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Blog DDT 21 : « Sur les Gilets jaunes / épisodes 01 et 02. »

12/05/2019 Aucun commentaire

Dernier texte mis en ligne sur DDT21

On trouveras ici les deux premiers épisodes d’un « feuilleton » consacré au mouvement des Gilets jaunes :

01 / Une saison et des actes
(Rapide retour sur les grandes étapes du mouvement.)

02 / Gilets jaunes, quel est votre métier ?
(La carte et le territoire / Composition de classe / Un mouvement interclassiste ? / Gilets jaunes femmes / Évolution sociologique)

La révolte des Gilets jaunes est un mouvement complexe et polymorphe qui a évolué au fil des semaines et des mois, que ce soit dans sa composition, ses méthodes ou ses exigences. D’un côté, cela ne facilite pas son appréhension mais, de l’autre, cela permet à chacun d’y voir, trouver, dénoncer ou mettre en valeur ce qui lui plaît, quitte à tomber dans la facilité ou la caricature. On verra que notre analyse porte une plus grande attention à la première phase du mouvement qui, pour nous, s’achève fin décembre, celle qui nous paraît la plus riche, foisonnante et subversive. Si nous pensons qu’il est possible d’en tirer des conclusions positives, voire réjouissantes, nous y percevons également des tendances à l’œuvre qui, si elles se confirmaient, n’aboutiraient à rien de très sympathique. Le mouvement porte en effet en lui, dans sa dynamique et ses contradictions, des éléments négatifs, potentiellement dangereux, que nous n’éluderons pas, d’autant que l’une de ses caractéristiques aura bien été, tout au long de ces semaines, de plonger les participants et les observateurs dans la perplexité et la plus grande incertitude. Les derniers (?) feux de cette révolte brûlant encore au moment où nous publions ces pages, nous nous garderons donc de trop prophétiser. ACCÈS AU SOMMAIRE

Blog Carbure « Du radicalisme médiatique considéré comme un repas de famille »

08/05/2019 Aucun commentaire

Publié sur la page facebook https://blogs.mediapart.fr/carbure

On s’est récemment agacé, dans les milieux d’extrême-gauche, d’entendre critiquer les Branco, Lordon, Ruffin et autres radicaux-médiatiques, en imputant à ces critiques un supposé élitisme qui serait responsable du fait que nos idées – les idées communistes et anarchistes, en gros – ne “passent” pas dans la population et ne sont discutées que dans des petits cercles. Mais il faut le dire clairement : si ces gens-là occupent le haut de l’affiche médiatique, c’est précisément parce qu’ils ne sont pas révolutionnaires. Ce n’est pas que, bien que pas très radicaux, ils sont tout de même accessibles, et aident “les gens” à réfléchir, ce qui devrait amener “les gens” vers des idées plus radicales : dès qu’ils sont présents, la question révolutionnaire est écartée d’emblée, le pas-très-radical est la condition de l’accès au débat public. Lire la suite…

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Et nous donc !

06/05/2019 Aucun commentaire

France : REGARDEZ BIEN CETTE PHOTO !

04/05/2019 Aucun commentaire

Les manifestants humiliés dans la cours de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris le 1er mai avant d’être enfermés en cellule, alors qu’ils n’ont rien fait.

Des manifestants, jeunes et vieux, femmes et hommes, tétanisés, encerclés, dans la cours d’un lieu de soin, et allongés au sol, après plusieurs heures d’une extrême violence policière. Une image aussi grave que les lycéens de Mantes-la-Jolie les mains sur la tête en décembre dernier.

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DDT 21 : « Quelle critique du travail ? David Graeber et « les jobs à la con » »

01/05/2019 Aucun commentaire

Dernière parution du blog DDT 21

 

« Je fais un boulot à la con… » De l’expression d’une réaction spontanée contre une situation invivable, le sociologue a le pouvoir de faire un concept qui se veut explicatif.

Dans un livre récent (voir « Lectures »), David Graeber théorise la part d’inutilité et même de vacuité dans le travail : temps employé à ne rien faire, littéralement, ou à des tâches qui ne servent qu’à remplir artificiellement des heures de présence, ou à des occupations sans rapport avec ce qu’est censée être son activité, et qui nuisent à cette activité. Mais à mettre ainsi sur le même plan l’avocat fiscaliste et sa réceptionniste, que peut-on comprendre ? Au bout du compte, l’analyse obscurcit plus qu’elle n’éclaire la réalité du travail.

https://ddt21.noblogs.org/?page_id=2193

Algérie : « Au tribunal des invisible de la «révolution du sourire» »

27/04/2019 Aucun commentaire

extraits

« La plupart de ces rendus invisibles sont chômeurs, vendeurs à la sauvette, ouvriers, travailleurs à la RSTA, et extrêmement jeunes, ils arrivent des banlieues, de Birtouta, de Hadjout, de Tipaza, Zeralda, Badjarah, Aïn-Benian. …..

