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Archives pour 08/2019

ALGÉRIE : « La révolte de la génération sans peur » (premier épisode)

27/08/2019 Aucun commentaire

Une camarade nous a fait parvenir ce texte que nous publions en feuilleton

Lorsque début février, le président A. Bouteflika, cloué dans son fauteuil depuis un grave avc en 2013, incapable de s’exprimer publiquement depuis des mois, à tout de même fait annoncer son intention de se présenter pour un cinquième mandat, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues pour réagir. Après des semaines de rassemblements, il démissionne le 2 avril et a été remplacé par une triade du gouvernement: A. Bensalah en tant que président par intérim, N. Bedoui en tant que Premier ministre et le général d’État major A. Gaid Salah,  devenu la clé de voute du  pouvoir dans le pays.

Malgré les arrestations de deux anciens Premiers ministres et de plusieurs chefs d’entreprise du pays accusés de corruption, les manifestations se poursuivent et les manifestants exigent une refonte radicale du régime soutenu par l’armée. De nouvelles élections, initialement prévues pour le 4 juillet, ont été reportées par le conseil constitutionnel début juin, en raison, semble-t-il, du manque de candidats. Le report des élections a été perçu comme une victoire par les manifestants, qui craignaient que des élections organisées à la hâte à court terme ne profitent aux anciens pouvoirs et ne laissent que peu de possibilités aux partis civils de se préparer. Lire la suite…

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MEXIQUE : « ¡ Hermana, yo sí te creo ! »(« Ma sœur, moi je te crois ! »)

21/08/2019 Aucun commentaire

Les Mexicaines ne veulent plus se laisser faire. Dans un pays où neuf femmes sont tuées par jour en moyenne, selon les Nations unies, des milliers de femmes sont sorties dans la rue ces derniers jours pour protester contre l’inaction des autorités après des accusations de viols commis par des policiers sur des mineures à Mexico.

Women demonstrate at the « They Don’t Protect Me, They Rape Me » protest to demand justice for two teenage girls that local media reported were apparently raped by policemen, in Monterrey, Mexico August 16, 2019. REUTERS/Daniel Becerril

Lire aussi en anglais :

 No one said it was peaceful  (personne n’a dit que c’était pacifique)

« Je suis née avec ce corps qui me marque à travers l’histoire et à travers les terres comme quelque chose qu’ils appellent la femme, et ils m’ont créée pour être soumise, agressée, pour être une mère, pour être une gardienne, pour attendre les autres, pour supporter tout, pour être tranquille, pour servir le serviteur du patron et le patron aussi et c’est pourquoi nous étions toutes là, c’est pourquoi nous ne laissons personne derrière nous et nous célébrons toutes nos actions. »

 https://ediciones-ineditas.com/2019/08/19/mexico-no-one-said-it-was-peaceful/

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/20/des-milliers-de-femmes-manifestent-au-mexique-a-la-suite-d-accusations-de-viol-par-des-policiers_5501107_3210.html?fbclid=IwAR0hShtBOpQzh9SCuuB5j3BCcpQpDU9BwlGWf5xkhXuoUO3jeqewLnA8Aew

 

 

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STATES : raids contre les travailleurs sans papiers

19/08/2019 Aucun commentaire

Morton, Mississippi, ville dévastée par les raids contre les travailleurs sans papiers

Two people are taken into custody at a Koch Foods Inc. plant in Morton, Miss., on Wednesday, Aug. 7, 2019. U.S. immigration officials raided several Mississippi food processing plants on Wednesday and signaled that the early-morning strikes were part of a large-scale operation targeting owners as well as employees. (AP Photo/Rogelio V. Solis)

Les opérations menées par l’Agence de contrôle de l’immigration ont conduit à l’arrestation et au licenciement de 450 personnes, soit plus de 10 % de la population de cette petite ville……

Ce licenciement de masse s’est déroulé mardi 13 août, une semaine après plusieurs opérations policières simultanées menées par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement – l’Agence de contrôle de l’immigration) dans sept usines de transformation de poulet au cœur du Mississippi, à l’occasion desquelles 680 travailleurs sans papiers avaient été arrêtés. Il s’agissait de l’opération policière la plus importante contre l’immigration clandestine depuis au moins une décennie……

« Alors que les Blancs et – plus tard – les Afros-Américains étaient la main-d’œuvre historique de l’industrie de la volaille, les Latinos constituent aujourd’hui la majorité des travailleurs. En 2000, les Latinos représentaient 29 % des ouvriers dans le secteur de la viande, et 82 % d’entre eux étaient nés à l’étranger. A l’échelle nationale, 50 % des 250 000 ouvriers qui travaillent dans l’élevage de volaille sont des immigrés. Ce phénomène a causé des changements culturels et sociétaux de taille dans les communautés rurales du Sud. »

