Vu dans une manif…

28/01/2019 3 commentaires

Gilets jaunes et théorie #1 Thèses provisoires sur l’interclassisme dans le moment populiste

22/01/2019 8 commentaires

La dernière production du site “CARBURE”

Gilets jaunes et théorie #1 Thèses provisoires sur l’interclassisme dans le moment populiste

Cette contribution peut être lue comme un ensemble de réflexions préliminaires, qui nous semblent nécessaires à la compréhension du mouvement en cours. Dans le feu de l’action, on ne saurait trancher directement les questions importantes qui se posent aujourd’hui. Cependant, pour prendre la situation au sérieux, il nous a semblé nécessaire d’aplanir le terrain en commençant par qualifier ces questions et le lieu théorique où elles se posent. Cette contribution sera suivie d’un deuxième volet, s’attaquant à l’identification de certaines limites dans la théorie de la communisation, qui empêchent de prendre en compte ce mouvement dans sa singularité et, plus généralement, qui parasitent la compréhension de la séquence dans laquelle nous nous trouvons. Il s’agit donc d’une ambition introductive et on espère pouvoir répondre, dès que possible, aux questions qu’on ne fait qu’essayer de poser ici.

  1. Nécessité de l’interclassisme

C’est dans le cours des luttes qui ont immédiatement suivi la crise de 2008, notamment dans la séquence de luttes  qui a commencé en Grèce en 2009 et avec les insurrections arabes de 2011, que la question de l’interclassisme a commencé à se poser comme centrale, une condition des luttes actuelles. Si ces luttes ont été défaites, c’est dans l’interclassisme, dans la reconduction du caractère nécessaire du capital comme lien entre toutes les classes de la société capitaliste, dans la revendication d’une autonomie de la société civile qui ne pouvait avoir pour horizon que l’Etat. Ce fut le cas en Egypte comme en Grèce, malgré des luttes ouvrières puissantes, avec les résultats divers que l’on sait. C’est donc logiquement, à partir de la forme de cette défaite elle-même que le populisme, comme forme interclassiste se cristallisant autour de la relation entre peuple et Etat, s’est imposé comme la formalisation des limites des luttes actuelles. Lire la suite…

Gilets Jaunes, nos débats continuent….

15/01/2019 10 commentaires

On a reçu ça, on a trouvé ça TRES intéressant… on publie! dndf

Gilets Jaunes, revenu et rapport à l’État.

Notes sur le mouvement des Gilets Jaunes, autour de Noël 2018

NB : ces notes ont été écrites fin décembre ; depuis, le mouvement a déjà en partie changé d’allure, et ce texte est à certains égards obsolète. Cependant je le propose à dndf tel quel, afin de susciter d’éventuelles discussions.

La question centrale du mouvement, c’est je crois, celle de sa composition, plutôt que celle de son idéologie (facho, pas facho), celle-ci découlant au demeurant de celle-là. En l’analysant, cette composition, on doit analyser l’État et la forme qu’il a pris, en France, en s’introduisant partout, jusque dans les derniers recoins des rapports sociaux, en étant l’intermédiaire absolu de tout, et particulièrement en tant que pourvoyeur de revenu (direct ou indirect). Au fond si les gens s’en prennent à l’État c’est bien parce qu’il médie tous les rapports, et en particulier la répartition du surproduit social. On ne s’en prend pas à son patron (quand on en a un) parce qu’on se sent plus ou moins comme une sorte de « salarié » de l’État, comme sous sa dépendance.

Lire la suite…

BANGLADESH : ELLES lâchent rien

14/01/2019 4 commentaires

Article du journal Le Monde sur ce mouvement gréviste ou le terme « ouvriers » est employé 8 fois alors que majoritairement ce sont des FEMMES qui y participent, voir photo

Garment workers gather to protest for higher wages in Dhaka, Bangladesh, January 10, 2019. REUTERS/Mohammad Ponir Hossain

Au Bangladesh, des milliers d’ouvriers du textile en grève pour réclamer de meilleurs salaires

 extraits

Depuis une semaine, les salariés de l’industrie du textile se mobilisent dans les usines, pour demander une augmentation de leur salaire.

Dimanche soir, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires pour ces derniers, après une rencontre entre dirigeants d’usines et syndicats. Tous les syndicats n’ont pas dit s’ils soutenaient l’accord. Babul Akhter, un responsable syndical présent à la réunion, a estimé que l’accord devrait satisfaire les grévistes.

« Ils ne devraient pas le rejeter, et devraient calmement retourner au travail »

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/14/au-bangladesh-des-milliers-d-ouvriers-du-textile-en-greve-pour-reclamer-de-meilleurs-salaires_5408710_3210.html

Malgré une augmentation de salaire, les ouvrières de RMG poursuivent leur manifestation à Ashulia

«Nous rejetons également la structure salariale révisée car le montant n’a été que très peu augmenté dans la structure révisée»

https://www.dhakatribune.com/bangladesh/nation/2019/01/14/despite-pay-raise-rmg-workers-continue-demo-in-ashulia

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“Crise qui vient, souffle et gilets jaunes : où va-t-on ?”

