Réforme du lycée : le gouvernement recule
Le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, a décidé avec l’accord de Nicolas Sarkozy de “repousser” la réforme de la classe de seconde à une date ultérieure, afin de “prolonger les discussions”.
Manifestation de lycéens à Toulouse le 12 décembre dernier (Sipa)
Manifestation de lycéens à Toulouse le 12 décembre dernier (Sipa)
La réforme du lycée, qui devait être présentée mardi, est “repoussée” à une date ultérieure, annonce le ministère de l’Education nationale, lundi 15 décembre.
Xavier Darcos fait savoir qu’il compte “prolonger les discussions” sur ce dossier. Il annule donc la conférence de presse prévue mardi au cours de laquelle il devait détailler la nouvelle seconde.
“C’est une décision que j’ai prise moi-même, que j’ai mûrement concertée pendant le week-end, mais évidemment j’ai consulté plusieurs fois le président de la République lui-même avec qui j’ai eu plusieurs entretiens pour qu’il me donne son accord”, a précisé le ministre lundi sur Europe 1.
“Nous avons trouvé qu’il était convenable de faire ainsi, tout simplement parce qu’objectivement le climat ne se prête pas à avancer sereinement sur une réforme qui est pourtant tout à fait nécessaire”.
“Prolonger les discussions”
“Xavier Darcos a décidé de laisser plus de temps pour la mise en oeuvre de la réforme de la classe de seconde initialement prévue à la rentrée 2009 dans le cadre de la réforme du lycée”, écrit le ministre dans un communiqué, qui ne précise pas si la réforme est repoussée ou non.
L’entourage du ministre a précisé que cela signifiait “de facto”, que la réforme de la seconde était “repoussée” à une date ultérieure.
Dans son communiqué, le ministre explique vouloir “prolonger les discussions sur le lycée, en abordant sans tabou tous les sujets, qu’il s’agisse de la place des enseignants dans ce futur lycée ou de l’équilibre respectif des disciplines”.
“Ces équilibres devront faire l’objet d’une large concertation avec les représentants des enseignants, des lycéens et des familles”, poursuit-il.
Selon Le Figaro, l’Elysée serait intervenu pour demander au ministre de calmer le jeu, jugeant nécessaire “d’approfondir le travail d’explication sur le lycée”.
“Pas à trois mois près”
Le Premier ministre François Fillon a justifié le report de la réforme en affirmant que celle-ci avait “besoin d’explication” et que l'”on n’est pas à trois mois près”.
“Nous avons estimé, avec le président de la République, que cette réforme avait besoin de plus d’explication, de plus de concertation”, a-t-il expliqué en marge d’un déplacement à Orléans.
“Il faut prendre le temps d’une information complémentaire, a-t-il ajouté, mais la réforme du lycée sera conduite, parce qu’il y a besoin de moderniser, d’être plus efficace, de lutter contre l’échec scolaire”.
Interrogé sur une échéance d’entrée en vigueur de la réforme, il a affirmé : “On verra bien quel sera le rythme que le président de la République imprimera (…) on n’est pas à trois mois près”.
Le chef du gouvernement a encore admis que “si on continue la concertation, il y a toujours la possibilité d’une évolution du contenu”.
Manif lycéenne jeudi
Le report de la réforme intervient alors que la grogne est montée dans les lycées ces deux dernières semaines. Opposées au projet du gouvernement, les deux principales organisations lycéennes UNL et Fidl ont appelé à des mobilisations cette semaine. De nombreuses assemblées générales sont prévues dans les lycées ce lundi.
Lucie Bousser, présidente de l’UNL, a indiqué lundi que le mot d’ordre de manifestations pour jeudi était maintenu, même si le report de la réforme de la seconde constitue “une avancée”.
Terminator
Outre les manifestations de lycéens, la contestation allait grandissante contre la réforme de Xavier Darcos. L’ancien ministre socialiste de l’Education Jack Lang a dénoncé lundi sur Canal+ les méthodes de “Terminator” et d'”incendiaire” du ministre.
“Si le gouvernement laisse le ministre continuer cette opération de ‘Terminator’ à l’égard de l’école, détruire mois après mois des postes, des programmes, alors oui ça pètera”, a-t-il estimé.
François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a jugé urgent d’ouvrir le dialogue avec les lycéens.
“Tant qu’on ne les rassurera pas sur l’avenir, on a malheureusement des risques de violence”, a-t-il estimé sur LCI. “Il faut absolument dialoguer avec eux.”
“On a un gouvernement qui a une espèce de boulimie de la réforme. Le problème, c’est qu’ils n’expliquent pas les réformes, personne ne les comprend. (…) J’appelle Xavier Darcos, et le gouvernement en général, à revoir ses méthodes”, a-t-il dit. (avec Reuters)
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