’est pas de nature géo-politique, mais comme son nom l’indique une question de structure globale, de systémique, avec ses contradictions à l’oeuvre, il faut recadrer ces spécificités historiques, nationales ou autres.

    Il y a un vrai problème de méthode, et de méthode dialectique, dans la compréhension de l’articulation du tout et des parties, de l’unité et des particularités, ou pour utiliser une formule passée de mode, du local et du global. De la ou des formes d’un contenu. Si une partie ne peut se comprendre en dehors du tout – exemple TC “les émeutes de novembre 2005 sont un événement mondial “, le tout ne peut être saisi qu’à travers sa concrétude émergent dans une forme particulière – exemple, Grèce, TC, “Le plancher de verre”, Guadeloupe… Au passage, c’est dire la nécessité d’une “veille théorique” pour observer où émerge le nouveau dans une situation déjà comprise dans sa globalité présente – la restructuration, le cycle de luttes, la crise… Sans quoi, effectivement, il n’y a pas de théorisation possible.

    L’expression de “déterminations spécifiques” semble dire qu’il y a des possibilités pour que des spécificités soient plus déterminantes que les déterminations globales, structurantes, qui ne sont pourtant que le résultat transitoire d’une dynamique générale, historique, construite dans la multiplicité de ses formes particulières. Dans un état d’esprit de “critique interne”, on s’attachera alors à observer ce qui fait que ça semble ne pas aller dans le même sens, et naturellement, on trouvera toutes sortes de situations, de contre-exemples, à la théorisation générale, puisqu’on sort de l’observation de la dynamique, du procès, du cours quotidien perçu au niveau mondial. Mais dans ce cas, il faut être prudent, parce qu’on risque tout simplement d’être en désaccord avec les présupposés acquis de cette théorisation.

    Parallèlement, il est difficile de suivre Amer Simpson quand ” il pense que ces déterminations spécifiques qui agissent à l’intérieure d’une conjoncture sont le produit du cours quotidien des luttes et donc peuvent être transformées par les luttes elles-mêmes “, dans la mesure où AD évoque davantage des phénomènes d’inertie, d’hystérésis, de résilience (au sens physique, écologique, économique ou politique, par exemple la spécificités française des ‘services publics”).

    Bref, “déterminations spécifiques”, terrain glissant, du point de vue de l’analyse théorique, vers une contradiction dans les termes.

  5. A.D.
    09/04/2010 à 12:54 | #5

    « Déterminations spécifiques »P…Kesako :
    Spécificités déterminantes ?
    “Si un facteur est déterminant, c’est qu’il l’emporte sur d’autres.” P.
    Et que deviennent les autres facteurs ?,
    ” puisqu’elles surdétermineraient ce qu’on considère comme déterminant.”P.
    Pourquoi pas?
    “le tout ne peut être saisi qu’à travers sa concrétude émergent dans une forme particulière “P.
    Mais pourquoi et en quoi est-elle particulière “cette forme”?
    On peut dire comme ça si tu veux “concrétude émergent dans une forme particulière”, mais pourquoi, dans quel rapport avec le (grand)” tout” ?
    “Au passage(sic), c’est dire la nécessité d’une « veille théorique » pour observer où émerge le nouveau dans une situation déjà comprise dans sa globalité présente – la restructuration, le cycle de luttes, la crise…”P.
    J’insiste, “veille théorique”, “observation”…pour elle-même, pour être les premiers
    à voir cette” émergence”? : Bip, Bip : attention les clignotants nous signalent depuis notre veille sanitaro-théorique, depuis l’observation attentive du sujet en “observation”. On s’occupe à observer les occupations…
    …”dans une situation déjà comprise …”P.
    En fait, c’est une veille de confirmation théorique, vu que la situation est déjà comprise : c’est effectivement le postulat indépassable de tout discours à prétention théorique, et c’est sa limite.

    Sinon je constate que : ce qui se passe en Grèce avec les émeutes, même si sa portée est effectivement globale ne s’est pas passé ailleurs: pourquoi, comment et késako.

    “Bref, « déterminations spécifiques », terrain glissant, du point de vue de l’analyse théorique, vers une contradiction dans les termes.”P.
    Attention, peut-être, à l’inverse : “Qui trop embrasse, mal étreint.”
    ou : trop de théoritude nuit à l’étreinte embrasante (ou embarassante?)
    Salut

  6. Patlotch
    09/04/2010 à 14:32 | #6

    Je reconnais qu’il peut exister à un phénomène plusieurs déterminations croisées sans qu’aucune soit à elle seule déterminante. Sauf qu’ici, nous parlons du capital comme totalité historique en mouvement par les contradictions entre ses parties.

    AD Mais pourquoi et en quoi est-elle particulière « cette forme »?

    Tout être a un niveau de singularité – en quoi il est unique -, plusieurs de particularités diverses dans lequel peuvent entrer pluisieurs singularités – être un homme, une femme, un Chinois, un handicapé, un jeune… -, un de généralité, pour ce qui nous concerne, dans le capital, son appartenance de classe. Au-delà l’espèce humaine (à laquelle appartient tous les individus qqs leur classe sociale), etc, niveau de l’animalité, du vivant, de la matière, du cosmos.