11/01/2019 6 commentaires

Un article publié sur Paris luttes info qui fait le point du mouvement en ce début d’année, en lien avec la crise financière annoncée ça et là.
Ca rappelle un peu les débats que nous avions fin 2018 avec Robin, entre autres….dndf

On est beaucoup de gilets jaunes à ne pas savoir où aller en janvier… Que faire ? La répression, la propagande, et l’étirement du mouvement semblent parfois avoir eu raison de lui depuis début décembre… Et pourtant, tout reste insaisissable, beaucoup restent déters, occupent et passent Noël sur les ronds-points… D’autant plus que l’Acte VIII du 5 janvier a clairement marqué un rebond dans la mobilisation… Alors, la suite ?

La crise qui vient

Remarques générales

Nous n’allons pas nous attarder sur les habituels débats tenus entre gauchistes sur le mouvement des Gilets Jaunes. Tout de même, voici quelques remarques d’ordre plus ou moins général histoire de clarifier d’où l’on parle.

Nous participons aux gilets jaunes depuis la première semaine de mobilisation. Le 17, nous étions sceptiques. Le 18, nous étions forcés de constater qu’il se passait quelque-chose d’autre qu’une simple sortie publique de l’électorat d’extrême-droite. Le 19, il nous fallait aller voir sur les ronds-points et les péages les plus proches de nous. Depuis, notre excitation ne faiblit pas. Lire la suite…

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A paraître : « Une saison jaune, abécédaire critique »

09/01/2019 Aucun commentaire

Par les camarades des Editions de l’Asymétrie en mai prochain

Qu’est ce que l’Autochtonie ? Et qu’a t-elle à voir avec les Blocages ? Cassos est-il synonyme d’anti-travail ? La Dignité est-elle monétisable ? Quels sont les déterminants historiques de la « passion française » pour l’Égalité ? Qu’en est-il de l’idéologie et de l’hégémonie à l’heure de Facebook ? N’y aurait-il pas là une pente Grecque ? Il y-a-t-il une composition de classe du Hooliganisme ? Pourquoi cette obsession des Impôts ? , etc, etc

Autant de questions que ce mouvement social polymorphe permet d’aborder ou de ré-aborder, mais, pour notre part, sans les yeux de chimène de l’hagiographie du « peuple » ou les lorgnons du paternalisme sociologisant. L’extrême diversité de la mobilisation appelle une intelligence tant sensible que rationnelle des dynamiques à l’oeuvre, qui pourraient tout autant engendrer aubes pimentées que crépuscules fascisants.

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« Révolution : programme ou communisation ? »

06/01/2019 Aucun commentaire

Texte publié sur le site « Agitations »

Révolution : programme ou communisation ? 

Selon la théorie de la communisation, née dans les années 70, le mouvement ouvrier a d’abord su s’affirmer positivement, puis s’est petit à petit décomposé jusque dans les années 60, et tout cela constitue un cycle de lutte nommé « programmatisme ».

De l’émergence du mode de production capitaliste jusqu’à cette période, les luttes ouvrières et la vision du dépassement du capitalisme qui émerge de celles-ci étaient fondées sur une autonomie et une positivité que les ouvriers étaient capables de maintenir à l’intérieur du rapport capitaliste. On pourrait décrire les révolutions de cette période comme des tentatives d’abolir le rapport capitaliste par l’affirmation de l’un de ses pôles constitutifs: c’est l’affirmation du prolétariat se constituant en classe (en Parti, en Conseils ou en Autonomie), l’affirmation de la classe du Travail face au capital et face à la classe bourgeoise. Lire la suite…

Présentation publique de “La Matérielle”

06/01/2019 Aucun commentaire

Présentation publique à Paris de
“La Matérielle”
de Christian Charrier
Publié par SENONEVERO aux éditions ENTREMONDE

PARIS, le 24 janvier  à 19h  à la librairie PUBLICO 145, Rue Amelot, 75011 Paris

 

Présentation de l’ouvrage:

De l’essence révolutionnaire de la théorie à l’actualité de la lutte des classes

Les apports de la Matérielle se laissent le mieux saisir dans l’objet auquel elle entend donner la primauté : la situation actuelle. Le fait qu’au cours du grèves de mai-juin 2003 « la lutte » soit devenue le « seul horizon des luttes »[1] n’est pas à voir comme un simple manque, comme le signe de ce que rien ne s’est passé. C’est au contraire la dimension positive d’une situation sans médiations politiques ou syndicales susceptibles de donner un sens aux activités des grévistes au-delà de celui qu’ils développent au cours des grèves elles-mêmes. Cette dimension est une détermination objective à part entière et non l’aiguillon de la recomposition d’un nouveau sujet révolutionnaire à l’instar de l’ouvrier social de Hardt et Negri[2]. Il s’agit de se confronter à ce qui est : en mai-juin 2003, toute unité du prolétariat brille par son absence, et les négociations entre prolétaires et capitalistes se sont progressivement déplacées du niveau de l’État à celui, local, de l’entreprise[3]. Lire la suite…

A la radio : « FACE A FACE »

03/01/2019 Aucun commentaire

Par les camarades de Sortir du capitalisme

Une analyse critique bienveillante du mouvement des gilets jaunes, au-delà d’un populisme acritique et d’un anti-fascisme réducteur – avec des membres d’Agitations autonomes, participant-e-s à ce mouvement.

