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Archives pour 02/2024

Blog DDT21 : « En Ukraine, des anarchistes sous l’uniforme ? »

22/02/2024 un commentaire

« En Ukraine, des anarchistes sous l’uniforme ? »

« Brigades anarchistes », « milices libertaires », « bataillons antiautoritaires », « combattants d’extrême gauche », « antifas », « libertaires », etc., le vocabulaire est assez confus et reflète la difficile appréhension du phénomène. Malgré tout, la plupart des grands médias occidentaux ont consacré quelques lignes ou quelques minutes à un aspect a priori exotique de la guerre en Ukraine : la présence de militants anarchistes et d’extrême gauche dans les rangs de ceux qui luttent contre l’armée russe. Voilà qui n’est pas commun !

Depuis le printemps 2022, le discours de ces combattants a été relayé en Occident au sein des milieux anarchistes, libertaires, antifas, squat, voire autonomes ; loin de paraître déboussolés, ces Ukrainiens s’adressent à « nous », présentent leurs actions comme un modèle politique à suivre et demandent notre soutien financier ; il n’est donc pas inintéressant ni inapproprié de s’attarder, y compris de manière critique, sur ce qu’ils nous disent, mais aussi sur leurs pratiques, qui, curieusement, ne sont décrites que de manière très succincte et, le plus souvent, dans un flou lexical déconcertant. Manière d’esquisser une image du militantisme révolutionnaire européen contemporain, de ses influences, de ses limites…

Nous reviendrons dans un prochain article sur des faits davantage porteurs d’espoir, en évoquant la manière dont les prolétaires tentent, au quotidien et sans idéologie, d’échapper à la boucherie en cours dans l’est et le sud de l’Ukraine.

Tristan Leoni, janvier 2024

https://ddt21.noblogs.org/?page_id=3572

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« Le capitalisme est-il en phase terminale ? Un débat entre S. Ackerman et A. Benanav »

14/02/2024 3 commentaires

Avec Aaron Benanav,  membre de la revue Endnotes, qui a notamment co-signé la préface d’ « Histoire de la séparation », aux côtés de John Clegg.

 Un débat entre Seth Ackerman et Aaron Benanav dans la revue « CONTRETEMPS »

Le pronostic vital du capitalisme est-il engagé ? Le capitalisme connaît-il le type de stagnation à long terme que de nombreux marxistes ont longtemps considéré comme son destin ? En quoi la réponse à cette question importe pour une stratégie anticapitaliste aujourd’hui ?

Au cours des deux dernières décennies, la New Left Review (NLR) a publié des articles diagnostiquant le système capitaliste comme souffrant d’une stagnation à long terme, d’une surcapacité chronique, d’une baisse de la rentabilité et d’une croissance anémique. L’accent a d’abord été mis sur un article publié en 1998 par l’historien Robert Brenner, intitulé « The economics of global turbulence » (L’économie des turbulences mondiales), un article qui a impressionné et influencé de nombreuses personnes.

Brenner s’était concentré sur le déclin de l’industrie manufacturière en particulier. Selon lui, lorsque l’Europe et le Japon ont fini par rattraper les États-Unis, la concurrence capitaliste est devenue une sorte de jeu à somme nulle qui semble produire surtout des perdants (même si la somme d’une série de chiffres négatifs n’est généralement pas égale à zéro). D’autres contributeurs de la NLR ont continué à écrire des variations sur ce thème, notamment le sociologue Aaron Benanav. Lire la suite…

ARTIFICES « CHACUN SA PLACE À L’OMBRE »

08/02/2024 2 commentaires

Un camarade nous a fait parvenir un texte sur les révoltes agricoles récentes d’un nouveau site « ARTIFICES » 

 « CHACUN SA PLACE À L’OMBRE »

extraits

« Le mouvement de révolte agricole qu’ont récemment connu la France et l’Europe augure les prémisses de luttes dans et contre la restructuration en germe du rapport entre le capital et le travail. Cette restructuration, au niveau de l’agro-industrie, se donnant comme traits principaux la décarbonisation, la généralisation du numérique et la fragmentation des échanges internationaux, est en train de bouleverser la dynamique à l’œuvre jusqu’ici. Ce que nous observons est une lutte à la fois entre fractions capitalistes cherchant à trouver une place au soleil dans un nouveau régime d’accumulation, et une partie de la classe moyenne rurale luttant contre sa prolétarisation définitive. Tant que ces deux classes luttent ensemble, sous l’égide de la vieille idéologie agrarienne et paysanne fascisante, aucune perspective émancipatrice ne pourra s’esquisser. Tout l’intérêt réside ainsi dans les perspectives d’explosion de ces intérêts contradictoires….

Demain

Nous l’avons dit, nous souhaitons insister sur le fait que ce mouvement est un mouvement à l’intérieur de la transition/restructuration qui s’ouvre. C’est pourquoi beaucoup de luttes dans le futur risquent de se représenter a priori contre des mesures écologiques. Tout l’enjeu sera de comprendre comment chaque mesure écologique capitaliste constituera un moment d’affrontement entre les classes, qu’elle se fasse sous l’égide de la carotte ou du bâton et, ultimement, qu’elle participe de l’atténuation, du maintien ou de l’approfondissement de la domination du capital. Aucune mesure du capital ne permettra de dépasser sa contradiction principale avec l’agriculture, à savoir : « le fait, pour la culture des divers produits du sol, de dépendre des fluctuations des prix du marché, qui entraînent un perpétuel changement de ces cultures, l’esprit même de la production capitaliste, axé sur le profit le plus immédiat, sont en contradiction avec l’agriculture, qui doit mener sa production en tenant compte de l’ensemble des conditions d’existence permanentes des générations humaines qui se succèdent.[11] »

Ainsi, contre toute forme de planification écologique qui ne pourra qu’être restructuration du capital, nous souhaitons mettre en avant la perspective de la catastrophe, celle de la catastrophe communiste. Non pas le communisme des catastrophes[12] mais le communisme comme catastrophe. Prenons comme exemple les dernières sorties médiatiques qui ont remis en avant, lors de la promesse de « siège de Paris » de la part des agriculteurs, que « en cas de rupture d’approvisionnement, Paris ne disposerait que de 3 jours d’autonomie alimentaire[13] ». Ainsi si l’on pense que l’insurrection communiste serait, entre autres et au minimum, interruption des circuits logistiques à échelle régionale[14], il n’y aurait pas de schéma révolutionnaire sans exode urbain de plusieurs millions de personnes. Nous comprenons ainsi le communisme comme catastrophe dans le fait de regarder la réalité en face, de prendre acte de toute la gravité que peut représenter la perspective révolutionnaire, et la rupture fondamentale qu’elle viendrait opérer[15]. Pour autant, le communisme, en tant que mouvement abolissant l’existant, est la seule perspective à même de pouvoir libérer l’espèce et ainsi opérer un changement anthropologique dans son rapport au vivant.

La catastrophe communiste est celle du fleuve qui déborde de son lit et rase tout sur son passage »