Traduction d’un texte de camarades de la revue « Endnotes » paru sur le site « COMMUNISTS IN SITU »
John Clegg et Rob Lucas (Endnotes)
Trois révolutions agricoles
Il n’y a de tendresse que dans la demande la plus grossière : que plus personne n’ait faim.
-Adorno, Minima Moralia
Critique de la raison révolutionnaire
On peut dire sans risque de se tromper qu’il n’existe pas aujourd’hui de consensus particulièrement évident sur ce à quoi le dépassement du capitalisme pourrait ressembler. En parcourant le champ des scénarios imaginés, on trouve de tout, des offres néo-sociales-démocratiques visant à éloigner progressivement le capitalisme, aux visions apocalyptiques d’effondrement social marquées par la redistribution spontanée des biens. Il n’existe pas non plus de définition simple et incontestable du communisme. Cela pourrait en principe aller de l’antique exploitation collective des ilotes à Sparte à une reprise des modes de vie des chasseurs et des cueilleurs, de l’État bureaucratique perfectionné aux conseils ouvriers fédérés, des visions cybernétiques de Stafford Beer à un retour aux biens communs pastoraux.
Marx, bien sûr, était très réticent à donner un contenu positif à ce terme, en le plaçant plutôt dans le contexte du déroulement historique du mouvement du même nom. Il a affirmé préférer “l’analyse critique des faits réels” à “écrire des recettes pour les cuisines du futur” (Marx 1976 : 99). Et les marxistes de diverses tendances ont souvent fait appel à ce précédent d’une manière ou d’une autre pour justifier une focalisation non pas sur l’avenir spéculatif, mais sur le “vrai” présent. Dans le milieu largement “d’ultra-gauche” de Endnotes, un passage de l’idéologie de Marx fonctionne souvent comme une sorte de mantra : “le communisme n’est pas pour nous un état de choses qui doit être établi, un idéal auquel la réalité [devra] s’adapter. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses” (Marx 1970 : 56). Lire la suite…
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