Avec une analyse des trajectoires du mouvement, d’un refus d’une hausse du prix du carburant à un blocage des ronds-points, des émeutes urbaines et des revendications variées ; de sa nature différente des mouvements sociaux traditionnels, puisqu’il s’agit principalement au départ d’une mobilisation des classes populaires péri-urbaines et rurales contre une nouvelle offensive fiscale dans une période de désengagement de « l’État-providence » ; du rapport au prix de l’essence, aux véhicules motorisés et aux déplacements des différentes classes ; du transfert des entrepreneurs aux ménages du poids des impôts ; de sa composition de classe (principalement des employé-e-s, des ouvrièr-e-s et des chômeurs, avec un faible interclassisme d’ailleurs déclinant au fil du temps, et moins important que celui des mouvements sociaux des syndicats, des étudiants et des fonctionnaires) ; de sa composition politique et de son idéologie populiste, citoyenniste et confuse, mais qui n’est guère spécifique à ce mouvement ; de sa « radicalisation » émeutière, d’où une condamnation politico-médiatique croissante ; de sa répression violente ; des transformations de l’espace, des transports et de l’habitat au cours des dernières décennies ; du rapport ambivalent des gilets jaunes à l’Etat, vu comme État bourgeois et en même temps comme potentielle solution sous une forme « participative » (avec, en arrière-fond, une nostalgie des « Trente Glorieuses ») ; de sa qualification comme « populisme par en bas » ou « démocratisme radical » ; de sa référence à la Révolution française (la Marseillaise, drapeaux français, volonté de rupture démocratique) mais pas au mouvement ouvrier ; des réactions du pouvoir ; du mouvement lycéen en parallèle ; et de la relative visibilisation des violences policières grâce au mouvement [1 heure]

On a trouvé ça

30/12/2018 Aucun commentaire

Sur la voie rapide d’Arles…
Référence à la révolution française?
Appel à un Référendum d’Initiative Citoyenne sur le rétablissement de la peine de mort?

 

“Deuxième appel de Commercy”

29/12/2018 Aucun commentaire

Signalé par Patloch, le deuxième appel de Commercy.

Le texte de l’appel est ici.

Le premier appel se trouve ici. dndf

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Carbure : « Sur le fil » : le RIC, la gauche et les Gilets jaunes

24/12/2018 un commentaire

Dernier texte mis en ligne sur le blog « Carbure Lutte des classes / Guerre civile / Communisation »

« Sur le fil » : le RIC, la gauche et les Gilets jaunes

Ce qui suit a pour point de départ une lecture du texte Sur le fil, paru sur le blog Ou la vie sauvage.

Ce texte, qui a le grand mérite de poser clairement les choses en termes de situation, de moment d’une lutte, construit le mouvement des Gilets jaunes comme le lieu d’une lutte entre deux tendances séparées : le social et le politique. Entre autres considérations, il présente le RIC (Référendum d’initiative citoyenne) qui semble à présent être devenu la revendication centrale du mouvement, comme le fruit d’un « habile » détournement sur des questions « étrangères à la lutte des classes ». Mais ce qu’il ne prend pas la peine de dire, c’est ce qu’est au juste la « lutte des classes », dans ce moment. Est-ce purement l’expression de la gauche ? Une certaine part des revendications, et pas d’autres ? Pourquoi cela ? Est-ce qu’on peut choisir la forme et les conditions de la lutte des classes, en interne, comme expression de la bonne classe ouvrière encadrée par ses partis, ses intellectuels et ses syndicats ? Mais alors comment nommer la lutte que mènent les capitalistes contre le prolétariat ? Et celle de la petite bourgeoisie nationale contre les multinationales ? Et celle que mènent les Etats pour former, orienter, classer, séparer, parquer, politiser, dé-politiser les sujets en fonction de leur utilité sociale, définir leur centralité ou leur marginalité, en inclure certains pour mieux en exclure d’autres, pour produire en somme de la force de travail exploitable ? On ne parle pas tellement ici de la lutte des classes, comme dynamique réelle qui donne sa forme à l’ensemble social, mais bien plutôt de valeurs et de camps politiques, c’est-à-dire de certains produits de la lutte des classes, ses produits idéologiques. Lire la suite…

SOUDAN : Emeutes du pain

21/12/2018 un commentaire

Les manifestations ont commencé le 19 décembre dernier dans la ville d’Atbara, ville d’ouvriers cheminots. Dndf avait déjà relayé les émeutes de janvier de cette année.