Le manque de solidarité constaté, la solitude de ces couches sociales qui, quand « elles mangent à midi, ne mangeront pas le soir », déjà exclues économiquement et socialement et aujourd’hui abandonnées à la justice et à la police…

Ces arrestations qui ne sont pas portées politiquement par un Mouvement auquel tous ces jeunes garçons pensaient appartenir et qui les a entraînés à le penser sont destructrices, elles participent par sa périphérie à sa destruction, ne pas le comprendre rend indignes tous ceux qui prétendent aujourd’hui faire de la politique et combattre le système. »

Au tribunal des invisible de la «révolution du sourire»

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Algérie : « le processus d’auto-organisation est quasiment inexistant. »

26/04/2019 Aucun commentaire

“Je pense que ce qui peut renverser les rapports de force c’est l’auto-organisation de tous les secteurs. On en est pour le moment loin parce que le gouvernement a imposé une chape de plomb depuis des années en détruisant toutes les structures démocratiques et de représentation qui existaient, notamment les syndicats, chez les étudiants et chez les travailleurs. Maintenant c’est tout un chantier, il faut tout reconstruire et la recomposition de ces structures représentatives et combatives est ce qui peut permettre de renverser les rapports de force. Tout comme l’émergence de la classe ouvrière dans la rue. Pour l’instant la classe ouvrière n’est pas en train d’hégémoniser le mouvement populaire, les travailleurs ne se sont pas mis en avant. Le slogan « grève générale » n’est pas suivi, alors que le processus d’auto-organisation est à des stades encore inégaux.

Par exemple, dans le Sud du pays, là ou se trouvent les secteurs du pétrole et gaz, secteurs névralgiques de l’économie algérienne, les travailleurs n’ont pas fait plus de cinq jours de grève et le processus et d’auto-organisation est quasiment inexistant. La faiblesse actuelle de l’intervention ouvrière peut conditionner le développement et le futur de la mobilisation.”

https://www.revolutionpermanente.fr/Nous-n-allons-pas-nous-arreter-disent-les-etudiant-es-d-Alger

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ALGÉRIE : « Souriez, vous êtes gazés »

13/04/2019 Aucun commentaire

Huitième vendredi de manifestation

« La Révolution du sourire » se crispe !

Des milliers de jeunes manifestants ont engagé une bataille rangée avec les policiers à la place Audin immédiatement après la salve de répression. Ils ont pris de revers le dispositif de sécurité disposé sur plusieurs centaines de mètres sur le bouvelard Mohamed V qui monte vers le quartier du Telemely ouvrant la voie à El Mouradia et le palais présidentiel à environ 5 km de là.

Une pluie de cailloux est tombée sur les policiers qui ont enregistré plusieurs blessés et ont utilisé également les cailloux pour riposter, en plus des tirs de grenades lacrymogènes. La détermination des jeunes manifestants à rendre coup pour coup et à ne céder aucun territoire a débouché sur le repli précipité de la police.

Plusieurs dizaines de fourgons disposés sur le boulevard ont dû manœuvrer en urgence pour se mettre dans le sens de la montée, charger les effectifs et fuir le centre-ville pour dresser de nouveaux dispositifs de barrage sur les hauteurs. Plusieurs milliers de manifestants se sont ensuite engagés sur le Bouvelard Mohamed V « libéré » selon l’expression des manifestants. Des affrontements ont ensuite éclatés à partir de 17 heures sur les hauteurs du Télemely. A 18 heures la police a engagé une contre-offensive pour la reconquête de la place Audin. La bataille entre jeunes manifestants et policiers se poursuivait à 18 h 40 au moment de la rédaction de cet article.”

https://www.maghrebemergent.info/le-gouvernement-bedoui-engage-dans-une-provocation-criminelle-a-place-audin/?fbclid=IwAR0gzUt5afzq36RkFFn1dPqMr5cBeOC7Yv3qJCK2q64ApKV21hEc0nXe5wg

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« Capitalocène, racisme environnemental et écoféminisme »

11/04/2019 Aucun commentaire

Un des derniers textes mis en ligne sur le blog « Agitations »

« Capitalocène, racisme environnemental et écoféminisme »

« il n’y a une « nature » que parce qu’il y a un artifice et une industrie humaine. Les projections techniques marchandes qui sont réalisées afin de sauver la planète, exploitant les imbrications entre domination par le travail, distinction de genre et racisme environnemental, n’ont pas de sens. Elles prennent « la nature » pour un ensemble exploitable immédiatement au même titre que la force de travail naturalisée et objectifiée des travailleurs, femmes et / ou racisés avant tout. »

https://agitationautonome.com/2019/04/07/capitalocene-racisme-environnemental-et-ecofeminisme/?fbclid=IwAR0IhN-4en5Kij1O-zcRAZwqamACQ9TsuDL1AVXZR74s4SuvGPmgZaYgWCY

“La communisation et l’abolition du genre”

20/03/2019 Aucun commentaire

Dernière publication parue sur le site « Agitations »

La communisation et l’abolition du genre

Nous proposons ici la traduction d’un texte de Maya Andrea Gonzalez paru en 2012 en langue anglaise dans un ouvrage édité par Benjamin Noys : Communization and its discontents [Malaise dans la communisation, non traduit]. Ce texte paraît aux Etats-Unis alors que la problématique du genre refait massivement surface dans les milieux d’Ultragauche et post-Ultragauche, par exemple dans le premier numéro de Théorie Communiste dédié à la question (2011, TC 21), ou dans la revue internationale Endnotes. Dans un premier temps, l’autrice s’attache à remobiliser les questionnements classiques de la théorie de la communisation pour tracer des non-dits et des oublis. Par la suite, la partie I commente la construction de la catégorie « Femme » pour ensuite, dans la partie II, proposer une ligne politique visant à l’abolition du genre.