    À partir du moment où l’on observe la réalité pour l’analyser – en admettant qu’hors les luttes, la théorie (lourde) n’intervienne pas, cad à ce stade n’intègre pas une praxis dominante – on est bien obligé de le faire pour des objets existants, concrets, et donc plus ou moins définis par leurs singularités, leurs particularités, etc. à un moment donné, maintenant de préférence.

    AD BIP BIP attention les clignotants nous signalent depuis notre veille sanitaro-théorique

    Sans tes alertes et ton souci de rigueur, les masses seraient désemparées par la théorie (“lourde”, c’est pour ça que pèse la menace)

    AD c’est une veille de confirmation théorique, vu que la situation est déjà comprise : c’est effectivement le postulat indépassable de tout discours à prétention théorique, et c’est sa limite // J’insiste, « veille théorique », « observation »…pour elle-même, pour être les premiers à voir cette » émergence »?

    Franchement, qu’est-ce que tu viens faire là, si tu ne reconnais aucune base commune, aucun résultat, aucun acquis, non plus seulement théorique, mais proprement de l’ordre des choses, le capital comme implication réciproque, le programmatisme comme caduque, etc ? Donc “situation comprise” par ce qu’on veut bien reconnaître comme acquis, du moins dès lors que l’on se donne comme objectif de penser le moment actuel comme histoire. Quant à la concurrence, on est toujours le premier quelque part, qui seront les derniers ailleurs : ya de la place, cool Baby, just do it !

    N’est-il pas a little gratuit, and a few pas honnête intellectuellement de pointer un “postulat indépassable” (sauf à rejoindre la cohorte de tous ceux qui ont balancer “la vieillerie marxiste”). Tout devient avec toi si évanescent, remis en cause en permanence : d’où parles-tu ? Il est vrai qu’avec pour devise “doute de tout”, tu partages quelque chose avec Marx. Je te suggère de dire plutôt avec quoi tu es d’accord; sous réserve d’être d’accord avec toi-même, ce serait plus court, et une base de discussion plus féconde (je suis optimiste, c’est le printemps).

    Détermination spécifique kesako ? 2. Eureka, j’ai trouvé :

    Ton flou a-théorique, voire anti-théorique, atteint ici son ‘niveau de singularité” dans le superficiel et la provocation stérile. Personne ne te discuteras que tu es ‘unique’ dans le genre. Je reconnais la pertinence de ton raisonnement, parce que tu me confrontes concrètement à la “détermination spécifique” de tes interventions devenue (sur)déterminante (je dirais même plus, surlecultante).

    AD trop de théoritude nuit à l’étreinte embrasante

    Et trop de branlitude la nuit brasse l’ennui, demain, d’un autre jour

  7. Patlotch
    09/04/2010 à 14:53 | #7

    AD ce qui se passe en Grèce avec les émeutes, même si sa portée est effectivement globale ne s’est pas passé ailleurs: pourquoi, comment et késako

    Ça c’est une question intéressante. Mais ce n’est pas la portée qui est globale, ou très indirectement – il n’y a pas eu d’effet d’extension, de prolifération dans d’autres pays d’Europe, seulement des manifestations de solidarités, ce qui ne veut pas dire que seules ont joué les spécificités grecques – cad un faisceau de données n’existant pas ailleurs. C’est à l’inverse, le caractère global de la crise, qui prend des aspects, des formes, spécifiques à la Grèce dans sa conjoncture particulière. Il me semble que par là, le concept de conjoncture a effectivement un intérêt, c’est de prendre en considération, dans l’analyse d’un événement, les rapports entre les différentes causes qui le provoquent, et en déterminent l’évolution et les limites (par ex. en Grèce pas de participation du prolétariat ouvrier). Mais à défaut de le construire théoriquement À CHAQUE FOIS de façon spécifique – ce que je suis bien incapable de faire – on reste au bord de la théorie. Alors il est aisé de l’inviter modestement à plus la modestie.

  8. Patlotch
    12/04/2010 à 21:48 | #8

    AD ce qui se passe en Grèce avec les émeutes, même si sa portée est effectivement globale ne s’est pas passé ailleurs: pourquoi, comment et késako

    Patlotch Ça c’est une question intéressante…

    À la réflexion, non, c’est pas une question si intéressante. Pourquoi ?

    1. Parce qu’on s’intéresse, pour le théoriser, à ce qui se passe, non à ce qui ne se passe pas.

    2. Parce qu’il n’est pas anodin de se demander pourquoi ça ne se passe pas ailleurs. Cela laisse entendre que si… (“avec des ‘si’ on mettrait Paris en bouteille”, dit la voix du peuple), cela serait différent, peu ou prou qu’on aimerait bien des centaines de Noël grecs (je fais allusion au dernier texte de Trop Loin “Sortie d’usine” > http://troploin0.free.fr/ii/index.php/textes/50-sortie-dusine ), que le problème serait de l’ordre, soit du dépassement d’une situation locale “spécifique”, soit son extension par contagion, dissémination plus que solidarnosc minimum.