Au moins huit manifestants ont été tués, jeudi 20 décembre, lors de protestations contre la hausse du prix du pain à Al-Gadaref dans l’est du Soudan, au deuxième jour de manifestations sociales dans plusieurs villes du pays, a indiqué un responsable local.

Les protestations, auxquelles participent de nombreux étudiants et que les forces de l’ordre tentent de disperser à coups de matraques ou de gaz lacrymogènes, ont éclaté après l’annonce par le gouvernement mardi d’une hausse du prix du pain, dans un pays où le coût de certaines denrées a plus que doublé ces derniers mois.

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CHILI « Hier, ils ont brûlé Valparaíso, imaginez ce qui se passera le 31: ce sera pire »

20/12/2018 5 commentaires

« En référence aux violentes manifestations d’hier, Báez (secrétaire syndical d’Uniport) a déclaré qu’il ne s’agissait que d’un essai de ce qui va se passer le 31 décembre. »

Je fais de nouveau appel aux touristes qui ne viennent pas à Valparaiso. Allez à Viña ou restez à Santiago. Hier, ils ont brûlé Valparaíso, imaginez ce qui se passera le 31: ce sera pire “, at-il averti. »

« En referencia a las violentas manifestaciones de ayer, Báez dijo que fue “sólo un ensayo de lo que va a pasar el 31 de diciembre.

“Le hago un llamado otra vez a los turistas que no vengan a Valparaiso. Vayan a Viña o quédense en Santiago. Ayer quemaron Valparaíso, imagina lo que va a pasar el 31: va a ser peor”, advirtió. »

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“Réflexions provisoires sur les Gilets Jaunes”

16/12/2018 3 commentaires

Trouvé sur Agitations. dndf

Réflexions provisoires sur les Gilets Jaunes


Le texte suivant est issu des réflexions de camarades vivant en France, en Suisse et en Allemagne, et a pour but de présenter la situation actuelle en France à un public allemand (puis vaille que vaille, traduira qui voudra). Nous partageons ses conclusions avec seulement quelques réserves, notamment par rapport à l’utilisation de l’enquête du Monde dont nous trouvons la méthodologie peu satisfaisante, biaisant de ce fait la représentation des composantes sociales du mouvement, et surtout leur politisation (sur la présence de l’extrême droite particulièrement).

1. Le « peuple » et le prix du litre

C’était la goutte de trop. Une hausse des taxes sur le carburant qui fait exploser la colère de celles et ceux qui subissent de plein fouet la mise à mal de l’Etat social. Mais pourquoi la goutte fut-elle dans la hausse des taxes sur le carburant, et pas dans la casse du code du travail amorcée par la loi El Khomri et approfondie par les ordonnances de Macron, ou encore dans la privatisation des chemins de fer ? Parce qu’un réservoir vide, c’est une assignation à résidence. Pour les individus relégués aux périphéries de l’espace social, dans ses marges périurbaines et rurales, la voiture est la dernière garantie d’une socialisation résiduelle. Elle permet de « sortir » de la zone. Sous ces conditions, il n’est pas rare que la voiture soit perçue comme un facteur de socialisation central. Lire la suite…

Gilets jaunes: une contribution de R.S.

14/12/2018 Aucun commentaire

Après réflexion, pour garder une cohérence aux échanges du fil, nous laissons ce texte de contribution de RS dans le fil des commentaires de l’article  en réponse à Patloch. Désolé pour le cafouillage. la soute de dndf

 

“Contre l‘État islamique, contre la guerre – une critique”

12/12/2018 Aucun commentaire

Un camarade nous a fait parvenir ce texte

Contre l‘État islamique, contre la guerre – une critique

En 2016 est paru chez niet!éditions ce petit livre signé Mathieu Pérez. L’éditeur ne donne malheureusement aucune information quant à l’auteur. Le livre se veut « matérialiste »[1], alors que son objectif avoué est parfaitement idéaliste : « Ce petit livre se veut être une contribution à la constitution d’un mouvement qui, en France, s’opposerait à la guerre, aux guerres que mène la France partout où elle le peut. »[2] Le ton est donné. Évoquant implicitement la tradition pacifiste du mouvement ouvrier, l’auteur souhaite que ses paroles bouleversent et rappellent aux militants leur devoir de protester contre l’impérialisme français. Lire la suite…

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Réponse aux commentaires de Patlotch

12/12/2018 44 commentaires

En réponse aux commentaires de Patlotch sur la note de Théorie Communiste relative au mouvement des Gilets jaunes.

           Il est toujours risqué de rendre publiques des notes ou un texte non abouti (dans la mesure où une telle chose, « le texte abouti », existe), la chose sera toujours considérée comme « achevée » et le lecteur se chargera de l’achever en trouvant son inachèvement comme symptomatique de sa problématique, considérant, comme Patlotch, que sa « cohérence tient à tout ce qu’il manque ou évacue ». Le terme même de « cohérence » témoigne bien que, avec raison, personne ne tient compte du caractère de « notes » d’un texte. Quel bel hommage, au passage, à la « lecture symptomale » que de reprendre le thème de « l’interdit d’une problématique ».