La civilisation d’aujourd’hui donne clairement à entendre qu’elle admet les relations sexuelles à l’unique condition qu’elles aient pour base l’union indissoluble, et contractée une fois pour toutes, d’un homme et d’une femme ; qu’elle ne tolère pas la sexualité en tant que source autonome de plaisir et n’est disposée à le tolérer qu’à titre d’agent de reproduction que rien jusqu’ici n’a pu remplacer.

Sigmund Freud, Malaise dans la Civilisation

Introduction

La communisation n’est pas une position révolutionnaire. Ce n’est pas une forme de société que nous construirons après la révolution. Il ne s’agit pas d’une tactique, d’une perspective stratégique, d’une organisation ou d’un plan. La communisation décrit un ensemble de mesures que nous devons prendre au cours de la lutte des classes si nous voulons qu’il y ait une révolution. La communisation abolit le mode de production capitaliste, y compris le travail salarié, l’échange, la forme-valeur, l’État, la division du travail et la propriété privée. Que la révolution prenne cette forme est une caractéristique nécessaire de la lutte de classes aujourd’hui. Notre cycle de luttes ne peut avoir d’autre horizon, dans la mesure où le développement des contradictions du capitalisme a annihilé les conditions sur lesquelles reposaient d’autres formes de révolution. Il n’est plus possible d’imaginer une conjoncture dans laquelle les divisions sociales soient dissoutes après la révolution.

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Hic Salta communisation : “Théorie de l’interclassisme”

26/02/2019 3 commentaires

Dernier texte mis en ligne sur le blog Hic Salta communisation

Ménage à trois: Episode 10 – Théorie de l’interclassisme

Episode 10 – Théorie de l’interclassisme

Dans les épisodes précédents, nous avons examiné quelques cas de luttes sociales où la CMS se bat en liaison avec le prolétariat. Compte tenu du fait que les deux classes ont des intérêts fondamentalement opposés, comment se fait-il qu’elles luttent ensemble? Jusqu’où leurs luttes communes peuvent-elles aller, et quels fruits peuvent-elles porter ? Disons tout de suite que la rupture entre les deux classes est inscrite dans la mécanique du ménage et que les luttes interclassistes sont globalement perdantes. C’est ce que nous allons mieux comprendre en examinant les choses d’un point de vue théorique. Nous procéderons selon le plan suivant : 

Introduction

1 – Équilibre des trois classes

  1. – Le ménage à trois (rappel)
  2. – Origine de la valeur nouvelle
  3.  Répartition des revenus
  4.  Revenu et consommation des capitalistes : l’État
    1. Financement de l’État : théorie de l’impôt
    2. Prélèvements fiscaux et taux d’exploitation
    3. Programmes sociaux et complément de revenu des classes salariées
    4. Intervention de l’État et valeur de la force de travail
    5. Législation sociale
    6. Endettement de l’État
    7. Dénationalisation de l’État

1.5 – Revenus et consommation du prolétariat et de la CMS

2 – Scènes de ménage à trois

  1. – Conflits du travail ou conflits de la régulation ?
    1. Les capitalistes contre les salariés
    2. Les capitalistes contre l’État
    3. L’État contre les salariés
  2. – Luttes interclassistes
    1. Formes communes de lutte
      1. Grève
      2. Manifestation
      3. Émeute
    2. Formes propres à chaque classe
    3. Objectifs des luttes interclassistes

3 – Conclusion : échec inéluctable des luttes interclassistes

Annexe : Émeutes en France et en Angleterre

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“Le « “Peuple » : fin d’un mythe au sein des Gilets Jaunes ?”

04/02/2019 27 commentaires

texte signalé sur la page facebook de notre camarade AC ainsi que son commentaire. dndf

“Je suis loin de partager l’optimisme du constat et de la perspective, mais il y a – outre une partie historique qui montre bien que le peuple est avant tout une construction politique – de très intéressantes remarques sur l’autodéfinition conflictuelle des luttes dans ce texte”

“Le « Peuple » : fin d’un mythe au sein des Gilets Jaunes ? (part 2 – L’inévitable lutte des classes)

Dès le début du mouvement des Gilets Jaunes, les forces se rassemblant sur les rond-points furent dans l’obligation de se définir. L’agrégat de petits patrons, chômeurs, artisans-commerçants, ouvriers, paysans, auto-entrepreneurs, etc constituait une force où des classes aux intérêts diamétralement opposés se sont retrouvées pour dénoncer taxes, imposition, salaires différés (cotisations à la sécu, à la CAF, aux caisses de retraites).
C’est à juste titre que la masse hétéroclite d’alors s’est définie comme étant le « peuple » ou du moins, une large fraction de celui-ci.
Mais qu’est-ce que ce « peuple » que tout le monde a soudainement investi pour dissimuler des logiques et des intérêts contradictoires au sein même des Gilets Jaunes ?
Pourquoi les premiers Gilets Jaunes à se réunir se définirent communément comme le « peuple » ?

