Genre et capitalisme
Le magazine étatsunien de mai « Viewpoint Magazine » publie une série d’articles sur le genre
Voici le premier d’entre eux en attendant une seconde traduction à venir pour le dernier article
Réflexion de Genre (1). Patriarcat et/ou capitalisme : Rouvrons le débat
Cinzia Arruzza
https://viewpointmag.com/2014/09/02/remarks-on-gender/
Il est assez courant de trouver dans des textes, des tracts, des articles ou des documents féministes, des références au patriarcat et aux rapports patriarcaux. On utilise souvent le terme de patriarcat pour signifier le fait que l’oppression et l’inégalité de genre ne sont pas sporadiques ou exceptionnelles. Elles ne peuvent être réduites à des phénomènes qui ne se produiraient qu’à l’intérieur des relations interpersonnelles car ce sont, au contraire, des questions qui traversent la société toute entière et qui se reproduisent sur base de mécanismes que l’on ne peut pas expliquer en restant sur le plan individuel.
Bref, on utilise souvent le terme de patriarcat pour souligner que l’oppression de genre est un phénomène doté d’une certaine constance et d’un caractère social, et non pas seulement interpersonnel. Cependant, les choses deviennent un peu plus compliquées si on veut être plus précis sur ce que l’on entend exactement par « patriarcat » et « système patriarcal ». Et on fait encore un pas dans la complexité si on commence à se demander quel est le lien entre le patriarcat et le capitalisme et quelle est leur relation.
Itinéraire de la question
Pendant une courte période entre les années 70 et le milieu des années 80, la question du rapport structurel entre le patriarcat et le capitalisme a fait l’objet d’un débat animé entre théoriciens et militants du courant matérialiste et marxiste du féminisme (du féminisme marxiste au féminisme matérialiste d’origine français, en passant par les différente variante de ce que l’on nomme « socialist feminism » ; le féminisme marxiste ou matérialiste Afro-américain, le féminisme matérialiste lesbien, etc.). Les questions fondamentales qui étaient posées tournaient plus ou moins autour de deux axes :
1) est-ce que le patriarcat est un système autonome par rapport au capitalisme ? ;
2) est-il correct d’utiliser le terme « patriarcat » pour désigner l’oppression et l’inégalité de genre ?
Ce débat, à l’occasion duquel des écrits d’un grand intérêt ont été produits, s’est progressivement démodé parallèlement au recul de la critique du capitalisme et alors que s’affirmaient des courants féministes qui, soit ne remettaient pas en question l’horizon libéral ; soit essentialisaient les rapports hommes-femmes et sortaient donc le genre de son contexte historique ; soit éludaient la question de la classe et du capitalisme tout en élaborant des concepts qui se sont révélés très fructueux pour la déconstruction du genre (en particulier la théorie « Queer » des années 90). Lire la suite…
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