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“Les émeutes des ronds points”

11/12/2018 Aucun commentaire

Elément de contexte. Un texte de Joshua Clover, traduit par le site Agitations

“Après avoir légué au monde les concepts de gauche et de droite, la France semble désormais explorer les dynamiques d’une nouvelle situation où ce spectre établi de longue date n’opère plus comme à l’accoutumée. A un niveau abstrait, la topographie actuelle ressemble à un triangle isocèle. La Droite correspond au Rassemblement National et aux groupuscules de Droite radicale qui se sont radicalisés sur la voie nationaliste. Ayant souffert d’un processus de Pasokification qui a conduit à l’érosion du Parti Socialiste, seule demeure une Gauche radicale par défaut. Toutes deux sont condamnées à affronter le Centre technocratique dans une configuration qui semble les rassembler dans une alliance formelle : les nationalistes chauvins de même que ceux qui peuvent encore se réclamer du communisme ou de l’anarchisme s’opposent nécessairement à un ennemi commun. En dehors de cette lutte ils sont néanmoins conduits à s’affronter très souvent dans la rue lors de combats directs durant lesquels le médiateur, né Macron aka « ni de gauche ni de droite » est éliminé. “

La suite ICI

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“Le jaune n’est pas la couleur du printemps”

07/12/2018 14 commentaires

Traduction de l’article “Yellow is not the color of spring”,  paru sur le site a “ruthless critique against everything existing” et qui nous a été envoyé par un camarade grec.dndf

Pendant que nous écrivons ces lignes, les rues de Paris sont encore pleines d’une foule variée, pleine de rêves pour un monde meilleur. Mais aucune foi et aucun rêve n’ont jamais apporté le paradis sur Terre, à la fois parce qu’un monde meilleur n’exige pas simplement la satisfaction d’une demande préexistante, mais  également le changement radical dans la façon dont les gens interagissent entre eux. La révolution signifie un changement qualitatif et non quantitatif des relations sociales. Aucune révolution n’est politique au sens courant du terme. Que dire alors des gilets jaunes ? Lire la suite…

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“Contribution à la rupture en cours”

06/12/2018 5 commentaires

Nous continuons à relayer les textes qui ont attirés notre attention critique ça et la, chemin faisant dans ce mouvement. Celui ci est plus un texte de “point de vue sur la phénoménologie du mouvement” qu’une vrai analyse en profondeur. Reste qu’il nous propose une approche intéressante. Nous manifestons tout de même notre agacement croissant devant les introductions de textes qui nous expliquent tous ou presque que personne (à part eux, donc!) n’avait rien compris et sont à jeter aux poubelles de l’histoire…

On aimerait bien, des fois, relayer des textes qui commenceraient par nous dire “nous aussi on est scottchés, on avait pas vu ou pas bien analysé…” Non, la tradition post situ dans ce pays fait encore bien des ravages littéraires…dndf

« Viser juste, donc, mais aussi durer, avant toute chose. » paru dans lundimatin, le 6 décembre 2018

Décomposés

S’il peut bientôt s’avérer fragile, l’un des principaux mérites de la mobilisation actuelle demeure pour l’heure d’avoir renvoyé au Musée Grévin la rhétorique et le répertoire pratique des mouvements de gauche du siècle passé, tout en réclamant plus de justice et d’égalité, et ce sans reproduire pour autant la geste antifiscale de droite et d’extrême-droite de l’après-guerre. Après l’effondrement des sociaux-démocrates signalé en France par l’élection de Macron, voici donc maintenant celui des communistes, (in)soumis, gauchistes, anarchistes, membres de l’« ultra-gauche » et autres professionnels de la lutte de classes ou porte-paroles radicaux chic : et une majorité d’entre eux, après avoir fait la fine bouche ou s’être pincé le nez, de courir désormais, défaits, à toutes jambes après le mouvement, avec leur groupuscules, syndicats, partis, interventions de presse et billets de blog. Bienvenue dans l’arrière-garde !

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“AVEC OU SANS GILETS, IL EST TEMPS DE S’Y METTRE !”

04/12/2018 Aucun commentaire

Glané quelque part sur Facebook. dndf

AVEC OU SANS GILETS, IL EST TEMPS DE S’Y METTRE !

Les débuts du mouvement des « Gilets Jaunes » furent laborieux. Le poujadisme qui y régnait en maître avait quelque chose d’écœurant. Les exactions racistes et homophobes de certains, avaient fini de nous convaincre de la nature fasciste de ce mouvement.