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« CLASSE – GENRE : PLUS QU’UNE INTERSECTION »

03/02/2019 Aucun commentaire

Une nouvelle vidéo de Guillaume Deloison

Au cours de leur vie, une femme sur sept (14,5 %) et un homme sur vingt-cinq (3,9 %) déclarent avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle (hors harcèlement et exhibitionnisme). Les femmes sont 6 fois plus souvent victimes de viol ou de tentative de viol que les hommes. Les violences sexuelles que subissent les femmes sont non seulement beaucoup plus fréquentes, mais elles se produisent dans tous les espaces de vie et tout au long de la vie. Pour quasiment toutes les violences sexuelles subies par les femmes, les auteurs sont des hommes (entre 94 et 98 % des cas). Dans 90% des cas, les victimes connaissent leur agresseur. Dans 37% des cas l’auteur est le conjoint, dans 17% des cas c’est quelqu’un d’autre qui vit à la maison. Dans 36% des cas c’est une personne connue de la victime, mais qui n’habite pas avec elle. Andrea Dworkin écrivait en 1983 : « Nous utilisons les statistiques non pour essayer de quantifier les blessures, mais pour simplement convaincre le monde qu’elles existent bel et bien. Ces statistiques ne sont pas des abstractions. » Les choses ne changent pas et, en 2018, nous passons encore un temps infini, à tenter de convaincre que les violences sexuelles existent. Les statistiques ne suffisent pas, les témoignages ne suffisent pas, les analyses ne suffisent pas ; j’en viens à penser que seule la parole des violeurs pourrait convaincre que nous ne mentons pas, nous n’exagérons pas, nous n’en rajoutons pas. Je cherche encore, au vu de ce qui attend les femmes qui parlent des violences de genre qu’elles peuvent subir, quel intérêt elle aurais à le faire. Malgré qu’on est fait de moi un homme, qu’on m’est appris à m’affirmer, à couper la parole, qu’on m’emploie plus volontiers, que je peux me déplacer dans la rue sans avoir peur et bien d’autres choses encore, malgré que je profite de ce statut, j’en veux la fin, je veux que cela cesse. Ce statut n’est que le reflet d’une hiérarchie sociale effroyable. Dans cette société, chaque plaisir a le goût du sang et l’amertume de la douleur. Je veux la fin de toute hiérarchie car toute cette souffrance est insoutenable, injuste et cruelle, je pleure de voir mes amies, ceux que j’aime, ou simplement des innocentes souffrir de cette hiérarchie sociale mutilante et meurtrière. Je suis anarchiste et je ne serais libre que lorsque toutes et tous nous le serons. Lire la suite…

“Gilets jaunes, (ba-)taille unique”

30/01/2019 4 commentaires

Traduction d’un texte paru sur le site « commune »

Gilets jaunes, (ba-)taille unique

Le gilet jaune a bon dos : il va au pire comme au meilleur. Pourtant, le devenir du mouvement, et de bien d’autres choses, se jouera dans les rues, et non dans les discours d’une gauche médusée.

Au cours des semaines qui ont précédé le premier jour d’action du mouvement des gilets jaunes (GJ), le 17 novembre, le sujet brillait par son absence dans les conversations entre mes camarades de la gauche antiautoritaire, alors que nous sommes généralement assaillis d’informations lorsque des mobilisations comme celles-ci se préparent. Une pétition contre la hausse des taxes sur les carburants décidée par le président Macron avait déjà recueilli des centaines de milliers de signatures. Le chauffeur de poids lourds, Eric Drouet, avait lancé un événement sur Facebook, une journée nationale de blocages routiers contre la hausse, qui avait largement été relayé. Et pourtant, fin novembre, on ne trouvait quasiment pas de mention des « gilets jaunes » dans les fils d’information, les listes de diffusion ou les groupes de discussion auxquels je participe, généralement frappé d’effervescence rhétorique quand une grève ou une manif se profile. Inutile de dire notre surprise lorsque des centaines de milliers de gens se mirent à bloquer des routes le 17 novembre. Lire la suite…

L’ordre règne au Bangladesh !

29/01/2019 Aucun commentaire

En traduction google

« Près de 5 000 ouvrières et ouvriers du vêtement licenciés suite aux grèves au Bangladesh

Les syndicats affirment que le nombre réel de licenciements est beaucoup plus élevé, proche des 7 000 »

Près de 5 000 ouvrières et ouvriers  du textile bangladais peu rémunérés, qui cousaient des vêtements pour des marques mondiales, ont été licenciés par les chefs d’usine pour avoir pris part à des  grèves qui ont dégénéré au  début de ce mois.

Des milliers de prolétaires sont sortis des usines à travers le pays au cours de manifestations qui ont perturbé l’industrie, au coût de 30 milliards de dollars, et ont vu la police tirer des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur les manifestants. Lire la suite…

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ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES DES GILETS JAUNES

28/01/2019 2 commentaires

Nous donnons l’appel de” l’assemblée des assemblées des gilets jaunes” ainsi qu’un compte rendu de celle-ci faite dans le journal libération.

APPEL DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES DES GILETS JAUNES

Dimanche, 27 Janvier, 2019

Nous, Gilets Jaunes des ronds-points, des parkings, des places, des assemblées, des manifs, nous sommes réunis ces 26 et 27 janvier 2019 en assemblée des assemblées, réunissant une centaine de délégations, répondant à l’appel des Gilets Jaunes de Commercy.