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/17/morton-mississippi-ville-devastee-par-les-raids-contre-les-travailleurs-sans-papiers_5500308_3210.html

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A paraître : « Le Kaléidoscope du prolétariat », le bouquin

03/08/2019 Aucun commentaire

Nous avons reçu cela: Théorie Communiste 26 va peut-être être publié en livre avec un chapitre supplémentaire, en attendant, en voici quelques « bonnes feuilles »

Rappel de la quatrième de couverture de TC 26, histoire de se remémorer la problématique….(dndf)

Kaléidoscope Quatrième

« La segmentation raciale du prolétariat est un phénomène objectif qui a dans les catégories du mode de production capitaliste son processus de production, ses lieux de production, ses matériaux, ses outils. Elle fonctionne selon ses propres critères dans son autonomie relative.

De l’identité par le travail des années 50 et 60 à l’essentialisation culturelle parachevée dans le « musulman » et le « voile » en passant par les « Marches », les émeutes et les mouvements issus des cités, les luttes de sans-papiers, les grèves de l’automobile des années 80, les foyers Sonacotra, l’interclassisme et les questions de mixité/non mixité des luttes, la segmentation raciale est un processus mouvant, un virus opportuniste. Le prolétariat « un » et, par nature, révolutionnaire fut une construction nécessaire aujourd’hui obsolète.

Crier « La classe ! La classe ! », en sautant sur sa chaise comme un cabri n’est pas plus pertinent dans une « perspective révolutionnaire » que de crier « La race ! La race ! ». Il ne s’agit pas de combiner les deux, comme dans une mauvaise compréhension de « l’intersectionnalité ». Le prolétariat n’existe pas préalablement dans une sorte de pureté théorique avant de compter en son sein des Arabes, des Noirs, etc., ou… des femmes (il contient bien des hommes blancs). C’est à partir de l’exploitation dans le mode de production capitaliste que nous déduisons les constructions raciales comme nécessaires et le cours des luttes de classe comme relevant, à leurs risques et périls, de cette nécessité.

Ce n’est pas dans leur situation commune de classe qui contient toutes les segmentations, mais en se retournant contre elle que les prolétaires les dépassent. La lutte de classe travaille la fragilité, la labilité, des segmentations raciales qui bien que configurations mouvantes, sont des processus objectifs et non l’invention de quelques entrepreneurs en racialisation, s’alimentant à la réécriture de l’histoire et du capital selon le Grand Récit décolonial. »

 


Des luttes, marches, émeutes, et associations des quartiers à l’impossible « passage au politique »

« Nous ne voudrions pas terminer ces quelques observations sur la méthode sans nous excuser auprès du lecteur du trop grand nombre de citations contenues dans ce livre. Les historiens du XIXe siècle et ceux de notre temps qui écrivent pour le « grand public » ne procèdent pas ainsi. Ils gardent par devers eux la plupart de leurs notes. (…) Cette façon de procéder donne à l’histoire ainsi conçue une aisance qui suscite notre envie : l’auteur avance les mains libres, comme un voyageur sans bagages. Elle confère aussi à son œuvre l’aspect d’un travail créateur, fruit de sa pensée propre. (…) Nous avons essayé de les imiter, nous n’y sommes pas toujours parvenu. Nous n’avons pu nous résoudre, quand nous avions recueilli une citation intéressante, vivante, probante, à en priver le lecteur. Et si nous avons eu la chance de recueillir dix citations analogues, nous n’avons pu résister à l’envie de multiplier notre preuve par dix … (…) Nous sortons tout notre dossier. La monotonie de ces citations succédant les unes aux autres fatiguera sans doute le lecteur. Nous le regrettons bien sincèrement, mais le mal est sans remède. » (Daniel Guérin, Postface à La lutte de classes sous la Première République, éd. Gallimard, t.2, pp.414-415)

Une seconde génération

Les conditions d’exploitation avaient changé, la crise était avérée et la restructuration se mettait en place, il était devenu évident que les descendants et descendantes des travailleurs immigrés ne prendraient pas la relève de leurs parents. Ils étaient devenus une « seconde génération ». Brutalement, le terme désignait en permanence « l’échec de l’intégration ». « Seconde génération » c’est une assignation à une origine, une identité « arabe », cela transforme et fixe la migration elle-même comme une origine identitaire. Ces jeunes apparaissaient encore comme la suite et reproduisant l’étrangeté de l’immigré, mais de façon différente, maintenant massive, permanente et inexorablement « d’ici ». Lire la suite…