Pourtant, chose imprévisible il y a 15 jours encore, des individus éparses, épuisés par la lutte pour la survie quotidienne, se sont agrégés sur les barrages. Non pas pour défendre un programme, un drapeau ou une banderole, mais simplement parce qu’ils n’y arrivent plus. Sur ces barrages se sont développées des solidarités. Ces solidarités ont permis à beaucoup de reprendre goût aux autres ; d’avoir de nouveau une vie sociale et affective à laquelle ils n’avaient plus accès. Lire la suite…

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“Gilets jaunes, instantané”

04/12/2018 5 commentaires

Ca ne prouve rien, il ne faut pas lui faire dire plus que ce que cela dit, ça a des odeurs un peu “programmatiques” (“le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple”, “C’est l’égalité. C’est la justice. C’est la liberté. Voilà ce que nous voulons !”) mais ça se passe, alors on montre:

Le texte de l’appel en bas de page Lire la suite…

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« 1er décembre 2018 : porter plus loin le désordre »

03/12/2018 10 commentaires

Nous ne pouvions pas ne pas relayer un article aussi “à chaud” sur l’évènement et venant de camarades dont nous sommes si proches.

Nous tenons tout de même à signaler que nous avons, cette fois ci, quelques réserves (le mot est faible) quant à l’enthousiasme et au manque de distance par rapport à l’évènement, ce qui est le propre d’un texte écrit au coeur du dit événement…

Le niveau violence n’a jamais suffit à qualifier le contenu d’un mouvement.

Nous sommes en attente des commentaires que les lecteurs feront de ce texte de Carbure mais, d’ores et déjà, nous avons “du mal” avec des phrases comme  celles qui suivent:

“le contenu révolutionnaire de la période actuelle a commencé à apparaître sous la croûte des discours et des idéologies”.Quel contenu?

“la rencontre avec les « quartiers » lui a apporté ce qui lui manquait pour correspondre au « mouvement réel “. Ou et quand y a t’il eut rencontre??

“Cet état de fait porte aussi bien la guerre civile comme limite que le dépassement révolutionnaire : franchir le pas qui mène de l’insurrection à la révolution, c’est marcher sur la lame d’une épée”.

“on pourra imaginer passer de l’émeute ou du soulèvement à la révolution.”

“Ce mouvement porte tout ce que peut être aujourd’hui une révolution communiste, ses limites, ses dangers, son caractère imprévisible”

Nous pouvons entendre l’enthousiasme et la prise de parti. Nous avons tout de même besoin  de distance et d’analyse plus à fond du mouvement en cours…. A suivre dndf

 

 

Article publié sur le blog Carbure Lutte des classes / Guerre civile / Communisation

« 1er décembre 2018 : porter plus loin le désordre »

Le samedi 1er décembre, le mouvement des Gilets jaunes a cessé de s’appartenir, il a cessé d’être le mouvement de la France blanche-d’en-bas qu’il était à ses débuts. Face au prévisible refus de l’Etat de satisfaire la moindre revendication (comme en atteste le refus ou l’incapacité des « porte-paroles » du mouvement de rencontrer le Premier ministre), face aussi à l’aspect dérisoire que prend toute revendication au regard des existences insupportables qui sont les nôtres, et grâce à la convergence en milieu urbain de TOUTES les colères, le contenu révolutionnaire de la période actuelle a commencé à apparaître sous la croûte des discours et des idéologies, et ce contenu est le chaos. La question est désormais de savoir où ce qui a commencé va s’arrêter, ou plutôt jusqu’où ce qui a commencé ici pourra porter le désordre. Déjà, ceux qui sont à l’origine du mouvement font office d’arrière-garde poussive de ce qu’ils ont initié, en appellent à la raison et réclament dans le JDD le retour à l’ordre républicain. Ils sont l’incarnation du mouvement à ses débuts, et leur frilosité montre assez ce que ce mouvement n’est déjà plus. Ils se satisferaient d’un moratoire sur le prix du carburant, d’une hausse quelconque de quoi que ce soit ou de l’organisation d’un référendum sur la transition énergétique, là où se dessine un mouvement qui veut tout emporter sur son passage, et ne parvient plus à se cristalliser sur aucun discours ni aucune revendication, si ce n’est « Macron démission », répété comme une espèce de mantra en appelant au néant, à la disparition de tout ce qui représente ce monde. « Macron démission » c’est à la fois la limite politique de ce mouvement, et l’appel à la fin de toute politique. Lire la suite…

« DAESH OU LA CONTRE REVOLUTION DE L’ETAT »

03/12/2018 Aucun commentaire

« L’État Islamique, ou DAESH, attire tous les regards, mais son image est brouillée. Le reflet qui nous parvient via les médias est celui d’une foire aux atrocités soigneusement mise en scène, ou d’épisodes guerriers choisis en fonction d’obscurs intérêts politico-militaires. Mais parmi les groupes « rebelles » ayant émergé durant le conflit irako-syrien, l’EI tente de mettre en place une structure de type étatique et qui s’appuie sur un projet politique structuré et ambitieux : le rétablissement du Califat disparu en 1258 qui implique une critique du monde, de sa marche, de l’Occident, de la démocratie, du nationalisme, etc. Est-ce à dire une critique du capitalisme ? Certainement pas, mais plutôt celle de certains de ses maux et excès, ceux qui entraveraient le fonctionnement libre et harmonieux d’une société califale rêvée… et surtout de son économie. »