Depuis le 17 novembre, du plus petit village, du monde rural à la plus grande ville, nous nous sommes soulevés contre cette société profondément violente, injuste et insupportable. Nous ne nous laisserons plus faire ! Nous nous révoltons contre la vie chère, la précarité et la misère. Nous voulons, pour nos proches, nos familles et nos enfants, vivre dans la dignité. 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, c’est inacceptable. Partageons la richesse et pas la misère ! Finissons-en avec les inégalités sociales ! Nous exigeons l’augmentation immédiate des salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions, le droit inconditionnel au logement et à la santé, à l’éducation, des services publics gratuits et pour tous. Lire la suite…

Vu dans une manif…

28/01/2019 3 commentaires

BANGLADESH : ELLES lâchent rien

14/01/2019 4 commentaires

Article du journal Le Monde sur ce mouvement gréviste ou le terme « ouvriers » est employé 8 fois alors que majoritairement ce sont des FEMMES qui y participent, voir photo

Garment workers gather to protest for higher wages in Dhaka, Bangladesh, January 10, 2019. REUTERS/Mohammad Ponir Hossain

Au Bangladesh, des milliers d’ouvriers du textile en grève pour réclamer de meilleurs salaires

 extraits

Depuis une semaine, les salariés de l’industrie du textile se mobilisent dans les usines, pour demander une augmentation de leur salaire.

Dimanche soir, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires pour ces derniers, après une rencontre entre dirigeants d’usines et syndicats. Tous les syndicats n’ont pas dit s’ils soutenaient l’accord. Babul Akhter, un responsable syndical présent à la réunion, a estimé que l’accord devrait satisfaire les grévistes.

« Ils ne devraient pas le rejeter, et devraient calmement retourner au travail »

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/14/au-bangladesh-des-milliers-d-ouvriers-du-textile-en-greve-pour-reclamer-de-meilleurs-salaires_5408710_3210.html

Malgré une augmentation de salaire, les ouvrières de RMG poursuivent leur manifestation à Ashulia

«Nous rejetons également la structure salariale révisée car le montant n’a été que très peu augmenté dans la structure révisée»

https://www.dhakatribune.com/bangladesh/nation/2019/01/14/despite-pay-raise-rmg-workers-continue-demo-in-ashulia

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A paraître : « Une saison jaune, abécédaire critique »

09/01/2019 Aucun commentaire

Par les camarades des Editions de l’Asymétrie en mai prochain

Qu’est ce que l’Autochtonie ? Et qu’a t-elle à voir avec les Blocages ? Cassos est-il synonyme d’anti-travail ? La Dignité est-elle monétisable ? Quels sont les déterminants historiques de la « passion française » pour l’Égalité ? Qu’en est-il de l’idéologie et de l’hégémonie à l’heure de Facebook ? N’y aurait-il pas là une pente Grecque ? Il y-a-t-il une composition de classe du Hooliganisme ? Pourquoi cette obsession des Impôts ? , etc, etc

Autant de questions que ce mouvement social polymorphe permet d’aborder ou de ré-aborder, mais, pour notre part, sans les yeux de chimène de l’hagiographie du « peuple » ou les lorgnons du paternalisme sociologisant. L’extrême diversité de la mobilisation appelle une intelligence tant sensible que rationnelle des dynamiques à l’oeuvre, qui pourraient tout autant engendrer aubes pimentées que crépuscules fascisants.

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« Révolution : programme ou communisation ? »

06/01/2019 Aucun commentaire

Texte publié sur le site « Agitations »

Révolution : programme ou communisation ? 

Selon la théorie de la communisation, née dans les années 70, le mouvement ouvrier a d’abord su s’affirmer positivement, puis s’est petit à petit décomposé jusque dans les années 60, et tout cela constitue un cycle de lutte nommé « programmatisme ».

De l’émergence du mode de production capitaliste jusqu’à cette période, les luttes ouvrières et la vision du dépassement du capitalisme qui émerge de celles-ci étaient fondées sur une autonomie et une positivité que les ouvriers étaient capables de maintenir à l’intérieur du rapport capitaliste. On pourrait décrire les révolutions de cette période comme des tentatives d’abolir le rapport capitaliste par l’affirmation de l’un de ses pôles constitutifs: c’est l’affirmation du prolétariat se constituant en classe (en Parti, en Conseils ou en Autonomie), l’affirmation de la classe du Travail face au capital et face à la classe bourgeoise. Lire la suite…

A la radio : « FACE A FACE »

03/01/2019 Aucun commentaire

Par les camarades de Sortir du capitalisme

Une analyse critique bienveillante du mouvement des gilets jaunes, au-delà d’un populisme acritique et d’un anti-fascisme réducteur – avec des membres d’Agitations autonomes, participant-e-s à ce mouvement.