    Mais cela ressort du rêve, parce que tout le monde et chacun partout ne se détermine vraiment, dès lors que cela engage une prise de risque vitale, que sur la base de ses intérêts bien pesés – après ça on peut disserter sur la volonté, le courage, l’utopie égalitariste, la classe de la trouille et son absence de couilles… mais tant que ceux – prolétaires à géométrie variable dans le capital – qui se battent dans une situation donnée ne sentent pas ce qui pourrait en sortir de mieux, la preuve qu’ils ont raison, c’est que s’ils ne le font pas, c’est qu’ils font dans la lutte même l’expérience qu’ils ne peuvent pas aller plus loin. Tout sauf une question de conscience.

    Un pb de qualité (de changement qualitatif) contient un pb de quantité. La quantité, on dira c’est l’état de la contradiction de classe au niveau moyen (un peu comme on fait la péréquation des pb de concurrence entre capitaliste autour du taux de profit moyen) dans le monde. Dans la communisation, la partie active du prolétariat communisateur ne gagnera l’autre que si celle-ci – autrement plus massive sauf bonne surprise de la crise à révolutionner le prolétariat mondial plus vite que son nombre – y trouve un intérêt, et dans cet intérêt, admettons, de surcroît, la volonté.

  9. A.D.
    21/04/2010 à 23:28 | #9

    “1. Parce qu’on s’intéresse, pour le théoriser, à ce qui se passe, non à ce qui ne se passe pas”P.
    Théoriser la révolution, la communisation, même au présent ce n’est pas “théoriser ce qui ne se passe pas”?
    2. Parce qu’il n’est pas anodin de se demander pourquoi ça ne se passe pas ailleurs. Cela laisse entendre que si… P
    Justement pas car pour moi, en l’espèce, la spécificité de la Grèce c’est d’être la Grèce, tu veux faire dire ce que je ne dis pas.
    “Mais cela ressort du rêve, parce que tout le monde et chacun partout ne se détermine vraiment, dès lors que cela engage une prise de risque vitale, que sur la base de ses intérêts bien pesés – après ça on peut disserter sur la volonté, le courage, l’utopie égalitariste, la classe de la trouille et son absence de couilles… mais tant que ceux – prolétaires à géométrie variable dans le capital – qui se battent dans une situation donnée ne sentent pas ce qui pourrait en sortir de mieux, la preuve qu’ils ont raison, c’est que s’ils ne le font pas, c’est qu’ils font dans la lutte même l’expérience qu’ils ne peuvent pas aller plus loin. Tout sauf une question de conscience.”P.
    Cela signifie: quand arrive la révolution la prolétariat est révolutionnaire, si le temps n’est pas à la révolution c’est que le prolétariat n’est pas encore, ou ne peut pas être révolutionnaire. Et cela ressemble à : “L’oeil du paysan voit juste”.
    “Dans la communisation la partie active du prolétariat…” P.
    Pourrait-il y avoir une partie “passive” du prolétariat ? et pourquoi ce qui vaut pour la communisation – absente réellement à ce jour en tant que pratique ouvrière- ne joue pas aujourd’hui ? Qu’est-ce que le prolétariat actif et passif, deux prolétariats.
    Peut-être des fractions ? Peut-être que les intérêts” bien pesés” peuvent conduire à un fractionnement, perceptible dès à présent.
    Abat le prolétariat et tutti compte !

  10. amersimpson
    22/04/2010 à 20:46 | #10

    « Parce qu’on s’intéresse, pour le théoriser, à ce qui se passe, non à ce qui ne se passe pas. »

    On s’intéresse à ce qui se passe pour saisir les enjeux en cours et déterminer ce qui peut arriver.
    On n’étudie pas le présent pour le présent mais pour son devenir… il me semble que là se situe la théorie révolutionnaire.
    On part des cas particuliers pour définir la dynamique générale mais cette dynamique n’est jamais autre chose, concrètement, que l’ensemble des cas particuliers… la lutte de classes c’est ce que font les prolétaires et les capitalistes dans leurs intérêts respectifs… il n’y a pas la lutte de classes et ensuite les luttes en elles-mêmes.
    Chaque lutte particulière fait partie de la dynamique générale mais elle en fait partie avec tout ce qu’elle a de spécifique, elle est une conjoncture particulière de la dynamique générale… c’est pourquoi il se passe des choses à quelque part qui ne se passe pas autre part.
    On connait l’enjeu général mais ce que l’on observe et guette c’est comment la dynamique générale trouve à se matérialiser spécifiquement dans la lutte où nous sommes embarqués… on sait qu’il y a des écarts dans les luttes du prolétariat mais ces écarts sont spécifiques à chaque lutte et c’est cette spécificité qu’il faut guetter et promouvoir si nous voulons infléchir la lutte en cours… ce n’est pas avec des généralités qu’on infléchit les luttes mais avec des positions concrètes qui répondent aux problèmes spécifiques que posent les luttes elles-mêmes.

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