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“Les gilets jaunes, l’État, et le capital”, remarques critiques sur l’analyse de Théorie communiste

29/11/2018 7 commentaires

 

Ce texte vient du site de Patloch. Nous le relayons en raison de son importance dans le débat actuel sur le mouvement des gilets jaunes. dndf

1. les gilets jaunes, l’État, et le capital
remarques critiques sur l’analyse de Théorie communiste
A
ce jour, la Note sur le mou­ve­ment des gilets jaunes de Théorie Communiste est le meilleur texte sur la question… du point de vue du structuralisme prolétarien*, ou si l’on préfère la meilleure analyse de classe de ce mouvement.

* voir à ce sujet Althusser n’est pour rien dans le ‘structuralisme prolétarien’, de TC ou de quiconque

1) ce texte est la meilleure analyse de classe… (citations résumées en substance) :

– la critique de « l’interclassisme », “coexistence et non somme d’intérêts communs fondés sur une revendication commune, ici sur la question du niveau de vie, des reve­nus, qui de ques­tion éco­no­mique devient immé­dia­te­ment poli­tique.”

– celle du populisme : « les taxes, les impôts, c’est l’Etat » et cette « résultante » revendicatrice « consacre l’hégémonie d’une de ses com­po­santes : les arti­sans et petits patrons qui fédèrent le « peuple ».

– les approches sociologiques en terme de « France péri­phé­rique » (Chris­tophe Guilluy),  for­mule per­for­ma­tive qui fait exis­ter ce qu’elle est cen­sée dési­gner »

« une reven­di­ca­tion éco­no­mique où le salaire n’est qu’un rap­port de dis­tri­bu­tion (bien sûr injuste) et corol­lai­re­ment le mode de pro­duc­tion est occulté, réduit au détour­ne­ment du tra­vail du peuple. [Ici] des luttes, des pratiques dési­gnent les rap­ports de dis­tri­bu­tion pré­ci­sé­ment comme « l’envers des rap­ports de pro­duc­tion », c’est-à-dire qui se situent dans la réflexi­vité. Tout en sachant qu’il peut y avoir de nom­breuses situa­tions inter­mé­diaires. La dis­tinc­tion peut tra­ver­ser une même pra­tique et/ou un même groupe social (sub­di­vi­sions de classe) […] Dans [ce] cas, la reven­di­ca­tion contre l’injustice, la pau­vreté, l’Etat déna­tio­na­lisé, dési­gne­rait les rap­ports de pro­duc­tion à l’intérieur même de la façon dont les rap­ports de dis­tri­bu­tion sont atta­qués. Et, il est impos­sible de dire que dans les mobi­li­sa­tions des gilets jaunes la chose est absente. […]  Il y a tou­jours jeu et non dicho­to­mie entre rap­ports de pro­duc­tion et rap­ports de distribution. »

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Gilets jaunes, colères noires et interclassisme, une note de travail de la revue “Théorie communiste”

27/11/2018 10 commentaires

“Théorie Communiste” vient de publier un texte de travail au sujet du mouvement en cours sur son blog, “la soute”

La France qui roule des clopes et fume au diésel

(Elle fait aussi griller des merguez et apprécie « le jaune », pas seulement en gilet)

“Dans le mouvement des gilets jaunes, la reven­di­ca­tion com­mune porte sur le niveau de vie et plus pré­ci­sé­ment, à l’intérieur de ce qui l’affecte, l’ensemble des dépenses contraintes et parmi elles, celle que tout le monde désigne comme « la goutte d’eau qui a fait débor­der le vase » : l’augmentation du prix des car­bu­rants (prin­ci­pa­le­ment le gazole). La ques­tion est celle du niveau de vie, des reve­nus. Mais cette ques­tion ne demeure pas une ques­tion éco­no­mique, elle devient immé­dia­te­ment poli­tique. Les taxes, les impôts, c’est l’Etat. C’est dans cette immé­diate muta­tion de l’économie en poli­tique que l’interclassisme trouve sa forme qui le défi­nit et le conforte. La résul­tante n’est jamais socia­le­ment neutre mais consacre dans l’interclassisme, l’hégémonie d’une de ses com­po­santes : les arti­sans et petits patrons qui fédèrent le « peuple».