Avec une analyse des trajectoires du mouvement, d’un refus d’une hausse du prix du carburant à un blocage des ronds-points, des émeutes urbaines et des revendications variées ; de sa nature différente des mouvements sociaux traditionnels, puisqu’il s’agit principalement au départ d’une mobilisation des classes populaires péri-urbaines et rurales contre une nouvelle offensive fiscale dans une période de désengagement de « l’État-providence » ; du rapport au prix de l’essence, aux véhicules motorisés et aux déplacements des différentes classes ; du transfert des entrepreneurs aux ménages du poids des impôts ; de sa composition de classe (principalement des employé-e-s, des ouvrièr-e-s et des chômeurs, avec un faible interclassisme d’ailleurs déclinant au fil du temps, et moins important que celui des mouvements sociaux des syndicats, des étudiants et des fonctionnaires) ; de sa composition politique et de son idéologie populiste, citoyenniste et confuse, mais qui n’est guère spécifique à ce mouvement ; de sa « radicalisation » émeutière, d’où une condamnation politico-médiatique croissante ; de sa répression violente ; des transformations de l’espace, des transports et de l’habitat au cours des dernières décennies ; du rapport ambivalent des gilets jaunes à l’Etat, vu comme État bourgeois et en même temps comme potentielle solution sous une forme « participative » (avec, en arrière-fond, une nostalgie des « Trente Glorieuses ») ; de sa qualification comme « populisme par en bas » ou « démocratisme radical » ; de sa référence à la Révolution française (la Marseillaise, drapeaux français, volonté de rupture démocratique) mais pas au mouvement ouvrier ; des réactions du pouvoir ; du mouvement lycéen en parallèle ; et de la relative visibilisation des violences policières grâce au mouvement [1 heure]

Carbure : « Sur le fil » : le RIC, la gauche et les Gilets jaunes

24/12/2018 un commentaire

Dernier texte mis en ligne sur le blog « Carbure Lutte des classes / Guerre civile / Communisation »

« Sur le fil » : le RIC, la gauche et les Gilets jaunes

Ce qui suit a pour point de départ une lecture du texte Sur le fil, paru sur le blog Ou la vie sauvage.

Ce texte, qui a le grand mérite de poser clairement les choses en termes de situation, de moment d’une lutte, construit le mouvement des Gilets jaunes comme le lieu d’une lutte entre deux tendances séparées : le social et le politique. Entre autres considérations, il présente le RIC (Référendum d’initiative citoyenne) qui semble à présent être devenu la revendication centrale du mouvement, comme le fruit d’un « habile » détournement sur des questions « étrangères à la lutte des classes ». Mais ce qu’il ne prend pas la peine de dire, c’est ce qu’est au juste la « lutte des classes », dans ce moment. Est-ce purement l’expression de la gauche ? Une certaine part des revendications, et pas d’autres ? Pourquoi cela ? Est-ce qu’on peut choisir la forme et les conditions de la lutte des classes, en interne, comme expression de la bonne classe ouvrière encadrée par ses partis, ses intellectuels et ses syndicats ? Mais alors comment nommer la lutte que mènent les capitalistes contre le prolétariat ? Et celle de la petite bourgeoisie nationale contre les multinationales ? Et celle que mènent les Etats pour former, orienter, classer, séparer, parquer, politiser, dé-politiser les sujets en fonction de leur utilité sociale, définir leur centralité ou leur marginalité, en inclure certains pour mieux en exclure d’autres, pour produire en somme de la force de travail exploitable ? On ne parle pas tellement ici de la lutte des classes, comme dynamique réelle qui donne sa forme à l’ensemble social, mais bien plutôt de valeurs et de camps politiques, c’est-à-dire de certains produits de la lutte des classes, ses produits idéologiques. Lire la suite…

SOUDAN : Emeutes du pain

21/12/2018 un commentaire

Les manifestations ont commencé le 19 décembre dernier dans la ville d’Atbara, ville d’ouvriers cheminots. Dndf avait déjà relayé les émeutes de janvier de cette année.

Au moins huit manifestants ont été tués, jeudi 20 décembre, lors de protestations contre la hausse du prix du pain à Al-Gadaref dans l’est du Soudan, au deuxième jour de manifestations sociales dans plusieurs villes du pays, a indiqué un responsable local.

Les protestations, auxquelles participent de nombreux étudiants et que les forces de l’ordre tentent de disperser à coups de matraques ou de gaz lacrymogènes, ont éclaté après l’annonce par le gouvernement mardi d’une hausse du prix du pain, dans un pays où le coût de certaines denrées a plus que doublé ces derniers mois.

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CHILI « Hier, ils ont brûlé Valparaíso, imaginez ce qui se passera le 31: ce sera pire »

20/12/2018 5 commentaires

« En référence aux violentes manifestations d’hier, Báez (secrétaire syndical d’Uniport) a déclaré qu’il ne s’agissait que d’un essai de ce qui va se passer le 31 décembre. »

Je fais de nouveau appel aux touristes qui ne viennent pas à Valparaiso. Allez à Viña ou restez à Santiago. Hier, ils ont brûlé Valparaíso, imaginez ce qui se passera le 31: ce sera pire “, at-il averti. »

« En referencia a las violentas manifestaciones de ayer, Báez dijo que fue “sólo un ensayo de lo que va a pasar el 31 de diciembre.

“Le hago un llamado otra vez a los turistas que no vengan a Valparaiso. Vayan a Viña o quédense en Santiago. Ayer quemaron Valparaíso, imagina lo que va a pasar el 31: va a ser peor”, advirtió. »

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“Contre l‘État islamique, contre la guerre – une critique”

12/12/2018 Aucun commentaire

Un camarade nous a fait parvenir ce texte

Contre l‘État islamique, contre la guerre – une critique

En 2016 est paru chez niet!éditions ce petit livre signé Mathieu Pérez. L’éditeur ne donne malheureusement aucune information quant à l’auteur. Le livre se veut « matérialiste »[1], alors que son objectif avoué est parfaitement idéaliste : « Ce petit livre se veut être une contribution à la constitution d’un mouvement qui, en France, s’opposerait à la guerre, aux guerres que mène la France partout où elle le peut. »[2] Le ton est donné. Évoquant implicitement la tradition pacifiste du mouvement ouvrier, l’auteur souhaite que ses paroles bouleversent et rappellent aux militants leur devoir de protester contre l’impérialisme français. Lire la suite…

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« 1er décembre 2018 : porter plus loin le désordre »

03/12/2018 10 commentaires

Nous ne pouvions pas ne pas relayer un article aussi “à chaud” sur l’évènement et venant de camarades dont nous sommes si proches.

Nous tenons tout de même à signaler que nous avons, cette fois ci, quelques réserves (le mot est faible) quant à l’enthousiasme et au manque de distance par rapport à l’évènement, ce qui est le propre d’un texte écrit au coeur du dit événement…

Le niveau violence n’a jamais suffit à qualifier le contenu d’un mouvement.

Nous sommes en attente des commentaires que les lecteurs feront de ce texte de Carbure mais, d’ores et déjà, nous avons “du mal” avec des phrases comme  celles qui suivent:

“le contenu révolutionnaire de la période actuelle a commencé à apparaître sous la croûte des discours et des idéologies”.Quel contenu?

“la rencontre avec les « quartiers » lui a apporté ce qui lui manquait pour correspondre au « mouvement réel “. Ou et quand y a t’il eut rencontre??

“Cet état de fait porte aussi bien la guerre civile comme limite que le dépassement révolutionnaire : franchir le pas qui mène de l’insurrection à la révolution, c’est marcher sur la lame d’une épée”.

“on pourra imaginer passer de l’émeute ou du soulèvement à la révolution.”

“Ce mouvement porte tout ce que peut être aujourd’hui une révolution communiste, ses limites, ses dangers, son caractère imprévisible”

Nous pouvons entendre l’enthousiasme et la prise de parti. Nous avons tout de même besoin  de distance et d’analyse plus à fond du mouvement en cours…. A suivre dndf

 

 

Article publié sur le blog Carbure Lutte des classes / Guerre civile / Communisation

« 1er décembre 2018 : porter plus loin le désordre »

Le samedi 1er décembre, le mouvement des Gilets jaunes a cessé de s’appartenir, il a cessé d’être le mouvement de la France blanche-d’en-bas qu’il était à ses débuts. Face au prévisible refus de l’Etat de satisfaire la moindre revendication (comme en atteste le refus ou l’incapacité des « porte-paroles » du mouvement de rencontrer le Premier ministre), face aussi à l’aspect dérisoire que prend toute revendication au regard des existences insupportables qui sont les nôtres, et grâce à la convergence en milieu urbain de TOUTES les colères, le contenu révolutionnaire de la période actuelle a commencé à apparaître sous la croûte des discours et des idéologies, et ce contenu est le chaos. La question est désormais de savoir où ce qui a commencé va s’arrêter, ou plutôt jusqu’où ce qui a commencé ici pourra porter le désordre. Déjà, ceux qui sont à l’origine du mouvement font office d’arrière-garde poussive de ce qu’ils ont initié, en appellent à la raison et réclament dans le JDD le retour à l’ordre républicain. Ils sont l’incarnation du mouvement à ses débuts, et leur frilosité montre assez ce que ce mouvement n’est déjà plus. Ils se satisferaient d’un moratoire sur le prix du carburant, d’une hausse quelconque de quoi que ce soit ou de l’organisation d’un référendum sur la transition énergétique, là où se dessine un mouvement qui veut tout emporter sur son passage, et ne parvient plus à se cristalliser sur aucun discours ni aucune revendication, si ce n’est « Macron démission », répété comme une espèce de mantra en appelant au néant, à la disparition de tout ce qui représente ce monde. « Macron démission » c’est à la fois la limite politique de ce mouvement, et l’appel à la fin de toute politique. Lire la suite…

« DAESH OU LA CONTRE REVOLUTION DE L’ETAT »

03/12/2018 Aucun commentaire

« L’État Islamique, ou DAESH, attire tous les regards, mais son image est brouillée. Le reflet qui nous parvient via les médias est celui d’une foire aux atrocités soigneusement mise en scène, ou d’épisodes guerriers choisis en fonction d’obscurs intérêts politico-militaires. Mais parmi les groupes « rebelles » ayant émergé durant le conflit irako-syrien, l’EI tente de mettre en place une structure de type étatique et qui s’appuie sur un projet politique structuré et ambitieux : le rétablissement du Califat disparu en 1258 qui implique une critique du monde, de sa marche, de l’Occident, de la démocratie, du nationalisme, etc. Est-ce à dire une critique du capitalisme ? Certainement pas, mais plutôt celle de certains de ses maux et excès, ceux qui entraveraient le fonctionnement libre et harmonieux d’une société califale rêvée… et surtout de son économie. »

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(Re)lecture de circonstance

24/11/2018 Aucun commentaire

sur la page facebook de Prada Meinhof  

 (Re)lecture de circonstance :

“Dans la crise de la société sala­riale, les luttes qui se déroulent autour de la dis­tri­bu­tion désigne l’État comme le res­pon­sable de l’injustice. Cet État, c’est l’État déna­tio­na­lisé, tra­versé par et agent de la mondialisation.