La note de travail, ICI

“Gilets jaunes : questions pour ceux qui cherchent des alliances”

27/11/2018 8 commentaires

« On aimerait bien y croire, dans la capacité des choses à être autre chose que ce qu’elles sont. Oui mais… »

Sur le site CARBURE

“Théorie Communiste et le marxisme structuraliste althussérien”

26/11/2018 un commentaire

La problématique n’est pas absolument d’une actualité brûlante mais, Internet étant une grande caisse de “raisonance”, très poreuse, les camarades de la revue “Théorie Communiste” ont eu vent du fait qu’il était question, sur certains réseaux sociaux, de leur structuralisme et, en particulier, de leur intérêt passé et présent pour Althusser. Du coup, ils nous demandent de rendre public ce petit travail sur le sujet en forme de participation au débat. dndf

A propos du « structuralisme » de Théorie Communiste et plus précisément de son « structuralisme althussérien »

Que Théorie Communiste soit « structuraliste » ou plus précisément « structuraliste althussérien », où est le problème ? S’il s’agit seulement de faire une généalogie conceptuelle cela n’a pas grand intérêt. Supposons même la question résolue par l’affirmative, c’est-à-dire un structuralisme de TC et même horresco referens : un « structuralisme althussérien ». C’est bien ou c’est pas bien ? Où est la question, où est l’enjeu ?

La question est importante à partir du moment où on la situe, où on la positionne théoriquement ce qui signifie politiquement.

Il semblerait que ce n’est pas « bien » d’être « structuraliste » ou pis « structuraliste althussérien », il y aurait comme un problème. Personne n’a jamais posé, de la même façon, de questions sur les niaiseries humanistes héritées de Rubel (icône de l’ultragauche), comme si elles allaient de soi, ou sur les grandes envolées  hégéliennes relatives au travail et son dépassement, toujours assez chics et « radicales ». Ce ne sont que péchés véniels. Ce qui fait problème avec le structuralisme, c’est qu’on ne tend plus aux « gens » un miroir où ils pourront se reconnaître comme « personnes ». Lire la suite…

(Re)lecture de circonstance

24/11/2018 Aucun commentaire

sur la page facebook de Prada Meinhof  

 (Re)lecture de circonstance :

“Dans la crise de la société sala­riale, les luttes qui se déroulent autour de la dis­tri­bu­tion désigne l’État comme le res­pon­sable de l’injustice. Cet État, c’est l’État déna­tio­na­lisé, tra­versé par et agent de la mondialisation.

La citoyen­neté devient alors l’idéologie sous laquelle est menée la lutte des classes, nous voyons par­tout des drapeaux. Dans la « période for­diste », l’État était en outre devenu « la clé du bien-être », c’est cette citoyen­neté qui a foutu le camp dans la restruc­tu­ra­tion des années 1970 et 1980. Si la citoyen­neté est une abs­trac­tion, elle réfère à des conte­nus bien concrets : plein emploi, famille nucléaire, ordre-proximité-sécurité, hété­ro­sexua­lité, tra­vail, nation. C’est autour de ces thèmes que dans la crise de la société sala­riale se recons­truisent idéo­lo­gi­que­ment les conflits de classes. […]

En tant qu’idéologique, la citoyen­neté natio­nale répond au pro­blème réel de son époque : la crise du rap­port sala­rial deve­nue crise de la société sala­riale, la crise de l’État dénationa­lisé, l’opposition irré­duc­tible entre les gagnants et les per­dants de la mon­dia­li­sa­tion. Mais le recours à la citoyenneté natio­nale est alors l’aveu même dans les luttes sur la base et à l’intérieur de la société sala­riale que ces luttes opèrent sous une idéo­lo­gie. D’une part, la citoyen­neté nationale répond au pro­blème réel de la crise de la société sala­riale ; d’autre part, elle ne lui cor­res­pond pas, car elle la traite de façon « inauthen­tique » comme repré­sen­ta­tion d’autre chose : la perte des valeurs, la décom­po­si­tion de la famille, l’identité natio­nale, la com­mu­nauté du tra­vail. C’est-à-dire qu’elle ne répond qu’à ses propres questions. […]

La mon­dia­li­sa­tion et la déna­tio­na­li­sa­tion de l’État créent de vastes ter­ri­toires péri­phé­riques et exclus des pro­ces­sus écono­miques majeurs. A l’automne 2013, c’est ce sen­ti­ment d’exclusion ter­ri­to­riale qui a fédéré la révolte bre­tonne, dite des « bon­nets rouges », contre l’écotaxe et les fer­me­tures d’entreprises. […] Dans la recons­truc­tion idéo­lo­gique des conflits, le local est au car­re­four de plu­sieurs autres déter­mi­na­tions dont il sera ques­tion plus loin : il ras­semble le « peuple authen­tique » contre les élites, les « intel­los », ce qui est étran­ger, ceux qui pro­fitent du sys­tème social et des impôts des autres. Dans ce type de révolte, le sen­ti­ment d’abandon des zones rurales et péri-urbaines, face à l’hégémonie des métro­poles met en cause la légi­ti­mité de l’État déna­tio­na­lisé, il rejoint « l’exaspération contre la pres­sion fis­cale » et le « car­can réglemen­taire » sous la volonté géné­rale de mettre fin au « dum­ping social » et de « conser­ver l’emploi au pays ».”

– TC, “Une séquence particulière”, n°25.