La citoyen­neté devient alors l’idéologie sous laquelle est menée la lutte des classes, nous voyons par­tout des drapeaux. Dans la « période for­diste », l’État était en outre devenu « la clé du bien-être », c’est cette citoyen­neté qui a foutu le camp dans la restruc­tu­ra­tion des années 1970 et 1980. Si la citoyen­neté est une abs­trac­tion, elle réfère à des conte­nus bien concrets : plein emploi, famille nucléaire, ordre-proximité-sécurité, hété­ro­sexua­lité, tra­vail, nation. C’est autour de ces thèmes que dans la crise de la société sala­riale se recons­truisent idéo­lo­gi­que­ment les conflits de classes. […]

En tant qu’idéologique, la citoyen­neté natio­nale répond au pro­blème réel de son époque : la crise du rap­port sala­rial deve­nue crise de la société sala­riale, la crise de l’État dénationa­lisé, l’opposition irré­duc­tible entre les gagnants et les per­dants de la mon­dia­li­sa­tion. Mais le recours à la citoyenneté natio­nale est alors l’aveu même dans les luttes sur la base et à l’intérieur de la société sala­riale que ces luttes opèrent sous une idéo­lo­gie. D’une part, la citoyen­neté nationale répond au pro­blème réel de la crise de la société sala­riale ; d’autre part, elle ne lui cor­res­pond pas, car elle la traite de façon « inauthen­tique » comme repré­sen­ta­tion d’autre chose : la perte des valeurs, la décom­po­si­tion de la famille, l’identité natio­nale, la com­mu­nauté du tra­vail. C’est-à-dire qu’elle ne répond qu’à ses propres questions. […]

La mon­dia­li­sa­tion et la déna­tio­na­li­sa­tion de l’État créent de vastes ter­ri­toires péri­phé­riques et exclus des pro­ces­sus écono­miques majeurs. A l’automne 2013, c’est ce sen­ti­ment d’exclusion ter­ri­to­riale qui a fédéré la révolte bre­tonne, dite des « bon­nets rouges », contre l’écotaxe et les fer­me­tures d’entreprises. […] Dans la recons­truc­tion idéo­lo­gique des conflits, le local est au car­re­four de plu­sieurs autres déter­mi­na­tions dont il sera ques­tion plus loin : il ras­semble le « peuple authen­tique » contre les élites, les « intel­los », ce qui est étran­ger, ceux qui pro­fitent du sys­tème social et des impôts des autres. Dans ce type de révolte, le sen­ti­ment d’abandon des zones rurales et péri-urbaines, face à l’hégémonie des métro­poles met en cause la légi­ti­mité de l’État déna­tio­na­lisé, il rejoint « l’exaspération contre la pres­sion fis­cale » et le « car­can réglemen­taire » sous la volonté géné­rale de mettre fin au « dum­ping social » et de « conser­ver l’emploi au pays ».”

– TC, “Une séquence particulière”, n°25.

« Des gilets jaunes à ceux qui voient rouge »

23/11/2018 6 commentaires

Lu sur la page facebook « Agitations »

Depuis quelques jours, la gauche peine à appréhender politiquement un phénomène, « les gilets jaunes », puisqu’il n’émerge pas directement des formes traditionnelles de contestation. Par conséquent, toute analyse critique du mouvement est abandonnée au profit d’un soutien béat qui ne s’interroge sur rien (qui se mobilise ? pourquoi ? comment ?) ou bien d’un mépris affiché envers les « beaufs » qui ne manifestent pas pour les « bonnes causes », comme si la conscience de classe devait s’imposer magiquement aux prolétaires. En attendant, on ne peut pas résumer les évènements à une manipulation grossière de l’extrême-droite basée sur du vent et fabriquant une grogne sociale tout à fait artificielle à coups de vidéos Facebook.

L’engouement suscité par les « gilets jaunes » est un symptôme de la séquence politique dans laquelle nous nous trouvons, séquence engendrée par le capitalisme en crise et par la dissolution de toute identité ouvrière reconnaissable et communément partagée. Cette perte de repères a été brutale, et certains débats au sein de la gauche radicale (parfois plus attachée à un passé fantasmé qu’à penser la composition de classe complexe des luttes sociales actuelles) ont consisté à s’interroger sur la proportion de prolétaires utilisant une voiture et étant donc directement impactés par la hausse du prix du diesel. On revient très souvent au fantasme réactionnaire de la bonne vieille France rurale paysanne où vivraient la majorité des « pauvres » (le concept de prolétariat passant très vite à la trappe). Selon nous, il est plus pertinent de s’intéresser au contenu politique de ce mouvement et à ce qu’il traduit pratiquement. Lire la suite…

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SYRIE – LES LIMITES D’UNE RÉVOLTE | DAWLA PART3

20/11/2018 Aucun commentaire

« Au moment de 2011, c’est un être syrien idéal qui est construit en sujet collectif par les manifestants, et cet être syrien était démocratique et citoyen. Les manifestations étaient l’expression d’une société revendiquant son droit à l’existence. A ce moment-là, les manifestants semblent être unis par l’idée simple et efficace de faire ce que les Tunisiens et les Egyptiens on fait avant eux : en finir avec le régime. Cet objectif apparaît comme dépassant les divisions sociales existantes, lesquelles sont mises à l’écart, afin d’obtenir, le temps d’une manifestation au moins, voire comme projet collectif démocratique. Pour les manifestants, il s’agissait alors avant tout de faire peuple. »

Guillaume Deloison

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